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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Personne ne gagne est le récit autobiographique de Jack Black, hobo, voleur, cambrioleur, perceur de coffre. À travers ses errances, ses coups, ses incarcérations, à travers les États-Unis et le Canada, à travers quelques dizaines d'années de vie jusqu'à sa « reconversion » dans un emploi d'archiviste d'un journal, il nous fait découvrir une époque et un mode de vie.
Car, au-delà de sa vie, son récit trace aussi le portrait de l'Amérique de la fin du XIXe et du début du XXe siècles. Une Amérique post-ruée vers l'or avec ses saloons, ses fumeries d'opium, ses bordels, ses prisons aux pratiques cruelles. L'Amérique nocturne, celle des bas-fonds et de l'illégalité. Mendiants, prostituées, voleurs, assassins, vagabonds… tel est l'entourage de Jack Black. Un entourage dont il nous fait découvrir l'argot et le code moral étonnamment rempli de principes et de valeurs. Un entourage d'où naîtra quelques trahisons, mais aussi des amitiés fortes et des loyautés indéfectibles.

Jack Black raconte son histoire de manière assez humble et particulièrement lucide. Il analyse à plusieurs reprises le pourquoi de ses activités criminelles et ses sentiments fluctuant, sans finalement blâmer une quelconque cause extérieure.
Son récit est un plaidoyer contre la peine de mort et les mauvais traitements en prison qui ne résolvent rien et ne détournent personne de la récidive. Parfois maltraité, blessé physiquement par l'autorité, il raconte comment cela n'a fait que nourrir sa rage et son sentiment d'injustice, l'éloignant toujours davantage de la société, jusqu'à ce qu'il soit sauvé par la bienveillance d'un procureur, d'un juge, de personnes l'ayant aidé, lui ayant procuré un toit et un travail. Sa détermination fut également un outil précieux grâce à un déclic personnel nourrissant sa volonté d'arrêter l'opium, de rembourser ses dettes et de ne pas trahir la parole donnée.
Des passages sont particulièrement chouettes et intéressants, qu'ils soient drôles, touchants ou introspectifs, mais je regrette que d'autres m'aient laissé de marbre alors qu'ils n'auraient pas dû. Je pense notamment à ceux où des amis se font tuer sous ses yeux pendant des vols, mais où le récit ne transmet aucune émotion (pour le coup, on ne peut pas lui reprocher de tomber dans le pathos !).

Une fois Jack Black parti sur les routes, le roman souffre d'une certaine répétition à mes yeux : il s'agit d'un enchaînement de coups et d'emprisonnements un peu mécanique, amplifié par un détachement vis-à-vis de l'histoire, des événements, du narrateur. J'ai eu bien du mal à me sentir impliquée ; au contraire, je me suis sentie mise à distance, peut-être à cause du fait que l'auteur revient sur des événements s'étant déroulés des années auparavant. Paradoxalement, cela donne l'impression d'une liste de casses et de vols assez exhaustives sans que je ne me sois représentée le nombre de coups, le temps que cela lui demandait, les sensations et les pensées que cela génère chez lui sur le moment…
Cependant, cela est rattrapé sur la fin – c'est juste dommage d'avoir dû attendre autant – dans deux chapitres où il relate des coups en détail, presque mouvement par mouvement, ce qui rattrape tous les défauts énumérés ci-dessus. Outre le fait que l'on se rend mieux compte du temps qu'il y passe, c'est surtout beaucoup plus immersif ! Nous partageons sa tension, son appréhension du réveil de la victime ; nous vivons sa frustration en cas d'échec – tout en souriant de quelques gros ratés quasi burlesques – et son plaisir en cas de succès. Et, en parallèle, j'ai ressenti le côté hyper intrusif et dérangeant pour la cible endormie qui ignore qu'une main étrangère est en train de fouiller sous son oreiller…

L'argot utilisé par Jack Black – une boutanche, thuner, une consolante, les conventions dans les jungles, se faire un train… – m'a d'ailleurs interrogée. Car s'il permet d'offrir une voix originale et identifiable à son narrateur, de l'ancrer dans un milieu, son authenticité est questionnable étant donné qu'il s'agit d'une traduction. Ainsi, je me suis souvent demandé quel avait été l'angle des traducteurs et comment les termes avaient été choisis : sont-ils ceux des voleurs francophones ? sont-ils issus du parler des classes sociales les plus modestes ? J'avoue que j'aurais apprécié une petite annexe sur le sujet…

