AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,89

sur 120 notes
5
14 avis
4
17 avis
3
6 avis
2
0 avis
1
1 avis
Le titre à lui seul est déjà une ambiance qui va si bien avec cette histoire digne d'un Giono.
L'entêtement des hommes, la bêtise, le manque d'instruction, l'appartenance au clan ... tout est rude dans ce petit village de montagne où rien ne semble avoir bougé depuis des lustres.
Chasseurs contre un jeune berger l'affaire semble pliée d'avance, mais c'est dans l'écriture imagée, forte et au mot toujours bien choisie que la magie opère.
Une description tellement juste de la bêtise humaine, de la frustration qui mène à la haine et de la lâcheté de ceux qui se taisent.
Une très belle découverte que cet auteur
Commenter  J’apprécie          110
N° 1510- Novembre 2020.

La certitude des pierresJérôme Bonnetto – Éditions inculte.

Ségurian est un village de montagne où le temps s'est arrêté depuis longtemps, avec la fête annuelle de son saint Patron, Saint Barthélemy, et les libations qui vont avec. Ici, rien n'est destiné à changer, ni les familles ni les habitudes. Jacques et Catherine Levasseur, après une longue vie de labeur citadine avaient décidé de venir finir leur vie ici, dans la maison d'un grand-oncle. Leur fils Guillaume était parti à son tour pour faire de l'humanitaire en Afrique, une manière comme une autre de voir le monde. Quand il est revenu et après un petit boulot, il a pris sa décision : il sera berger, avec laine et fromages, chèvres... Après tout, c'est un retour à la terre de la part d'un jeune homme, un intellectuel et une force de la nature, plutôt dans l'air du temps. La montagne est à tout le monde et ses troupeaux de moutons y paîtront, il a toutes les autorisations, sauf que ces arpents sont aussi le domaine des sangliers que les gens du village chassent depuis des lustres et les chasseurs sont un clan dont Joseph Anfonsso est le chef respecté, une façon comme une autre de s'approprier une partie du territoire commun au nom des traditionnels « droits acquis ». La cohabitation s'annonce difficile, il faut donc parlementer mais le berger, bien que jeune, ne s'en laisse pas conter et, sûr de son bon droit, ne lâche rien, fût-ce devant Joseph. On devine la suite, le combat inégal et solitaire pour Guillaume dont les rares partisans ont droit eux aussi à leur lot d'avanies et de coups bas, l'omerta hypocrite d'un village coupé en deux et qui satisfait tous ceux qui se croient autorisés à y faire régner leur loi, évidemment celle du plus fort. le tout face à la fierté du berger et sous les yeux de Jeanne, sa compagne enceinte et perturbée, d'Emmanuel, le jeune fils de Joseph, soumis à son père mais très attaché à Guillaume et qui ne comprend rien à ces querelles d'adultes, de Jacques et Catherine, impuissants, du maire qui ne veut pas de vagues, de la maréchaussée attentiste, pas vraiment pressée de faire respecter l'ordre public, d' une justice peu curieuse. ..
On songe à Jean de Florette et, à la bonne volonté du berger s'oppose la méchanceté du clan des chasseurs couverts par l'anonymat. On en devient même paranoïaque et on ne tarde pas d'instituer Guillaume comme le bouc émissaire,  le responsable de tout ce qui cloche dans le village. L'ambiance oscille entre le simulacre d'une mort annoncée et l'éventualité d'un départ de Guillaume, sa volonté de poursuivre son rêve face à résistance aveugles des chasseurs, l'acceptation d'un destin et la fatalité, le tout dans le décor grandiose de la montagne, remarquablement évoqué par la plume poétique de Jérôme Bonnetto.

Ce roman se décline à travers six fêtes annuelles de la Saint-Barthélemy dont le simple nom, pas vraiment choisi au hasard, a laissé dans notre mémoire collective sa trace violente et intolérante de gens qui ne pouvaient ou ne voulaient pas se comprendre. Comme pour souligner la progression de l'intrigue et de la tension qui va s'installer entre Guillaume et tout le village, à chaque attaque des chasseurs répond une réaction de l'autre camp et la spirale de l'incompréhension et de la brutalité va crescendo. Chacun se défend, on s'en prend au chien de Joseph, aux moutons du berger, bref la paix de ce petit village perdu est durablement troublée par ce qui aurait dû être une bonne nouvelle, l'installation d'un jeune berger et de sa compagne, le rajeunissement d'un village vieillissant. J'y vois le scénario d'un combat inégal mené par le plus fort, bien campé dans ses certitudes et sûr de son pouvoir, le rejet de l'autre, de celui qui est différent et qui ne veut pas se plier aux injonctions de ceux qui sont ici comme chez eux qui se croient autorisés à y faire régner leurs ukases. le choix d'un village de montagne est de ce point de vue particulièrement significatif. J'y vois aussi la volonté de ceux qui veulent à tout prix s'opposer à la réalisation du rêve des autres, même s'ils doivent pour cela tout détruire. C'est le triomphe de la lâcheté, celle de ceux qui n'osent pas agir au grand jour, de ceux qui n'hésitent pas à trahir par peur, pour ne pas perdre la face ou pour s'affirmer, un travers de l'espèce humaine un peu trop répandu et qui ne correspond pas vraiment à l'image qu'on en tresse un peu trop souvent.

