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Luba Jurgenson (Traducteur)
EAN : 9782277230649
106 pages
J'ai lu (30/11/-1)
3.21/5   58 notes
Résumé :
Imaginons une soirée d'été. Chaude et paisible. Dans la lumière du crépuscule, quelques amis finissent de dîner. Le ciel est pur mais à l'accalmie inquiétante de cette nuit de juin 40 succède, au loin, la rumeur des canons. On parle de la guerre, de ses présages...
Et voilà que la conversation entraîne la pensée de chacun vers le passé... Si, d'un geste de prestidigitateur, on devait ressusciter quelqu'un... "Mozart, bien sûr, et personne d'autre ! se dit Mar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Après la percée de Sedan, dans la chaleur des premiers jours de juin 1940, la famille de Vassili Souchkov - des émigrés russes - reçoit quelques amis le soir, sous les tilleuls du jardin, dans la paix préservée pour quelques heures encore d'un petit village non loin de Paris. La discussion porte sur la guerre bien sûr, mais il flotte encore un parfum d'insouciance dans l'atmosphère paisible de cette belle soirée et les amis s'interrogent : comment réagiraient les grands hommes et femmes du passé s'ils ressuscitaient ? Napoléon, la reine Victoria et Pouchkine sont évoqués. Maria Léonidovna pense à Mozart, pour elle un symbole de pureté et de joie, qu'elle opposerait à la tourmente actuelle.

Mais dans les jours qui suivent, la débâcle de l'armée française face aux allemands jette sur les routes des millions de Français qui fuient l'avancée des troupes allemandes en allant vers le Sud. C'est l'exode. Maria Léonidovna s'interroge : doit-elle fuir elle aussi avec Vassili son mari et son beau-fils ?

En quelques pages, Nina Berberova nous fait ressentir la fébrilité de l'attente inquiète des villageois, la peur qui les saisit en entendant au loin les coups de canon, la sensation impalpable d'une menace latente flottant dans l'air chaud de ces nuits de juin, le pressentiment d'une horreur absolue qui va les atteindre sans qu'ils n'y puissent rien changer et puis la décision prise à la hâte de fuir, en entassant à la va-vite leurs bagages dans la voiture.

Une petite merveille de concision à l'atmosphère admirablement rendue !

J'avais totalement oublié cette oeuvre courte de Nina Berberova, lue en 89 lors de sa parution chez Actes Sud. Heureuse de l'avoir relue !
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Pendant l'occupation, un groupe d'immigrés russes imagine la possibilité de ressusciter quelqu'un de son choix.
De Mozart, il est peu question, si ce n'est ce mystérieux personnage que la maîtresse de maison héberge quelques jours.
Un livre court, 107 pages en très gros caractères, dans lequel je ne suis pas vraiment entrée.

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Court récit très convaincant, justement parce qu'il est au départ décevant pour mieux se transformer, étonner, rendre confus. Cette petite société privilégiée est d'une superficialitéet d'un snobisme affligeant au début du livre, mais face aux évènements de 1940, le personnage principal, dans son étonnement, sa confusion, devient curieusement humain et attachant. La présence d'un individu mystérieux au milieu de la débâcle suspend l'esprit de cette femme, le réintègre dans le flux de la vie, le rythme du village, des gens du communs en fuite, le petit jeu ridicule du début se concrétise et la fait descendre des discussions mondaines à la réalité la plus crue et la plus simple.
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En banlieue parisienne, dans les tout premiers jours de juin 1940, dans le crépuscule paisible du jardin d'une « grande vieille maison calme » où le temps est rythmé par le tic-tac de la pendule, un groupe de personnes d'origine russe épilogue sur Sedan, victime de la percée nazie.
Ces dîneurs tranquilles ne veulent pas savoir que la France commence à subir le laminage qu'a vécu la Belgique depuis le 10 mai. « Merveilleuse » insouciance dans un délicieux crépuscule de juin.
Vient une question : « Que diraient les défunts, s'ils ressuscitaient et voyaient ce qui se passe ? » Et lequel faudrait-il convoquer à cette résurrection ? Napoléon ? Bismarck ? La reine Victoria ? Jules César ? Pouchkine ? Taglioni, ce beau danseur de la fin du 19ème siècle ? Léon Tolstoï, pour le questionner sur son pacifisme ?
« Mozart, bien sûr, personne d'autre que Mozart », pense Maria sans le dire.
Le lendemain, c'est le premier bombardement de Paris. Et peu après, l'arrivée des réfugiés.
Plus tard arrive un homme. Silencieux. Musicien, dit-il. Mais aussi espion ? déserteur ?
Un jour, pour libérer le local où Maria l'a temporairement hébergé, il part « silencieusement, sans qu'on le remarque, avec une rapidité déconcertante ». Sans laisser de trace.
Est-ce Mozart qui est parti ?
Un petit livre dense qui raconte en mots très vrais cette période où un monde était en train de basculer.
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Il n'est pas ici question de Mozart, ou si peu, car il ne s'agit pas de musique, pas plus qu'il ne s'agit de ressusciter qui que ce soit. Il s'agit d'une image à laquelle on s'accroche le temps d'une conversation pour tuer le temps dans cet été 1940 où la guerre étend ses tentacules au large de Paris et où des exilés russes rêvent à haute voix de ceux qu'ils ressusciteraient volontiers.

