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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Au matin du 24 décembre au large de Marseille, un homme seul tombe à la mer… Et la vie va défiler devant les yeux de Thomas, comme toujours avant le grand saut vers l'inconnu. Mais l'auteur va lui faire revivre non pas sa propre vie mais celle de son père. Ce père qui lui a lancé l'insulte suprême peu de temps avant : « Toi, de toute façon, tu n'as jamais été un vrai pied-noir ». Thomas est anéanti, bouleversé, touché par son père. Mais, en fait, qu'est-ce réellement qu'être un VRAI pied-noir ? C'est ce que va nous dire ce récit émouvant et en partie autobiographique qui rend à sa façon justice aux Pieds Noirs.
Il y a beaucoup d'humour et beaucoup de tendresse pour évoquer Manuel Cortès, fils d'émigrés espagnols installés à Sidi-Bel-Abbès en 1882 (quand les colons français ont besoin de bras) et son parcours parfois chaotique mais toujours droit. Après une enfance heureuse, Manuel Cortès épouse Flavie, devient chirurgien, puis s'engage comme médecin aux côtés des alliés, il débarque en Italie, fait la campagne de Monte Cassino avant de revenir en Algérie. La Seconde Guerre Mondiale est terminée mais les évènements d'Algérie ne font que commencer. Même si Manuel et Flavie souhaitent rester, ils partiront comme tant d'autres. Rejeté des deux côtés de la méditerranée, Manuel s'installe dans le sud comme médecin de ville.
Voilà un roman porté par une écriture magnifique, fait de chapitres très courts, qui font dire au lecteur encore un chapitre, puis un autre. J'ai aimé voyager dans le fil des souvenirs émus et toujours respectueux, qui racontent une famille, des vies, un peuple et deux pays. Mais aussi l'alternance des deux récits, celui du présent, inquiétant car il s'agit d'une situation tragi-comique traitée avec beaucoup d'humour, et le récit du passé, traité avec beaucoup d'humanité. Pas de regrets, de ressentiments ou de reproches, seulement des vies dans ce qu'elles ont de bon et de moins bon. Et beaucoup d'amour d'un fils pour son père.


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La vie de nos pères nous paraît souvent admirable. Ils ont survécu aux guerres, aux révolutions politiques, aux divisions raciales et aux préjugés bien ancrés du siècle passé. Manuel Cortès est de ces pères-là, un de ceux qui inspirent leurs enfants à se dépasser pour atteindre cet idéal désormais révolu. D'origine espagnole, médecin dans les tabors lors de la libération de l'Italie, chirurgien en Algérie, il devient médecin généraliste en France, luttant contre la discrimination à l'encontre des pied-noirs pour faire vivre sa famille. C'est son fils, Thomas, tombé à l'eau un beau matin de décembre après un accrochage avec son père, qui nous raconte son histoire, et l'histoire de son père Juanico avant lui. L'histoire d'une famille, certes venue d'Espagne, mais faisant partie intégrante d'une chimère sur le point d'exploser : l'Algérie française.

Jean-Marie Blas de Roblès nous charme par son style unique, ici mis au service d'un témoignage profond et émouvant, une apologie du père, illustrée de quelques réflexions philosophiques et historiques. Il parvient à merveille à décrire toutes les scènes variées qui ont fait la vie de Manuel Cortès : les anecdotes familiales sont drôles et émouvantes, les scènes de guerre hachées et horribles de réalisme, les interventions d'Heidegger, le perroquet imaginaire, tout simplement hilarantes. le narrateur complète son témoignage familial avec des faits véridiques, des digressions parfois surprenantes mais qui, systématiquement nous amènent à réfléchir. Il fait preuve d'une lucidité sans pareille dans sa démarche pour répondre à l'accusation de son père : "- Toi, de toute façon, tu n'as jamais été un vrai pied-noir !" Il interroge tour à tour la conception de l'Algérie française de ces gens qui y ont fait leur vie, qui ont participé au maintien de cette chimère et ont aimé passionnément ce pays comme le leur, malgré le racisme latent, les divisions superficielles entre les peuples, les règles tacites creusant les différences. On sent qu'il aurait aimé que le colonialisme français ait l'intelligence de ne pas faire dans l'assimilation et la discrimination, pour lui permettre à lui, Thomas, d'être un "vrai" sans être "pied-noir".

