Dans le monde c’est comme dans le jeu, et dans le jeu c’est comme dans le journal d’il y a quelques années, cette histoire merveilleuse, un fait divers de quatre lignes en dernière page : un arbitre de football siffle la fin du jeu alors que celui-ci commençait à peine, qu’aucune faute n’était arrivée et que tout s’acheminait vers sa fin normale, ver sa fin habituelle. Il renvoyait les joueurs au vestiaire au bout de quelques minutes. Avant de disparaître, il signait un papier – une note pour ses employeurs, un billet d’excuse comme à l’école -, une phrase plus obscure encore que l’absence de toute phrases : crise soudaine d’ennui. Vous connaissez cette tentation. Souvent vous connaissez cette envie de sortir du jeu, pour aller voir la lumière blanche dans le ciel large.
C'est le contraire de ce qu'on dit qui est le vrai. C'est toujours ce qui est tu, qui est le vrai. Le couple finit avec l'enfant premier venu. Le couple des amants, la légende du cœur unique. Avec l'enfant commence la solitude des jeunes femmes. Elles seules connaissent ses besoins. Elles seules savent le prendre au secret de leurs bras. La pensée éternelle les incline vers l'enfant, sans relâche. Elles veillent aux soins du corps et à ceux de la parole. (…)
Et que, de tout cela, personne ne vous sache gré, jamais. Les jeunes mères ont affaire avec l'invisible. C'est parce qu'elles ont affaire avec l'invisible que les jeunes mères deviennent invisibles, bonnes à tout, bonnes à rien.
Les solitaires aimantent le regard. On ne peut pas ne pas les voir. Ils emmènent sur eux la plus grande séduction. Ils appellent la plus claire attention, celle qui va à celui qui s’absente devant vous.
Il y a des choses plus durables que la mort, il y a des amours bien plus clairs que de vivre [p41]
Chanter c’est confier sa voix à la vérité d’un silence, à la justesse d’un souffle, tremblant dans son envol, lumineux dans son déclin.
Le temps passé dans l’amour n’est pas du temps, mais de la lumière, un roseau de lumière, un duvet de silence, une neige de chair douce.
Par les livres on apprend l’éternel, l’immuable.
L’abondance des choses empêche de voir.
Ce qu'on apprend dans les livres, c'est la grammaire du silence, la leçon de lumière. Il faut du temps pour apprendre. Il faut tellement plus de temps pour s'atteindre.
Les enfants sont comme les marins : où que se portent leurs yeux, partout c’est l’immense