Histoire Des Peintres de Toutes Les Écoles : Écoles Bolonaise

La mission du professeur n'est pas de transmettre ce qui est intransmissible, de communiquer ce qui est incommunicable, les dons du ciel : sa mission est d'enseigner solidement, sérieusement, les lois du dessin, de la couleur et du clair-obscur; car ces lois existent, les principes de la composition, car il y en a de certains, l'art de voir la nature, d'en démêler les différents caractères et d'en tirer les moyens de rendre une pensée visible, une émotion sensible, car un tel art se peut apprendre ; il est écrit dans les oeuvres des hommes de génie qui l'avaient mis en pratique, inconsciemment peut-être, avant que les philosophes ne l'eussent formulé. Voilà la mission du maitre.

Ceux qui sont familiers avec les choses d'art, lorsqu'ils entendent raisonner sur l'école bolonaise,se transportent aussitôt en pensée dans l'atelier ou plutôt dans l'académie des Carrache, qui fut, en effet, le centre où furent enseignées avec autorité et où se développèrent les doctrines que devait enfanter le génie de l'antique Felsina, et qui existaient en germe dans cette ville essentiellement provinciale. Cependant, l'époque où florissaient les Carrache ne fut que la troisième époque de l'art à Bologne, et il est impossible, sans se restreindre outre mesure, d'enfermer dans l'académie des Incamminati toute l'école bolonaise.—Comme les autres, cette école a eu ses commencements, un déclin, une restauration et une seconde décadence.

Nos lecteurs. savent donc quelles furent les idées de Louis Carrache et de ses deux cousins. On pouvait les ramener toutes à une seule et les résumer en une phrase : choisir dans chacun des maîtres de premier ordre ce qu'il a eu de mieux, étudier le desssin des grands dessinateurs, la couleur des grands coloristes, les ordonnances de celui-ci, les effets de celui-là, et se composer, de ces qualités diverses, en les combinant, de plus, avec l'étude de la nature, un style mixte, qui serait excellent puisqu'il n'y manquerait rien, et que toutes les parties en auraient été puisées aux meilleures sources.

En peinture, comme en philosophie, l'éclectisme est une doctrine stérile qui ne saurait produire que des oeuvres sans caractère, sans harmonie, sans portée.