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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une réussite !
Oui vraiment, ce roman biographique est superbe à plus d'un titre.
Non, il n'est pas une nième bio quelconque de Claude Monet.

Les choix biographiques tout d'abord, articulés en trois parties portant les prénoms de Frédéric Bazille, Camille Doncieux et Claude Monet, respectivement l'ami soutien des débuts, la première épouse adorée et l'artiste lui-même, symboles d'amitié, d'amour et de passion de peindre - ils sont des marqueurs forts de la vie de Claude Monet. Ayant achevé ma lecture il y a quelques temps déjà, ils restent toujours présents à mon esprit, témoins d'un souvenir de lecture agréable, persistant et bien sûr d'une vie hors du commun.

Le style de Michel Bernard ensuite est incontestablement le plus de cet ouvrage. À la fois poétique et très précis, c'est une belle découverte pour moi qui apprécie tant la poésie. L'auteur ne se perd jamais en digressions inutiles, effets poétiques superflus ; le ton est clair et juste, le propos instructif et captivant.
On sent l'admiration de l'écrivain pour le peintre et c'est un réel plaisir de partager sa perception de l'édification de la personnalité du chef de file des impressionnistes grâce à sa propre sensibilité poétique. Et que dire de l'analyse fine et sensible de quelques oeuvres : un mélange de palettes picturales et littéraires !

Enfin, l'objet livre pour finir. Pour une fois, les principaux tableaux évoqués dans le roman, au nombre de quatre, sont reproduits en couleurs. Certes, il ne s'agit pas de reproductions dignes d'un livre d'art, mais j'ai tellement apprécié l'illustration immédiate et parlante des propos de l'auteur. C'est suffisamment rare pour être salué. Ces tableaux habitent le livre tout comme ils jalonnent la vie et l'évolution de l'artiste.

Une belle surprise de la rentrée littéraire sous le signe de l'amitié, l'amour, la passion de peindre et la nature omniprésente.

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Une grande émotion pleine d'admiration à la lecture de ce livre que je trouve proche de la perfection quant au style, à l'équilibre dans sa composition et à la beauté qu'il fait naître à chaque page.
Trois parties, trois prénoms : Frédéric, Camille, Claude. La plus développée, centrale, est celle consacrée à Camille, à la vie de Monet auprès d'elle, entourée de Frédéric l'ami mort lors de la guerre de 1870 et de Claude, Claude Monet qui survit à Camille et va offrir les nymphéas à la France après la guerre de 14-18 à une condition, que l'état accepte d'acquérir "Femmes au jardin" tableau que Frédéric Bazille avait acquis pour que Monet ne meurt pas de faim, que Manet aura en sa possession, revenu ensuite à Monet. ; tableau qui fait le lien entre tous ces amis, tableau où figure Bazille, Camille-Gabrielle modèle qu'aimait Frédéric...

Michel Bernard nous fait épouser la vie de Monet à travers ses tableaux rayonnant d'une joie lumineuse. Monet jouit de la vie, de la fugacité de la lumière qui nimbe des instants précieux vite disparus qu'il parvient à fixer sans les figer. Sa vie et ses tableaux ne font q'un. Avec délicatesse l'auteur sait traduire la plénitude dont Camille entoure Monet qui lui permet de donner tout à la création.
De Camille émane une douceur sereine qui permet à Monet de créer dans une atmosphère de quiétude aimante. "Camille était son talisman" p 118
"Renoir disait de son ami que "Monet ne peignait que ce qu'il aimait, qu'il aimait profondément, qu'il n'avait rien appris dans l'atelier du père Gleyre, rien appris nulle part. Son seul maître, c'était l'amour, l'amour de ce qu'il avait sous les yeux et qui était beau. "Et comme il a beaucoup d'amour, il est un grand peintre, un très grand peintre." p 104
En quelques coups de brosse, Renoir saisissait le rosissement de Camille. C'était vrai qu'elle avait quelque chose de spécial. de l'âme de cette femme était passée dans la peinture de Claude Monet, son mari."
Dans sa vieillesse Claude Monet se souvient que "Autrefois, à part Renoir, Sisley, Bazille et Manet, ses camarades de jeunesse, Camille avait été l'unique présence supportable au moment où il peignait. Sans le lui dire, au contraire, il aimait et désirait que Camille se tienne près de lui. Il travaillait plus sereinement. Elle absorbait son angoisse, le rassurait. Il sentait le silence de sa femme éponger l'inquiétude de son âme. Il n'avait jamais su le lui dire autrement que dans la violence de l'amour."

