AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782818046746
176 pages
P.O.L. (24/01/2019)
3.01/5   47 notes
Résumé :
Lui est récemment promu à la tête des entreprises familiales, personnage sinistre et cynique, jaloux de son frère peintre, cultive l'art de soumettre et de se soumettre, de servir l'Empire et ses valeurs. Il n'a d'autre ambition que la restauration de ce qu'il appelle « la grandeur du pays » quand son frère rêveur fait l'artiste, aime, désire. Cultive ainsi de vaines activités, néfastes à l'ordre général. La joie de l'un éveille l'irritation voire la détestation de ... >Voir plus
Que lire après Grands carnivoresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
3,01

sur 47 notes
5
0 avis
4
9 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
1 avis
Tableau d'une société qui pourrait être la nôtre, Grands carnivores confirme tout le talent d'écriture de Bertrand Belin qui publie là son troisième roman après Requin et Littoral. C'est la première fois que je le lis alors que je l'ai vu et apprécié sur scène à plusieurs reprises dont cet hommage émouvant à Paul Otchakovsky-Laurens (P.O.L.) son éditeur, avec Rodolphe Burger, aux Correspondances de Manosque 2018. Quelques années auparavant, un film lui avait été consacré et avait été projeté au Train-Cinéma de Portes-lès-Valence.
Bertrand Belin étonne, subjugue dans ses chansons aux textes parfois énigmatiques mais toujours très poétiques et soutenus par une musique envoûtante. Quand il écrit un roman, il en est de même.
Dans Grands carnivores, il ne cite aucun nom, présente ses personnages en les nommant par leur fonction ou leur rôle : le valet de cage, le peintre, le fondateur, le récemment promu… Je ne sais pas où il m'emmène, quelle est cette ville qui pourrait être n'importe laquelle de nos cités tentaculaires avec ces quartiers où sont rangés les gens suivant leur classe sociale comme dans le Labyrinthe pour les plus démunis. Pour le pays, il parle simplement de l'Empire et je n'ai pas envie d'y vivre !
Le récemment promu nouveau directeur des entreprises de boulons… trouve dans le fondateur quelqu'un d'encore plus obtus que lui, d'encore plus réactionnaire. Mais lui est surtout torturé par son frère, le peintre, qui réussit dans son art au mépris de toutes les rigueurs et disciplines qui semblent indispensables aux dirigeants.
Pour compléter le tableau et transformer le roman en fable grinçante, il y a ce cirque qui s'installe et dont le valet de cage, le premier soir, laisse échapper les fauves… Enfin, lui n'est pas d'accord avec cette version, il répète comme un mantra : « J'ai fait la merde, changé un os, la paille, refait les bassines et j'ai donné mon coup de clef. J'ai donné mon coup de clef et je suis rentré prendre ma soupe. »
Les fauves sont dans la ville, la peur s'installe, la peur gouverne et les puissants espèrent que lions et tigres, on ne sait pas très bien, s'en prendront aux plus faibles, aux isolés, aux malades.
Grands carnivores passe au scanner notre société. Son style épuré, ses formules qui reviennent comme des refrains m'ont permis de réfléchir à notre monde et, surtout, ce roman se révèle d'une criante actualité dans l'après confinement que nous vivons.
Le livre est court mais la prose de Bertrand Belin me hante encore et je sais que, dès que l'occasion se représente – les spectacles, les concerts reprendront bien un jour ! – je retournerai baigner dans sa poésie et sa musique envoûtantes.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          1076
Je connais Bertrand Belin comme chanteur, guitariste, et j'ai pu l'apprécier sur scène, notamment aux Correspondances de Manosque 2018 où il rendait hommage à P.O.L, Paul Otchakovsky Laurens. Je l'apprécie énormément.
Mais Bertrand Belin écrivain, je ne connaissais pas. C'est grâce à Lecteurs.com et aux éditions P.O.L que je remercie chaleureusement, que j'ai découvert, son troisième roman, déjà : Grands carnivores.
Ils sont deux frères que l'on pourrait qualifier de frères ennemis. Ils s'opposent et se méprisent. Ils ne sont jamais nommés si ce n'est par leur fonction. L'un, cynique, à force de bassesses, a été promu nouveau directeur d'une entreprise de boulons, ressorts, roues dentées, gonds, pointes et diverses pièces mécaniques et sera nommé tout au long du roman « le récemment promu nouveau directeur ». L'autre, son frère cadet, est artiste peintre. Il est insouciant, rêveur, aime la fête et picoler.
Un cirque s'est installé dans la ville et voilà que les fauves se sont échappés ! C'est une vraie fable que Bertrand Belin nous livre, une fable très ironique où les grands carnivores ne sont peut-être pas les lions, tigres et autres fauves mais plutôt les humains, qui, à des degrés divers, sont devenus des prédateurs.
J'ai beaucoup aimé ce roman en forme de parabole politique assez mélancolique. le texte est servi par de belles phrases assez longues mais où chaque mot résonne à sa juste place. le vocabulaire est également très riche. Les répétitions faites pour appuyer les dires et les caractères des personnages servent admirablement le récit et en font une sorte de farce. Un roman original.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          774
Les frères ennemis

