Pour la première fois depuis qu’ils avaient quitté Paris, il repensait à sa mère. Elle qui croyait tant au paradis, elle qui avait tant fait le bien autour d’elle, où était-elle désormais ? Était-elle seulement quelque part ? Agnostique, il n’avait jamais nié la possible existence d’une forme de vie désincarnée, surtout lorsqu’il se trouvait comme maintenant, sous les étoiles, au milieu d’une jungle ondoyante sous la brise. Dans ces instants où la nature semble donner du sens à l’absurde. Mais son esprit cynique ne cessait de lui souffler qu’il n’avait pas le droit de se laisser aller à la croyance sans preuves. Même dans la souffrance, il ne pouvait renier ses principes et convictions.
Chapitre 35
Toutes les religions nous assurent de la survie de l'âme après la mort. Que ce soit sous forme de réincarnation pour l'hindouisme, d'entrée dans le nirvana pour le bouddhisme, de l'arrivée au paradis dans le dogme du christianisme ou de l'islam, du retour de l'âme dans son corps momifié pour les Égyptiens......
Chaque époque a ses certitudes et le présent est parfois prétentieux lorsqu'il juge le passé
"Tout se passe en fait comme si nous avions , gravée en nous, la chronologie de l'histoire de la vie! On pourrait parler ici d'archéologie mentale."
Chacune des personnes que nous croisons dans la rue, nos voisins, celui qui fait la queue devant nous au supermarché ou qui s'assoit sur le siège d'à côté dans le métro, chaque individu, sans le savoir et en vaquant à ses occupations quotidiennes, transporte avec lui la mémoire de l'existence sur des millions d'années.
La vie nous tuerait tous si nous n'avions pas l'oubli, madame Geringën. Cet oubli qui fait que nous ne pensons pas chaque seconde à l'absurdité de notre existence. Nous vivons sans savoir d'où nous venons et nous mourons sans savoir où nous allons. Comment vivre entre les deux? Comment ne pas être paralysé par cette absence de sens? C'est logiquement impossible. Et pourtant, la majorité y parvient et fait un peu comme si de rien était. Mais imaginez que vous soyez forcée de penser cet absurde sans rien pouvoir faire d'autre, pas sûr que vous survivriez. C'est le genre d'état qui peut nous traverser lorsque nous sommes confrontés de près à la mort d'un proche.
- C'est quoi l'éternité ?
- C'est comme l'amour. Ça ne s'arrête jamais.
la première et seule raison de la croyance n'est ni l'amour ni la joie ou je ne sais quelle autre réjouissance. C'est la peur. Sans la peur, aucune raison de croire. Sans la crainte du rien après la mort, aucune raison d'avoir la foi. Dieu devient inutile.
La vie nous tuerait tous si nous n’avions pas l’oubli, madame Geringën. Cet oubli qui fait que nous ne pensons pas chaque seconde à l’absurdité de notre existence.
Chaque époque a ses certitudes et le présent est parfois prétentieux lorsqu'il juge le passé.