Michel Bernard en saisissant la vie de Monet comme un tout, sa passion pour la peinture se confondant avec son amour pour Camille et pour le monde qui l'entoure, nous fait entrer dans cet univers lumineux pour en partager la beauté mais aussi la souffrance car l'artiste est en guerre, en guerre avec lui-même pour créer, pour extraire la beauté de la confusion. Il a l'intuition de ce qu'il souhaite mais le chemin à suivre pour y parvenir se fait à tâtons en détruisant et recommençant, à part lors de quelques moments de grâce comme la pie, la robe verte, Camille derrière la vitre en hiver qui sont nés dans une fulgurance.

"Il habitait ses tableaux et connaissait par coeur le corps de son modèle. La femme élégante qui les traversait, dont l'ombrelle prenait autant de blanc qu'un nuage, était la sienne, l'enfant nageant dans les herbes était le sien. Il respirait l'air qu'il peignait et s'y représentait lui-même et l'intérieur de lui-même, son rêve et la beauté des choses." p 96

Si la lutte pour la création est invisible aux regards extérieurs, elle n'en est pas moins violente, elle consume celui qui la mène. La guerre elle-aussi détruit mais sans offrir au monde la moindre beauté. Semeuse de mort comme la maladie.
C'est la mort des êtres chers qui fait naître le remords, le remords de n'avoir pu les sauver.

"Les deux remords de Claude Monet" se clôt sur l'amitié qui lia Clémenceau et Monet :
"Un jour de décembre 1914, un peu avant le premier Noël dans les tranchées, Clémenceau, en route vers sa résidence de Bernouville, en Normandie, avait fait halte à Giverny."
Monet à table avait parlé (à son vieil ami Clémenceau) de son projet, affermi pendant l'automne : reprendre le chemin de l'étang, poursuivre ses travaux sur les nymphéas, mais à grande échelle" et " Clémenceau songea au général qu'il avait vu la veille, lors d'une réunion de la commission de la guerre, désigner sur une cartes les objectifs des prochaines attaques françaises, tirer des lignes et frapper du bout des doigts les crêtes tenues par les Allemands. Monet, qui allait se battre avec l'inconnu, était plus convaincant" p 191
Clémenceau va soutenir et aider Monet car "Il comprit ce jour-là, avant le peintre lui-même, le projet grandi dans sa rumination et sa volonté..."

Et voilà de quoi abolir tous remords, cet extrait d'une lettre de Clémenceau à son vieil ami :
"Jusqu'à la dernière minute de votre vie, vous tenterez, et vous achèverez ainsi le plus beau cycle de labeur. Je vous aime parce que vous êtes vous et que vous m'avez appris à comprendre la lumière. Vous m'avez ainsi augmenté. Tout mon regret est de ne pouvoir vous le rendre. Peignez, peignez toujours jusqu'à ce que la toile en crève. Mes yeux ont besoin de votre couleur et mon coeur est heureux."
(cité par Alexandre Duval-Stalla dans "Claude Monet - Georges Clémenceau, Une histoire, deux caractères)

Moi-aussi je ressors de cette lecture avec les yeux pleins de couleurs et le coeur heureux et j'en remercie Babelio et les éditions de la Table Ronde qui me l'ont offerte.
b
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Où il s'avère que je suis opportuniste.
Interpellée par quelques commentaires babeliens fort inspirants (merci Piatka entre autres) j'avais offert ce livre à Nathalie (une de mes copines-voisines-lectrices préférées mais tout le monde s'en fout) dans l'espoir
1/ qu'il lui plaise
2/ qu'elle me le prête
(oui ho ça va hein, que celui qui n'a jamais spéculé de la sorte me jette le premier dictionnaire)
Bilan :
1/ elle a beaucoup aimé
2/ elle me l'a prêté
3/ j'ai adoré.