Jérôme Bonnetto nous raconte cette histoire en y mêlant agréablement poésie et humour et ce malgré la charge dramatique d'un récit qui tient en haleine jusqu'à la fin. C'est fort bien écrit et cela a été pour moi un bon moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          80
Un superbe roman sous la plume d'une très belle écriture. Ce sont des phrases qui vous transportent, arrivent à vous émouvoir et à donner à ce texte une force peu commune. Un petit bijou de roman noir. Chronique complète sur le blog

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
Commenter  J’apprécie          80
Guillaume Levasseur est nouveau venu dans cette région ombrageuse. Il entend y réaliser son rêve de bergerie loin de la ville et vivre paisiblement. C'est sans compter sur la présence inamovible et menaçante des chasseurs de sanglier là où une partie de son troupeau est en pâturage. C'est avec les atouts du conte noir et de la poésie que Jérôme Bonnetto élabore ce roman rocailleux et brûlant.
Commenter  J’apprécie          70
Alors que les éditions Inculte nous ont habitué.e.s à toutes sortes de pérégrinations citadines, voilà qu'elles nous projettent à Segurian, un village de montagne, qui surplombe son cimetière où les âmes qui y dorment sont plus nombreuses que les vivantes.
Pistou, moutons, chasseurs et traditions indécrottables auront raison de la tranquillité de ces paisibles montagnes. Ce roman d'une belle noirceur est une farce de haine et de mesquinerie à boire jusqu'à la lie. Une chronique campagnarde de la haine ordinaire et tenace. Et servi par un plume affûtée , un style au cordeau, justement tendu, qui envoie du lourd.
Commenter  J’apprécie          70
Splendide roman psychologique qui construit, sur la base d'un fait divers, une atmosphère pesante d'un petit village du Sud de la France. Les métaphores sombres colorent un texte captivant.
Lien : https://blog.lireka.com/fr/
Commenter  J’apprécie          70
Ségurian, village de montagne de quatre cents âmes, auxquelles s'ajoutent les milliers qui reposent au cimetière.

"On dit parfois que les vivants ne font pas le poids".

Un pays à l'intérieur d'un autre pays, indissociable d'une sécheresse qui n'est pas que celle d'un climat propice aux cyprès et aux oliviers. On en est, de ce village, avec un sentiment d'appartenance atavique qu'on ne saurait pas très bien exprimer, mais qu'on sent dans son ventre. Ici, c'est la terre qui décide, et les seules règles qui vaillent sont celles, tacites, qu'imposent des pratiques ancestrales qui se transmettent de père en fils. Comme chez les Anfosso, où l'aîné mâle hérite depuis plusieurs générations non seulement de l'entreprise de construction familiale, mais aussi de la passion pour la chasse, désormais inscrite dans leur ADN. Et ils ne sont pas les seuls : à Ségurian, un habitant sur quatre est chasseur.

Les Levasseur eux, ne comptent qu'une seule génération sous terre. Autant dire qu'ils restent des pièces rapportées, des "estrangers" comme on dit ici, qui ont encore à faire leurs preuves. Leur fils Guillaume, après avoir baroudé quelques années au loin, est de retour, en quête de fusion entre sa vie et son travail, entre l'homme et la nature. Il se dit qu'il pourrait être heureux ici. Il a des projets et le caractère pour les mener à bien. C'est un chêne, Guillaume, un grand gaillard, travailleur, entier et résolu. Un physique de déménageur breton, mais le verbe de l'intello -c'est qu'il a fait des études-, ce mot qu'on ne prononce ici que du bout des lèvres de peur de se salir la bouche.

Aussi, quand il se lance dans l'élevage de chèvres, ça titille la méfiance. Des chèvres à Ségurian ? Si on laisse faire, bientôt les aiguilles tourneront à l'envers, les sources se tariront, et l'ogre viendra manger les enfants ! Mais on se contente de rester circonspect, l'affaire périclitera d'elle-même, dans un an on n'en parlera plus. Sauf que loin de péricliter, l'affaire prospère, et finit par empiéter sur le territoire des chasseurs. Aux premiers heurts relativement contenus, Guillaume se montrant conciliant mais refusant de céder puisqu'il est après tout dans son bon droit, succède bientôt un affrontement à la violence croissante. Les chasseurs s'échauffent, se prennent pour les cow-boys des westerns vus à la télé les soirs d'été, défendant leur territoire et leur virilité à coup de hargne et de vulgarité. Engagé dans un combat dont il exècre les règles, celui que tous surnomment "le berger" découvre peu à peu en lui des marécages de haine contre lesquels il s'efforce de résister.

