AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782203353367
84 pages
Casterman (17/08/2006)
4.12/5   264 notes
Résumé :
"- Allons, tu sais bien que la violence révolutionnaire ne fait que répondre à celle de l'ordre établi...
- Mais je sais aussi que le terrorisme de gauche n'a jamais rien résolu... Je finis par me demander si je n'ai pas eu tort de vous embarquer dans cette équipée de croulants...
- Tu mollis en vieillissant, Pritchard, permets-moi de te le dire."
Que lire après Les phalanges de l'ordre noirVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
4,12

sur 264 notes
5
6 avis
4
7 avis
3
5 avis
2
1 avis
1
0 avis
La première publication de cet album de 80 pages a eu lieu dans Pilote en 1979. Ceci explique les dessins, caractéristiques de cette époque. Je n'avais pas regardé la date avant de le lire et je me disais justement que cela correspondait à cette période.

L'histoire reprend des personnages ayant existé. Nous sommes plongés dans un épisode découlant de la guerre civile espagnole. En effet, la BD commence au moment où un petit village d'Aragon, Nieves, est décimé de ses habitants et mis à feu par une poignée d'hommes au nom des « valeurs de l'Occident chrétien ». Ces terroristes font partie des Phalanges de l'Ordre Noir, un groupe ayant combattu du côté des franquistes. Un journaliste, Pritchard, reconnait ceux qu'il a combattu 40 ans plus tôt et fait appel à ses anciens camarades de la Brigade Internationale afin de les chasser…

J'ai aimé les dessins reprenant dans le moindre détail les paysages espagnols, l'histoire en elle-même et notamment la fin qui donne à réfléchir, ainsi que le fait que cela reprenne un pan historique car j'ai pu ainsi aller faire des recherches par la suite.
Lien : https://promenadesculturelle..
Commenter  J’apprécie          560
J'avais 15 ans, et je n'ai pas oublié qu'en 1979, en achetant cette bande dessinée je découvrais quelque chose de nouveau, cet art prenait une nouvelle dimension pour moi, l'univers du roman s'immisçait dans la BD, j'étais alors décontenancé, mon innocence en prenait pour son grade. Fini les héros trop lisses, trop manichéens, fini Tintin avec sa perfection agaçante, fini les actions action héroïques extraordinaires. Ici, le héros et l'aventure ne sont pas au centre de l'histoire, c'est le thème de la lutte qui prend le dessus, mais cette lutte n'est pas celle d'un combat nécessaire du bien contre le mal, elle en a seulement vaguement l'apparence. C'est une histoire de règlement de compte, de vengeance, de vieille querelle non résolue, avec les relents de la Guerre d'Espagne qui ressurgissent bien des années plus tard, comme une cicatrice toujours ouverte. C'est l'histoire d'un combats d'arrière garde racontée comme un voyage initiatique à travers l'Europe, mais pas un voyage initiatique pour découvrir la vie, pour grandir, au contraire, tous les personnages sont vieux et entreprennent un voyage pour découvrir l'inutilité de la mort, de la vie, des combats, des luttes, des idéaux. Il en ressort une impression assez triste et désabusée, une ambiance servie par un dessin hachuré, loin de la classique ligne claire de l'époque, aux décors un peu pouilleux, au couleurs grises. Christin et Bilal arrivent là au sommet de leur coopération. C'est poignant, grave et intense, et en cette année 1979, c'est moi qui grandissais.
Commenter  J’apprécie          321
Il était une fois une exposition qui avait lieu dans un charmant village breton, Landerneau, « FHEL », « Fonds Hélène&Édouard Leclerc » pour la Culture qui exposait Enki Bilal, l'occasion pour moi de découvrir son oeuvre diverse et variée et d'acquérir quelques BD dont certaines reproductions de planches des « phalanges de l'ordre noir » avaient éveillé ma curiosité.
Tout commence par quelques ordres hurlés par des personnages plutôt antipathiques en espagnol … non traduits, il faut faire appel à un traducteur pour comprendre … « En avant » dit le chef … « Dehors » disent les mercenaires … « Ils sont revenus » dit le vieille femme … « maintenant, brûlez tout » dit le chef.
Le dessin est clair, précis, détaillé, les futurs défunts sont déjà représentés par une tête de mort, le rendu des paysages est incroyable, nous parcourons les lieux avec cette équipe de bras cassés pour notre plus grand plaisir.
Une histoire de mémoire, se rappeler des luttes perdues, des compagnons, certains avalés par le combat, d'autres partis avec leurs blessures au corps et à l'âme …
Ne pas supporter ce qu'on est devenu, vouloir peut être racheter une vie paisible, les compromis faits …
Finalement l'histoire d'une vie, du cauchemar d'une bande de jeunes devenus vieux qui ont cru pouvoir changer le monde,
Il y a les retrouvailles …
« À quoi on boit ? Au passé ? Au futur ? 
Au présent, il ne nous reste plus que ça ! » …
Et un final où on se demande si on n'est pas devenu trop vieux pour le monde !
Commenter  J’apprécie          101
Une histoire crépusculaire, d'hommes et de femmes qui arrivent au bout de leurs combats.
Un récit qui prend un relief inquiétant, dans une fin de vingtième siècle ou tous les comptes ne sont pas soldés.
Une bande dessinée au goût de sang et de mort.
Le sentiment lourd et pesant, entre nostalgie et désespoir, que rien ne finit jamais et que la bête ne dort jamais.
Commenter  J’apprécie          160
Bilal et Christin ensemble, c'est une certaine façon de faire de la BD : des dessins qui ne font pas honneur aux personnages en les sublimant mais en les représentants tels qu'ils sont, des histoires alambiquées et faisant la part belle à la réflexion sur les idées et des considérations sur le monde européens du XXè siècle, en pleine mutation.