Bon, et alors « Les deux remords… » ça dit quoi ?
En réalité ces remords sont des morts (voilà j'ai plombé la soirée) : Frédéric Bazille, talentueux artiste et fidèle compagnon de jeunesse, Camille Doncieux, la muse essentielle, l'épouse aimante et adorée. Deux intimes du peintre, trop tôt disparus.

Frédéric et Camille, d'heureux morts dont l'affection anime encore les jours de Claude. Trois personnages dévolus aux trois parties de ce lumineux récit. Une structure narrative précise et néanmoins singulière, où la concision du haut fonctionnaire recèle une bouleversante élégance de poète. Ici je dois avouer, un peu confuse, que je n'aurais pourtant pas misé sur les potentielles fulgurances émotionnelles d'un écrivain tout droit sorti de l'ENA. Honte sur moi et mes aprioris moisis, car outre son merveilleux pouvoir d'évocation, la tendre et délicate écriture de Michel Bernard révèle à l'évidence une pure sensibilité.

Par cette subtile et instructive immersion dans l'existence romancée de Monet – peu importent certains petits arrangements avec la réalité – voilà une autre manière encore de découvrir l'immense artiste, d'éclairer son oeuvre prolixe et sa peinture si inventive, bien au-delà du cliché impressionniste habituellement développé.

Et donc, j'ai adoré.
(quand c'est aussi bon, il m'arrive de radoter)


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Deux remords de Claude Monet, c'est comme un cadeau.
Au premier abord, c'est le genre de livre que je n'ai aucune chance de croiser. Les biographies, romancées ou pas, ne sont pas ma tasse de thé. Ajoutez à cela une certaine indifférence ou plutôt une méconnaissance de la peinture et vous vous demanderez comment ce bouquin s'est retrouvé entre mes mains. Ca fait partie de la « magie » de Babelio. Un billet de Piatka, un autre de Lolokili qui ajoute à ma curiosité, d'autres billets appréciés, quelques échanges plus loin et me voilà convaincu d'accepter la très sympathique offre de prêt de Piatka (Merci vous :-) ).

Deux remords et trois chapitres plus loin, je tourne la dernière page en ayant l'impression que je viens de perdre un ami (oui il meurt à la fin, ce sont des choses qui arrivent parait-il) alors qu'il y a encore trois jours je ne connaissais de lui à peine deux ou trois tableaux et… et rien d'autre.
Ce n'est pas que j'en connaisse beaucoup plus aujourd'hui mais l'écriture de Michel Bernard m'a plongé dans le cercle des intimes du peintre au point de me le rendre presque familier. Une écriture toute en couleurs, toute en nuances. Chaque page a sa lumière, chaque page apprivoise ses ombres. Michel Bernard pose ses mots en touches subtiles.
J'ai entendu se déposer délicatement les flocons de neige les uns après les autres sur le sol gelé d'un hiver à Argenteuil et entendu crisser le pas de Monet sur ce tapi immaculé. J'ai voyagé avec lui par tous les temps pour parcourir les saisons du plaisir, chevalet sur le dos, et témoigner de l'instant. Figer pour l'éternité l'éphémère dissipé par la seconde qui suit, par toutes celles qui suivent et qui font la vie.
J'ai partagé un déjeuner sur l'herbe qui respirait l'amour et l'amitié. Je me suis perdu dans le drapé d'une robe verte. J'ai poursuivi Camille au jardin, je l'ai espérée avec sa capeline rouge et l'ai veillé sur son lit de mort.
J'ai été ému par les dégradés de gris des jours de pluie du peintre, émerveillé par les couleurs chaudes de ses amitiés, charmé par les variations de lumière donnant aux couleurs primaires de son existence une déclinaison de teintes infinie.

