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sur 1129 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après m'être passablement ennuyé à suivre la description d'une vie de famille idyllique évoluant au sein de splendides paysages exotiques, je me suis laissé entraîner par le récit de cette belle histoire d'amour tragique et j'en suis bien vite arrivé à la fin, car le livre est très court.
Comme il s'agit d'un roman et que le but d'un roman consiste, il me semble à être captivant, j'ai été déçu. Si le récit est incontestablement joli, il tire en longueurs, de sorte qu'il provoque un bel ennui.
Par contre, je crois que l'on peut dispenser au récit la nécessité d'être captivant lorsqu'on comprend qu'il s'agit moins d'une histoire romantique que d'une présentation d'une vie morale utopique. Cette utopie que présente le livre est celle de la moralité bourgeoise idéale, telle que la préconisait Rousseau. Cette moralité trouve son τόπος dans l'intériorité d'une individualité qui oeuvre en écoutant la voix de la divinité à travers sa création plutôt que les lois sociales humaines.
L'environnement luxuriant dans lequel prend place l'éducation de Paul et Virginie est particulièrement propice à faire entendre la voix de la nature morale et tous les malheurs ne surgissent que lorsque les lois de la société viennent s'entremettre entre les enfants et la nature. La perfection du bonheur où s'épanouissent tous les membres du petit clan disparaîtra complètement aussitôt que certains d'entre eux se laisseront convaincre que les passions de la société ne sont pas que de creuses illusions. L'histoire d'amour elle-même, que Saint-Pierre nous donne comme historiquement authentique, constitue ainsi l'occasion idéale pour exposer le maléfice que constitue la société et que la nature seule peut procurer la félicité véritable.
Le passage où le prêtre vient dire à Virginie que c'est la volonté de Dieu qu'elle aille en France chercher l'assurance de l'argent est particulièrement révélateur sur ce point : le prêtre, symbolisant les institutions humaines, présente la recherche de la sécurité comme étant la volonté de la religion institutionnalisée, au lieu de laisser la petite Virginie continuer à se confier en la providence divine, qui lui procurait déjà tout ce dont elle avait besoin là où elle était. (p.138)
Bref, vu comme réquisitoire utopique, ce petit livre a vraiment de quoi faire rêver tout homme de bonne volonté, mais il faut se souvenir qu'il s'agit d'une idéalisation qui se fonde sur une conception de l'amour extraordinairement naïve et romantique.
C'est ainsi que Flaubert, en faisant lire Paul et Virginie à la petite Emma, dans l'optique de la faire rêver à « ...la maisonnette de bambous, au nègre Domingo, au chien Fidèle, mais surtout à l'amitié douce de quelque bon petit frère, qui va chercher pour vous des fruits rouges dans des grands arbres plus hauts que des clochers, ou qui court pieds nus sur le sable, vous apportant un nid d'oiseau » (Madame Bovary, 1e partie, VI, p.46), ne pouvait trouver mieux pour la rendre parfaitement inepte au mariage bourgeois prosaïque que sera le sien.
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J'ai envie de dire d'emblée qu'avec Paul et Virginie, on nage en plein romantisme mais ce serait à tort. En effet, si cette oeuvre classique de la fin du XVIII e siècle annonce le romantisme, nous n'en sommes encore qu'aux prémisses.
Et pourtant, tous les ingrédients sont là : Exotisme, évasion, mélancolie et goût du morbide...

Tel Rousseau et ses Rêveries du promeneur solitaire, Bernardin de Saint-Pierre aime à décrire la nature bienveillante. Et pour cela, il a choisi un cadre idéal qui n'est autre que l'Île de France (future île Maurice). de par sa végétation luxuriante, cette île nous apparaît comme le paradis, un havre de paix où rien n'a d'importance hormis l'amour de la nature.
Tels deux enfants "sauvages", Paul et Virginie y sont nés et y ont grandi ensemble, élevés en frères de lait, par deux mères très affectueuses qui n'avaient d'autre ambition que le bonheur de leur progéniture. Un cadre idyllique pour un amour idyllique.
Il est vrai que cet amour peut paraître de nos jours très "gnan gnan" mais il faut, bien entendu, la replacer dans son contexte et sans nul doute, cette oeuvre très courte apporte un éclairage sur la littérature du Siècle des Lumières et sur les précurseurs du mouvement romantique.
L'amour y est rêvé, idéal, absolu et ...malheureux.

