Sans ambition il n’y a pas de talent.
Il n'était pas possible que je fusse seule dans le monde entier, seule sans un être humain, sans un rêve, sans ce quelque chose qui permet de vivre parmi vous, êtres humains, bêtes, choses
Sans ambition il n’y a pas de talent.
Je sentais que c'était la vie qui s'élançait vers moi, et je me précipitais en elle, en cet inconnu velouté.
« Je compris que maman était ma honte, de même que j’étais la sienne. Et que toute notre vie était une irréparable honte. » (p. 13)
...maintenant il n’y avait a peine assez de leçons pour elle. Moi, il m’arrivait de tomber sur un travail occasionnel dans quelque soirée musicale, dans des usines et des clubs. Je me rappelle que, pluiseurs fois, pour du savon et du saindoux, j’étais allée jouer de la musique de danse, des nuits entières, quelque part dans le port.
Le train filait. Je sentais que c'était la vie qui s'élançait vers moi, et que moi je filais vers elle, dans la nuit veloutée.
Je sentais que c'était la vie qui s'élançait vers moi, et que je me précipitais en elle, inconnu velouté.
Elle avait dix ans de plus que moi et, bien entendu, ne le cachait pas, parce qu’elle est belle, et moi pas. Elle est grande, elle a un corps sain et robuste, qui s’est développé naturellement et librement – moi, je suis petite, sèche, d’apparence maladive bien que je ne sois jamais malade. Elle a des cheveux noirs et lisses, coiffés en chignon sur la nuque – moi, j’ai les cheveux clairs, ternes, je les coupe et les fait friser tant bien que mal. Elle a le visage rond et beau, la bouche grande, le sourire d’un charme ineffable, les yeux noirs aux reflets verts, moi j’ai les yeux clairs, le visage triangulaire aux pommettes saillantes, les dents petites et espacées. Elle se déplace, elle parle, elle chante d’une manière si assurée, ses mains accompagnent ses paroles et ses mouvements d’une façon si calme, si égale, elle garde en elle une espèce de chaleur, d’étincelle – divine ou diabolique -, elle a le oui et le non précis. Autour de moi, je le sens, se forme parfois un brumeux nuage d’incertitude, d’indifférence, d’ennui, dans lequel je frémis comme un insecte de nuit frémit dans la lumière solaire avant de devenir aveugle ou de se figer.
(p. 32-33)
J'ai trouvé ce livre via une virée de crossbooking juste avant le confinement du au coronavirus.
Ce livre est une pépite, une petite merveille. J'aime beaucoup son joli format, sa couverture et la qualité du papier. Les éditions Actes Sud me séduisent souvent pour ces raisons.
Les mémoires de Sonetchka, accompagnatrice de la grande pianiste Maria Nikolaevna, sont très agréables à lire, bien écrites, serrées, violentes, avec une tension qui va crescendo jusqu'à la fin.
J'ai passé un très bon moment et vous le recommande vivement.