Il n'est pas question de Mozart, mais il y a là, au milieu de cette communauté sur lequel le temps s'est quasi figé parce que tous ses membres avaient jusqu'ici refusé de partir, Maria Leonidovna, alter ego de Nina Berberova. Il y a aussi là un homme surgi de nulle part, qu'elle abrite quelques jours dans l'annexe, un homme qui se dit musicien, mais dont ne saura rien, ni la nationalité, ni la situation.

Il s'agit d'un récit de 70 pages environ qui relate quelques jours dans la vie de quelques Russes au large de Paris, alors que les premiers bombardements sur la ville font se jeter sur les routes de France nombre de gens, dont ceux réunis ici.

La résurrection de Mozart est un récit d'atmosphère qui n'a pas la volonté d'être autre chose. le résultat : quelque chose de bien ficelé qui n'est pas sans rappeler Les estivants de Gorki ou Oncle Vania de Tchekhov pour l'impressionnisme qui se dégage de ces deux oeuvres.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Il y avait quelque chose de menaçant dans le ciel limpide, dans les champs silencieux, dans les chemins qui, çà et là, fuyaient vers le large, dans cet été, dans ce monde où il avait plu au destin de le faire naître. La tête lourde appuyée sur une main, il semblait vouloir se rappeler quelque chose et garder le silence parce qu'il n'y parvenait pas. D'où venait-il ? Et où pouvait-il aller ? Fallait-il qu'il poursuive son voyage ? Qu'était-ce que la vie, cette pulsation, ce souffle, cette attente, qu'était-ce que le transport, l'affliction, la guerre ? Et lui-même, si faible, mais doué d'une si puissante harmonie dans le cœur et d'une mélodie dans la tête, que faisait-il là, dans la rumeur désormais incessante des canons, au milieu des préparatifs de départ des familles villageoises, où l'on faisait sortir les chevaux, où l'on attachait les vaches, où l'on cousait de l'or dans les doublures ?
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Au lieu de toutes ces horreurs, de tous ces meurtres et de tous ces mensonges, ne pourrait-on pas désirer ce qui, à l’instar de ces nuages, unit la beauté et la pureté éternelle ? Avant de devenir définitivement sourds, ne pourrait-on pas ‘entendre l’astre parler à l’astre’ [Lermontov, 1841] (p 37)
Elle avait peur de l’air, de cet air chaud de juin qui charriait des nuages et des coups de canon, et qui les submergeait doucement, elle, sa maison, son jardin. […] Si, en regardant le calendrier, plus personne ne doutait que cinq, dix ou quinze jours plus tard surviendrait un événement horrible, de même, à sentir jour et nuit ce petit vent sur le visage, on pouvait dire qu’il amènerait à coup sûr, dans ces lieux, le meurtre, l’occupation, la dévastation, les ténèbres. (p 45-46)
Elle n’avait cessé de penser à Mozart. […] Elle s’était posé sans cesse la même question restée sans réponse : pourquoi l’horreur, la cruauté, l’affliction se matérialisaient-elles si facilement, s’incarnaient-elles dans une image concrète, n’en oppressant l’âme que davantage, et pourquoi le sublime, le tendre, l’imprévu et le charmant effleuraient-ils le cœur et les pensées comme une ombre, sans qu’on pût les saisir, ni les regarder, ni les palper ? Seul l’amour peut-être, se dit-elle, debout devant sa fenêtre, oui, seul l’amour donne cette joie. Mais celui qui ne veut plus aimer, qui ne peut plus aimer ? (p 51-52)
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"Mozart, bien sûr, personne d'autre que Mozart, se dit-elle à nouveau. Et heureusement que je ne suis plus très jeune et qu'à mon désir ne se mêle aucune concupiscence. Il resterait avec nous jusqu'au matin. Il jouerait du piano ou il nous parlerait. Et tout le monde viendrait le voir et l'écouter , le jardinier des voisins avec sa femme, et le postier, et l'épicier avec sa famille, et le chef de gare... Quelle joie ce serait ! "
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Imperceptiblement, la conversation avait entrainé la pensée de chacun loin de cette soirée, de ce jardin, vers un passe proche ou au contraire très lointain, comme si quelqu'un avait déjà fermement promis d'accomplir, d'un geste de prestidigitateur, le caprice de chacun, et que maintenant le problème consistait dans un choix, difficile parce que tout le monde avait peur d'y perdre, les femmes en particulier.
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Pourquoi l’horreur, la cruauté, l’affliction se matérialisaient-elles si facilement, s’incarnaient-elles dans une image concrète, n’en oppressant l’âme que davantage, et pourquoi le sublime, le tendre, l’imprévu, le charmant effleuraient-ils le cœur et les pensées comme une ombre, sans qu’on pût les saisir, ni les regarder, ni les palper ?
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Videos de Nina Berberova (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nina Berberova
Nina BERBEROVA – Documentaire ultime (France 3, 1992) Un documentaire en deux parties, intitulées "Le passeport rouge" et "Allègement du destin", réalisé par Dominique Rabourdin. Présence : Jean-José Marchand et Marie-Armelle Deguy.
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