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Citations sur Maîtres anciens (43)

C'est en vérité l'Etat qui engendre les enfants, il ne naît que des enfants de l'Etat, voilà la vérité. Il n'y a pas d'enfant libre, il n'y a que l'enfant de l'Etat, dont l'Etat peut faire ce qu'il veut, l'Etat met les enfants au monde, on fait seulement croire aux mères qu'elles mettent les enfants au monde, c'est du ventre de l'Etat que sortent les enfants, voilà la vérité. (p42)
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« Je marche donc dans la ville et je pense que je ne supporte plus cette ville et que non seulement je ne supporte plus cette ville, que je ne supporte plus le monde entier et, par conséquent, l’humanité entière, car le monde et l’humanité entière sont devenus entre-temps si horribles qu’ils ne seront bientôt plus supportables, du moins pour un homme comme moi. Pour un homme de raison tout comme pour un homme de sentiment comme moi, le monde et l’humanité ne seront bientôt plus supportables, sachez-le, Atzbacher. Je ne trouve, dans ce monde et parmi ces hommes, plus rien qui ait quelque valeur pour moi, a-t-il dit, dans ce monde tout est stupide et dans cette humanité tout est aussi stupide. Ce monde et l’humanité ont atteint aujourd’hui un degré de stupidité qu’un homme comme moi ne peut pas tolérer, a-t-il dit, un tel homme ne doit plus faire partie de la vie d’un tel monde, un homme tel que moi ne doit plus faire partie de l’existence d’une telle humanité, a dit Reger. Tout, dans ce monde et dans cette humanité, est ravalé au niveau le plus bas, a dit Reger, tout, dans ce monde et dans cette humanité, a atteint un tel degré de danger et d’ignoble brutalité qu’il m’est déjà presque impossible de me maintenir ne serait-ce qu’un seul jour, et puis encore un autre, dans ce monde et dans cette humanité. Un tel degré d’ignoble stupidité, même les penseurs les plus clairvoyants de l’histoire ne l’ont pas cru possible, a dit Reger, et pour ce qui est de nos poètes fameux du monde et de l’humanité, eh bien, ce qu’ils ont prédit et prophétisé au monde et à l’humanité, en fait d’abomination et de décadence, n’est rien comparé à la situation actuelle. Dostoïevski lui-même, l’un de nos plus grands voyants, il n’a décrit l’avenir que sous l’aspect d’une idylle ridicule, tout comme Diderot n’a décrit qu’un avenir ridiculement idyllique, l’enfer atroce de Dostoïevski est tellement anodin comparé à celui dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui qu’on en a des sueurs froides rien que d’y penser, les enfers prédits et prophétisés par Diderot, pareillement. L’un, de son point de vue russe tourné vers l’Orient, a aussi peu prévu et prédit et prophétisé cet enfer absolu que son pendant, penseur et écrivain tourné vers l’Occident, Diderot. Le monde et l’humanité sont parvenus à un état infernal auquel le monde et l’humanité n’étaient encore jamais parvenus au cours de l’histoire, voilà la vérité, voilà ce qu’a dit Reger. En fait, c’est positivement idyllique, tout ce que ces grands penseurs et ces grands écrivains ont prophétisé, a dit Reger, tous tant qu’ils sont, bien qu’ils aient estimé avoir décrit l’enfer, n’ont tout de même écrit qu’une idylle positivement idyllique, voilà ce qu’a dit Reger. Tout ce qu’on trouve aujourd’hui est rempli de grossièreté et rempli de méchanceté, de mensonge et de trahison, a dit Reger, jamais l’humanité n’a été aussi impudente et perfide qu’aujourd’hui. Où que nous regardions, où que nous allions, nous ne voyons que méchanceté et bassesse et trahison et mensonge et hypocrisie et jamais rien que l’abjection absolue, peu importe ce que nous regardons, peu importe où nous allons, nous sommes confrontés à la méchanceté et au mensonge et à l’hypocrisie. Que voyons-nous d’autre que mensonge et méchanceté, qu’hypocrisie et trahison, qu’abjection la plus abjecte lorsque nous sortons ici dans la rue, lorsque nous nous hasardons à sortir dans la rue, a dit Reger. Nous sortons dans la rue et nous entrons dans l’abjection, a-t-il dit, dans l’abjection et dans l’impudence, dans l’hypocrisie et dans la méchanceté. »
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Seul l'imbécile admire, l'intelligent n'admire pas, il respecte, estime, comprend, voilà.
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Bruckner est un compositeur négligent, tout comme Stifter est un écrivain négligent, cette négligence haute-autrichienne, ces deux-là l’ont en commun. Tous deux ont pratiqué un art soi-disant soumis à la volonté divine et qui est un danger public. Le torrent sonore brucknérien a conquis le monde, peut-on dire, la sentimentalité et la solennité hypocrite triomphent chez Bruckner.
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Je n'ai jamais lu un livre jusqu'au bout, ma façon de lire est celle d'un feuilleteur supérieurement doué, c'est-à-dire d'un homme qui préfère feuilleter plutôt que lire, qui feuillette donc des douzaines, parfois même des centaines de pages avant d'en lire une seule ; mais quand cet homme lit une page, alors il la lit plus à fond qu'aucun autre et avec la plus grande passion de lire qu'on puisse imaginer.
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Je n'ai encore jamais vu personne entrer tout à fait normalement dans une église ou dans un musée et le plus répugnant, c'est d'observer les gens à Cnossos ou à Agrigente, lorsqu'ils sot arrivés au bout de leur voyage d'admiration, a-t-il dit. L'admiration rend aveugle, a dit Reger, hier, elle rend l'admirateur stupide. La plupart des gens, une fois qu'ils sont entrés en admiration ne sortent plus de l'admiration et en deviennent stupides. La plupart des gens sont stupides pendant toute leur vie, du seul fait qu'ils admirent. Il n'y a rien à admirer, a dit Reger, hier, rien, rien du tout. Parce que le respect et l'estime sont trop difficiles pour les gens, ils admirent, cela leur coûte moins cher, a dit Reger.
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Les gens falsifient tout, ils falsifient jusqu'à l'enfance qu'ils ont eue.
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La sentimentalité en général, c'est cela qui est épouvantable, est aujourd'hui la grande mode.
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Faire des cadeaux est une habitude épouvantable, naturellement contractée par mauvaise conscience et, très souvent aussi, par la peur de la solitude
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La faim culturelle de l'humanité civilisée est énorme, la perversité qui se cache là-dedans, universelle.
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