Je ne suis pas un grand fan de Bilal, je dirais même que son style est assez éloigné de mes gouts en matière de BD. Son style de dessin très raide m'apparait souvent comme fade, et les traits de ses personnages ne sont pas toujours très clair à mes yeux. C'est un souci qui s'aggrave avec la multiplicité des personnages et les noms que je ne retiens pas forcément. Dans les différentes lectures que j'ai fait, je suis toujours un peu "accroché" par le dessin, même si je m'y fais.

Niveau scénario de Christin, c'est dans le même esprit que les autres BD qu'ils ont fait ensemble, à mon gout : des considérations sur le siècle et le temps qui passe, sur la guerre, les idées des camps qui se sont affrontés face à un monde moderne et la vacuité de nombreux combats. J'aime bien cette idée (qui n'est pas sans me rappeler la chanson de Brassens "Les deux oncles") de se rendre compte que quarante ans après des atrocités commises au nom d'idées, celles-ci n'ont presque plus cours et les combats changés. Certes les extrêmes n'ont pas fini de faire des morts, mais il semblerait que l'intérêt de ces idées soit bien moindre aujourd'hui. Est-ce parce qu'on est moins politisé ou parce que les débats politiques ont changés, quoi qu'il en soit c'est assez triste de voir les carnages (celui décrit en Hollande me rappelle le bien réel d'Oslo et d'Utoya) qu'entrainent des idées qui ne semblent déjà plus avoir court.

Là-dessus, j'ai l'impression que Christin raconte encore une fois, comme dans d'autres séries qu'il a fait, une certaine vision du monde qui a changé et laissé les combats d'antan de côté. Ces vieux qui se sentent en décalage avec les évènements actuels et mis en marge lors de leur combat qu'ils finissent quarante ans après, sont aussi une image de la façon dont l'Europe à évoluée. le printemps de Prague, les néo-nazis allemands, les élites d'extrême-droite abritant les terroristes qui les arrange, la presse qui n'a plus cure des vieux croulants ... C'est un autre monde, dans lequel ces vieux semblent ne plus avoir leur place. Ils sont désuets, ils sont en décalage avec leurs contemporains, mais en même temps ils ne comprennent pas forcément non plus les nouveaux combats que l'on mène.

