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Dans la catégorie des harpies antiques, elle s'est taillée une belle place aux côtés de l'infanticide Médée et de la sulfureuse Phèdre. Pourtant, à bien y réfléchir, Clytemnestre, épouse meurtrière du roi Agamemnon était-elle tant à blâmer ? Elle a trompé son mari. La belle affaire ! N'en avait-il pas fait autant et abondamment, profitant avec enthousiasme des charmes des belles captives troyennes ? Elle l'a tué à coups de hache. C'est un peu plus embarrassant, mais, somme toute, pas tout à fait incompréhensible. N'avait-il pas envoyé sciemment à la mort leur fille aînée, Iphigénie, pour pouvoir guerroyer à l'autre bout du monde et assouvir sa soif de puissance ? Elle s'est proclamée monarque à sa mort et a pris sa place sur le trône de Mycènes, gouvernant la ville pendant des années en dirigeante incontestée. Ah, voilà qui est réellement choquant ! Qu'une femme soit adultère et meurtrière, passe encore, mais certains comportements ne peuvent se tolérer, notamment le désir de pouvoir et, bien pire encore, la compétence à l'exercer.

En passionnée des mythes antiques et féministe convaincue, Simone Bertière pose la question : pourquoi condamne-t-on réellement Clytemnestre, elle qui, contrairement à sa belle cousine Hélène n'a causé qu'une seule mort et pas celle du meilleur homme qui soit ? A l'occasion de ce court récit, elle abandonne la forme de l'essai historique pour celle du roman, donnant la parole à la personne la mieux placée pour plaider la cause de la reine mycénienne, à savoir Clytemnestre elle-même. le personnage était déjà fort et fascinant, elle parvient à la rendre attachante, nous faisant partager ses doutes, ses faiblesses, ses triomphes et ses angoisses, de sa petite enfance à sa mort sordide aux mains de son fils Oreste - et même un peu plus longtemps, car il est bien connu que, du fond des enfers d'Hadès, les morts observent les vivants et se repaissent de leurs joies et de leurs tourments comme si ceux-ci étaient encore les leurs. Avec “Apologie pour Clytemnestre”, Simone Bertière signe une oeuvre intelligente et sensible, réflexion aiguisée sur la place de la femme, de la mère et de l'épouse dans la mythologie grecque et dans l'Histoire en général. Je crois bien que c'était le dernier bouquin que je n'avais pas lu de cette excellente auteure et historienne… Reste plus qu'à tous me les retaper !
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La mythologie revue façon roman. Bravo il fallait oser. Il n'y avait que Simone Bertière pour pouvoir le faire.
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Clytemnestre, du fond du royaume des morts, revient sur ce que fut sa vie pour expliquer son geste : l'assassinat de son mari Agamemnon.

Simone Bertière est historienne, spécialisée dans les biographies des grandes reines françaises, et c'est d'ailleurs un travail d'historienne qu'elle fait ici, même si elle s'attaque à un personnage de la mythologie. Ses sources sont les épopées d'Homère et les tragédiens grecs. Mais elle élargit aussi les perspectives : à travers le personnage de Clytemnestre, l'auteur évoque la femme, le mariage, la maternité, le pouvoir, la vengeance etc. faisant de cette grande reine grecque une personne proche de nous et très attachante.
Passionnant.

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Ici, "apologie" est pris dans son sens premier, c'est à dire "plaidoyer de la défense". Une défense que Clytemnestre mène elle-même du fond du royaume des morts . Un récit passionnant de la vie de celle qui, à l'aide de son amant Egisthe, assassina son mari Agamemnon à son retour de la guerre de Troie. Mythe ou réalité ? Car avec Clytemnestre, nous sommes à la lisière de l'Histoire et de la mythologie, et en faisant l'héroïne s'exprimer elle-même, l'auteur nous la rend plus proche, plus humaine et finalement très attachante.
Merci Madame Bertière pour ce livre admirablement mené et pour ce beau voyage au pays des Atrides.
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Clytemnestre, dans la famille du roi d'Argos, c'est le vilain petit canard. Brune comme ses comparses grecques, elle ne sort pas du lot, contrairement à sa soeur, la blonde et belle Hélène, qui du reste a été conçue par Zeus, excusez du peu, et ses frères, les jumeaux Castor et Pollux, se suffisent à eux-mêmes, et sont promis à un grand destin. Circonstance aggravante, Clytemnestre a de l'ambition, de l'orgueil, pire … de l'intelligence et de l'autorité, ce qui à l'époque ne peut que déranger. Ainsi, quand elle règne en despote éclairé pendant que son mari Agamemnon est parti guerroyer à Troie, quand elle prend un amant, quand elle décide d'assassiner son mari, qui a sacrifié (au sens propre et au sens figuré) leur fille Iphigénie sur l'autel de ses ambitions et de sa vanité, … elle endosse pour la postérité le mauvais rôle, alors qu'à sa soeur, qui a été à l'origine de milliers de morts en quittant Ménélas pour Pâris, on pardonnera tout… Ce livre qui lui rend (enfin) la parole est aussi un plaidoyer pour toutes les femmes, hier et maintenant, qui luttent pour la justice et l'équité. Ce livre se lit comme un roman écrit à la première personne : c'est Clytemnestre elle-même qui cherche à rétablir sa vérité, La vérité. Mais il se veut également didactique, d'où des passages parfois un peu lourds. Malgré tout, c'est pour moi une très belle découverte et je l'ai dévoré en quelques jours !
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C'est du fonds des Enfers où elle s'ennuie depuis plus de trois mille ans que l'ancienne reine d'Argos prend la parole. Riche de l'expérience et des méditations auxquelles elle a eu le temps de se consacrer dans le séjour des morts, Clytemnestre se lance dans sa propre apologie, non pour tenter de s'exonérer de son crime mais pour l'expliquer et remettre en perspective ses choix et sa destinée imbriquée dans celle d'une lignée maudite. Entre une soeur divine, la belle Hélène dont l'enlèvement fut le déclencheur de la guerre de Troie, un époux couvert de gloire, Agamemnon, dont on oublia bien vite qu'il avait sacrifié leur fille Iphigénie pour favoriser son départ à la guerre, et des enfants aux vies pathétiques, son personnage fut vite passé sous silence ou diabolisé. Elle entreprend donc, avec une liberté de ton et d'humour ironique très modernes de conter les différents épisodes de ce cycle mythique, donnant plus de chair et de caractère aux personnages, et jouant avec bonheur sur les anachronismes et les références aux précédentes oeuvres de différents auteurs, Homère, Eschyle, Racine ou encore Giraudoux. Il en résulte une excellente lecture, au style riche et enjoué, invitation à découvrir la mythologie et s'initier aux classiques, à découvrir dès le lycée.

Lien : https://leventdanslessteppes..
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