C'est sur la fin que tout le roman prend son sens symbolique, et je ne peux pas vous dévoiler la fin, quelque part, c'est à vous d'aller la chercher. J'ai été dubitative tout au long du récit sur ce stratagème romanesque qui consiste à coincer un personnage dans une situation improbable (ici, le mettre à l'eau littéralement), et de s'en servir comme prétexte pour le faire réfléchir et se souvenir. C'est à la fin que j'ai compris pourquoi l'auteur avait choisi ce procédé, finalement assez approprié pour finir en beauté, pour rendre justice au père comme au fils, pour clôturer les souvenirs avec un présent plein d'espoir. Très différent de L'île du Point Némo (superbe aussi soit dit en passant), ce roman plus terre à terre, plus réaliste, plus ancré dans l'histoire, est un roman puissant, émouvant, perturbant aussi. Mais surtout, c'est un message d'espoir pour l'avenir, un doigt pointé vers l'horizon qui nous dit que tout va bien se passer, quoique l'histoire mette en travers de notre chemin, et qu'il faut se battre, coûte que coûte.

Merci aux Editions Zulma pour ce beau moment de lecture.
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Agrippé à la coque d'un petit bateau de pêche en Méditerranée, attendant un improbable salut, le narrateur se remémore sa dernière discussion avec son père, qui lui a sorti comme une pique : « toi, tu n'es pas un vrai pied-noir ». Ces longues minutes ballotté par les flots sont alors l'occasion de se remémorer l'histoire de sa famille, à commencer par le père, Manuel Cortes, fils d'aubergiste espagnol installé à Sidi Bel- Abbés.

Porté par une belle écriture, qui m'a un peu fait peur au début, car très dense, ce récit est l'occasion de revoir succinctement l'arrivée des colons en Algérie. La présence européenne en Algérie n'était pas uniforme, mais liée à autant de contextes d'arrivée distincts. La hiérarchie sociale était figée, entre colons français, officiers de la légion, pauvres espagnols, juifs présents depuis quelque temps et tribus locales classés en un tout unique : l'indigène.

Manuel va commencer ses études dans l'entre deux guerres, en ne comprenant que de façon très lointaine les oppositions politique. Lui se veut communiste, au grand dam de sa famille. Cela ne l'empêchera pas en 1942 de s'engager médecin auxiliaire dans l'Armée française d'Afrique et de combattre en Italie, puis dans les Vosges avec les tabors marocains. La progression des tabors, leur mode de fonctionnement, la gestion de ces troupes, sont remarquablement décrits par Blas de Roblès.

A son retour en Algérie, après guerre, Manuel reprend ses études et devient chirurgien. Malgré son dévouement à toutes les populations, même lui perçoit la montée des tensions, et pressent la fin de la période coloniale.
L'arrivée en métropole en catastrophe est synonyme de déchéance sociale et d'incompréhension pour celui qui avait combattu pour la libération de ce même peuple français.

Au prétexte d'une saga familiale, Blas de Roblès signe un témoignage d'une partie de l'histoire du vingtième siècle. Une période charnière, celle de la décolonisation, qui reste chargée d'amertume dans les deux camps, comme il le rappelle dans son épilogue.

Ce roman a de la densité et une belle habilité à introduire les personnages et leur psychologie. Il présente d'une façon assez équilibrée les enjeux de chacune des parties à ce conflit, en partant des conséquences pour cette famille d'origine espagnole, dont les membres ont percé grâce à la promotion républicaine.
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La Feuille Volante n° 1218
Dans l'épaisseur de la chair - Jean-Marie Blas de Roblès - Zulma.

