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Livre qui ne laisse pas indifférent.
Baptiste, à peine quatorze ans, a été enlevé avec sa famille par un groupe de djihadistes en plein désert. Ils ont roulé des heures, des jours, ils se rappelle plus bien. A un moment ils se sont arrêtés, ont été alignés, avec un terroriste derrière chacun. C'est comme ça la mort ? Mais ce n'est qu'un simulacre destiné à asservir. Ils seront emmenés dans un camp au milieu de nulle part. Un camp qui manque de tout. Séparé du reste de la famille, il sera libéré avec sur lui une vidéo. Là-bas il avait un autre nom : Yumaï.
Les pièges de l'embrigadement. C'est savamment raconté. Une narration qui va droit à l'essentiel. Ce roman alterne sur deux formes : le récit est la conversation interrogatoire.
Une écriture simple qui s'efface pour laisser la place à la profondeur, à la violence de ce roman. Beaucoup de nos lectures s'envolent le lendemain du mot fin. Pas celui-ci.
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-" Je me suis déjà reconstruit
ils m'ont tout pris, ils m'ont fait souffrir, ils m'ont battu
ils ont voulu me tuer
ils m'ont privé de tout
pas seulement de nourriture et d'eau
pas seulement de mes parents
et de mes frères
(...)
et ils m'ont fait devenir ce que je suis
ce sont eux qui m'ont reconstruit (p. 127)"

Une belle rencontre dans ma librairie "Caractères" [Issy-Les-M], avec une connaissance rencontrée au fil de mon travail, grande lectrice, avec qui j'ai plaisir à discuter, régulièrement. Cette fois, je lui ai parlé de mon dernier coup de coeur pour l' ouvrage d'Hisham Matar "Le pays qui les sépare" [Gallimard], qu'elle a acquis , et de son côté, elle m'a parlé avec grande émotion d'une de ses dernières lectures:
un auteur dont je connais le nom sans jamais n'avoir rien lu de lui: Alain Blottière. j'ai donc choisi "Comment Baptiste est mort" , avec un sujet d'actualité des plus brûlants.J'ai ainsi appris qu'Alain Blottière a souvent
traité de l'adolescence et de ses tourments, errements....

La forme de ce roman est originale ,en offrant une alternance de questions-réponses à notre "anti-héros", Baptiste, lors de son débriefing, après plusieurs semaines de captivité dans le désert, enlevé par un groupe de
djihadistes, et le récit plus distancié nous narrant à la troisième personne, le vécu de la captivité de Baptiste- renommé par ses kidnappeurs, Yumaï [ nom d'un renard du désert)

Un roman troublant qui rappelle le fameux syndrome de Stockholm,qui provoque des sentiments ambigus chez les ex- otages envers leurs persécuteurs... Baptiste-Yumaï a souffert atrocement, et en même temps, il dit aussi qu'Amir, le chef qui l'a enlevé lui a appris aussi des nouvelles choses...dont l'expérience nécessaire de la solitude absolue (en le laissant tout seul dans une grotte éloignée, où il va découvrir des traces humaines
de dessins et peintures d'humains, qui vont le fasciner et l'aider à tenir le coup),pour l'endurcir et en faire un guerrier, etc.

Au fil de ce temps de captivité, il y a eu les mauvais traitements, les coups, les insultes, les menaces de morts, pour lui, ses parents, et ses deux frères..la prise de drogue, les fameux "cachets du courage"...la faim, la
soif... Un ensemble qui a provoqué chez Baptiste-Yumaï des trous noirs gigantesques...

au fil des échanges et questionnements avec la personne qui doit l'aider à évacuer "l'horreur" , et le lavage de cerveau subi, il va retrouver des bribes des horreurs subies et des actions qu'on l'a obligé à exécuter, dans un état second...

"-Ne dis pas ça
si tu sens de la cruauté en toi
non pas la petite cruauté que nous avons tous, mais celle qui pourrait amener à faire souffrir sans
autre raison que le regard de sa victime
à tuer par plaisir
si tu sens cette chose en toi, c'est parce que ces monstres l'ont fait entrer en toi

cette chose peut partir comme elle est venue, ce n'est pas une maladie incurable (...)

tu as beaucoup souffert avec eux
les bourreaux , ce sont eux (p. 195)"

Un roman tout à fait bouleversant, écrit avec beaucoup de justesse , d'économie d'émotions [ce qui nous percute de plein fouet, d'autant plus...]; une forme de narration fort originale... et très resserrée, compacte...



