AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Perspective(s) (114)

Tout d’abord, il convient d’écarter ceux qui peuvent prétendre égaler Pontormo mais ne vivent pas à Florence ou étaient absents de la ville au moment du meurtre : Michel-Ange, Daniele da Volterra à Rome, Titien et Tintoret à Venise, Salviati en France … A vrai dire, notre ville est si riche en talents qu’il reste bien assez pour remplir la feuille : Bronzino, Allori, Naldini, Bandinelli, … auxquels il faut donc adjoindre Plautilla Nelli … et vous-même, Messire Giorgio, car ce serait une grave offense de ne pas vous ajouter à ces noms prestigieux auxquels votre talent ni votre renommée n’ont rien à envier !
Commenter  J’apprécie          150
Souvenez-vous des leçons du sage Marsile Ficin : c'est la vérité qui rend heureux. Je ne doute pas que vous prendrez en compte mes modestes recommandations car celui qui conseille ce qui est juste persuade plus aisément et heureusement.
Commenter  J’apprécie          140
A nouveau, le crépitement de la mèche. De quel côté allait-il surgir ? Ou bien allait-il enjamber le tas de tableaux pour me tomber dessus ? Je ne pouvais attendre d’avoir la réponse, sous peine de mort imminente. Mon épaule me lançait et j’étais saisi de vertiges mais je parvins à ramasser le carreau et à le glisser dans l’arbalète. Fort heureusement, il me revint à l’esprit un croquis de Léonard que j’avais vu jadis : je savais qu’il fallait tendre la corde jusqu’à armer le mécanisme, ce que je fis au prix d’un effort surhumain. (…)
Et c’est à ce moment qu’il advint ce phénomène surnaturel : l’homme qui me menaçait, la pièce tout autour de lui, les cartons, les meubles, les cadres aux murs, les toiles, les châssis, les chevalets, les taches de peinture maculant le sol, le garde mort au premier plan, celui mort à l’arrière-plan, le Bacchiacca agonisant (je n’entendais plus ses râles, ni aucun autre son), tout m’apparut comme un tableau parfaitement composé.
Commenter  J’apprécie          120
Pleinement conscient des impératifs dictés par la raison d'état, et sans pousser jusqu'à lui être reconnaissant de l'avoir congédié et fait enfermer, Messire fransesco n'en tient pas rigueur à son maître. Nul n'ignore que les grands aussi ont leurs propres servitudes et nous autres de la patrie de Machiavel l'ignorons moins que quiconque.
Commenter  J’apprécie          120
L’honneur repose uniquement sur l’estime du monde, et c’est pourquoi une femme doit user de tout son talent pour empêcher qu’on débite des histoires sur son compte : l’honneur, en effet, ne consiste pas à faire ou ne pas faire, mais à donner de soi une idée avantageuse ou non. Pêchez si vous ne pouvez résister, mais que la bonne réputation vous reste.
Commenter  J’apprécie          120
Très cher ami Messire Giorgio, plus j'y songe et plus je pense que la clé du mystère est dans ce tableau de Vénus et Cupidon. Pourquoi avoir remplacé la tête par celle de la fille du Duc ? En dépit de ce que j'en ai moi-même jadis dessiné le modèle, sans autre intention que de montres la beauté de l'Amour mais aussi ses dangers et ses pièges, je ne peux ignorer que cette substitution trahit une intention provocante et hostile à l'égard de la famille ducale, car je me doute que la jeune Maria, qui ne doit pas avoir plus de dix-sept printemps et que son père songe sans doute à marier, n'a que peu à voir, au physique comme au moral, avec ma Vénus lascive et épanouie. D'autre part, je vois mal le brave Pontormo se découvrir un goût vicieux pour les jeunes vierges à soixante ans passés. Je pense que ce n’est pas la fille mais le père qui est visé dans cette peinture. Mais pourquoi donc Pontormo en aurait-il voulu à son protecteur et bienfaiteur, pour lequel il donnait tout son labeur depuis plus de dix ans, et en vérité depuis près de vingt? y a un mystère que je ne m'explique pas. Vous qui avez vu le tableau, avec votre œil de peintre confirmé, n'avez vous repéré aucun indice? En admettant que Naldini ait dit vrai sur la visite nocturne d’une femme encapuchonnée, que pouvait-elle bien vouloir, sinon quelque chose en rapport avec ce tableau? Et qui d'autre que le Duc ou sa famille aurait pu se sentir offensé d’un tel tableau? p. 66
Commenter  J’apprécie          110
J’ai bien reçu votre petit traité de peinture et, pour mon malheur ou le vôtre je l’ai lu. Ludovico Dolce est un con, et vous n’aurez pas mon tableau. Dites à la reine que je regrette, mais je me sens si gravement i-offensé par votre manque de confiance que j’aime mieux le détruire plutôt que d’en confier les commentaires à un Vénitien abruti qui préfère Raphaël à Michel-Ange.
Commenter  J’apprécie          110
12. Éléonore de Tolède, duchesse de Florence, à Cosimo de Médicis, duc de Florence

Florence, 8 janvier 1557

En vérité, sa mort est une bénédiction divine. Malheur à celui qui néglige les signes du Tout-Puissant ! Si ces fresques étaient seulement obscènes, je pardonnerais peut-être à votre complaisance, puisque votre naissance ne vous a pas formé au goût espagnol de la chasteté et de la bienséance, mais vous ne pouvez pas ignorer qu'elles sentent l'hérésie à douze lieues. Tout cela pue son Juan de Valdès, autant dire son Luther !
Commenter  J’apprécie          100
Un tableau n’est pas seulement, comme le pensait Alberti, une fenêtre à travers laquelle nous regardons une section du monde visible. Ou bien peut-être n’est-il que cela, en effet, mais alors, n’a-t-on pas déjà là un miracle suffisant pour attester son essence divine ? Nous sommes les fenêtres de Dieu. Voilà ce que nous sommes.
Commenter  J’apprécie          90
Adieu, monsieur. Je vous laisse à vos plaisirs, et m’en vais m’employer à vous oublier comme vous m’avez oubliée. Hélas, je n’ai pas votre légèreté.
Commenter  J’apprécie          82







    Lecteurs (1818) Voir plus




    {* *}