Pourquoi deux remords et pas trois?
L'amitié et l'amour, semblent indissociables pour Claude Monet.
Amitié pour Frédéric Bazille en premier lieu. Peintre mort pour la France, comme on dit, en 1870.
Amour pour Camille, première femme du peintre, partie trop jeune et seule femme qu'il ait réellement aimée d'après ce que j'ai cru comprendre.
Deux êtres disparus qui resteront liés et poursuivront Monet jusqu'à la fin de ses jours.
En effet Monet fera don à l'état des Nymphéas à condition que celui-ci achète « Femmes au jardin », représentant Camille, et qu'il soit exposé au Louvre. Son ami Clémenceau acceptera avec joie.
Si ce tableau est si important pour Monet c'est qu'il a appartenu à la famille Bazille et que c'est sous cette toile que Frédéric Bazille a été veillé les derniers jours avant son enterrement.
Camille, Frédéric, deux regrets parce que partis trop tôt. Deux remords parce qu'incapable de dissuader l'un de partir à la guerre, et culpabilisant peut être de n'avoir pas été assez présent quand le crabe a commencé à ronger la femme de sa vie. Deux remords peut être aussi pour jouer avec les maux, comme si à chaque souvenir qui s'estompait, Camille et Frédéric étaient « re morts ».

Dès l'apparition de Clémenceau dans la dernière partie du livre, je n'ai pas pu m'empêcher d'être en même temps un peu dans « le camp des autres » de Thomas Vinau. de me dire que pendant ce temps là où malgré des années difficiles, la vie était belle pour Monet, Gaspard rejoignait un camp des autres où tout était… différent…

Oui, « Deux remords de Claude Monet » a été un cadeau pour moi. le genre de cadeau qui « enrichi », qui ouvre vers un univers inconnu et passionnant. L'écriture de Michel Bernard est tout simplement…
Pour faire court, c'est l'écriture qui me touche, qui me parle. Remplie de poésie sans excès et sans figures de style. Une écriture qui m'a, l'espace d'une lecture, mis dans le tableau.

Biographie (romancée), peinture, énarque, c'était pas gagné au départ. Par contre à l'arrivée c'est jeu set match et dix de der Michel Bernard.
Vous aviez raison les filles, merci à vous pis à m'sieur Bernard aussi quand même.

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Comment ne pas être sensible au charme de cet ouvrage? une Biographie romancée sous forme de triptyque .
Comment ne pas ressentir une émotion intime à l'évocation tout en finesse : précise , élégante, poétique de la vie d'un de nos plus célèbres peintres C.Monet ?
Une reconstitution en triangle conte sans grandes envolées, avec une douceur subtile, une discrétion raffinée, une patience mesurée dans les mots : L'Amitié, à travers la vie de son ami Frédéric Bazille, mort sur le champ de bataille en 1870, : L'Amour à travers l'évocation de son épouse au visage lumineux , Camille Dancieux, qui partagea les années de misère comme celles de gloire.
Elle fera preuve d'un amour sans faille et d'une abnégation sans pareille.....
En troisième partie: les dernières années de la vie du peintre.
C.Monet, devenu vieux à Giverny fait don de ses "Nymphéas" à l'état, et souhaite que son tableau : "Femmes au jardin" soit exposé car c'est un lien fort entre les deux disparus tant aimés....

Le portrait de C.Monet reste assez doux, bienveillant et tendre.
Nous partageons sa passion de peindre, la nature omniprésente, l'amour des jardins , des compositions et agencements floraux, son intimité avec Renoir, Manet, Clémenceau, Sisley, Durand- Ruel .....
La reconstitution est mesurée, vivante, agréable, le style reposant, les exigences artistiques rythmées par la plume légère de l'auteur épousent à merveille l'impressionnisme....
Cette sensibilité artistique donne aux scènes de la vie quotidienne, aux décors et aux personnages une grande puissance évocatrice !
Une mélodie surannée mais vivante et bien charpentée, tragique et belle !! Un éclairage subtil nous guidant pas à pas dans l'intimité du peintre...donne à ce roman en forme d'hommage simple toute sa beauté!
Enfin, l'analyse fine de quelques oeuvres ajoute une originalité et une dimension supplémentaires.
Une belle surprise suite à la lecture des" Forêts de Ravel "lu en mai 2016 !
J'ai rencontré l'auteur au " Livre sur la Place " en septembre l'an dernier. J'ai assisté à deux de ses conférences à propos de M. Genevoix et de la Grande Guerre....
Bravo l'artiste !
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Il y deux sortes de biographies d'artistes. La première, érudite, exhaustive, qui s'adresse aux aficionados, aux curieux, à ceux qui sortent d'un musée des questions plein la tête.

