Je crois savoir pourquoi les poètes sont malheureux. Parce qu'ils sont du signe de l'invisible. Que leur façon d'aimer est mystérieuse et souvent sans gloire.
La douleur est comme une pyrogue qui court le long des nerfs. P7
Buenos Aires on dirait une ville pleine d'oiseaux aux yeux cernés.
Même les pierres te donnent l'impression de s'être arrêtées.
Avec des paysages qui devraient être pleins d'Indiens.
Il n'y en a plus un.
Je crois savoir pourquoi les poètes sont malheureux.
Parce qu'ils sont du signe de l'invisible.
Que leur façon d'aimer est mystérieuse et souvent sans gloire.
Tu verras le bonheur, c'est un tout petit truc de rien du tout qui fout le camp dès que t'as le dos tourné.
(en parlant d'un ami disparu subitement)
J'étais là.
Je croyais que t'étais ailleurs.
Tu n'étais plus là !
J'ai vu ton âme s'envoler dans une bateau blanc qui vire et coule en disparaissant comme une virgule au loin.
Je suis resté cinq ans à l'héroïne. A me regarder mourir. Cinq ans à me faire des trous dans le bras. Cinq ans à voler des petites cuillères. A faire bouillir le cheval avec l'eau des chiottes. A me chercher les veines comme un singe. Cinq ans !
Seul au milieu des haleines fraîches, je me fraie mon chemin à coups d'angoisse. Et la mienne et la leur. Marchant vers un autre bateau plein d'odeur. La cale est ouverte, et l'oiseau de feu me livre enfin son ventre. Je suis mon propre mousse, mon propre matelot, mon propre capitaine.
Alors je vogue, je tangue, toutes voiles dehors jusqu'au port où comme une brute j'ecrase mon corps contre la jetée.
Fusillé par les projecteurs. En pleine lumière. J'ai tout joué. Toujours cru que la vie n'était qu'une répétition générale d'autre chose. J'ai joué ma vie.
Mate le bonheur à travers la vitrine du magasin des produits fins. Mate la qualité du tissu, chaussures à lanières, jambes bronzées. Ça c'est la femme qui sent bon. Tu pues des pieds, Paulo. Rêve pas. Tes baskets c'est du clafoutis.