Depuis quelques jours, suivant vos conseils, je propulse mon manuscrit dans le XXIe siècle. Si, si, vous avez bien lu. Je reprends la première partie que j'avais rédigée à l'époque sur une antique machine à écrire qui vit une retraite bien méritée dans le grenier d'un collectionneur.
Si un jour vous vous sentez perdu dans la vie mouvementée des grandes villes de ce monde, faites une pause et passez me voir à la pointe bretonne ; vous verrez que l'horizon reste stable, quels que soient nos tourments.
les choses qu'on laisse inachevées nous accompagnent toute notre vie comme autant de douleurs chroniques qui résistent aux meilleurs antalgiques.
Aviez-vous choisi l’hôtel Beau Rivage parce qu’il est tout au bout de la pointe ? Et croyez-vous réellement que le fait de se rendre au fond d’une impasse aide à ouvrir d’autres routes ?
Curieusement, il n'y a qu'à l'adolescence que l'on plonge en amour comme si on allait mourir le lendemain. Plus nous vieillissons, plus nous tergiversons ; comme si le temps n'était plus compté. N'est-ce pas étrange ?
J'ai repris le vouvoiement pour nos échanges. Je crois qu'il en sera ainsi encore un certain temps. Ce "vous" de courtoisie que vous ne connaissez pas en langue anglaise donne au français une valeur inestimable et une supériorité dans la formulation. Pour cette raison, j'écris avec plus de bonheur aux gens que je vouvoie.
Du point de vue qu'offrent nos vingt ans, la vie paraît accueillante et, si on soupçonne qu'elle mettra sur notre route des obstacles à surmonter, on se pense prêt à affronter les assauts des océans, les grains portés par le ciel et la furie implacable des grandes villes.
Qu'importe après tout ? Les mensonges ne mettent-ils pas finalement sur la voie de la vérité ? Et mes histoires vraies ou fausses, ne tendent-elles pas toutes à la même fin, n'ont-elles pas le même sens ? Alors qu'importe qu'elles soient vraies ou fausses si, dans les deux cas, elles sont significatives de ce que j'ai été et de ce que je suis. On voit parfois plus clair dans celui qui ment que dans celui qui dit vrai.
Comment pourraient-ils comprendre ma passion pour la lecture? Eux qui sont persuadés qu’on peut oublier de vivre à force de se glisser dans l’existence des autres...
Je sais qu'une histoire peut accaparer nos étés et nos automnes. Je sais qu'un roman peut nous embarquer si loin qu'il nous pénètre et nous transforme à jamais. Je sais que des personnages de papier peuvent modifier nos souvenirs et rester pour toujours à nos côtés.