En outre, on retrouve dans ce roman, tout le désenchantement qu'apporte la société des hommes, celle qui est symbolisée par le royaume de France enlisé dans ses vieux principes monarchiques, décadent, cupide et hypocrite. Bernardin de Saint-Pierre s'insurge contre cette civilisation qui corrompt et annihile toute bonne volonté, toute vertueuse soit elle et prône un retour à la nature et à la vie simple, guidée par l'amour de son prochain et la vertu. Il y a un côté très moralisateur dans ce roman qui vise bien sûr les contemporains de l'auteur mais pourtant, il ne me paraît pas si désuet. Qu'auraient pensé Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre en voyant notre monde industrialisé qui néglige bien trop son environnement ? J'aime à croire qu'ils y verraient là un monde bien indécent qui ressemble bien plus à l'Enfer qu'au Paradis !

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Un classique d'entre les classiques. Un livre qui connut un destin phénoménal, fit l'objet d'une iconographie allant des assiettes aux statues en passant par le papier peint… Mais est aujourd'hui fort moqué pour les hautes vertus morales dont il se fait le chantre. Or ce sont justement elles qui en font tout le prix !

Je m'explique. C'est une petite histoire édifiante, pieuse, au-dessus de tout soupçon, propre au public juvénile des bonnes familles, pas comme ce licencieux De Voltaire. Et il y apparait des esclaves ; et surtout, des « noirs marrons » ; c'est-à-dire des esclaves en fuite. A cette époque, il faut se rappeler qu'ils étaient si nombreux qu'ils avaient installé leurs villages dans les hauteurs de l'île Maurice et de la Réunion (alors île de France et île Bourbon), contre lesquels les Européens des plaines lançaient régulièrement des raids. Alors qu'on les présentait généralement comme des bêtes sauvages féroces, on les voit ici sauver Virginie. L'esclave est représenté comme un homme ordinaire, qui rend le mal pour le mal et le bien pour le bien, quand des ‘civilisés' comme la tante de Virginie rendent le mal pour le bien.

Evidemment, le livre ne remet pas en cause l'esclavage en lui-même. Mais il montre le phénomène, et c'est le premier pas. Car on arrive à son deuxième intérêt : les distances. On le sait, la technologie les a abolies. On redécouvre ce temps où trois mois c'était peu pour aller de France aux Mascareignes. Quant on envoyait une lettre, il fallait donc six mois pour avoir une réponse, pour avoir enfin des nouvelles ! Quand un proche était au loin, on n'avait d'autres ressources que d'attendre et prier pour lui.

Contrairement aux Etats-Unis, en France l'esclavages était donc un sujet lointain, largement ignoré. Quelque chose qui se passait à l'autre bout du monde, dans des lieux exotiques dont on n'avait qu'une très vague image. Avec ‘Paul et Virginie', il fit soudain irruption dans toutes les chambres d'enfants. du moins c'est ma théorie, mais elle mérite sûrement débat.
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Des années que je repoussais le moment de lire ce grand classique qui, de mon point de vue, sentait par trop le conte philosophique et la romance naïve.

"Paul et Virginie" est bien les deux à la fois et pourtant - au temps pour mes préjugés - j'ai beaucoup apprécié ma lecture. Est-ce parce que c'est l'été et que la formidable évocation de la nature de l'Ile-de-France (actuelle Ile Maurice) par Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre m'a fait voyager ? Peut-être. Il n'en demeure pas moins que l'auteur a offert à la Littérature un roman beau et poignant, une histoire d'amour pure et inspirante.