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Après avoir été enlevé avec sa famille par des terroristes, Baptiste est le seul à revenir vivant.
Mais est-il réellement vivant?
L'histoire tragique d'une destruction lente et préméditée nous est dévoilée avec une alternance de récit et de séances chez le psy au cours desquelles Yumai (anciennement Baptiste) semble réticent à tout révéler.
La monstruosité, l'inhumanité des terroristes est décrite en toute simplicité et neutralité; sans jugement. Notre lecture et notre empathie vis-à-vis de ce qu'a vécu cet adolescent font le reste.
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Un livre d'une grande beauté malgré un sujet glaçant, celui de la prise d'otages et de la transformation d'un jeune adolescent de quatorze ans en un autre malgré lui.
La forme mi- romanesque à la première personne pour narrer les souvenirs qui émergent après les traumatismes, mi- dialogue de débriefing avec les autorités , en l'occurence ici un psychologue pour localiser l'endroit de la détention par les djihadistes de la famille du jeune homme et l'aider à verbaliser l'indicible de son vécu.
Le décor dans un désert écrasé de chaleur avec la peur constante de mourir, l'abandon dans une grotte couverte de desssins préhistoriques en guise de rite initiatique, la fausse camaraderie du groupe soumis au désir d'un chef imprévisible, l'apprentissage du métier de guerrier et de la survie, tout cela donne une image fort juste de ce que vivent les otages perdus à jamais, même s'ils sont retrouvés en vie ce qu'illustre le changement de prénom du héros.
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Que dire en tournant les dernières pages ? On a plutôt envie de décrire ses sentiments en tant que lecteur : colère, bêtise, inhumain, monstre, assassin, mouton, et encore plus. Dialogue entre un jeune garçon et on suppose un psy ou éducateur. Baptiste raconte, par petites touches, ses années de captivité, après avoir été enlevé, lui et sa famille, par des djihadistes. Lecture rapide pour un récit dérangeant avec une scène d'une telle force que ce livre n'est pas pour les âmes sensibles. Trop dur pour moi.

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C'est dans le cadre du prix des CBPT (Culture et Bibliothèque Pour Tous) association dont je suis membre, que j'ai eu à lire "Comment Baptiste est mort" le superbe mais terrifiant roman d'Alain Blottière. Et j'avoue que l'ouvrage refermé depuis quelques jours déjà, j'en suis encore retournée.

Il raconte l'après, après l'enlèvement d'une famille par des terroristes dans un désert, après la libération d'un seul des cinq membres de cette famille composée des parents et de trois fils. Baptiste est en effet le seul… et nous assistons à son interrogatoire par une personne non identifiée. Difficile, en effet, de savoir s'il s'agit d'un psychologue destiné à aider Baptiste, devenu Yumaï, ou d'un agent en recherche d'informations sur les ravisseurs, leurs pratiques, le lieu de détention, ou les deux à la fois.

Les chapitres alternent entre interrogatoires et récit intérieur de l'adolescent. J'ai beaucoup aimé ce roman d'une grande force, d'une profondeur indicible, servi par une écriture si simple qu'elle n'interfère en rien dans l'importance des faits. le dialogue fait de phrases courtes chiches en ponctuation, de questions sans réponses, d'informations livrées sans être sollicitées, sublime les éclaircissements révélés, par bribes, avec douleur. Baptiste est là, certes, mais ailleurs aussi, il a oublié, peut-être, ne souhaite pas dévoiler, sûrement. Il est interrogé mais c'est lui qui mène la conversation… il est des choses qu'il ne veut pas, ne peut pas divulguer. Alors forcément le dialogue est haché, les blancs nombreux, le mutisme récurrent. Et puis vient le récit intérieur de sa mémoire qui petit à petit renaît, les descriptions minutieuses des endroits, de sa vie là-bas où, quelque part il est resté. On s'imprègne de la douleur, de la souffrance, des humiliations, et, parfois d'un espoir, d'un désir d'y retourner, "J'aimerais retourner là-bas rien que pour le ciel, la nuit, la magie des étoiles". Et puis il y a la grotte et ses dessins…"Ces choses sont la preuve que les hommes de ce temps adoraient les djinns comme des dieux, qu'ils étaient des égarés. Je t'ai laissé dans cette grotte (c'est Amir, l'un de ses geôliers qui parle) pour que tu comprennes cela. Que tu voies à quoi ressemble un temple d'égarés avec toutes ces images sacrilèges qu'ils ont dessinées. On va jeter des pierres sur ces icônes illicites, puis on va les cribler de balles et pour finir on fera tout exploser." Et je ne peux m'empêcher de penser à Palmyre. Et le dialogue reprend, difficile, douloureux.

Véritable plongée dans le coeur et la tête d'un adolescent à la personnalité volée par des êtres manipulateurs, à la fois violents et fascinants, étude méticuleuse de leurs procédés, sérieuse réflexion sur le jihad, le récit, sidérant, impensable mérite amplement les prix dont il a été couronné.
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Le récit se détricote au fur et à mesure que les pages se tournent. Il alterne entre les échanges oraux de Baptiste et d'un psychiatre ou d'un agent de l'anti-terrorisme et un texte narratif, linéaire, qui relate les faits. Progressivement, le jeune adolescent, qui a eu 14 ans lors de sa captivité et qui est devenu un « homme », recouvre la mémoire.

Il y a eu l'enlèvement tout d'abord. Ses deux petits frères, sa mère, son père et lui-même ont donc été kidnappés. La peur, l'humiliation et peut-être même la honte, se sont télescopées. L'image dégradée de son père est à mon sens la source originelle de la suite des événements. Lorsqu'on est enfant, la vision du père s'apparente à « mon père ce héros »; adolescent on surfe sur « mon père ce connard »; mais dans notre cas c'est « mon père ce loser ». Et la souffrance infinie de cela est terrible.