Car le roman est complété par trois annexes à l'intérêt variable. La première est un texte de Jack Black sur les pratiques dans les prisons, leur inefficacité, d'où un appel à davantage d'humanité : sa plume et ses développements sont à la fois intéressants et convaincants. La seconde est de la main de William S. Burroughs qui fut influencé par Jack Black, mais je l'ai trouvé particulièrement dispensable et oubliable ; enfin, la dernière précise un peu la reconversion de Jack Black et la genèse du roman et était potentiellement intéressant mais finalement trop brouillonne pour que je l'apprécie vraiment.

Un récit plaisant qui se lit rapidement – ce qui contribue sans doute à éviter la lassitude née de la redondance – mais bien loin des chocs littéraires qu'ont pu être d'autres Monsieur Toussaint Louverture (tels La Maison dans laquelle, Watership Down ou Et quelquefois j'ai comme une grande idée).
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Journal d'un "chevalier de la route", d'un hobo sans attaches, d'un voleur épris de liberté. Jack Black raconte sans fioritures sa vie rocambolesque, faite d'évasions de prisons, de perçage de coffres, de consommation d'opium à Chinatown et de parties de cartes au saloon. Comme dans les romans qu'il affectionne, les gens qu'il croise au détour de ses pérégrinations sont de sacrés personnages. Peut-on faire plus badass que Salt Chunk Mary ou plus avisé que Sanctimonious Kid ?
Jack Black a la gouaille et l'argot de l'époque, transformant son quotidien bien réel en véritable récit d'aventure. Il met en avant la camaraderie, le "code d'honneur" des voleurs, les mauvais traitements infligés à ceux-ci en milieu carcéral et pointe du doigt un système où personne ne gagne. En fin observateur, il offre un traitement lucide et honnête de cette époque révolue.
Le texte est sublimé par une très belle édition de Monsieur Toussaint Louverture, agrémenté de quelques autres textes sympas.
Une belle découverte, un peu répétitive parfois mais très facile à lire.
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Un voyage dans l'Amérique des années 1890 à 1910, un voyage au milieu des voleurs et des vagabonds. Un voyage clandestin dans les trains de marchandise, une vie sur les routes poussiéreuses de l'ouest, une vie de larcins, de repas frugaux partagés avec des compagnons d'infortune devant un feu de camp, de nuits passées à la belle étoile ou dans des pensions crasseuses. Une vie d'alcool, de violence et d'opium.

Jack Black a mené cette vie d'errance, entrecoupée de nombreux passages derrière les barreaux. Né en 1871, il a connu les saloons, les prostituées, les joueurs de poker à la gâchette facile. Surtout, il a suivi la trace des hobos sur les chemins de traverse d'un pays sortant à peine de la sauvagerie du Far West. Devenu cambrioleur puis opiomane, il côtoie des perceurs de coffres, enchaîne les bons et les mauvais coups, est condamné à 25 ans de pénitencier, s'évade plusieurs fois, subit en prison l'épreuve du fouet et de la camisole de force, les passages à tabac et les privations. En 1916, on lui tire une balle dans le ventre à bout portant. Il s'en sort miraculeusement et profite de sa convalescence pour coucher sur le papier son parcours sinueux.

Personne ne gagne n'est donc pas une fiction. C'est une autobiographie, un témoignage sur une époque depuis longtemps révolue. Jack Black est un bourlingueur touché par « la malédiction du sang nomade ». Un cambrioleur itinérant fréquentant une faune interlope traversée par une même philosophie basée sur le respect de la parole donnée et une inébranlable solidarité.

Un récit sans temps mort où les événements s'enchaînent à une vitesse folle, qui ne brille certes pas par son écriture sans grand relief et peut paraître parfois répétitif (cambriolage – arrestation – jugement – prison - remise en liberté – cambriolage – arrestation – jugement - prison, etc.) mais reste au final un fabuleux regard porté sur un univers de marginaux, camés, putains, rebelles, assassins, voleurs ou arnaqueurs qui représentent la face sombre de l'Amérique à l'aube du 20ème siècle.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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RÉSUMÉ:"De San-Francisco au Canada, de trains de marchandises en fumeries d'opium, d'arnaques en perçages de coffres, du désespoir à l'euphorie, Jack Black est un bandit: parfois derrière les barreaux, toujours en fuite. Avec ironie, sagesse et compassion, il nous entraîne sur la route au tournant du XXe siècle. Personne ne gagne est un hymne à une existence affranchie des conventions. Qu'il soit hors-la-loi, opiomane ou source d'inspiration pour Kerouac et Burroughs, qu'importe, qu'il vole au devant de la déchéance ou qu'il flambe comme un roi, qu'importe, Jack Black n'est guidé que par son amour de la liberté. C'est dur, inoubliable, profondément américain. Black est peut-être un vaurien, mais aussi un conteur né qui joue avec son passé afin de nous remuer, de nous remettre sur le droit chemin."

