Paris, 1948. le narrateur est un psychanalyste en fin de carrière. Il a soixante-douze ans et il compte, inlassablement. Il compte le nombre d'entretiens qu'il lui reste à faire avant de partir à la retraite. Quatre-vingt-huit séances. Lorsqu'il a commencé, il était enjoué, plein d'illusions et persuadé de pouvoir faire une différence. Aujourd'hui, les patients se succèdent et lui, il décompte. Il s'ennuie et n'écoute que d'une oreille distraite, tout en pensant à l'après… quand il sera retraité, que les douleurs due à son arthrose s'amplifieront au point de l'empêcher de se déplacer avec sa simple canne, quand il sera seul, reclus dans sa maison.
Lorsqu'
Agathe apparaît dans son cabinet, il est furieux. Une nouvelle patiente, quelques mois avant son départ ? C'est impensable ! Il n'aura jamais le temps de l'aider, quant à la guérir, n'y pensez même pas ! Pourtant,
Agathe arrive et avec son attitude froide et distante et, pourtant, beaucoup de grâce, c'est tout le monde de ce psychanalyste au bout de rouleau qui est chamboulé. Et alors qu'elle se dévoile, expose ses émotions et ses failles au grand jour, mais toujours avec beaucoup de pudeur, ce sont toutes les certitudes du psychanalyste qui volent en éclat. Soudainement, il ne s'agit plus d'un médecin et de sa patiente qui se retrouvent dans ce cabinet parisien, mais deux êtres humains qui, au fil de leurs échanges, s'aident mutuellement.
La relation de soin peut-elle s'inverser ? Un patient peut-il, même malgré lui, aider un praticien à avancer, à panser ses blessures ? On dit que la thérapie et la vraie vie ne doivent jamais se mélanger… mais sont-elles réellement dissociables ?
Ce court récit soulève de nombreuses questions qui, en tant que patiente et en tant que soignante, me questionnent et me fascinent depuis des années… et nous montre que rien n'est figé et que tout est possible, lorsque l'on touche à l'humain.
Le premier roman d'
Anne Cathrine Bomann est aussi doux et poétique qu'il est intelligent et profond, tout en oscillant délicieusement entre onirisme et réalité grâce à une prose délicate et maitrisée.