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sur 1084 notes
Au crépuscule de sa vie, un vieil éleveur de moutons vient de perdre sa femme. Vivant désormais dans une maison de retraite, il écrit une longue lettre à Helga l'amour de sa vie. Dans cette lettre, il essaie de lui expliquer pourquoi il a fait le choix de rester dans sa ferme plutôt que partir avec elle et l'enfant qu'elle portait de lui en ville. le narrateur nous décrit un monde rural qui n'existe plus, on ressent également l'attachement des paysans à leur terre qui dans son cas l'a obligé à renoncer à l'amour de sa vie.
Un très beau texte.
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Au crépuscule de sa vie, Bjarni, un éleveur de brebis islandais, écrit une longue lettre-confession à la défunte Helga. C'est l'occasion pour lui de revenir sur l'histoire d'un amour incommensurable mais inassouvi avec cette femme dont le nom sensuel « caresse la gencive avant d'entrouvrir la bouche », cette femme qui est avec sa fille, « la seule religion qu'il ait jamais eue », cette femme qui, alors qu'il était marié, n'a cessé d'obséder ses pensées toute sa vie durant.

Quoiqu'en pense Bjarni, sa lettre ne ressemble en rien au griffonnage d'un vieillard sénile et j'ai été profondément émue par le texte de ce fermier qui se fait tour à tour croqueur affûté d'une société islandaise en pleine métamorphose, philosophe et poète.

Sous l'oeil acéré du peintre, on découvre tout d'abord le portrait d'une société islandaise ancestrale qui se laisse peu à peu séduire par les sirènes du capitalisme. Si Bjarni évoque avec nostalgie et parfois une note de tendresse les us et coutumes qui ont permis aux habitants de s'accommoder de l'âpreté du climat, c'est pour mieux dénoncer un monde en pleine transition, renonçant à une vie authentique et au plus près de la nature, et par là « tournant le dos à (son) histoire ». On comprend alors la teneur du dilemme qui a longtemps tiraillé le narrateur : s'installer avec Helga à Reykjavik, et renoncer à sa vie de fermier dans ses terres islandaises qui l'ont vu naître, risquer de « dépérir » et d'épuiser « ses forces vitales » ? Ou bien « vivre à côté de sa vie » en renonçant à « la seule religion qu'il ait jamais eue » ?

Ce choix cornélien offre au vieillard l'occasion de réfléchir à ce qui donne sens à l'existence humaine : à l'image d'un Sisyphe contraint de « hisser une lourde pierre pour la voir dégringoler et commencer à la coltiner », il lui préfère celle de l'humain qui « transbahute des pierres sur les hauteurs pour les caler solidement au sommet et en entasser d'autres tout autour en un beau cairn qui servirait de point de repère ». Loin d'enfermer l'humain dans sa condition tragique, cette formule empreinte de sagesse populaire invite alors à méditer sur nos actions du quotidien, à les reconsidérer comme autant de pierres nécessaires à l'édifice d'une vie.

C'est enfin par le poète aux accents baudelairiens qu'on se laisse happer quand Bjarni imagine que « son esprit a, comme l'oiseau, essayé de prendre son envol pour échapper au quotidien laborieux de sa vie terrestre et qu'il a, tout comme lui, tenté de planer dans le ciel des poètes à la faveur de ses écrits indigents. » Par l'écriture, le talentueux Bergsveinn Birgisson transfigure ainsi ce qui pourrait n'être que la narration d'une banale histoire d'amour avortée en sublime roman épistolaire.
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Aïe ! La colère n'est toujours pas retombée plusieurs semaines après avoir rageusement refermé avec dégoût ce livre pourtant si court pour ne plus le rouvrir. Je conseille aux personnes sensibles aux TW de poursuivre leur lecture de mon avis, je les donne un peu plus loin.

Il faut dire que dès le départ j'étais pour le moins dubitative : le narrateur ne dépeint son intérêt amoureux que par ses seins, décrits en long, large et en travers tandis que pas un mot n'est écrit de son visage, la couleur de ses yeux et encore moins, sotte que je suis, sur ses pensées ; une femme totalement fétichisée, rabaissée à une seule caractéristique physique, un objet d'amour, ou d'obsession plutôt qu'un hommage.

Je me suis sentie de de plus en plus mal à l'aise au fur et à mesure du récit.
En effet, j'ai levé les yeux à de multiples reprises à la lecture des jérémiades du narrateur Et j'ai trouvé carrément cringe les moments .
Çà serait passé si ce livre avait l'ambition de dénoncer le comportement pervers du narrateur, mais ce n'est absolument pas le cas, non, ce sont "des preuves d'amour". Glaçant.

