Puis, l'homme de Dieu s'éloigna lentement dans le couloir, avec dans la bouche, le goût amer de la vérité.
Je pense qu'il est dangereux de préférer croire plutôt que d'avoir envie d'être libre.
Chaque époque a ses certitudes et le présent est parfois prétentieux lorsqu’il juge le passé
Sarah eut même du mal à le suivre et, quand elle émergea à son tour de l'enchevêtrement de plantes, Christopher lui tournait le dos, immobile, regardant droit devant lui. Sur un plateau envahi par les herbes sauvages, cerné par de hautes ramures et accolé au flanc du volcan se trouvait un baraquement pas plus haut qu'une cabane d'ouvrier, aux murs de pierre blanche salis de traînées noires et en partie recouverts de lianes et de fougères.
Chaque époque a ses certitudes et le présent est parfois prétentieux lorsqu’il juge le passé.
Contrairement aux autres enfants, j'ai grandi en sachant que l'horreur n'épargne ni l'enfance ni l'innocence et qu'elle se répète jusqu'à ce qu'une force supérieur y mette fin.
- A quoi correspondent ces cicatrices en forme de chiffres sur son front ? C’est quand même bizarre, non ?
- J’étais sûr que vous alliez me poser cette question. Il les avait déjà en arrivant ici. Mais on n’a jamais su ce que cela signifiait. Et lui n’a jamais dit d’où ça lui venait.
Sarah aurait pu s’en tenir à cette réponse, rentrer chez elle, attendre le rapport du légiste et classer l’affaire comme mort accidentelle d’un amnésique sans famille. Après tout, elle n’était pas là pour connaître le vie de la victime et s’amuser à déchiffrer une vieille cicatrice. Elle devait juste déterminer s’il s’agissait d’un suicide, d’un homicide ou d’une mort naturelle.
Et pour cela elle allait devoir bousculer le directeur. Car si tout ce qu’il disait paraissait vrai, Sarah avait le sentiment qu’il était un peu trop installé dans sa zone de confort. Comme si, au fond, elle n’était qu’une employée un peu plus considérée que les autres.
Chaque époque a ses certitudes et le présent est parfois prétentieux lorsqu'il juge le passé.
- Pourquoi t'as pas d'amoureuse ? demanda Simon en faisant des cercles sur sa purée du bout de sa fourchette.
- Je ne sais pas, je n'en ai pas trouvé une qui me convenait, répondit Christopher avant de boire une gorgée d'eau pour ne pas s'étouffer.
- Oui, mais tu commences à être vieux, alors après les femmes ne vont plus te trouver beau.
- Je te remercie, Simon, ça m'aide à me sentir bien dans ma peau, ce que tu me dis.
La vie nous tuerait tous si nous n'avions pas l'oubli, madane Geringën. Cet oubli qui fait que nous ne pensons pas chaque seconde à l'absurdité de notre existence. Nous vivons sans savoir d'où nous venons et nous mourons sans savoir où nous allons. Comment vivre entre les deux ? Comment ne pas être paralysé par cette absence de sens ? C'est logiquement impossible.