MON AVIS: Une autobiographie extrêmement riche et très bien racontée. Cet homme décrit sa vie sans concession avec lucidité et honnêteté.
Une existence rude, faite de petits plaisirs et de situations difficiles. Ce n'est pas de tout repos d'être un voleur!
Jack Black ne se ménage pas, il sait que ce qu'il fait ce n'est pas bien . Il lui faudra pourtant quasiment 40 ans pour choisir de revenir sur "le droit chemin".
Une vision des "bas-fonds" américains qui m'a vraiment intéressé, car ce n'est pas un "roman" , c'est la réalité, et elle n'est pas jolie, jolie qu'on soit du coté de la loi ou de celui des "vauriens".
La corruption est partout, la délation va bon train, et si on sait que "voler, arnaquer, truander", c'est mal, Jack Black nous explique que dans son "milieu" l'honnêteté, l'entraide, sont souvent bien plus présentes que n'importe où ailleurs.
J'ai beaucoup apprécié cette lecture.

Lu pour le poche du mois du Picabo River Book Club

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Publié pour la première fois aux débuts des années 1930, les mémoires de Jack Black nous embarquent dans le grand ouest américain de la fin du XIXème siècle dans un univers picaresque, peuplé de cambrioleurs, de trafiquants en tout genre et de putes au grand coeur. Orphelin dès son plus jeune âge, Jack quitte son Missouri natal pour tailler la route vers San Francisco en passant par le Canada. Toujours en cavale, sautant d'un train à l'autre, enchainant ses fric-frac à une vie de pacha, Jack est surtout mû par un puissant sentiment de liberté doublé d'une certaine innocence.
Mi-Kérouac pour l'aspect fuite éperdue, mi-Burroughs pour le côté bad boy, « Personne ne gagne » est un récit énergique, très vivant, d'une grande fraîcheur, à la limite de la truculence. le rythme effréné des aventures, le vocabulaire haut en couleur finissent par nous séduire totalement.
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« Ma vanité juvénile, cette confiance excessive qui naît de l'ignorance, me soufflait que je pouvais gagner à un jeu dangereux et pervers où personne ne gagne. Au lieu de réfléchir et faire un bilan lucide, je partis avec joie en quête de nouvelles aventures. »

Récit autobiographique, « Personne ne gagne » de Jack Black est le témoignage d'un hors-la-loi repenti. Très tôt orphelin de mère, et délaissé par un père absent, il va se tourner vers une vie d'errance, celle des « hobos » pour finir par se perfectionner dans le cambriolage de maisons et le perçage de coffres. le lecteur suit Black dans ses premiers larcins, la minutie dans les détails de chaque coup préparés. Les leçons retenues après les échecs qui l'ont mené derrière les barreaux. À noter que si le mode de vie qu'il a choisi est répréhensible aux yeux de la morale, il faut rappeler aux futurs lecteurs que l'auteur n'a jamais tué au cours de sa carrière criminelle.

Il évoque même, avec ce qui ressemble à un repentir sincère, les angoisses qu'il a pu générer auprès de ses victimes. On est à mi-chemin entre le mode d'emploi du bon petit cambrioleur, le récit expiatoire et un essai militant contre le système carcéral en vigueur à l'époque.

Si l'avalanche de détails rend son histoire plus probante, malheureusement, on n'échappe pas, par moments à un sentiment de redondance, lorsque Black décortique méticuleusement les coups qu'il prépare. On finit même par voir l'issue pathétique approcher avant qu'il ne se fasse coffrer. Ce qui compte, finalement, ce n'est pas tant le butin que le shoot d'adrénaline que cela procure. En bon opiomane, Jack Black vit pour le frisson, jusqu'à ce que l'univers carcéral le brise totalement, et qu'un juge clément et un journaliste compatissant le sortent de sa condition.