Enfin, on atteint le summum avec les trigger warnings : zoophilie et acte de barbarie sur animal. Donc l'évènement qui m'a fait stopper net ma lecture fut symbole ultime de la passion amoureuse qui aveugle le narrateur. D'une part, cette scène est invraisemblable et grotesque, d'autre part je me répète : ce qu'il ressent est une obsession, de la perversion, en aucun cas de l'amour.
Étonnée que seule une minorité des lecteurices semble faire la différence !

Dommage, car à côté de ça, l'ébauche du monde rural islandais qui est dessinée autour de cette histoire bien glauque était intéressante, et je pensais que le livre sortait des clichés sur les bergers, en présentant une personne tout à fait éduquée et et appréciant la littérature. Avant de basculer dans la scène du berger Avilissant au passage les paysans !

Bref, je pense que la littérature islandaise propose suffisamment de textes traduits pour ne pas s'infliger celui-ci.
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Bjarni, éleveur de Brebis, a passionnément aimé Helga, la femme de la ferme voisine. Il l'ai aimé d'un amour fou, sensuel, charnel… un amour impossible. Au seuil de sa longue vie, il lui écrit une très longue lettre où il revient sur leur histoire, explique ce qui a guidé ses décisions
Roman épistolaire à ne pas manquer… Un hymne à l'Amour, à la vie paysanne, à l'Islande.
Une petite pépite littéraire !
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Qu'en dire ? C'est une lettre, une lettre d'amour à Helga donc (bon, j'adore l'épistolaire avec une seule lettre, comme Lettre d'une inconnue, ou Alexis et le traité du vain combat, alors ça partait bien), et c'est magnifique. Un éleveur de mouton islandais, et c'est une vraie plongée dans cette culture, ces paysages... mais aussi sa froideur, sa solitude, la difficulté de sa vie de paysan traditionnelle.
Le coeur de la lettre reste cet amour qu'il a porté toute sa vie, cet amour impossible avec lequel il a du composer toute sa vie. Il y a beaucoup de sensualité dans ses mots, de l'humour aussi parfois, certains propos sont complètement décalés et un peu fous.
Je peine un peu en parler tant cette lecture m'a bousculée et perturbée, en même si douce et si glacée, si sensuelle et si triviale... c'est très court mais c'est un univers entier à découvrir.
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« L'être humain peut faire de grands rêves sur un petit oreiller »

Puisque tout a déjà été écrit, pourquoi ne pas profiter de cette longue lettre pour un court adieu pour parfaire nos connaissances en élevage ovin ? Par exemple se rappeler comment éliminer la gale des moutons avec de l'urine fermentée. Ou comment palper les agnelles pour décider de leur sort avant l'hiver, l'abattoir ou le doux séjour dans la bergerie, peau contre peau avec les congénères et nourries de bon foin bio. Revoir aussi la façon de favoriser les portées doubles chez les brebis, de façon naturelle, sans aucun apport hormonal ou médicamenteux.

J'ai passé un bon moment avec Bjarni, ce paysan islandais (moi qui croyais que les Islandais étaient tous pécheurs de père en fils, me voilà détrompée - et détrempée, mais là rien à voir, la faute à la saison) qui chante son amour pour Helga. Elle, belle, non pas comme un camion, mais comme un tracteur Farmall. Elle, une fille du Nord au sang chaud, plus chaude que le climat, et qui n'a pas froid aux yeux. Bjarni dit aussi l'amour pour son pays, les Vikings et les sagas, dans une atmosphère qui m'a évoqué de temps en temps les racontars de Jorn Riel.
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Bjarni était éleveur de moutons et contrôleur des réserves de fourrage du Canton de Hörgà. Il a 90 ans et écrit à Helga et revient sur sa vie.
Il lui explique pourquoi, malgré tout l'amour qu'il lui portait et la naissance d'une petite fille, n'a pas quitté sa femme pour aller refaire sa vie avec elle à Redjavik.

Dans un style sobre mais non démuni de poésie, d'humour et parfois de langage cru, l'auteur nous livre l'histoire d'une vie.

On y découvre la rudesse, la solidarité, les jalousies qui font la vie des paysans islandais.

Les révélations de Bjarni, ses états d'âme nous le rendent très attachant. Il nous partage, par beaucoup d'anecdotes, la passion pour son métier et aussi son amour fou pour Helga.

Jamais je ne me suis senti voyeur mais plutôt confident de ces moments intimes.

Prenez le temps de faire connaissance de la vie rustique des paysans islandais en parcours ces quelques pages.
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L'amour d'une femme est-il plus fort que l'amour de sa terre ?