Et puis il y a la seconde. Partielle, partiale, affective, sensible qui part d'un coup de coeur et n'écoute que lui. Qui regarde le peintre en ami, le modèle en amant, le tableau en poète. Et qui met sa plume au diapason du pinceau qu'il vénère .

Deux remords de Claude Monet fait partie de ces biographies là. Je ne vais pas redire ce que tant d'autres ont déjà dit, bien mieux que moi.

J'ai adoré le lire, jamais il ne m'a fait regarder la peinture de Monet avec des yeux plus attentifs, plus sensibles.

J'ai toujours aimé le tableau de Camille au jardin. Je sais maintenant pourquoi il me touche.

La capeline rouge de Camille dans le jardin plein de neige m'émeut comme de voir un coeur fragile battre sous la glace. Petite silhouette tendre, obstinément présente et pourtant menacée, on la sent qui frissonne déjà, petit chaperon rouge que le loup va manger trop tôt.

Le livre superbe de Michel Bernard m'a fait reprendre mes pinceaux, inactifs depuis trop longtemps.

Allez savoir pourquoi, je laisse sur mes toiles une tache écarlate.

Comme un p'tit coquelicot, mon âme, un tout p'tit coquelicot...


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Un roman solidement documenté, mêlant avec bonheur littérature
et Art... Ce que j'affectionne tout particulièrement !

Dans cet élan, j'avais acquis cet ouvrage en juillet 2017, à Mémoire7,
à Clamart !


Je prends enfin ce "pauvre délaissé" appartenant à ma "colossale" PAL...Texte qui, comme le titre nous l'annonce, se concentre sur le peintre , Claude Monet...avec deux de ses "remords" (je reviendrai sur ce terme, avec lequel je ne suis pas entièrement en accord...) : Frédéric Bazille, son meilleur ami, fauché prématurément par la guerre ... et Camille, sa "muse"...et sa première épouse, elle aussi, décédée trop jeune , emportée
par la maladie.!!

Le récit débute par la vie trop brève du peintre, mécène et meilleur
ami de Monet, Frédéric Bazille. Ce dernier, en dépit des exhortations de
son entourage amical et familial, s'engage dans les "zouaves" et sera
tué au combat , à vingt-neuf ans!

Cette première partie est poignante, tragique...on accompagne le père de Frédéric B. qui cherche désespérément son fils; il va le retrouver
mort, le ramènera avec moult difficultés dans leur terre languedocienne
pour l'inhumer !

Un artiste mort dans la fleur de l'âge, peintre si prometteur [Peintre
pour lequel je conserve un intérêt particulier; plusieurs tableaux me
sont plus sensibles comme "La Robe rose" , 1864, "La jeune femme
noire aux pivoines" (1870); la "Petite italienne chanteuse des rues",
La diseuse de bonne aventure" (1869) ]
Il fut aussi le meilleur ami de Monet qu'il admirait sans réserve...
il fut son mécène, lui acheta des tableaux et le soutint financièrement....
Un jeune homme talentueux et brillant, fauché à 29 ans... par la guerre...


Le deuxième texte concerne Camille, la première femme de Monet, son inspiratrice, et son modèle préféré... Un amour entier, absolu, malheureusement brisé par la maladie et la mort prématurée de
Camille !

"Remords"... J'aurai plutôt dit " Regrets, ou Chagrins " ...de Monet à l'encontre de la perte brutale de son meilleur ami, puis de son épouse adorée, deux êtres essentiels à sa vie et à son parcours d'artiste...