Le récit se déroule en Ile-de-France, à Pamplemousse. Deux Françaises, Marguerite et Madame de la Tour, respectivement mères de Paul et de Virginie, ont été reniées par leur famille pour "inconduite" ou "infortune" et ont quitté l'Hexagone pour cette lointaine colonie. Leurs enfants illégitimes sont à l'image de l'enfant sauvage de Rousseau et ils vivent aussi libres que des indigènes. Elevés ensemble, Paul et Virginie développent une complicité certes naturelle mais extraordinaire au regard de la société d'alors ; une amitié vouée à se transformer à l'adolescence en un sentiment plus profond qui ne demande qu'à s'épanouir comme une fleur de papayer. Toutefois, c'est sans compter les moeurs et les ambitions cachées du XVIIIème siècle qui s'entendront pour massacrer l'innocence. Ajoutez là-dessus les périls de la mer tropicale et vous obtenez un grand drame.

"Paul et Virginie" est certes un roman moral qui glorifie la vertu et la chasteté mais, pour moi, c'est avant tout une peinture sociétale servant de cadre à une drame sentimental que n'aurait pas boudé le grand Shakespeare. A final, j'ai passé un bon et beau moment en compagnie des protagonistes et bien que le drame final se devine avant le dénouement, cela ne retire rien à la beauté de la langue, des descriptions et de l'étude minutieuse des personnalités.


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Ce classique de la fin du 18ème met en scène sous forme d'un récit fait par un vieillard qui les a bien connues la vie de deux familles, monoparentales dirait-on aujourd'hui. Les deux mères ont des situations semblables quoique d'une certaine façon opposées. L'une madame de la Tour, de famille noble a bravé l'opinion de sa famille pour épouser un homme honnête mais non noble. Elle l'a suivi sur cette île mais il est décédé en faisant du commerce. L'autre Marguerite a eu le tort de croire aux promesses de mariage d'un homme qui l'a abandonnée. Elle aussi s'est exilée sur cette île.
Les deux enfants grandissent sans apprendre autre chose que la vertu et le travail. Ces chapitres pleins de la vertu de la vie loin de la société ne sont pas les plus intéressants. le plaisir vient lorsque Virginie commence à éprouver des sentiments, que Paul ne sait pas lui encore reconnaître en lui.
Pour permettre aux deux familles de faire face à l'avenir, Virginie accepte de partir en France rejoindre une tante qui lui promet d'en faire son héritière. le malheur viendra de là.

Oeuvre un peu trop imprégnée de morale rousseauiste pour être à mes yeux vraiment un chef d'oeuvre cependant la description de la nature vaut la lecture.

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Bien sûr Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre vivait au XVIII ° Siècle et la langue qu'il maniait avec grande élégance ne pouvait être que belle et agréable à lire. Mais les idées qu'il défend dans cette oeuvre me paraissent très modernes.

D'abord, il y a un romantisme exacerbé et précurseur qui est l'idée maîtresse du roman. Il est certain qu'il faut aimer le romantisme et tout ce qu'il a d'extravagant, de passionnel et d'irréfléchi pour apprécier ce roman ; il faut aimer trembler devant la « brutalité » de l'âme.

Ensuite, outre la beauté de la langue, il y a les descriptions de la nature luxuriante de l'île Maurice et l'éloge de la vie simple et pauvre au « milieu du sauvage »; un thème rousseauiste avant l'heure.

Enfin Bernardin de Saint-Pierre nous conte encore ce que la vie en France pouvait avoir d'injuste et de discriminatoire, de détestable. Sans être spécialiste, il me semble qu'affirmer ces idées sociales devait aussi être assez novateur.


Reste le fond religieux que l'on pourrait penser être traité de façon conventionnelle face à la piété des deux familles. Mais là encore il me semble n'en être rien, car c'est au nom de Dieu et sous les conseils du prêtre que Virginie va aller contre son penchant naturel en quittant ses parents et son amour ce qui déclenchera la tragédie.