Un livre qui vaut malgré tout le détour. Ne serait-ce que parce qu'il est le témoignage d'une époque vécue par un acteur de premier plan. L'image d'Épinal du vagabond sautant d'un wagon de marchandises à l'autre, et celle du Hors-la-loi d'un Far West en déclin à l'aube du XXème siècle.
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Livre autobiographique d'un voleur/cambrioleur/vagabond américain de la fin du 19e le siècle et du début du 20eme, ce livre est également un pan de l'histoire américaine.

Se lisant avec plaisir, il détaille les étapes successives et nécessaires à sa descente aux enfers avant sa rédemption. Un peu moralisateur sur la fin, mais cela traduit je pense la volonté éducative de l'auteur.

Encore une belle trouvaille des éditions Mr Toussaint Louverture.
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Personne ne gagne aurait pu s'appeler « Guide pour devenir un honnête voleur ». Jack Black nous raconte sa vie de hobo/ bandit de grand chemin dans l'Amérique de la toute fin du XIXe siècle. Il enchaîne rencontres éclairantes, mauvais coups et petits tours en prison, mais toujours avec un grand sens de l'honneur.
Ce livre est une succession de petites anecdotes assez fascinantes et très édifiantes sur la vie des Américains à cette époque.
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Paru en 1926, "Personne ne gagne" est l'autobiographie de Thomas Gallaghan alias Jack Black.
A la fin de sa vie, une fois son baluchon raccroché, avec beaucoup d'humour et d'ironie, il nous raconte l'histoire d'un petit vaurien fuguant de chez son père à l'âge de 15 ans.
Le jeune Thomas est alors en pleine révolte adolescente, il refuse le conformisme d'une vie superficielle, molle et rangée. Il décide de vivre dans la marge. Biberonné au sirop de la rue et par le hasard des rencontres, il fait son apprentissage de vagabond entrant dans la confrérie des "hobos", peuple miséreux mais fier, nomades des routes et chemins de fers du début du 20ème siècle américain.
Cambrioleur, braqueur de coffre, escroc de haut vol, flambeur, loser, il alternera périodes de veine euphorique et séjours en prison de plus en plus durs. Héros au grand coeur, loyal et au code d'honneur irréprochable, Black ira au bout de son idéal, jusqu'à se fracasser sur la réalité du monde carcéral contre lequel il passera le reste de sa vie à lutter.
Touchés nous le sommes par sa capacité à décrire un monde disparu et ses personnages hors normes ; ce moment où les Etats-Unis basculent du 19ème siècle à l'imagerie très "Far West" sauvage et poétique au 20ème siècle industriel et sécuritaire.
Précurseur des écrivains de la « Beat Generation » qui lui doivent beaucoup, « Personne ne gagne » est à mettre dans les mains de tous ceux et celles qui ont été fascinés par la lecture des Burroughs, Kerouac, Fante, Bukowski. D'évidence palpite dans ce livre le coeur de l'Amérique, celle qui fait rêver, celle de « La Frontière ». Il est fait pour tous les enfants qui ont rêvé en lisant Fenimore Cooper, Jack London, James Oliver Curwood, Mark Twain. "Personne ne gagne" est enfin un hymne à la liberté, la vraie, celle qui se paie cher et ce livre est une grande oeuvre parce qu'il parvient l'espace d'une lecture à nous procurer un peu de ce parfum des grands espaces.
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Une belle histoire de gendarmes et de voleurs. Surtout de voleurs. Thomas Callaghan, alias Jack Black, raconte sa vie de « yegg ».
De petits larcins en opérations plus sophistiquées, de fuites en ratages et de vol domestiques à des perçages de coffres, Jack Black raconte sa vie de voleurs.
C'est fait avec l'objectivité qu'il veut bien avoir, c'est parfois humoristique, parfois dur ( ex. le passage où il raconte son passage sous les coups de fouet).
Il raconte surtout la vie d'une personne qui ne veut pas s'inscrire dans les règles d'une société qu'il ne reconnaît pas. C'est un point de vue sans doute critiquable mais qui donne un livre bien agréable à lire. Une belle vraie histoire de gendarmes et de voleurs.
Bravo envoire une fois à Monsieur Toussaint Louverture d'avoir déniché cet auteur et bravo pour la couverture. Juste splendide !
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