Aliette de Bodard steampunk Paris. Fantasy urbaine en mode enchanteresse, un genre de Harry Potter pour adultes, les anges en plus.
Enfin, les anges... Ceux à qui Dieu a retiré les ailes et chassé de la cité divine. L'une d'entre eux vient se crasher au beau milieu des Galeries Lafayette en ruine, le corps démantibulé, les os brisés. Cela fait un bout de la cité divine au béton parisien.
Mais les anges déchus récupèrent vite. Ils sont gavés, ras la timbale, de magie. Un reste de leur grâce divine en quelque sorte.
Aliette de Bodard ne s'attarde guère sur cet aspect mystico-religieux (tant mieux) et se consacre surtout à la lutte qui opposent les Grandes Maisons qui ont déjà manqué de s'autodétruire. Les Anges diffèrent peu des humains, finalement : ils n'apprennent pas.
Ces Déchus et autres créatures magiques se débattent dans un monde en ruine, ruines causées par les ambitions des Maisons qui ne pensaient qu'à supplanter la voisine.
Aliette de Bodard trace à grands traits son univers et ne nous livre pas toutes les clés. Pour l'instant, on suppose que l'on entrera possiblement en possession du trousseau, vu que ces FLÈCHES D'ARGENT ne sont que le premier tome d'une trilogie.
LA CHUTE... commence très fort et arrive en peu de pages à camper des personnages attachants, mystérieux, sur lesquels plane l'ombre d'Etoile du matin, le premier des Déchus. Puis, cela se grippe.
On navigue un brin à vue dans un brouillard narratif plaisant, ne comprenant pas l'entièreté de ce Paris des années folles, ravagé, mais peu décrit en fait. Un Paris cité, arpenté mais qui manque de chair. En revanche,
Aliette de Bodard sait insuffler un vrai souffle à ses protagonistes, elle développe une belle palette de caractères qui s'entrechoquent, s'aiment, se haïssent et essayent de survivre. Aux ombres. A la malédiction qui rode.
C'est là où ce roman pêche le plus. Ce sort funeste jeté des années auparavant, il tombe un peu comme le pavé sur le CRS, un poil soudainement. Je suis resté sur ma faim quant à la résolution, avec un "tout ça pour ça" qui vient sans faillir à l'esprit.
Certes, la plume de Aliette Bodard ne manque jamais et son style précis, chaleureux, nous accompagne jusqu'au bout. Cependant, au final, si cette CHUTE est un vrai plaisir de lecture, sa construction un brin bâclée, un dénouement capillotracté sévère l'empêchent d'accéder à l'excellence
Je replongerai, néanmoins, volontiers dans ce Paris réenchanté, pour voir si le brouillard se dissipe. Espérons le : laisser trop de questions sans réponses mobilise une "aura" particulière qu'il n'y pas ici, à mon sens.
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