C'est sous la forme du conte que Bertrand Belin nous revient. Il imagine que les cages des «Grands carnivores» ont été ouvertes et que les animaux du cirque errent en ville…

Les deux frères pourraient s'appeler Caïn et Abel, mais dans le conte imaginé par Bertrand Belin, ils n'ont pas de nom. On comprend toutefois que tout les oppose. Dans ce petit Empire, qui n'est pas situé non plus, le premier occupe une position privilégiée. Il vient d'être promu nouveau directeur des entreprises de boulons et autres fabrications métalliques du même genre. Très vite, l'auteur va le parer de toutes les plumes du paon: patriarche, notable, arriviste, «asservisseur patenté», serviteur de l'ordre et de la discipline et haïssant par conséquent les «parasites» dont fait partie son «barbouilleur» de frère.
On l'aura compris, le second est artiste-peintre. de joyeuse nature, se souciant peu du lendemain et préférant l'amour à la discipline, la fête à la rigueur, il se réjouit de l'arrivée d'un cirque en ville.
Mais le spectacle n'est pas celui qui est au programme des saltimbanques. L'information qui court dans la ville est que les cages du cirque ont été ouvertes et que les animaux se sont enfuis. Les grands carnivores erreraient en liberté dans les rues.
Face au danger, le premier réflexe est de rester sagement chez soi. Mais très vite la curiosité devient la plus forte. Chacun a envie de savoir comment et qui viendra à bout de ces bêtes.
Le directeur entend s'appuyer sur la peur pour faire régner l'ordre, édicter des lois sévères, interdire tous les fauteurs de troubles. Il n'est pas besoin de regarder bien loin pour trouver des correspondances avec l'actualité, y compris dans les dérapages verbaux. À moins que les outrances ne finissent par se retourner contre ceux qui les profèrent… Car à y regarder de plus près, il semble bien que les grands carnivores ne soient pas seulement en voie de disparition, mais qu'ils aient bel et bien disparu.
Bertrand Belin joue avec subtilité sur la dichotomie, celle des frères ennemis, celles de ces animaux aussi menaçants que menacés pour nous offrir une jolie réflexion politique baignant dans un climat très troublé.

Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          290
Une lecture qui nous porte au coeur d'une fresque sociale, qui pourrait être la nôtre, avec toutes les strates, la fange, la rutilante, la nauséabonde, la privilégiée, la laborieuse, etc... un petit zola mais en condensé très condensé, mais bien décrite. Il faut juste surfer sur la vague de l'originalité.
On retrouve d'ailleurs une certaine ambiance actuelle : un malaise permanent , flottant lourd sur l'Empire, créant comme un épais brouillard, qui peine à se dissiper et à la fois menace d'exploser.
Il n'y a pas de prénom ni de nom juste la qualité d'untel font de cette fresque une généralité anonyme on se reflète le commun des mortels. C'est peut-être vous, ou votre voisin, mais c'est certain c'est nous tous ensemble.
C'est à la fois loufoque mais tellement vrai que ça fait peur comme si soudain, l'auteur dévoilait la face réelle d'une société, cachée sous le nom d'Empire, mais aucun doute c'est une ville classique avec sa banlieue pour ne pas dire ses bidonvilles : ici le Labyrinthe, la classe ouvrière qui s'échine et marche au pas perdant le peu d'identité qu'on lui octroie, et les promus, les petits parvenus avec leur petite épouse qui oui, qui dit non et hoche la tête comme le cabot des années 70 sur la planche arrière de la petite auto. Et il y a la verrue, ce frère car il faut bien l'appeler ainsi puisque c'est ainsi, cet artiste qui fait tâche sur ce fraîchement promu.
C'est un livre épatant pour le talent de mettre en scène des personnages caractéristiques.
C'est court mais efficace.
Une très belle plume soit dit en passant. Original, percutant, avec un brin d'humour.

Commenter  J’apprécie          160
Pour être original, c'est un roman original. Mais peut-être un peu trop.
J'avais un a priori très positif sur ce livre car j'apprécie particulièrement Bertrand Belin comme auteur compositeur interprète. Pour autant, j'ai trouvé qu'avec "Grands carnivores" la mélodie de ses mots n'est pas à la hauteur de sa musique.
Les personnages de ce roman n'ont pas de nom, ils sont désignés par leurs fonctions où leurs attributions. Deux frères que tout oppose vivent dans la même ville où vient s'installer un cirque. Il y a l'artiste et le capitaliste. le plus jeune frère, un peintre un peu bobo, est détesté par le récemment promu, son aîné. Ce dernier doit succéder au fondateur d'un âge avancé, à la direction des entreprises de boulons et ressorts.
Un événement va perturber tout ce petit monde. Durant la nuit, les fauves vont s'échapper du cirque. Responsable de leur surveillance, le valet de cage est accusé bien qu'il n'ait rien à se reprocher. Alors qu'ils sont recherchés, le dompteur comme ses bêtes, lionnes et tigres, restent introuvables. Pourtant la peur grandit dans la ville.
Sorte de parabole de la société dans laquelle on vit ce roman est une expérience de lecture mais il ne me semble pas entièrement abouti. le style est un peu lourd et surtout, on reste sur sa faim.
Commenter  J’apprécie          150

