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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un nouveau petit livre de Christian Bobin qui m'a profondément touchée.
J'ai songé en le lisant aux livres de Antonio Moresco. La forme et le style d'écriture ne sont pas les mêmes. Mais Christian Bobin comme Antonio Moresco prête une telle attention aux êtres et aux choses, aux "petite lumières" qui les habitent, qu'il parvient à abolir la frontière entre la vie et la mort.
Une simple phrase et tout est dit :

"Le manque est la lumière donnée à tous."
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Je lis depuis de très nombreuses années les textes de Christian Bobin, dont j'aime infiniment la petite musique si spéciale, si épurée...si poétique

Cette fois encore je suis bouleversée, admirative... de tout ce que l'auteur signifie, exprime en des mots d'une limpidité extraordinaire... et pourtant là, je sors de ce livre avec un sentiment très fort d'oppression, de peine, car après vingt ans... la disparition de la femme aimée reste lancinante, omnisciente , fulgurante... alors notre auteur, bien sûr, aime la vie, les petites lumières magiques du quotidien, la poésie extrême des instants, de Dame Nature....mais le coeur reste transpercé de "couteaux"..impitoyables...

"Comprends-moi: je veux juste te dire que respirer, simplement respirer sans toi, faire un pas en direction de la fenêtre que la neige dévore, c'est recevoir des milliards de coups de couteau. " (p. 68)


je reprends ce court texte...et je tombe sur la dédicace :
"Pour Ghislaine ce livre hanté"... et cet adjectif "Hanté"... me paraît convenir on ne peut mieux...à ce qui m'a traversé comme émotions contradictoires en lisant à petits pas, ce texte "pulvérisant" d'amour mais aussi de peine inconsolable... même si il y a les mots, l'écriture, l'amour, la beauté de l'existence et de l'extraordinaire littérature, qui soutiennent, aident à ne pas désespérer complètement...


"Comprends-moi: je veux juste te dire que respirer, simplement respirer sans toi,faire un pas en direction de la fenêtre que la neige dévore, c'est recevoir des
milliards de coups de couteau. " (p. 68)


"Ce soir il neige sur ta tombe. Les poètes russes avec leurs gueules cassées et leurs bonnets d'astrakan viennent me voir. Ils sont morts bien avant ta naissance. Ils me parlent de toi. La vie est atteinte, son secret est levé dès qu'un livre accueille le déchirant et le pur. J'écoute le chant de quelques fous des années trente- Des Russes qui dans la nuit se penchent avec moi sur ta tombe." (p. 68)

Mais comme chaque fois la lumière et l'espérance résident également au fond du plus sombre: l'absence de l'Etre aimé: "« Je t'écris pour t'emmener plus loin que ta mort. ».

Je ne peux que réitérer mon bouleversement intense à la lecture de ce dernier texte... je l'ai débuté cette nuit... ne l'ai pas lâché...même si il est bref... comme tous les écrits de Christian Bobin, il est nécessaire de les lire lentement ,de s'imprégner de chaque mot...et je me permets d'achever cette très imparfaite chronique par cet extrait qui formule tant du Remède qu'est l'Ecriture:

"L'écriture quand je ne lui donne pas la main, je lui réserve toutes mes pensées, comme ce paysan qui au fond de son lit pense à ses bêtes, aux soins qu'il faudra leur donner au matin. Qui m'a appris à écrire ? Sans doute la voûte bleutée des hortensias, le temps que mettait Dieu à venir et bien sûr ta nonchalance- cette brutale décision de ne jamais désespérer. (p. 15)
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« Ta voix est accrochée aux silences de ce monde comme le crin doré d'un cheval aux barbelés d'une barrière. »

J'ai hésité. Longtemps. Puis je me suis retenue. Tant que j'ai pu. « Une goutte d'eau se suicide dans l'évier après une longue hésitation. » Et les vannes ont lâché. Cette phrase de Bobin est assez emblématique de ce que j'ai ressenti en lisant Noireclaire. Il ne se contentait pas de me dire, de me faire ressentir ...je voyais les choses, mêmes les plus sombres, les plus douloureuses aussi « L'abandon est ce tremblement de terre que la bête du coeur devine avant qu'il n'arrive. » J'étais touchée. Pas tout de suite, certes. Mais au fil de la lecture la boule, celle qui serre au fond de la gorge est apparue. J'ai commencé par ralentir la lecture. J'ai essayé de trouver des prétextes (genre, c'est un exercice de style, il parle un peu de fleurs, un peu d'une femme, un peu de ci de ça) et puis j'ai été prise dans le tsunami, la déferlante des émotions. Tsunami, ce mot japonais qui signifie « vague d'orage », c'est exactement ça. Bobin nous berce comme le ressac pour nous foudroyer d'un éclair « La reine du jeu d'échecs, quand elle tombe, c'est le ciel étoilé qui tombe. Chaque case de l'échiquier devient un puits rempli de cris », entre deux espaces aériens « Ce journal de la veille dans le caniveau : un gant mort, une ruche en ruine. Si les poèmes ne connaissent pas cette fin c'est parce qu'ils donnent des nouvelles du ciel, jamais du monde », aérant son texte d'intervalles salvateurs. J'ai vécu une partie de sa douleur au travers de ses volutes fleuries.