La troisième partie est centrée sur Monet; l'auteur explique avec finesse
les passions du peintre: sa peinture, en premier chef...et puis son amour des jardins, du Beau dans la nature, de la botanique, des fleurs !

Autre source d'inspiration... qui reste si vivante avec ce domaine de Giverny qu'il a créé avec fougue et ténacité...

"La passion jardinière de Monet amusait aussi ses amis. Ils n'avaient pas pensé que l'expression "travailler le paysage", familière aux artistes depuis que la peinture s'enseignait et se vendait, pouvait être prise à la lettre." (p. 108)

Heureuse de reprendre connaissance avec l'ensemble de la genèse
de son oeuvre gigantesque des "Nymphéas"...sur plus de trente
ans, son histoire, le leg de Monet à la France...pour honorer à sa manière tous les vaillants soldats fauchés par la guerre...; heureuse aussi de retrouver les rapports amicaux très forts entre le Tigre [Clémenceau ] et Claude Monet [ me rappellant que leur Correspondance...m'attend depuis un long temps, dans ma PAL ...!!]

"Au jardin, comme devant la toile à peindre, il perdait la sensation de l'écoulement du temps et la notion de la durée. le service de la vie végétale, la sélection et l'entretien de ses infinies propositions, et la jouissance de son regard sur le résultat de son travail, ou de ce qu'il
en imaginait, l'absorbaient tout entier. En sculptant dans le paysage sous ses fenêtres, il lui semblait prendre une part minuscule, mais la sienne, à la splendeur du monde. "

Lecture palpitante, très vivante, dévorée en 24 h...Le style est aussi coloré,
lumineux, contrasté que les oeuvres de "son héros", Claude Monet...
sans négliger l'intensité des émotions qui se dégage de ce roman...
induisant , juste après sa lecture, des élans et envies spontanés d'aller flâner, savourer les tableaux fleuris, vivants du paradis de Giverny... de re-admirer les oeuvres de son jeune ami, Frédéric Bazille...

Une lecture, je le pressens, qui restera durablement dans mes gros coups de coeur !!


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Voir liens : http://www.impressionniste.net/bazille.htm

https://www.telerama.fr/sortir/bazille-peintre-visionnaire-parti-trop-tot-pour-etre-impressionniste,150391.php


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Aimer la vie, la célébrer, s'en rassasier, car la mort rode et finit toujours par gagner.

Le vieux peintre, assis dans son jardin de Giverny en aura fait l'expérience au plus profond de son âme et de son talent.

Avec une plume romanesque, élégante et descriptive, Michel Bernard promène son lecteur de la fin de l'Empire à la Grande guerre, accompagnant le courant artistique novateur des peintres impressionnistes. En trois chapitres dédiés, à Frédéric Bazille, à la douce Camille, épouse du peintre, et aux dernières années de Claude Monet, il célèbre l'amitié, l'entraide, l'amour, le chagrin pour les disparus, l'hommage aux morts pour la France.

Assumant quelques libertés ou omissions biographiques, l'auteur donne à voir le processus de création, l'inspiration par la nature, le cercle familial et amical, ouvrant à la compréhension de tableaux que nous admirons sur les cimaises des musées.

Un bien joli roman où s'invitent Renoir, Sisley, Manet et quelques figures essentielles de la société: Clemenceau, Durand-Ruel. Si la première partie est fort sombre avec le parcours fulgurant du jeune Frédéric Bazille, tombé au champ d'honneur des combats de 1870, la suite est une reconstitution vivante et intime du parcours de Monet, son cercle familial, son intransigeance artistique.

Excellente lecture!
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Commencer 2018 avec un coup de coeur, quel bonheur! Tout dans ce livre est exquis: les personnages, les thèmes, l'écriture... Je suis ravie d'avoir choisi assez impulsivement ce roman aux accents biographiques chez mon libraire préféré.

Trois portraits sont dessinés par l'auteur, en touches subtiles.C'est la grande silhouette de Frédéric Bazille, peintre et ami des premières heures de Monet, qui apparaît tout d'abord. Un jeune homme charmant, toujours prêt à aider financièrement Monet, en lui achetant plusieurs de ses productions.Originaire de la région de Montpellier, c'est le gris mouillé du Front de la guerre franco-prussienne qui aura raison de lui et non le bleu intense du Midi...

