Oeuvre de jeunesse d'
Enki Bilal, faisant partie de l'histoire de la BD au point d'avoir fait l'objet d'une réédition de poche "classiques et contemporains" destinée aux élèves de collèges et de lycées (par contre, il faut avoir de bons yeux !), cet opus ne m'a pourtant pas complètement convaincu.
Le thème des vieux révolutionnaires sur le retour est certes intéressant (et préfigure sans doute Les vieux fourneaux et même un ou deux films hollywoodiens si je ne m'abuse), mais le scénario en forme de roadmovie s'avère lancinant et pour finir redondant, malgré la variété des voyages (le tour de l'Europe en 78 pages, rien moins), les personnages nombreux pour un seul volume peuvent volontiers être confondus avant qu'on s'habitue finalement à eux, et surtout, la patte Bilal, avec ses gueules déformées et frankensteiniennes, convient beaucoup moins à une histoire réaliste qu'à une histoire de SF, là où le dessinateur conquerra ses lettres de noblesse dans les années 80 et 90 (nous sommes en 1978).
Pas question de nier la valeur historique de l'ouvrage en revanche, elle témoigne bien de son époque, la fin des années 70 et son terrorisme notamment d'extrême-gauche, avec les Brigades rouges et la Bande à Baader, tout en proposant une alternative historique presque crédible avec ces rebuts du fascisme.
Vu de nos jours, c'est devenu une uchronie plutôt bien pensée, et quasi visionnaire dans la mesure où le terrorisme d'extrême-droite s'est avéré, à partir des années 90, le plus meurtrier de tous (au-delà du terrorisme islamiste, il faut le rappeler).
Pourtant, je ne me suis pas toujours retrouvé dans les aspects techniques, notamment le fait que ce soit très verbeux, et pas toujours à bon escient. Un truc plutôt lourd à digérer, en définitive.