Mais le combat est inégal : Guillaume est isolé, doit fait face au silence, voire à l'hostilité de l'ensemble du village. On a là deux mondes irréconciliables, un fossé que la peur de l'autre, le rejet de sa différence rendent infranchissable. Ici, la valeur d'un homme se mesure à l'odeur transpiration et poussière, et si le berger est vaillant, on n'accepte pas qu'il sache aussi bien manier le verbe que la houlette. Entre la main et la tête, il faut choisir…

Un roman âpre et intense, auquel la plume de Jérôme Bonnetto instille un lyrisme qui jamais ne déborde, son écriture précise et imagée laissant une empreinte forte et durable.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          60
Roman très court avec un récit simple. Un jeune homme idéaliste et déterminé réalise son rêve en devant berger dans un petit village de 400 âmes.
L'installation de cet étranger perturbe la quiétude de ce village notamment des chasseurs. Une rancoeur et animosité s'installent entre les protagonistes.
Des chasseurs, des moutons, un berger, des chiens, des sangliers et des abeilles sont au coeur de cette histoire.
L'histoire se déroule sur 5 chapitres autour de la fête de la Saint Barthélémy (1 chapitre par année).
La saint Barthélémy : date fatidique qui rappelle un massacre historique !
Sommes nous si éloignés de ce massacre si célèbre ?
Amis lecteurs à vous de juger !!!
Ce roman est une belle pépite.
Commenter  J’apprécie          60
Ce livre est une très belle découverte, faite dans le cadre du prix Cezam 2021. L'écriture, remarquable, nous fait voyager dans ce pays de montagne à la rencontre d'hommes qui ne savent pas communiquer et qui restent camper sur des positions ancestrales. Une belle analyse psychologique de la bêtise humaine !
On s'attache à Guillaume et ses moutons qui bien que soutenu par ses proches se retrouve seul à lutter contre cette bêtise.
Un auteur à découvrir et à faire connaître.
Commenter  J’apprécie          60
Guillaume Levasseur est un jeune homme qui a bourlingué de par le monde. Quand il débarque dans le village de Ségurian, encastré parmi les montagnes, il sait qu'il va pouvoir vivre là, créer quelque chose, et être heureux. Il ne demande pas grand-chose d'autre. Alors, il décide d'élever des moutons. Il les emmènera en pâturage dans les hauteurs et vivra chichement de leur viande et leur laine.

Au village, s'il est une tradition qu'il ne faut pas changer, c'est bien la chasse au sanglier. Ils sont une poignée à se donner rendez-vous, pour faire une battue dans la montagne, accompagnés de leurs chiens féroces. L'arrivée d'un berger en plein terrain de chasse est vue comme un défi, surtout venant d'un étranger. Il y a une chose dont ils sont sûrs, c'est qu'il va falloir qu'il parte, coûte que coûte.

Il y a une deuxième tradition qu'il ne faut surtout pas changer : La fête de la Saint Barthélémy. Ce jour-là, le village est en liesse, on mange, on boit, on rit. Cette date du 24 août, c'est une date incontournable pour tous et ce n'est pas un berger qui va la perturber.

Il faut avoir bien du courage pour écrire et même éditer un roman dont l'intrigue fait penser à Jean de Florette et dont le cadre ressemble à s'y méprendre à des grands classiques de la littérature française ; on peut parler d'Emile Zola, Jean Giono entre autres. Et pourtant, ce roman dépasse les comparatifs et porte en lui sa propre identité, autant par sa construction que par son style.

De la construction, je noterai le rythme donné par les fêtes de la Saint Barthélémy, pendant six années de suite comme autant de chapitres. Et pendant chaque année, on va voir l'intrigue se dessiner, se construire, et les deux camps se monter l'un contre l'autre. Guillaume va développer sa bergerie envers et contre tous, modernisant petit à petit ses installations, remportant des succès comme cette renommée quant à la qualité de la viande qu'il fournit. de l'autre, le clan des chasseurs, aveuglés et enfermés dans leurs traditions d'un autre temps, se montant la tête pour chasser l'intrus, l'étranger, l'autre qui les nargue dans leur bêtise.

L'histoire va évidemment être dramatique et pour autant, ce roman est passionnant par cette plume qui alterne sur tous les registres avec toujours autant de justesse. Tantôt elle nous prend à parti, tantôt elle est poétique, atteignant des hauteurs immaculées, tantôt elle se veut vulgaire, ou plutôt populaire. Mais à chaque fois, elle est unique car totalement assumée et personnelle.

Si on peut être surpris mais jamais rebuté, on ressort de cette histoire avec un goût amer dans la bouche mais ébloui par quelques morceaux de littérature éblouissants. Car plusieurs fois dans le livre, j'ai levé la tête des pages et me suis exclamé : « Ouah ! Trop fort ! ». C'est un vrai livre d'auteur et je ne peux que vous encourager à le découvrir. le voyage en vaut largement la chandelle.
Lien : https://blacknovel1.wordpres..
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (217) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2871 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}