Le tableau central représente Camille Monet, la première épouse, l'amour de sa vie, sa Muse. Elle illumine de sa grâce les années ingrates et difficiles du peintre, vu encore , ainsi que ses amis Renoir et Sisley, comme un fou avec ses impressions, ces " taches" non académiques. Camille, qui lui inspire de nombreuses oeuvres, dont le fameux "Femmes au jardin". Grâce au talent de conteur de l'auteur, et surtout à son style descriptif, poétique, nuancé, j'ai suivi avec passion le quotidien du couple Monet et de leurs deux petits garçons, de Paris à Argenteuil, de Londres à la Hollande. Malgré le manque d'argent, la douceur et l'efficacité tranquille de Camille seront toujours un baume pour Monet. Mais la maladie touche la belle jeune femme...

Et le dernier tableau du triptyque est concentré sur le visage d'un vieil homme, peintre célèbre maintenant, qui termine sa vie à Giverny et se révèle brusquement obsédé par les nénuphars de son jardin. Soutenu par la fille aînée de sa deuxième femme, Blanche, il mènera à bien ce gigantesque projet. J'ai pensé à "Nympheas noirs" de Michel Bussi, en lisant cette troisième partie.

Et les deux remords de Monet, me direz-vous? Eh bien, je vous laisse les découvrir, car je conseille vraiment la lecture de ce délicieux roman, documenté certes,mais laissant la part belle à l'imaginaire, au rêve pictural, à l'intériorité des êtres...
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Je conseille fortement aux lecteurs qui aiment Claude Monet de se procurer le très beau roman de Michel Bernard, superbement écrit. Il est ce que j'ai lu de mieux sur l'artiste avec celui de Marianne Alphant « Une vie dans le paysage ».
Je connais bien la peinture impressionniste et les personnages principaux du livre. Tout en gardant l'esprit et la trame de celui-ci, je m'en suis inspiré pour conter cette histoire.

À 86 ans, Claude Monet vit seul dans la grande maison de Giverny avec sa belle-fille Blanche, attentive et dévouée, la fille de sa dernière femme Alice, morte il y a quinze ans.
L'artiste vient de terminer ses « Grandes Décorations », immenses panneaux de Nymphéas destinés à deux grandes pièces arrondies à l'Orangerie à Paris. Il en a fait don à l'Etat. Ce travail l'a usé après une pénible opération de la cataracte. Il est heureux car le gouvernement français, à travers son ami Georges Clemenceau, a accepté, en échange de ce don exceptionnel, de lui racheter pour qu'il prenne place au Louvre un de ses plus beaux tableaux qui aujourd'hui est accroché dans son salon : « Femmes au jardin ».
Cette grande toile que Monet avait peinte 60 ans auparavant, en 1866, relie un homme et une femme qui hantent sa mémoire depuis bien longtemps : le peintre Frédéric Bazille et sa première femme, sa chère Camille, que son coeur n'a pu oublier.
C'est si loin…

En 1865, Claude Monet a une petite moustache naissante et des cheveux longs. Frédéric Bazille est l'ami de ses débuts à l'atelier Gleyre, avec Alfred Sisley, Auguste Renoir et quelques autres. Ce petit groupe de peintres avant-gardistes rêvait de prendre la place des peintres académiques. Eux, ce qu'ils aimaient : la fugitivité des choses, les accidents de l'atmosphère, les vibrations lumineuses.

Forêt de Fontainebleau. le grand Frédéric Bazille a accepté de poser pour la première immense toile de son ami : « le Déjeuner sur l'herbe ». Il doit être représenté deux fois dans la toile, en chapeau melon. À ses côtés figure une élégante jeune femme que Monet vient de rencontrer. Elle a vingt ans et se prénomme Camille. Trop imposante, la toile ne pourra pas être achevée à tant pour le Salon.
Monet est séduit par son nouveau modèle. Il veut présenter au Salon une oeuvre qui plaise au jury. L'hiver est froid. Camille va poser en intérieur. Elle porte une élégante veste bordée de fourrure retombant sur une longue robe traînante à bandes noires et vertes qui s'écroule en larges plis souples. Sa main tient la bride de son chapeau, elle se retourne à demi, une expression coquette emplissant son beau visage. Au Salon de 1866, cette « Camille » ou « La Femme à la robe verte » suscite un concert de louange. Emile Zola, critique, est conquis.

