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4,04

sur 902 notes
J'ai lu ce livre avec recueillement et dès que j'ai tourné la dernière page, j'ai su qu'il allait faire partie des "romans phares", ceux sur lesquels j'aime revenir de temps à autre...
Ce que j'ai aimé dans ce roman, c'est la gravité "légère" de l'auteure, forme de paradoxe dont elle se tire à merveille.
Légèreté du cadre spatio-temporel à peine esquissé : une ville, une colline, une maison, sorte de ventre matriciel, où vont se retrouver cinq personnages : Octave Lassalle, vieil homme en fin de vie, qui va jouer les grands prêtres pour "sauver du vivant" comme lorsqu'il était chirurgien ; Béatrice au regard marin, Hélène au "sourire qui flotte", Marc Mazetti, l'homme "aux nuits sans sommeil" et Yolande, "déesse prosaïque" dont la vitalité et la force impressionnent tous les autres.Entre ces quatre-là, un pacte officiel et un autre implicite qui va leur permettre de naître ou de renaître à eux-mêmes et aux autres, par-delà leurs anciennes blessures.
Légèreté de la phrase, qui passe avec fluidité du récit au dialogue, du je au tu, qui cerne avec beaucoup de doigté, l'impalpable, l'éphémère, celui d'un geste, d'une posture, d'un regard... le langage du corps est perçu avec une grande justesse dans tout ce qu'il peut révéler de l'intime.
Légèreté de la construction très symphonique avec un début et une fin qui se font écho et différents chapitres qui donnent à entendre chaque personnage mais avec une alternance qui n'a rien de systématique.
Légèreté, fluidité vont de pair avec un grand souci de précision et l'on a l'impression que l'auteure part à la "traque" du mot le plus juste, celui qui exprime la quintessence de sa pensée. J'ai beaucoup aimé cette alliance des contraires qui oblige le lecteur à se poser et à réfléchir.
Car ce qu'évoque Jeanne Benameur par la voix de ses personnages n'a rien de léger ni d'anecdotique.
L'enfance est l'un des thèmes qui balaie tout le roman. Mais rien n'est simple, ni idyllique dans l'évocation qu'elle en fait. Qu'il s'agisse de "l'enfant en trop", de "celui qui remplace", de "l'enfant perdu" ou même de "l'enfant cadeau", il va toujours falloir trouver le lien qui répare, qui guérit les anciennes blessures voire les traumatismes. L'amour est une autre thématique récurrente . Mais là encore pas de chemin balisé : amour fusion, amour nomade, le choix est souvent difficile. Hélène, la peintre, en fera la douloureuse expérience , elle à qui va échoir la délicate mission de faire le portrait de la fille défunte d'Octave Lassalle. Ce travail sera pour elle un véritable parcours initiatique qui va lui révéler ce qui se cache derrière l'acte créateur : la découverte d'un sacré qui n'a rien de religieux mais qui est le moyen de relier les vivants aux morts tout en étant également une prise de conscience de sa propre finitude.
Cette conception de l'art, de l'acte créateur se retrouve avec une grande force dans tout le roman et l'on sent que pour Jeanne Benameur c'est une profession de foi qui participe aussi d'un humanisme,sans transcendance, à hauteur d'homme. A ce titre, on peut penser que les convictions d'Octave Lassalle sont sans doute aussi les siennes tellement est grande la tranquille assurance qui s'en dégage.
Pour finir, je dirais que ce roman est une belle méditation sur l'humain, le sens de la vie et de la mort, et qu'à ce titre il mérite d'être lu et savouré page après page...
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On croit, passé les premières pages, qu'on aura droit à un débat sur l'aide médicale à mourir. L'auteure a plutôt choisi le côté vivant du personnage principal, Octave Lassalle, un vieux médecin retraité qui vit seul dans sa grande maison. C'est un hommage à l'humanisme, aux liens qu'on tisse les uns avec les autres, pas nécessairement ceux de la famille mais plutôt ceux reliés à notre condition de mortels. Une très belle écriture porte le récit et nous achemine trop vite vers une fin que j'ai trouvé précipitée.
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Qu'est-ce qui fait que j'aime pas ce roman et que j'ai hâte (je suis à la page 241 d'un livre qui en compte 273) de le terminer, de l'abandonner.
Ce vieil homme qui peut se payer le luxe de s'entourer de quatre personnes, choisies, devinées par lui, compte tenu de leurs affinités réciproques.
La fille disparue, Claire, dont il fait de plus en plus le centre de ce qui lui reste d'existence (il a 90 ans). Tout, c'est-à-dire trop, est vécu en fonction d'elle.
Le ton doucereux du récit pour dire la nature qui cerne la maison, les relations entre les êtres et les choses, les blessures qui accompagnent chacun(e)s. Il y a quelque chose de mielleux qui rend le récit répétitif, lassant. Frôlement des corps, des souvenirs, des rencontres. Idéalisation - je ne trouve pas de terme plus adéquat - des expériences même amères ou traumatisantes. Quelque chose d'aseptisé, manquant de vérité, de dureté, de vie. Tout cela est trop beau et, je le répète, un peu sucré, à la limite de l'écoeurant. du sentimentalisme, à la limite du dolorisme.
Jeanne BENAMEUR en fait trop et sature par une sorte d'excès d'humanité, dans la lignée de BOBIN et de DELERM.
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Octave Lassalle, quatre-vingt-dix ans, décide d'engager quatre personnes qui viendront, tour à tour, partager sa maison dans la journée et s'occuper à différents travaux. Il s'agit de Marc, Hélène, Béatrice et Yolande. Petit à petit des liens se nouent avec le vieil homme et la vie de chacun s'en trouve transformée, celle d'Octave Lassalle aussi d'ailleurs.

