Même pour le simple envol d'un papillon, tout le ciel est nécessaire.
A chaque respiration, sur le lit en bataille, les bandes sombres et fines flottent légèrement sur son corps gracile dans une valse superbe composée de lumière rasante et d'obscurité intense.
Un mot écrit avec du sang. Probablement celui d'Elise: "Arrêter le train!"
Il boit une gorgée de son café serré, puis se retourne et attrape son dossier. Il s'installe dans son fauteuil et le parcourt une dernière fois rapidement. Il reprend son café pour le terminer. Mais avant il observe attentivement son gobelet. C'est le fameux café qui précède chaque grand débriefing. Ce petit café, il l'associe toujours un peu au début de gros dossiers difficiles. Un geste rituel, comme un cérémonial avant sa grande démonstration qui sonne le début de l'investigation.
Elle n’avait pas le choix. Il avait raison sur le coup. La réalité. Le meurtre. Les problèmes personnels devaient être mis de côté. Pour l’enquête. Rester pro jusqu’au bout. À contrecœur, elle devait s’y résoudre. Un regard dans son rétroviseur et elle déboîte sur la première sortie qui arrive. Elle fait demi-tour et repart en trombe en direction du commissariat. Sur le trajet, elle tente de nettoyer le maquillage qui avait dévalé le long de ses joues, d’essuyer ses larmes et de se rendre présentable. De camoufler les marques de sa colère. Faire comme si de rien n’était. C’était ce qu’il voulait après tout. Et elle s’aperçoit que Tourrié a oublié le caméscope de Rachel dans la voiture. Peut-être était-il finalement perturbé par leur prise de bec ? Peut-être qu’il n’était pas aussi insensible qu’il voulait le faire croire ? Quelques minutes plus tard, elle tourne pour remonter la rue du commissariat. Il est là, à l’attendre seul sur le trottoir. Elle s’arrête brusquement devant lui. Il se glisse dans la voiture.
— Trace !! Vite !