À une époque aussi difficile, mon amour, il ne faut rien laisser au hasard. Avant de te rencontrer, ma propre existence m’importait peu. Maintenant, je veux vivre pour t’aimer et pour te rendre heureuse, je veux vivre pour notre fils, mais je ne connais pas l’avenir et je n’accepterais jamais, Sara, que mon fils porte un nom qui ne serait pas le mien.
J’avais entendu parler de la race noble, celle qui descend de parents nobles, à la différence de celle ayant été anoblie, l’Évangile donne le nom de « race de vipères », à de mauvaises et funestes gens, je n’ai jusqu’à ce jour pas cru à toutes ces sornettes, j’avais la conviction qu’un homme était égal à un autre. Désormais, je dois reconnaître que, comme les chiens et les chevaux, les individus se classent en espèces différentes et distinctes !
La guerre réserve de fâcheuses surprises, cette femme est bien jeune et peut-être m’aime-t-elle parce qu’elle n’a pas le droit de m’aimer. Tout nous sépare, notre religion, notre éducation, notre nationalité, pourtant, je suis rivé à elle et si le destin veut que nous nous séparions, j’aimerai sans doute une autre femme, mais cette femme ne sera plus jamais toi !
C’est la loi. Pour arriver à un résultat qui puisse être positif, il faut une grande discipline. Nous sommes en guerre. Nous ne tournons pas un film ni ne jouons une opérette. Nous devons gagner et pour gagner, il faut savoir appliquer les ordres avec la plus grande rigueur.
C’est bien beau le courage, mon garçon, mais avant de se lancer dans des aventures de ce genre, il faut d’abord regarder ce qu’on a derrière soi, et surtout, évaluer équitablement le bien que l’on fait et le mal dont on est responsable par un inconscient héroïsme.