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C'est à sa mère, que la maladie a emportée, que Laurence, la narratrice, s'adresse. Les questions restées dans l'ombre et les confidences, construisent une histoire familiale marquée par les émigrations successives et les départs douloureux, ceux qui ont fait la honte de l'Histoire du 20è siècle. Nicole était cardiologue, et dans l'appartement qui abritait sa famille et le cabinet médical, régnait un flou certain entre privé et professionnel. Avec le sentiment, pour la narratrice d'une priorité accordée aux patients.

De l'enfance avec passage obligé en Bourgogne, seule alternative au risque majeur de faire partie des convois vers la Pologne, la fille du chapelier devra se défendre pour être légitime, juive et femme, dans un milieu à l'époque encore très masculin et très machiste.

S'y ajoute l'histoire du père, Paul, juif oranais, concerné aussi par les drames du départ et les massacres odieux, et qui après avoir mené sa carrière de cardiologue, devient peu à peu dépendant. C'est tout le drame de cette génération, en étau entre les enfants à éduquer let les parents vieillissants.

C'est un récit lucide, ponctué par de nombreux drames, mais sans pathos, et sans plainte. Les lacunes ressenties ne sont pas des reproches, envers des parents qui n'ont pas démérité, mais ont dû faire des choix difficiles. Et l'amour n'a pas manqué malgré tout.

Ce type de récit qui offre en raccourci des destinées quelles qu'elles soient et dont ne subsistent que des objets dérisoires m'émeuvent profondément.

L'impact de l'Histoire sur les destins individuels, la question de l'identité, des racines, la complexité des liens familiaux que l'évolution de la société bouscule, tout cela est abordé avec beaucoup de sensibilité.

Merci à Netgalley et aux Editions Stock

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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«  Seul celui qui espère peut continuer à vivre . Car celui qui n'envisage plus un avenir a déjà renoncé à son âme . Avant qu'elle ne le quitte. ».

Extrait du livre d' Ulrich Alexander Boschwitz, «  Levoyageur » que l'auteure , la fille de la narratrice aurait aimé lui faire découvrir avant sa disparition , en mai 2018.

C'est une très longue lettre d'amour un magnifique récit personnel évoquant avec tendresse en phrases élégantes et raffinées pétries de tendresse où pudeur , lucidité , souvenirs , douleurs , s'entrecroisent au fil des pages de ce PUZZLE familial, un témoignage autobiographique accompagné des silences beaucoup de silences de sa mère :

Nicole , née en novembre 1934, enfant cachée durant la deuxième guerre mondiale , de Paris occupé en passant par la Bourgogne ombrageuse à Linant ——-sous la tutelle de la vilaine fermière , en jupon gris , les toisant , elle et son frère d'un air mauvais madame Bouygues ,——Nicole ——devenue, une jeune femme débordée, une cardiologue parisienne éminente , doctoresse tourmentée ,passionnée par son métier , tout près des ses patients du «  coeur » , qui affronta à l'époque l'autoritarisme des chefs de service , la rigidité d'un système établi par l'ordre des médecins lors de sa création , sous le régime de Vichy, en 1942. ….. «  le régime de Vichy, cette tâche sombre au pays des lumières » .

Port de l'étoile jeune , une partie de la famille déportée , Nicole : «  enfant cachée tu as dissimulé des fragments de ton histoire sans doute pour lui survivre » écrit la narratrice .

Elle cherche , elle classe , elle fouille , elle range elle trie les humiliations des parents de Nicole , Rachel et Herman , petits chapeliers juifs , artisans venus de Pologne , Rachel, la grand - mère, tant aimée qui gardait les enfants de deux cardiologues débordés .
Le mari de Nicole : Paul Benaïm , dont en réalité le prénom était Abraham , encore un puzzle entre juifs Séfarades et juifs Ashkénazes, lui aussi cardiologue qui découvrit la détresse et la misère à l'hôpital…..

La narratrice évoque , dans la dernière partie du livre : bouleversante, les difficultés actuelles de son père , devenu aveugle , né en Algérie en 1926, une fin de vie douloureuse , un lent glissement ,la non fiabilité des EPHAD, l'impossibilité de trouver pour lui , une résidence sécurisée ,lui, qui pourtant a passé sa vie à soigner les autres avec passion .à l'hôpital.