La BD souffre de quelques défauts mineurs, notamment le fait que la balade en Europe est parfois facilité par quelques cordes scénaristiques, mais c'est une BD qui donne un regard presque désabusé et mélancolique sur le militantisme, comme une piqure de rappel que ce pourquoi nous nous battons aujourd'hui peut devenir obsolète demain. Décidément, je retrouve du Brassens dans cette BD : "Il arrive parfois qu'on meurt pour des idées n'ayant plus court le lendemain." En tout cas, si je ne suis pas certain de le relire immédiatement, je vais sans doute y repenser en écoutant un album de ce fameux chanteur pacifiste.

"On peut vous l'avouer, maintenant, chers tontons
Vous l'ami des Tommies, vous l'ami des Teutons
Que, de vos vérités, vos contrevérités
Tout le monde s'en fiche à l'unanimité"
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Quarante ans sans se revoir pour beaucoup de ceux qui se réunissaient là dans l'arrière-salle discrète !
Ça faisait beaucoup de quarante ans dans un cas comme ça...
Et ça faisait surtout une belle collection d'asthmatiques, de cacochymes, de rhumatisants perclus, de vieilles viandes bouffées par le cholestérol...
Mais quand même pas encore un ramassis de gâteux ! Au fond c'était gai cette soirée. Tout juste si on ne s'y croyait pas jeune à nouveau...
Commenter  J’apprécie          50
L'arrivée en Suisse a été sans problèmes et la maison de retraite au bord du Léman, où tout le monde a échoué était bien faite pour des vieux chevaux de retour pas mal fourbus.... C'est même la seule chose qui s'est bien passée quand on y repense, cette arrivée. Peut-être parce qu'en réalité il n'y avait déjà plus de but ? Peut-être parce que le spectacle de la décrépitude d'autres vieilles barbaques regardant un lac aussi glauque que leurs yeux à longueur de journée grignotait les volontés ?

(page 52)
Commenter  J’apprécie          20
- Mes amis, croyez-vous vraiment que nous devions appliquer les méthodes de ces criminels ?
- Fais pas chier, Barsac ! C’est moi le curé ici et les états d’âme, j'en fait mon affaire...
AU FOND, TOUT LE MONDE ADMETTAIT QU’IL FALLAIT VENGER LES MORTS ET DONNER UN VIOLENT COUP DE SEMONCE AUX PHALANGES...
Commenter  J’apprécie          20
En bringuebalant vers Saragosse, le long des routes désolées, au milieu des femmes en noir qui mangeaient du chorizo, chacun pensait peut-être à Donahue …
Et peut être à la mort comme on y pense quand on devient vieux et qu’on sait qu’elle nous attend, sournoise et familière à la fois …
Commenter  J’apprécie          20
Allons, tu sais bien que la violence révolutionnaire ne fait que répondre à celle de l’ordre établi …
Mais je sais aussi que le terrorisme de gauche n’a jamais rien résolu …
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Enki Bilal (94) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Enki Bilal
Augustin Trapenard reçoit Enki Bilal pour "Shakespeare – Bilal. Une rencontre", paru aux Editions Marie Barbier. L'ouvrage se penche sur l'adaptation de "Roméo et Juliette" de William Shakespeare par Enki Bilal en 2011. A ses côtés, Camille de Peretti présente "L'Inconnue du portrait", édité chez Calmann-Lévy, dans lequel elle imagine l'histoire de la femme peinte par Gustav Klimt dans son "Portrait d'une dame". Yannick Haenel, lui, évoque "Bleu Bacon", publié chez Stock, et Thomas Schlesser "Les Yeux de Mona", édité chez Albin Michel.
autres livres classés : bande dessinéeVoir plus
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus


Lecteurs (546) Voir plus



Quiz Voir plus

Enki Bilal - la trilogie du "Coup de sang"

Que désigne le "Coup de sang" ?

une guerre
un groupuscule terroriste
un tsunami
un bouleversement climatique

10 questions
41 lecteurs ont répondu
Thème : Enki BilalCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..