Cette saga familiale commence bizarrement par un chavirage de Thomas, le narrateur, lors d'une promenade solitaire en méditerranée. A la suite d'une altercation avec son père qui lui reproche de « ne pas être un vrai pied-noir » il prend seul la barque familiale et passe par-dessus bord. Ce séjour dans l'eau, rendu assez long par l'impossibilité de remonter dans son « pointu », lui donne l'intuition de sa mort inéluctable. C'est pour lui l'occasion de revoir, un peu sa propre vie comme dit-on celui qui va quitter ce monde, mais, remontant les traces de la mémoire, également celle de son père, la probabilité de la noyade lui rappelant les risques auxquels cet homme a dû faire face pendant sa longue vie. Par le biais de l'écriture, il lui rend un authentique et émouvant hommage et cela donne lieu à de nombreux analepses, sous forme de courts paragraphes, où il égrène les grands et les petits moments de cette famille déchirée entre l'Espagne, l'Algérie et la France. Il y a certes ce témoignage en faveur du père, mais, au fil de ma lecture, j'ai cru comprendre que le narrateur-auteur mena la vie dure à cet homme pendant quelques temps et fut invité par sa mère à plus d'indulgence envers lui, ainsi ce livre peut-il être aussi une manière de rachat. Ainsi il évoque son papa, Manuel Cortes, ancien chirurgien, engagé volontaire au côté des Alliés en 1942 qui, à 93 ans, vit retiré sur la côte d'Azur. Il est fils d'immigrés espagnols établis à Sidi-Bel-Abbès, une ville de garnison de la Légion étrangère, en Algérie, où son père, Juan, tenait un bistrot. C'est donc un roman de « pieds-noirs », plein du soleil de ce pays, des illusions entretenues de son rattachement à la France qui se termineront avec le triste slogan « la valise ou le cercueil », la découverte d'un pays lointain, inconnu et hostile, pas mal de regrets, d'incompréhensions et de trahisons politiques. C'est la petite histoire de cette famille qui se confond avec celle de ce pays, de son époque coloniale et militaire qui s'inspirait selon lui de la conquête romaine, de cette cohabitation cahoteuse entre européens, juifs, musulmans et bien entendu Espagnols, ces erreurs politiques qui ont jalonné la présence française en Algérie et de son issue, des épisodes de la deuxième guerre mondiale du retour au pays. le lecteur découvre par le menu la libération de l'Italie puis de la France à travers l'épopée personnelle de Manuel, incorporé comme médecin auxiliaire dans un tabor marocain puis dans un régiment de génie, avec blessures, décorations et citations. Il partage les actions d'éclats de ces soldats, déplore leurs exactions sur les populations civiles mais profite aussi aussi ces moments d'exception où l'on oublie la guerre et, au milieu de ces combats, Manuel, avec une baraka insolente, semble immortel, en plus d'être un séducteur impénitent dans la vie ordinaire. Puis ce sont les événements de Sétif qui ont lieu en Algérie et sont le départ de ce processus d'indépendance qui fera de lui et de sa famille des «rapatriés ».
L'architecture de ce roman s'articule comme un jeu de cartes espagnol avec ses figures caractéristiques et différentes des nôtres, « l'as de deniers », le« de deux d'épée », le «  trois de bâton » et le « quatre de coupes ». Cette progression symbolise la vie qui s'écoule, mais peut-être surtout ce que le hasard ou la destiné donnent à chacun en lui confiant le soin de le faire fructifier, sans oublier la chance et son contraire, la scoumoune, les événements extérieurs ou l'action des autres qui viennent favoriser ou contrecarrer les projets personnels, une image assez fidèle du parcours individuel en ce bas monde entre liberté, fatalité, erreurs et succès... A l'occasion de ce roman, l'auteur-narrateur remet en cause nombre d'idées reçues sur la guerre et sur la colonisation, mais c'est la nostalgie de ce pays et du temps passé qui transparaît. Il porte sur son histoire un regard critique égrenant les phases qui iront irrémédiablement vers les combats, les attentats, l'indépendance et le départ en catastrophe, un travail d'historien d'une remarquable précision. Ce faisant, il porte aussi un jugement sur la condition humaine.
A titre personnel, je ne lis jamais une saga sans ressentir une sorte de vertige que me procure le temps qui passe et la vie qui s'écoule malgré soi et malgré sa volonté d'y imprimer sa marque. Ce fils de pauvres immigrés espagnols devient, à cause de la guerre, un brillant chirurgien, mais les événements, et aussi ses semblables se chargèrent de briser ses rêves et sa volonté. Il a mené une vie à la fois longue, aventureuse et tellement romanesque qu'on croit lire une fiction.
Thomas est accompagné des railleries de son perroquet qui, bien qu'absent, hante son esprit au point de pouvoir être regardé comme la voix de sa conscience, ce qui donne à ce roman une incontestable dimension humoristique.
J'ai retrouvé avec plaisir le style fluide et agréable à lire que j'avais déjà rencontré dans « Là où les tigres sont chez eux » (La Feuille Volante n°329). J'ai, avec ce roman, à nouveau passé un bon moment de lecture, dépaysant et passionnant.
© Hervé GAUTIER – Février 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com
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"Toi, de toute façon, tu n'as jamais été un vrai pied-noir !". C'est cette réplique coup-de-poing qui démarre le roman d'un fils pour son père. Un hommage assurément, qui ne fait l'impasse sur aucun moment de la vie de Manuel Cortès, ce père "tout à la fois "prudent et intrépide, cartésien, fétichiste, désespéré mais confiant dans son étoile (P374). L'auteur consacre une part importante à la vie algérienne et à Siddi -Bel-Abbès, mais dans négliger, bien au contraire, l'enfance de son héros de papa, puis sa jeunesse passée au front de 43 à 45, et enfin son arrivée et sa vie en métropole, après la vie à Bel-Abbès.