Un bel hommage rétrospectif , témoignage d'amour intime et universel , aux vivants et aux morts, sur les liens familiaux, les non - dits …beaucoup de non - dits ….
Les faire parler et revivre pour CONJURER l'absence , ce combat magnifique , sur la transmission , la dépendance, le dévouement aux autres et la fin de vie …
Face à cette sidération, le départ de cette mère , si lointaine devient très proche, la narratrice réveille le passé tragique .pour dénoncer l'antisémitisme d'aujourd'hui ——-sa mère partie en laissant en héritage ses doutes, ses conditions ,ses peurs dans un monde pétri d'échardes——

Cette lettre , elle l'a écrite avec son coeur parce que sa maman si occupée par son métier L'ÉCOUTAIT peu, pour tordre le cou du temps , pour avoir sa mère , enfin ,entièrement à elle . ….
Enfin pour témoigner du destin d'une famille éprouvée , pour ne jamais OUBLIER .
Un très beau témoignage complet , dense , riche , foisonnant, éclairant, lumineux malgré tout , à l'écriture magnifique, qui, je l'espère a permis à l'auteure de commencer à faire son deuil.
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A la mort de sa mère en 2018, l'autrice vacille, elle est sidérée par cet évènement douloureux
et écrit une longue lettre à celle qui lui a donné la vie.
Elle se souvient de son enfance ; les repas étaient ponctués de conversations relatives à la cardiologie, père et mère étant d'éminents représentants de cette spécialité.
Les enfants et leurs petits tourments étaient à peine écoutés et pas entendus :des patients les attendaient à l'hôpital. L.Benaïm se souvient de cela avec un peu d'humour et beaucoup de mélancolie.
Elle revient sur l'enfance de cette mère tant aimée, née d'une famille juive qui a connu les grands tourments du siècle dernier, la famille exterminée, cette tristesse intérieure toujours à fleur de peau. Elle relate sa longue agonie et le transfert de responsabilité enfants-parents maintenant.
Elle raconte la lente déchéance de son père , qui , médecin reconnu , ne trouve pas sa place en EPHAD.
Quelques réflexions sur la jeune génération, et sur le temps présent.Quel décalage en si peu de temps. Elle dénonce les slogans de tribunal populaire qui remettent en cause l'idée même de tout ce qui nous a construit.
Beaucoup de pudeur et de lucidité dans cet ouvrage écrit avec le coeur.

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Ce projet ne devait être qu'une lettre à sa mère décédée des suites d'une longue maladie mais la disparition des êtres chers bouleverse tant qu'il a fallu un livre entier pour scanner cette relation mère-fille trop distante aux yeux de l'auteure tout en explorant l'histoire familiale marquée par l'exil et la Shoah.
C'est au moment où son père qu'elle appelle étrangement par son prénom, Paul, se débat contre les signes d'une vieillesse dégradante que Laurence Benaïm éprouve le besoin de se plonger dans le passé de sa mère. Elle y découvre l'explication de certains silences : les horreurs vécues par ses grands-parents, des juifs polonais naturalisés et celui de ses tantes. Elle y évoque la rencontre de ses parents, les débuts de leur carrière hospitalière dans les années 60 pour enfin comprendre tout ce que sa mère lui a légué.
« La vie est belle, maman, et je te remercie pour tout ce que tu m'as transmis. Si elle t'avait été plus confortable, tu aurais été moins tournée vers les autres, et je n'aurais pas reçu en héritage ta curiosité, tes doutes, tes convictions, tes peurs. »
Ce livre est un hommage touchant à sa maman, l'écriture y est sensible et certaines phrases sur les EHPAD ont malheureusement fait écho à des situations douloureusement actuelles…
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C'est avec une écriture raffinée et poétique que l'auteur Laurence Bénaïm rend ici hommage à sa mère, dans cette autobiographie qui ressemble à une longue lettre où elle lui dit son amour mais aussi le chagrin de l'absence, le vide abyssal qu'elle laisse à son décès. L'auteure évoque la vie de sa mère, cardiologue, entièrement tournée vers ses patients. Elle est hantée par ce que sa mère lui a caché, qu'on lui avait à elle-même caché, de sa famille juive et de ce que certains membres de sa famille ont vécu pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est donc également un livre témoignage pour ne pas oublier. Laurence Bénaïm évoque son père, Paul, qu'elle appelle le plus souvent par son prénom où en le désignant comme "ton mari". Cette mise à distance m'a frappée, à tel point que je me suis demandée au début si elle parlait vraiment de son père. J'ai trouvé bouleversantes les pages qu'elle lui consacre, vers la fin du roman, où elle évoque la difficile question de la vie de fin, pour celui qui reste, et la prise en charge de la perte d'autonomie.
Je remercie Netgalley et les éditions Stock pour cette lecture émouvante.
#NetGalleyFrance
#Lasideration
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SIDÉRATION, subst. fém.
A. − ASTROL. Influence subite exercée par un astre sur le comportement d'une personne, sur sa vie, sur sa santé. (Dict. xixeet xxes.).
B. − MÉD. ,,Suspension brusque des fonctions vitales (respiration et circulation) par électrocution, action de la foudre, embolie, hémorragie cérébrale, etc.'' (Man.-Man. Méd. 1980).
C. − AGRIC. ,,Fumure par enfouissement dans le sol de fourrages verts, en particulier de légumineuses, appelées plantes sidérales, car elles ont la propriété de prélever, grâce au soleil, l'azote de l'air, et de le fixer sur leurs racines'' (Fén. 1970). [https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/sideration]