Citations et extraits (53) Voir plus Ajouter une citation
Ces tonnes de béton et de ferraille qui engloutissaient et engloutiront la force et la bonne volonté des générations entières, ont pourtant bien été édifiées par des hommes. Il a fallu en décréter l’utilité. En étudier le coût. En dessiner les plans. En couler les fondations.
Commenter  J’apprécie          461
L’ancien port de marchandises a été démantelé, ses équipements démolis, abattus, les matériaux vendus au poids. Ne reste du site qu’un vaste terrassement que la végétation ignore et perfore. Quelques secteurs pavés indiquent les espaces extérieurs où circulait le bon millier d’ouvriers de la firme, avant que celle-ci ne soit déclarée inadaptée au traitement des tonnages de plus en en plus importants qui transitaient. Depuis les quais abandonnés aux rats et aux ragondins, incrustés de limaille rouillée, de poudre de charbon, de poussière d’orge et de blé, on peut contempler sur la rive opposée, plus à l’est, le jaune inquiétant des nouvelles grues de la coopérative nationale du grain du Port Neuf ainsi que la batterie de silos qui occulte des hectares de ciel sombre et semble, enfermée dans l’action magique d’une chute éternelle, s’abattre pour toujours sur la ville. L’ancien site de stockage et de déchargement de la coopérative, ce que l’on appelle maintenant : l’ancien port de marchandises, pouvait recevoir jusqu’à une trentaine de péniches par jour. Les voitures faisaient la queue de jour comme de nuit, chargeaient, livraient, et se réinstallaient dans la file quelques heures plus tard. L’arrivée du chemin de fer, imposant de nouvelles dimensions aux activités de commerce, eut bientôt raison des activités du port, lequel ne se trouvait plus du bon côté du fleuve, les trains circulant et la gare se trouvant sur la rive opposée. Les lieux sont aujourd’hui semés de restes de charpentes métalliques semblant sortir de terre comme des plantes malingres et toxiques. C’est là que s’est installé le cirque hier et c’est de là par conséquent que les bêtes arrivent. Elles ont dû suivre le fleuve jusqu’au stade, peut-être même y sont-elles entrées, et puis elles ont poursuivi le long des quais, traîné autour des abattoirs, ont probablement gagné la carrière. Pendant que tout le monde dormait. C’est étrange de se représenter des fauves marchant en troupe, la nuit, sur ces quais connus de tous.
Commenter  J’apprécie          50
L'hiver, lorsqu'on atteint les - 20 - 30, les plus vieux qui en ont les moyens se soûlent jusqu'à s'écrouler en espérant bien ne pas se réveiller. Cela arrive parfois. Retrouver durci un ancien n'est jamais réellement accueilli comme une mauvaise nouvelle. Chacun espérant réussir une belle sortie le jour venu.
Commenter  J’apprécie          300
Où qu’elle se tourne maintenant, une muraille de gâchis lui fait face, édifiée par la moitié mâle de l’espèce dont le numéro pathétique consiste à se hisser coûte que coûte au-dessus d’on ne sait qui ni quoi.
Commenter  J’apprécie          420
Ce qu’il faut à l’Empire unifié, c’est un homme providentiel. C’est ce que pense le fondateur d’âge avancé, c’est aussi ce que pense le récemment promu nouveau directeur, et c’est ce que pense son épouse. C’est exactement ce que pense la gouvernante et c’est l’opinion du fumeur de harengs, celle aussi d’une partie des clients de la Brasserie Centrale et de son propriétaire. Un homme sous le règne duquel aucun lion ne se serait par exemple échappé d’un cirque pour la raison évidente qu’aucun cirque ne saurait être toléré dans l’Empire.
Commenter  J’apprécie          140

Videos de Bertrand Belin (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bertrand Belin
On connaît Bertrand Belin chanteur, mais un peu moins Bertrand Belin comédien, en ce moment sur les planches dans "En travers de sa gorge" de Marc Lainé. Il y interprète un mari jaloux, un écrivain raté, un prof désabusé qui a disparu et qui revient hanter sa femme. Mais comment faire pour jouer un fantôme ? Pour en parler, il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : Marc Piasecki / Getty
#musique #theatre #comedien _________
Écoutez d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture dans Les Midis de Culture par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrrNrtLHABD8SVUCtlaznTaG&si=FstLwPCTj-EzNwcv ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
Suivez France Culture sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
+ Lire la suite
autres livres classés : cirqueVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (117) Voir plus



Quiz Voir plus

Philosophes au cinéma

Ce film réalisé par Derek Jarman en 1993 retrace la vie d'un philosophe autrichien né à Vienne en 1889 et mort à Cambridge en 1951. Quel est son nom?

Ludwig Wittgenstein
Stephen Zweig
Martin Heidegger

8 questions
157 lecteurs ont répondu
Thèmes : philosophie , philosophes , sociologie , culture générale , cinema , adapté au cinéma , adaptation , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}