« Lire est une passion lente. S'émerveiller d'un rire gravé dans l'air va plus vite à l'essentiel. »
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"Très beau petit livre de Bobin adressé à celle qu'il aimait. Beaucoup de pureté, de douceur, de lumière. "

Ceci était ma première critique, mais après relecture du livre, je voudrais la compléter.

J'ai toujours aimé Bobin, je l'aimerai toujours, aussi ai-je aimé ce petit livre sensible, poétique, qui éclaire sur la vie et la mort.

Cependant, si je veux être honnête, et même si ça me fait mal de penser ainsi car j'aime vraiment infiniment cet auteur, je suis restée un peu sur ma faim...
J'ai comme l'impression que parfois Bobin se répète, qu'il n'ose plus aller plus loin que ce à quoi il nous a habitués, que le succès a bloqué son inspiration. Pour avoir lu tous ses livres, je "n'entends plus son cœur battre" comme il le laissait battre avant, dans ses livres "d'avant le succès". Impression qu'il se complaît un peu toujours dans les mêmes figures de styles, qu'il n'ose plus innover, se livrer, comme il le faisait avant de connaître cette vague de grand succès. Je ressens une forme de "blocage".
J'espère le voir se "réveiller", nous surprendre, dans ses prochains livres.
Ce qui n'empêche que j'ai quand même beaucoup aimé "Noireclaire".
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Dans ce livre au format plus grand qu'à l'accoutumée,  Christian Bobin enlève des briques au mur du temps pour garder de sa bien aimée une image égale au plaisir de l'avoir connue.
Il nous rassure sur le grand passage en nous susurrant que le sourire est la seule véritable preuve de notre passage sur terre.

Chaque livre de Christian Bobin est une ode à la confiance en la vie, malgré la mort qui rode.

Chaque phrase de cet opus est une poésie à part et toute entière.

Chaque mot de Noireclaire révèle, dans sa simplicité et sa justesse, la révélation de la nécessaire contemplation à la nature qui bouillonne autour de nous.

Chaque lettre sur le doux papier beige n'est qu'une note sur les partitions que nous écrit cet admirable poète du quotidien.

Sans le savoir, les morts de notre vie nous libèrent de certains jougs en construisant notre devenir et Christian Bobin se saisit de la puissance de l'écriture pour nous emporter au pays de l'intime, qui nous permet de sentir la douleur du deuil avec des nuances différentes.
Lien : http://justelire.fr/noirecla..
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Livre impossible à commenter tant il ne correspond à aucune catégorie. Pas un roman, pas tout à fait un poème mais un savoureux mélange des deux.
Christian Bobin se dévoile à nouveau dans ce court texte et avec beaucoup de pudeur sur la femme de sa vie décédée. A lire "La plus que vive " dans lequel il l'évoquait déjà et que j'avais personnellement trouvé encore plus fort.
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De petites pensées en jolies phrases, Christian Bobin nous revient, puissant et authentique, délicat et intact, à travers des mots dont lui seul a le secret. Un pouvoir des mots qui, associés, ont ce don de surprendre, d'interroger, de toucher. Autant de pensées, réunies en un recueil précieux et doux qui se savoure, page après page, avec lenteur et humilité.
Nulle histoire ici, si ce n'est la plus essentielle, celle de la vie, des sentiments qu'elle nous inspire, de son rapport avec la mort et de son souffle vital. Ici, la disparue côtoie la fleur, le tremble, l'oiseau. Tous la rappellent, la représentent et l'incarnent.
Une oeuvre dont lui seul a le secret et qui nous entraîne comme toujours, dans une vie intérieure riche et infinie.
Lien : http://leblogdeyuko.wordpres..
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Un format inhabituel, un texte aéré, des phrases lapidaires, des formules, des réflexions, des sentences, une ode à la femme aimée trop tôt disparue, une poésie intense liée au souffle d'un oiseau, à la couleur des cieux.
Un riche recueil qui souvent m'a ravie, m'a parfois laissée perplexe mais qui toujours m'a donné envie de savourer chaque instant de mon existence, chaque sourire de la vie en ses petites choses.
Lire un écrit de Christian Bobin, c'est se nourrir l'âme. Au détour d'un sentier, au chant d'un oiseau, certains de ses mots vous reviendront et enrichiront l'instant de leurs résonances.
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L'écriture poétique de Christian Bobin semble parfois me révéler à moi-même. Elle est comme un voile qu'il lève sur le monde, on voit plus clair, on voit plus triste aussi parfois.
Cette Noireclaire est dédiée à sa compagne morte il y a plus de 10 ans à qui il avait fait la promesse d'écrire. Promesse tenue sans pathos, avec beaucoup de lumière et de joie... mais bon, j'ai trouvé ça triste aussi.
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merveilleux de pudeur, poésie, sensibilité : le prix Nobel ? oui !!!!
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