Sidération : cela résume bien l'état d'esprit dans lequel se trouve la narratrice lorsqu'elle fait face à la maladie, la longue agonie et le décès de sa mère, le 21/05/2018. Sa maman,Nicole, était cardiologue de renom comme son époux, Paul. Nicole et Paul, deux parents absents, absorbés par leur passion, leur métier. Et des enfants élevés par une grand-mère, Rachel, au coeur tendre qui fut une maman exigeante envers ses propres enfants, mais accepte tout de ses petits-enfants, vénérés.
Parce qu'elle connaissait peu ses parents, et que le silence est une vertu cardinale dans sa famille, la narratrice va enquêter et découvrir l'enfance de sa maman, enfant de confession juive, que ses parents (Rachel et Herman Fradjer) ont dû cacher en province pour qu'elle survive, tandis qu'eux-même étaient cachés par des amis à Paris. Une petite fille de Paris dans une province, des années 40 avec son frère, Henry, ex Henri, ex Riri, qui deviendra dentiste. Et une cellule parentale française de confession juive, peu pratiquante qui va survivre, mais va voir déporter et mourir tous ses membres, tous français dans une époque d'une grande violence et d'une laideur ignoble pour la France. Il y a pourtant des Justes, même si ils ne sont pas officiellement recensés dans le registre de Yad Vashem : les Cassemiche, dont le fils Pierrot, Pierre, est le meilleur copain de Riri dans cette province profonde. Ils vont former une famille élargie pour la famille Fradjer.
Nicole va se battre pour s'élever socialement, portera haut l'indépendance féminine dans sa fonction, dans ses actes, ses soutiens.
En parallèle, sa fille, contemple la nouvelle génération, son époque, ses combats et constate que le cauchemar revient (j'ai beaucoup repensé à la chanson "Anne ma soeur Anne" de Louis Chedid, comme souvent).
Il y a aussi le papa de la narratrice, Pau Benaïm, cardiologue lui aussi, après avoir été tenté par la pédiatrie, né à Oran en Algérie et qui avait pour enseignant, Paul et Nicole se sont rencontrés à Lariboisière, tout deux luttant contre l'antisémitisme toujours latent et le machisme.
La narratrice fait face à la vieillesse et la dépendance de ses parents et je me retrouve en elle (nous sommes nées dans les années 60). Son texte fourmille des mêmes références que les miennes et c'est un plaisir doux-amer de se replonger dans ces années là. Je vis les mêmes tourments, je ressens la même colère, la même sensation de décalage avec les nouvelles générations : je dois vieillir moi aussi. Je suis à l'âge où l'on doit faire face après l'éducation des enfants à la dépendance de ses parents, qui deviennent parfois "nos enfants". Je pleure rarement, mais je pleure toujours quand je vois des archives des camps de déportation : je vois ces fantômes, ces personnes et je pleure, c'est insupportable, c'est inconcevable ... Je pleure pour les vivants, je pleure pour les morts, je pleure pour qu'on n'oublie jamais. Un très beau livre sur le souvenir, les liens (parfois douloureux), la transmission et je remercie NetGalley pour l'avoir découvert et pouvoir en faire la critique
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Ceci est une lettre à la maman décédée de l'autrice. L'autrice y parle de la vie de sa mère : son enfance de juive cachée pendant la seconde guerre mondiale, sa carrière de médecin et les relations froides qu'elle a eu avec ses enfants. Il y a aussi le thème de la vieillesse de ses parents qui y est abordée.

Je n'ai pas aimé cet ouvrage car je le trouvait décousue, sans ligne directrice. L'autrice allait dans tous les sens sans finalement avoir de but dans la lecture. Je n'ai pas compris pourquoi avoir édité cela. Au bout de ma lecture, cela ne m'a pas enrichie. Je ne m'en serais pas moins bien portée si je ne l'avais pas lu. C'est peut être moi, je suis peut être passée à côté de quelque chose. Cela m'a laissé tellement neutre au bout de ma lecture que je ne sais même pas quoi vous dire. Ce qui est assez rare!
Pourtant certains ont dû y trouver de l'intérêt car il y avait un coeur coup de coeur collé dessus lorsque je l'ai pris à la médiathèque.
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Construit sous forme de puzzle qui cherche à restituer l'histoire de sa mère, l'auteure nous perd un peu . Bien sur il y a cet hommage à l'enfance de tous les enfants juifs pendant la seconde guerre, mais le mélange ensuite avec le présent m'a un peu désorientée.
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Laurence Benaïm décide en écrivant ce livre que ce sera comme une lettre à sa mère.

Décédée en 2018, Nicole, médecin cardiologue à Paris, et sa fille n'ont jamais réussi à être très proche à avoir ce lien mère-fille.

C'est en retraçant l'histoire de sa mère que la narratrice ce sent aux côtés de sa mère.

Elle va retracer tout le ressenti de ces dernières années, tous les bons dits et les rancoeurs non fondées.

Un bel hommage, une magnifique lettre d'amour. 

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