Finalement Bernardin de Saint-Pierre ne me semble céder au conventionnel qu'à travers ses descriptions de ce qu'était la vie des frais colons débarquant dans ces nouvelles possessions françaises de ce que pouvait être la vie des esclaves, le tout soumis à la personnalité de tel ou tel gouverneur.

C'est donc un roman fait d'opposition que « Paul et Virginie » ; un roman éloge de la passion impulsive tel que l'on peut définir le romantisme dans son essence, mais aussi un roman d'analyse de ce que sont les vraies valeurs de la vie dans la nature, dans la bonté et dans l'amour, loin des turpitudes des intrigues de la cour.
Un roman, à mon sens résolument moderne.
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Port-Louis de l'Ile de France. Première moitié du XVIII° siècle.
"Tu me demandes pourquoi tu m'aimes, mais tout ce qui a été élevé ensemble s'aime".
Tels deux oisillons blottis dans un même nid, Paul et Virginie se connaissent depuis toujours. Madame de la Tour, la mère de Virginie est une veuve pauvre et courageuse. Marguerite, la mère de Paul (qui ignore qu'il est un bâtard) est une Bretonne "vive,bonne et sensible". Ces mères modèles et pieuses ont tissé une amitié solide suite à leur infortune respective.Bonté, beauté de la nature souveraine et généreuse,naïveté, sanctification du labeur ("Dieu nous a condamnés au travail")...harmonie des êtres et des choses. Paul est robuste, travailleur et intelligent. Virginie charmante, sensible, pudique (prude!!), nostalgique. Paradis terrestre où le bien prévaut.
Mais dans ce drame romantique et pathétique, le mal s'insinue sournoisement.
Les innocents grandissent. Leur trouble d'adolescents s'attise aussi. "Un mal n'arrive guère seul."Un cruel esclavagiste bat son esclave. La riche et odieuse tante de madame de la Tour veut assurer sa succession et a "de grandes vues" sur Virginie. Départ de Virginie, soumise.Déchirement.Chagrin.Renvoi.Retour.Ouragan. Naufrage. Mort.
A mon avis, démodé (le passage où tous pleurent le futur départ de Virginie et que le couple d'esclaves se joint à eux: "Ah, madame!...ma bonne maîtresse!..ma mère" fait vraiment mélo), Paul et Virginie est toutefois à lire pour comprendre l'époque, les thèmes poétiques (Bernardin de Saint-Pierre était un adepte de Rousseau et de la Nouvelle Héloïse) et les émotions religieuses du romantisme; pour le dépaysement et le charme suranné de ce paradis exotique.
L'opposition nature bonne et société corrompue est bien rendue.
Le drame nous est conté par un vieux sage qui conseille Paul avec pertinence.
Alors, démodé ou indémodable?
Un classique incontournable!
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Ce livre, que j'ai lu trop tardivement, a comme un goût de paradis perdu.
Bernardin de Saint Pierre rêvait d''un bonheur simple, dans une terre de bonne entente et de prospérité tranquille.
Paul et Virginie sont les enfants de l'impossible bonheur que la tempête anéantira.
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Dans les terres intérieures d l'île Maurice, le narrateur découvre deux cabanes en ruine et s'en fait raconter l'histoire par un vieillard. C'est là qu'ont grandi Paul et Virginie, élevés comme frère et soeur par leurs mères dans l'innocence et la nature sauvage....
Très belle écriture, beaux sentiments et court roman.
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Histoire d'amour pure mélangeant l'exotisme de l'île Maurice et le fatalité du destin.

Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre décrit la beauté de la nature et de l'amour ainsi que la simplicité d'une vie en marge, qu'il oppose à la société européenne rigide et ses obligations que cela soit à travers l'esclavagiste ou encore la famille de Virginie.
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