Autant vous le dire de suite, j'ai adoré ce roman. Style fin et agréable, écriture riche et variée, c'est un bonheur de découvrir la vie de Manuel. le récit n'est jamais lourd malgré les épisodes tragiques de la vie de Manuel. La liberté de l'auteur d'introduire des moments de vie plus légers (la partie d''échecs, le loto ...) est ingénieux. On se surprend à sourire, voir rire.
Le roman ne fait pas l'impasse sur la colonisation, la vie et enfin la guerre en Algérie, ni sur d'autres moments délicats de la vie de Manuel Cortès. Pour autant, tout au long des chapitres, des paragraphes, des lignes, c'est l'admiration sans borne, mais avec lucidité, d'un fils pour son père, qui surnage. Un superbe hommage que je vous invite à découvrir, à votre tour.
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Débuter un roman de Jean-Marie Blas de Roblès, c'est partir un peu à l'aventure, dans l'une de celles que l'on n'oubliera pas. Après son roman très vernien L'ïle du Point Nemo, cette fois-ci, direction l'Algérie. Manuel Cortès, espagnol naturalisé français en est le héros, l'un de ceux qui marquent une époque par ses engagements. Et à travers lui, c'est le roman de ce pays que l'on lit, au moins depuis la colonisation française. L'auteur s'attarde sur le rôle de Manuel pendant la seconde guerre mondiale pour montrer combien les pieds-noirs et les Algériens ont combattu pour la liberté. Une autre grande partie est bien sûr la guerre d'indépendance et les massacres de part et d'autre : "Mon père a assisté aux massacres de Sétif, il n'a rien fait, rien dit, rien ressenti, et je ne parviens ni à l'excuser ni à l'en blâmer. Il n'est pas si facile de percevoir ce que l'on voit ; il faut beaucoup d'efforts, de concentration sur l'instant présent, sur ce qu'il offre à notre regard, pour ne pas limiter ses yeux à leur simple fonction de chambre noire." (p.241). Il montre bien la volonté des Algériens de retrouver leur liberté et le déchirement des pieds-noirs de quitter leur terre natale, celle où ils ont tout construit, et tous ne furent pas des colons richissimes qui s'enrichirent sur le dos des Algériens. La vraie question remonte aux origines, qui a bien pu avoir cette idée de conquérir ce pays et pour quelles raisons ? Question qu'aborde le romancier qui se fait à travers ce livre, historie, essayiste, ...

Enfin, c'est aussi le roman d'un homme vu par les yeux de son fils. Un vieil homme désormais qui a vécu fortement sa vie parce que les événements l'y ont contraint. Qui a combattu, aimé, beaucoup perdu et a reconstruit, qui aurait pu faire de cette citation de Marc Aurèle que cite son fils sa devise : "Vivez une bonne vie. S'il y a des dieux et qu'ils sont justes, alors ils ne se soucieront pas de savoir à quel point vous avez été dévots, mais ils vous jugeront sur la base des vertus par lesquelles vous avez vécu. S'il y a des dieux mais qu'ils sont injustes, alors vous ne devriez pas les vénérer. S'il n'y a pas de dieux, alors vous ne serez pas là, mais vous aurez vécu une vie noble qui continuera d'exister dans la mémoire de ceux que vous avez aimés. Je n'ai pas peur." (citée p. 248/249)