L'amour s'est installé entre le peintre et son modèle. Ils vivent dans une petite maison de banlieue, à Sèvres, entourée d'un jardin. Monet s'obstine à peindre un autre grand format : des jeunes femmes grandeur nature installées au bord d'une allée sur une pelouse ensoleillée.
« Tu seras les trois femmes qui seront au centre de la toile, dit le peintre à sa compagne ». Que peut-elle refuser à son Claude. Obéissante, Camille pose toute la journée. Chaque jour, elle change de robe comme de personnage. Elle est assise sur la pelouse en robe à crinoline blanche ornée d'élégantes broderies ; derrière elle, elle pose à nouveau pour les deux femmes debout dans l'ombre. Au fond de l'allée rosâtre une quatrième femme en cheveux roux cueille des roses. Sa robe en mousseline blanche illumine le tableau.

« Qu'ils aillent se faire… éructe Monet en apprenant le refus de son tableau par le jury du Salon de 1867 ! ». Sa toile « Femmes au jardin » est somptueuse. Il ne comprend pas. Camille vient de donner naissance à son petit Jean dont Frédéric Bazille sera le parrain. Monet, désargenté, accepte l'achat de sa toile par son ami Frédéric, fortuné, pour une somme importante.

La guerre avec la Prusse éclate en 1870. Claude et Camille viennent de se marier. Après des vacances à Trouville, ils se sont installés à Londres. La terrible nouvelle les anéantit : leur ami Frédéric, engagé pour la France, vient de mourir à 29 ans dans un paysage du Gâtinais.

Installés à Argenteuil, des années heureuses vont commencer pour Camille et Claude. Monet peint comme jamais jusqu'ici. Il possède un bateau-atelier qui lui permet de naviguer, peindre l'eau, les berges, les ponts. Il peint quelque chose de nouveau qui l'éblouit. Sait-il lui-même ce qu'il peint…
Camille est sa joie de vivre, son jardin sa source d'inspiration. Il surprend la jeune femme partout : au détour d'une allée, brodant, assise à l'ombre d'un feuillage la robe parsemée de paillettes lumineuses. Elle pose en hiver sous la neige habillée d'une capeline rouge, ou debout sur un talus tenant une ombrelle, sa silhouette se découpant en plein ciel.
« Souris, lance Claude à sa femme ! » Affublée d'une somptueuse robe d'acteur japonais rouge brodée de fleurs et de personnages grimaçants, la pauvre Camille s'efforce de sourire malgré ce déguisement théâtral et un guerrier grotesque brodé sur les fesses…

La période radieuse d'Argenteuil est terminée. Installés dans une maison à Vétheuil près de Giverny, la naissance d'un deuxième enfant révèle la terrible maladie de Camille.
Le 7 septembre 1879, Monet regarde une dernière fois le visage glacé de sa compagne dont les beaux yeux se sont définitivement fermés. Une période importante de son existence se termine. Il venait de la peindre avec un voile de tulle qui lui rendait l'apparence de la jeune mariée qui lui souriait le jour de leur mariage, il y avait seulement 9 années.

Le 6 décembre 1926, Monet vit ses derniers instants auprès de sa fidèle Blanche. Il sait que sa toile « Femmes au jardin » que Frédéric Bazille avait acquise il y avait exactement 60 années, qu'il avait récupérée plus tard pour mettre dans son salon, ira au Louvre. Il imagine sa Camille souriant aux visiteurs du musée, assise dans l'herbe en crinoline blanche, tenant une ombrelle saumonée, le visage enfoui dans un bouquet de fleurs.


https://www.wikiart.org/fr/claude-monet/femmes-au-jardin-1866
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