La lettre à Helga, c'est une seule lettre, l'ultime réponse après un lourd silence.

La lettre à Helga, c'est la peinture d'un amour sensuel, perdu, recherché. Tout prend forme sous la plume du vieil homme qui partage ses souvenirs vivaces de sa Belle Helga.

La forme épistolaire permet une plongée dans l'intimité de Bjarni. Les descriptions des paysages et du quotidien islandais sont magnifiques. C'est, à mon goût, la beauté de la littérature islandaise, ce lien tissé entre les émotions et les paysages volcaniques, le "paysage état d'âme".
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L'auteur, le livre (131 pages, 2013, 2010 en VO) :
Mais oui, après les polars d'Indriðason, il y a bien une autre littérature en Islande : voici Bergsveinn Birgisson avec La lettre à Helga, une lettre d'amour, un monologue, que l'éditeur présente assez justement comme l'étrange confession amoureuse d'un éleveur de brebis islandais.
Birgisson est spécialiste en littérature médiévale scandinave (mais n'est-ce pas le propre de tous les islandais ?!), et il est le dépositaire des histoires transmises par son grand-père qui fut, comme le héros du livre, éleveur et pêcheur dans le nord-ouest de l'île.

On aime beaucoup :
On aime la belle langue (et sans doute la belle traduction) qui donne à ce monologue toute sa musicalité qui réussit à transformer cette lettre d'amour en une véritable saga nordique.
On aime les anecdotes savoureuses qui fleurissent tout au long de ce récit truculent et qui lui donnent une saveur toute particulière (celle de l'urine fermentée peut-être ?!!!).
On aime l'immersion dans un siècle d'histoire sociale de l'Islande et on se passionne pour cette découverte de la vie authentique des éleveurs islandais qui alimentaient la Norvège en gigots d'agneau. C'est un peu comme une invitation à visiter les coulisses des polars d'Indriðason et consorts.

L'intrigue :
Le vieux Bjarni Gíslason de Kolkustadir, sentant venir sa mort prochaine, entreprend de vider enfin son coeur et de rédiger une longue missive à celle qui fut la belle Helga, celle qui fut l'amour de sa vie, mais un amour qui n'aura pas eu lieu puisque tous deux étaient déjà mariés autrement.
C'est donc déjà une très belle histoire d'amour, même s'il s'agit d'un amour malheureux, avec des descriptions souvent assez crues !
Mais si Bjarni n'a finalement pas réussi à rendre ses femmes heureuses, il était aussi [contrôleur cantonal des réserves de fourrage] : le lecteur se retrouve donc embarqué dans la traversée romanesque de près d'un siècle d'histoire islandaise, un siècle d'agriculture dans un pays rude aux hommes et aux bêtes qui y sont nés.
Un lecteur comme invité à visiter l'arrière-pays des polars d'Indriðason et consorts dont on se régale depuis quelques années.
Un siècle d'une histoire faite de bouleversements dont l'incontournable épisode islandais des [soldats d'occupation américains] sic.
Le lecteur pourra ainsi assister aux [seules prémices visibles du socialisme] à l'islandaise.
Et puis ce passé, sans doute un peu idéalisé par notre jeune auteur, est propice à toutes sortes d'anecdotes savoureuses et truculentes, des histoires de ce temps jadis où [quand les femmes se shampouinaient à la pisse, leur chevelure longue et épaisse resplendissait].
Et puis encore cette constante autour des histoires, des récits, des livres, de la poésie et des sagas nordiques qui fait de l'Islande une nation d'écrivains et de lecteurs où (pour citer un proverbe local) [la moitié de la population lit ce que l'autre moitié s'efforce d'écrire].
Sans doute, quelques esprits chagrins trouveront à redire aux scènes de sexe un peu crues, aux odeurs de pisse un peu entêtantes, ou même à l'idéalisation d'un passé simple où tout était mieux qu'au présent.
Pour celles et ceux qui aiment les brebis et le tabac à priser.
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La lettre à Helga est en effet un roman prenant.
Au soir de sa vie Bjarni Gíslason écrit cette lettre à Helga, l'amour de sa vie, une histoire hélas impossible. Impossible? Pas si sûr lorsqu'on y regarde de plus près. Les personnages sont très bien campés, indissociables des paysages d'Islande profonde et agricole. On voyage et on s'évade. Et puis surtout, sous ce récit qui prend des airs de nouvelle lorsqu'on avance dans la lecture et dont la chute est admirablement amenée, il y a une vraie réflexion sur le courage de rester soi et le courage d'aimer.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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