La vie d'otage a du ensuite s'organiser -la faim, la soif, la peur, le froid de la nuit qui s'oppose à la chaleur sèche de la journée- rythmée par les AK-47, les prières et les odeurs des tentes.

Plus tard, Baptiste est devenu Yumaï. le groupe de djihadistes l'a lobotomisé. Il y a eu les pilules du courage mais aussi la solitude, voire l'abandon, dans la grotte dite des « hommes d'avant ». Hypnotisé par la beauté des paysages et de la voie lactée, Baptiste devient à ses dépens un « homme » au sens des terroristes, pour la plus grande satisfaction d'Amir, le gourou du groupe.

Enfin, Baptiste a été relâché. Les autorités françaises l'ont pris en charge. Mais que s'est-il passé? Il faut reconstituer les bribes de souvenirs enfouies dans l'inconscient pour obtenir le puzzle final, sauf que la folie de l'homme est sans aucune limite.

Un roman coup de poing, alourdit par les silences, où il n'y a ni héros ni réponses. Seule l'adolescence, fragile articulation dans nos histoires personnelles, est décortiquée dans sa perte absolue de repères.

Je remercie Gallimard et la fameuse masse critique de Babelio qui m'ont permis de lire cet ouvrage que je vous recommande.
Lien : https://leslivresdecamille.w..
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Un roman traité comme un thriller psychologique où l'auteur alterne les entretiens de l'adolescent avec un probable psychologue et le récit des ses souvenirs. Un livre poétique avec la beauté du désert, et la quête initiatique du jeune Yumaï dans une grotte, où les premiers hommes ont laissés sur les parois des peintures. Mais un livre qui bascule soudain dans l'horreur absolue. Un récit à l'état brut, sans aucun jugement, un style sobre et c'est ce qui fait la force de ce roman, où Alain Blottière dévoile petit à petit la manipulation mentale,l'admiration voir la fascination de Baptiste devenu Yumaï. Un roman bouleversant et dérangeant, mais hélas d'actualité.
Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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Baptiste semble être le seul survivant d'une famille enlevée par des terroristes. Un psychologue (on le suppose), tente d'assembler ce dont Baptiste se souvient et ce qu'il occulte volontairement ou non.
Le livre alterne entre la « discussion » avec le psy et les épreuves terribles que cet adolescent de 14/15 ans a vécu dans le désert et dont il se souvient ; il survit ; il est mort-vivant.
Alain Blottière nous livre l'horrible réalité des enfants guerriers et laisse en suspens l'espoir de les « récupérer ». Terrifiant, glaçant.
Et dire que j'ai « aimé » serait inconvenant mais j'ai lu presque d'un trait grâce à une écriture fluide et facile.
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Alain Blottière - un écrivain dont j'ignorais l'existence - signe là un roman étonnant et terrible. le héros est un garçon de 14 ans, prénommé Baptiste. Avec ses parents et ses deux frères, il a été enlevé par des djihadistes, quelque part dans le Sahara. Libéré par la suite, seul, il est invité à un debriefing quotidien avec un psy. le livre se présente sous deux formes différentes: d'une part les difficiles dialogues avec le psychologue, d'autre part un récit "objectif" de son vécu d'otage. de très fortes résistances et des réactions d'amnésie freinent la prise de conscience de ce garçon, dont l'esprit a été laminé par les conditions très dures de sa détention. En fait, sa personnalité a été en quelque sorte "réinitialisée" par l'influence des ravisseurs qui lui ont donné un nouveau nom, Yumaï - qu'il continue à revendiquer, après sa libération. En fait, il n'arrive pas à réintégrer son monde d'origine et, malgré les souffrances passées, son coeur est un peu resté dans le désert… Mais, dans le roman, la cruelle vérité finit par transparaitre sans ambiguïté.

Pour écrire, l'auteur s'est sans doute appuyé sur divers témoignages d'anciens otages. Dans des circonstances extrêmes, la plasticité de l'esprit humain peut se révéler incroyable. le "lavage de cerveau" est une technique efficace, mais une véritable coopération peut aussi apparaitre entre bourreau et victime. Celle-ci peut survivre à de graves traumatismes, au prix de troubles psychiques et d'amnésies. Quant aux chefs djihadistes, il est clair que leur cas relève uniquement de la psychiatrie, et non pas de leur prétendue idéologie religieuse; dans le roman, la perversité cynique d'Amir est particulièrement révoltante. Malgré mon dégoût pour ce personnage, je n'ai pas vu venir le dénouement du flash-back; pourtant, il est bien préparé (je m'en suis convaincu en relisant le dernier quart du livre).

Sur le plan littéraire, il y a de "belles pages" (même si elles sont empreintes d'amertume, voire de désespoir). L'évocation du second séjour de Yumaï dans la grotte est particulièrement intense. C'est un livre qui se lit très vite, mais qui laisse des traces profondes.
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