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Critique de Christw


Les entrées du dictionnaire Yourcenar correspondent à des notices auxquelles ont contribué 41 chercheurs et chercheuses de nationalités différentes et appartenant à plusieurs générations, souligne Bruno Blanckeman (direction et préface de l'ouvrage).

La table des 325 entrées est consultable sur le site de l'éditeur. Un double système de renvois permet une lecture transversale : à la fin de chaque notice, un paragraphe indique les notions apparentées reprises dans le dictionnaire ; il en va de même pour les termes marqués d'un astérisque. Chaque notice est suivie d'une bibliographie pour consulter les oeuvres concernées ou pour aller plus loin dans l'analyse.

La préface précise que "les notices font le point sur l'état actuel des recherches internationales menées depuis trois décennies sur l'oeuvre et la figure intellectuelle de Marguerite Yourcenar". La dimension internationale est à l'image de l'ouverture au monde chère à l'autrice. le lecteur et la lectrice "de bonne volonté" pourront s'orienter dans le labyrinthe de l'oeuvre d'une femme de lettres qui "fonde son autorité sur sa capacité à investir l'ensemble des genres littéraires dont elle hérite [...]".

Mon cheminement dans l'ouvrage fut dicté jusqu'ici par les livres récemment lus ou en cours, par des termes qui me sont sensibles et, inévitablement lorsqu'on ouvre un tel glossaire, par le hasard.

Les notes sur les romans "Denier du rêve" et "Le coup de grâce" m'ont remis en mémoire les particularités de ces deux textes que j'avais prisés. Entendons bien, notice ne signifie pas brièveté : pour le premier, pas moins de cinq pages denses, avec cette remarque sur la mise en relation du récit et des personnages avec le mythe (Rome) : "[elle] a dû sentir le besoin d'asseoir le roman sur un fond dont les racines pouvaient lui permettre de donner à un fait divers quotidien la dimension de l'universel".
Les trois pages de notes sur "Le coup de grâce " soulignent le déploiement d'une violence rare chez l'écrivaine et n'oublient pas les polémiques autour du personnage Eric von Lhomond, typique d'une chevalerie guerrière de la littérature d'avant-guerre (Drieu La Rochelle, Montherlant).

En m'arrêtant au mot Alchimie, puisque j'ai entrepris de relire "L'oeuvre au noir", je suis resté accroché sur un terme d'une page proche, [l']Acceptant. Il s'agit d'une notion très yourcenarienne qui "marque la volonté, dans un contexte de guerre et d'exil, non dénuée de stoïcisme, de penser la situation en termes d'épreuve, susceptible d'aguerrir la personnalité" (je ne peux m'empêcher de songer à la façon dont Cynthia Fleury invite à dépasser le ressentiment dans "Ci-gît l'amer") : "Dans le monde défiguré de l'après guerre, et à l'encontre des théories à succès de l'absurde, Marguerite Yourcenar refuse d'ériger l'idée de négation en un absolu existentiel sans pour autant hypostasier la puissance de l'action humaine. La figure de l'acceptant, recoupant celle d'Hadrien, devient en cela le modèle porteur d'une philosophie de la vie ".

Il va de soi que, à la suite de ces propos, il fallait visiter l'entrée "Libre-arbitre". Je vous épargne les détails de l'excellente note que propose May Chehab (Université de Chypre) mais ne peut que la conseiller à la réflexion des philosophes en herbe : Yourcenar oppose la fatalité extérieure et subie à une fatalité intérieure et consentie, "la véritable liberté résidant dans la nécessité intime de se définir soi-même afin d'achever sa « propre forme »", selon une expression de l'épigraphe de "L'oeuvre au noir" (première partie).
[...]
J'ai glané cet épais volume, ambitieux et réussi, grâce à l'opération Masse critique de Babelio que je remercie ainsi que les éditions "Honoré Champion".

(texte complet du comte-rendu sur le blog)

Lien : https://christianwery.blogsp..
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