L'auteur, universitaire, écrit la biographie de la première femme cinéaste.
Léni Riefenstahl est née dans une famille berlinoise issue de la petite bourgeoisie entrepreneuriale au début du XXe siècle. Encouragée par sa mère, elle délaisse les études pour se consacrer à la danse, puis à des rôles d'actrice du muet, avec un certain succès. Dotée d'une forte estime de soi, associée à un locus de contrôle affirmé et douée d'un art consacré de la manipulation, elle se lance sans aucune appréhension dans le 7e art, sans aucune formation ni expérience significative, révélant alors une capacité peu commune à organiser et à apprendre ; elle saura négocier durement le financement, directement auprès d'Hitler, des documentaires de propagande nazie qui la feront rentrer dans l'histoire du cinéma (le triomphe de la volonté, Olympia,). Elle saura alors réunir les talents de techniciens qui ont bâti le cinéma allemand expérimental de Weimar, et inventeurs de techniques de prise de vue reprises par le cinéma mondial.
Son oeuvre sera appréciée jusqu'à maintenant encore des historiens du cinéma et de l'élite artistique.
Mais
Léni Riefenstahl ne fut pas qu'une cinéaste : elle fut la cinéaste d'Hitler et de l'Allemagne nazie ; elle s'est révélée une propagandiste enthousiaste. Elle ne reniera jamais vraiment son engagement, se cachant derrière son projet artistique, nonobstant tout rôle idéologique et politique. Elle révéla alors un talent sans conscience, au service d'une idéologie criminelle.
Le dernier chapitre recense bien les termes des débats qui ont agité le monde intellectuel et politique au sujet de son oeuvre.
A la lecture, on peut nourrir quelques regrets : peu d'images illustrent son oeuvre.
Il s'agit d'une biographie bien documentée ; il est vrai que l'auteur est un universitaire ayant consacré une thèse et 20 ans de recherche à l'histoire du cinéma allemand.
Le livre s'attache à l'oeuvre et à son histoire, plus qu'à la psychologie du personnage, peut être faute de documents, et respectant la déontologie scientifique qui irrigue le livre.
Au final, portrait d'une femme libre (pas de préjugés concernant des relations très libres avec les hommes, la nudité, et la morale..), fascinée par une certaine forme de beauté masculine.