Les domestiques adorent me répéter à quel point j'ai de la chance, moi, la bâtarde d'une épouse infidèle, une humaine sans la moindre goutte de sang fae, d'être traitée comme une véritable enfant de Terrafae. Taryn a droit à peu près au même discours.
Je sais que c'est un honneur d'être élevée avec les enfants de l'aristocratie. Un honneur terrifiant, dont je ne serai jamais digne.
– J'ai vu beaucoup de choses impossibles, déclara l'inconnu. J'ai vu le gland avant le chêne. J'ai vu l'étincelle avant la flamme. Mais je n'avais encore jamais vu ça : une morte ressuscitée. Et une enfant née de personne.
Les Fæs sont peut-être de belles créatures, mais cette beauté est comme la carcasse d’un cerf doré, infestée d’asticots, prête à éclater.
La princesse Elowyn tourbillonne au milieu d’un cercle d’Alouettes. Sa peau d’or scintille,
ses cheveux ont le vert profond du lierre. À côté d’elle, un garçon humain joue du
violon. Deux autres mortels l’accompagnent au ukulélé, avec moins de talent mais plus
d’entrain. Près d’elle, Caelia, sa sœur cadette, tourne sur elle-même, la tête auréolée
d’une couronne de fleurs. À l’image de son père, elle a les cheveux aussi fins que
de la barbe de maïs.
Pour les mortels, il y a deux moyens de devenir des sujets permanents
de la cour : en se mariant, ou en devenant expert dans un domaine – la métallurgie,
la pratique du luth et que sais-je encore. Comme la première option ne m’intéresse
absolument pas, je n’ai plus qu’à espérer avoir suffisamment de talent pour la seconde.
Tombenloc met la touche finale à ma coiffure sophistiquée : maintenant, on dirait
que j’ai des cornes. Elle m’habille ensuite de velours saphir. Mais aucun de ces artifices
ne masque ce que je suis : une humaine.
Quelque chose clochait au niveau des
jambes du géant. Ses gestes étaient raides, comme si bouger lui faisait mal. La lumière
n’était pas la même dans le vestibule, et Jude remarqua que sa peau avait une étrange
teinte verte et que ses dents du bas paraissaient trop grandes pour sa bouche.
Sais-tu ce
que ça fait, d’apprendre au retour d’une bataille que son épouse est morte, et son
unique héritier avec elle ? De voir sa vie réduite en cendres ?