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Citations sur Le don de Humboldt (7)

L’âme d’une personne civilisée et rationnelle est, dit-on, libre, alors qu’elle est en vérité étroitement recluse. Bien qu’elle se croie formellement investie d’une liberté sans limites, accédant ainsi à la réalité, elle se ressent en fait comme dérisoire. Mais pour celui qui admet, fût-ce étrangement, l’immortalité de l’âme, qui réussit à se libérer de ce poids de la mort dont le cœur de chacun est oppressé, soulagé comme s’il échappait à une obsession (celle de l’argent aussi bien que celle du sexe), quelle chance prodigieuse ! Supposons que la mort ne soit pas envisagée sous son aspect le plus réaliste selon la conception admise par les êtres sensés ? Il en résultera tout d’abord comme un débordement, une surabondance d’aptitude à la vertu. Une fois libérée, cette énergie que paralysait la terreur de la mort permet à celui qui la détient d’exercer la vertu sans éprouver pour autant la gênante impression d’aller contre l’histoire, de faire preuve d’illogisme, de passivité masochiste, de faiblesse d’esprit. La vertu perd alors tout rapport avec le martyre de certains américains (vous reconnaîtrez ceux dont je parle) illuminés à l’adolescence par la poésie puis qui témoignent de l’éclat de leur valeur (impalpable, irréelle) par le suicide – en grand style, le seul admis par les poètes.
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Elle appartient à la nouvelle génération dans le vent et en dépit de ses rondeurs elle n'a rien d'une adulte. Charlie, elle ne fait pas la différence entre une bite et une sucette[...] Je pense qu'elle est vraiment bien cette fille. Il lui arrive seulement de faire des bêtises. Je veux te dire une seule chose, Charlie. Je ne sais pas quelles sont tes habitudes mais ne la laisse pas te sucer. Tu serais mort dans un an [...] Pense à l'une des beautés du Greco levant les yeux au ciel. Substitue ensuite le sexe au ciel. C'est l'expression pieuse de Renata.
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Un poète est ce qu'il est en soi. Gertrude Stein distinguait la personne qui est une "entité" et celle qui a une "identité". Un homme important est une entité. L'identité est une acquisition sociale. Ton petit chien te reconnaît, tu as donc une identité. L'entité, par contraste, puissance impersonnelle, peut être d'une nature terrifiante. C'est ce que disait T.S. Eliot de William Blake. Un homme comme Tennyson se fondait dans son environnement ou s'encombrait d'opinions parasitaires, mais Blake était nu et voyait l'homme nu, du coeur de son propre cristal. Rien en lui n'évoquait " l'être supérieur ", ce qui le rendait terrifiant. C'est cela une entité. Une identité est plus tolérante pour elle-même. Une identité se verse à boire, allume une cigarette, cultive ses plaisirs matériels, se dérobe aux vrais problèmes.
[...] Où sont la puissance et l'intérêt du poète ? Ils naissent des états de rêve. Ces états surviennent parce que le poète est son être profond, parce qu'une voix résonne dans son âme douée d'un pouvoir égal à celui des sociétés, des États, des régimes. On ne se rend pas intéressant par la folie, l'excentricité, ni rien de ce genre, mais par le pouvoir que l'on a d'annuler la confusion, l'activité, le bruit du monde, et de se rendre réceptif à l'essence des choses.
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- Bon, très bien, comme tu voudras, défile-toi. Moi, cet enfant de putain, je vais le massacrer, le mettre en morceaux.
- Je m'en fous.
- Pas la peine de me dire ça. Tu sais ce que tu es ? Un isolationniste, exactement ça ! Ce que font les autres, ça ne t'intéresse pas.
Tout le monde me serine en permanence mes défauts et moi j'écoute le regard anxieux, croyant tout et brûlé de ressentiment. Sans stabilité métaphysique un homme comme moi est le saint-Sebastien des critiques.
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L'ennui est un instrument de contrôle social. Le pouvoir est le pouvoir d'imposer l'ennui, de déclencher la stase, de mêler à cette stase l'angoisse. Le véritable taedium, le taedium profond est relevé par la terreur et la mort.
[...] Aujourd'hui, l'on exige un mouvement rapide en avant, un télescopage, une existence à la vitesse de la pensée la plus intense. Tandis que nous approchons, par la technologie, la phase de la réalisation instantanée, la réalisation des éternels désirs et fantasmes humains, l'abolition du temps et de l'espace, le problème de l'ennui ne peut que devenir plus aigu.
[...] Les gens instruits parlent d'un monde đésenchanté (ennuyeux). Le monde ne peut pas être đésenchanté. Pour moi, l'ego conscient de lui-même est le siège de l'ennui. Cette conscience croissante, dominatrice, envahissante est la seule rivale des forces politiques et sociales qui dirigent ma vie (affaires, pouvoirs technologico-bureaucratiques, État). L'on trouve, d'une part un grand élan vital organisé, de l'autre le moi isolé, doué d'une conscience indépendante, fier de son détachement, de son immunité absolue, de sa stabilité, de son aptitude à n'être affecté par rien - les souffrances des autres, la société, la politique ou le chaos extérieur. À sa façon, il s'en moque. On lui demande de ne pas s'en moquer et nous le pressons souvent de ne pas s'en moquer, mais la malédiction du détachement est enracinée dans cette conscience douloureusement libre. Elle est libre de tout attachement à telle ou telle croyance ou à d'autres âmes. Cosmologies, systèmes d'éthique ? Elle peut les traverser par douzaines. Car être pleinement conscient de soi-même en tant qu'individu équivaut à se trouver isolé de tout le reste. C'est le royaume d'un espace infini dans une coquille de noix de Hamlet, "des mots, des mots, des mots", du "Danemark, une prison".
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En outre (pour conclure), l'Amérique est un pays didactique dont les habitants offrent toujours leurs expériences individuelles comme de précieuses leçons au reste de leurs semblables, espérant les encourager et leur faire du bien - un effort intensif vers un système de relations publiques personnelles. Je considère parfois cet état d'esprit comme une forme d'idéalisme. D'autres fois, il m'apparaît comme un pur délire. Tout le monde étant converti au bien, comment peut-il s'accomplir tant de mal ? Lorsque Humboldt me traitait d'ingénu, n'était-ce pas là qu'il voulait en venir ? Cristallisant tant d'aspects du mal en lui-même, le pauvre, sa mort offrait un exemple, son héritage était une question posée au grand public. La question de la mort elle-même que Walt Withman jugeait comme la question des questions.
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Ils ont donné à Citrine un prix Pulitzer pour son livre sur Wilson et Tumulty. Le prix Pulitzer est pour les serins - pour les buses. Ce n'est qu'une publicité journalistique à la gomme faite par des escrocs et des illettrés. Vous devenez un homme-sandwich du Pulitzer si bien que, même lorsque vous claquez, les derniers mots de la notice nécrologique sont : " un lauréat du Pulitzer disparaît " ; il avait là marqué un point, pensais-je.
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