Petit à petit, on entre dans l'univers de chacun et l'on comprend que le salut peut venir des autres ou de l'action. C'est un livre tendre et profond sur ce que la vie fait, défait et dépose en nous. Il faut aimer être en contact avec les chemins intérieurs pour apprécier l'oeuvre et ses nuances. J'ai aimé.
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Bienveillance, humanisme, bonheur, joie, amitié, amour. Voici les mots qui me viennent pour résumer ce merveilleux livre, d'apparence simple mais tellement profond. Des thèmes lourds comme la fin de vie, le deuil, la séparation sont abordés d'une manière tellement délicate et positive que tout au long du livre on se charge d'optimisme, d'espoir et de foi en l'humanité. J'ai particulièrement aimé l'écriture douce et fluide de Jeanne Benameur. Première rencontre plus que concluante qui me semble être le début d'une belle histoire... à partager sans modération !
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J'ai commencé ce livre avec un "woh, ça va être de ces lectures qui résonnent intimement, au-delà de l'histoire racontée !". Et puis... et puis, j'ai eu comme un trop plein de langage, de symbolisme, un trop de mots parfaits avec des airs de vérité ("les choses sont ainsi") qui ne laissaient pas de place à ma réflexion de lectrice... Je me suis dit plusieurs fois "ça va, on a compris" alors que j'aurais aimé que Jeanne Benameur me raconte ce qu'elle a laissé de côté. J'ai pensé que c'était un condensé de tous les thèmes chers à l'autrice-poète (c'est pourtant seulement mon 2e roman d'elle). Et, livre refermé, j'ai le sentiment de n'avoir pas compris les personnages...
C'est indéniablement un livre de qualité, peut-être aura-t-il laissé une trace dont je n'ai pas conscience et que je retrouverai plus tard...
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C'est rare mais j'ai bien du mal à trouver les mots pour qualifier mon ressenti en refermant ce livre.

Je suis émue, je suis mal à l'aise, je suis perplexe, je suis tourne-boulée...

J'ai adoré le voyage, mais j'avais mis ma ceinture ça m'a valu des sueurs froides. Je parle des montagnes russes d'émotion, pas de violence. Il n'y en a aucune.

La délicatesse des mots choisis, la douceur des gestes, des intentions, ...

Je pense que ce livre ne se raconte pas, il faut le lire.

Je suis très très attachée à cette auteure!
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L'écriture sensible de Jeanne Benameur et cette facilité à entremêler des personnages dans une histoire sans occulter leur passé, leurs émotions, leur personnalité, la quête de soi, font de cet auteur une exception. Profanes est un hymne à la vie, à l'amour de l'autre.
Octave, « s'embarque pour la partie de sa vie la plus précieuse, celle où chaque instant compte, vraiment ». Octave a 90 ans, ancien chirurgien, un passé acéré, décide un jour d'ouvrir sa maison à quatre personnes qui auront en charge chacune d'une mission bien précise auprès de lui. Ces missions sont l'occasion pour Octave d'un vivre mieux, d'une ouverture vers le passé, et surtout d'apaiser enfin les lames acérées qui lui fendent le coeur depuis le décès De Claire, sa fille …celle qu'il n'a pas opérée. Apaiser le désespoir d'un homme en proie à la culpabilité.
Ce lien tissé au fil des jours, dans le silence, les mots, la douceur et aussi l'activité sera pour chacun une renaissance, un hymne à la vie.
Ce livre, chargé de douceur, d'espoir, de réparation, véhicule l'idée d'une vie possible pour un vieux en dehors des mouroirs ambiants de notre société contemporaine.
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Quelle ambiance extraordinaire dans cette histoire, je n'ai pas complètements adhéré à Otages, mais dans Profanes, l'hymne à l'amour chanté dans toutes les pages par Jeanne Benameur est extraordinaire, j'ai dévoré ce livre, bouleversant.
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Elle est presque virile dans son écriture, Jeanne Benameur. Un peu âpre, elliptique, et en même temps si poétique. A cette lecture j’ai souvent pensé (mais c’est très personnel) à Sorj Chalandon dans Une promesse.

Comme Une promesse, Profanes tisse un lien fragile et complexe entre morts et vivants, une articulation vigoureuse et néanmoins subtile entre passé, futur et présent.

Dans Profanes aussi la narration toute puissante prend son temps, sereine, murmurant les sensations, les émotions et les dialogues intimes, assemblant une singulière mosaïque humaine, délicate, parfois douloureuse, toujours en retenue.

L’intrigue en elle-même ne requiert pas d’être développée ici. C'est un récit qui simplement se lit, se vit, et s’absorbe jusqu'à la mémoire où il s’ancrera pour longtemps.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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