Encore une fois, c'est un grand roman que celui de JM Blas de Roblès, une part de l'histoire de la France et de l'Algérie, pas la plus simple et l'une des plus douloureuses qu'il est toujours délicat d'aborder encore de nos jours. Et lorsque comme lui, on a le talent et l'art de raconter des histoires fortes, eh bien, le lecteur n'a plus qu'à tourner les pages, pas trop vite pour ne rien perdre et pour profiter du temps passé en sa compagnie. le romancier est né à Sidi-Bel-Abbès aux alentours de la date du fils de Manuel Cortès ; on est en droit de penser qu'il maîtrise son sujet pour lequel il a sans doute fait appel à ses souvenirs.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Impossible de lâcher le bouquin avant la fin. Émerveillé. Avalanche de madeleines. J'ai lu quelques kilos de livres sur l'Algérie. Aucun ne m'a bouleversé autant, aucun ne montre avec autant d'évidence l'absurdité explosive de cette société de castes que constituait l'Algérie Française. Une chimère selon l'auteur. Au moment où l'on décapite nos soutiers de l'enseignement, il serait grand temps de retrouver un peu d'égalité et de fraternité et de remiser les funestes théories thatchériennes dans la boite à Pandore. Sinon même les premiers de cordée pourraient perdre la tête.

Une mention particulière pour son soutien à la coutellerie française. Un numéro huit encombre toutes mes poches depuis mes huit ans et ils m'ont rendu bien des services.
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intelligent, fouillé, récit qui vous tient tant on s'attache aux personnages, historique, très bien documenté.
Une autre façon inhabituelle de parler de la guerre d'Algérie et de l'histoire des pieds noirs. Subtil, à lire.
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Un véritable coup de coeur pour ce superbe roman qui dévoile une partie de l'histoire de l'Algérie a travers le prisme de l'amour d'un fils pour son père.
C'est l'histoire vraie de Manuel Cortés tel que l'auteur la rêve. Ce chirurgien installé à Sidi Bel Abbés en Algérie et engagé aux côtés des Alliés en 1942.
Jean Marie Blas de Robles est un conteur extraordinaire et grâce à plume fluide et poétique, il nous offre un récit biographique absolument extraordinaire.
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Blas de Roblès (Jean-Marie) – "Dans l'épaisseur de la chair" – Zulma, 2017 (ISBN 978-2-84304-799-2)

L'auteur, né en 1954 à Sidi-Bel-Abbès (du temps des "départements français d'Algérie"), nous conte ici l'histoire de son père, un de ces "pieds noirs" qui – après avoir risqué sa vie dans les troupes françaises en participant à la campagne d'Italie, au débarquement de Provence et à l'avancée jusque dans les Vosges et l'Alsace, après avoir soigné les uns et les autres en Algérie – se voit contraint de quitter l'Algérie lors du sinistre choix entre "la valise ou le cercueil". Arrivé en France, toute sa famille subit l'ostracisation si ce n'est le racisme anti pieds-noirs.

Tout cela est raconté d'une façon passionnante, la petite histoire des personnes est subtilement insérée dans la "grande" histoire.
Le style est enlevé, le lecteur ne s'ennuie pas une seule seconde. (Bien sûr, on croise Albert Camus (p.99), et j'en profite pour recommander une fois de plus la lecture de son autobiographie "Le premier homme").

Je n'émets qu'un seul bémol : l'auteur aurait pu se dispenser de la lourde métaphore tant rebattue du fiston qui se remémore des scènes de la vie familiale alors qu'il est en train de se noyer.

En revanche, je ris de tout coeur à la lecture de l'avant-dernier paragraphe (p. 374, chapitre 269), lorsque l'auteur confesse son admiration sans borne pour ce père qui
"avance, magnifique, faisant barrage de son corps pour protéger sa femme et ses enfants, laissant des traces dans l'argile où l'on reconnaîtra dans cent mille ans celles d'un patriarche guidant sa horde..."
Pour ma part, en tant que vieux schnock macho, béat de bonheur d'être six fois grand-père (trois filles, trois garçons, faut avoir la baraka ou le don divin), j'adhère pleinement à cette définition du patriarche, mais je me doute que ce pôvre auteur va se faire étriper par toute la coterie bien-pensante en pleine crise de pseudo-féminisme survolté...

Bravo pour ce livre d'un fils rendant hommage à son paternel (qui d'une certaine manière, rappelle "les ritals" de Cavanna), bravo pour ce témoignage indirecte sur cette Guerre d'Algérie qui n'aurait jamais du avoir lieu.

Saluons aussi la belle prestation éditoriale : une couverture gentiment pétaradante, une mise en page délicatement soignée, sans oublier – sauf erreur de ma part – l'absence de toute faute d'orthographe, devenue d'une si grande rareté. Donc, j'ajoute un bravo aux éditions Zulma.

Un livre qui se lit d'une traite dès que l'on entame la première ligne.
Un livre à lire.
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