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COUP DE COEUR


JEROME BONNETTOLA CERTITUDE DES PIERRES - Editions INCULTE – Paris - 01/2020 - 189p - ISBN 978-2360840274– 16 € 90

AUTEUR
Jérome Bonnetto est né en 1977 à Nice. C'est son 3e livre. D'abord footballeur, il poursuit ses études en maths puis en lettre. Il enseigne à Prague le cinéma et la littérature.

RESUME
Guillaume Levasseur, jeune homme idéaliste s'installe berger à Ségurian, village de montagne. Il va se heurter aux chasseurs qui n'acceptent pas que des moutons paissent sur leur territoire.

CRITIQUE
C'est une histoire de sectarisme, celui d'un village qui vit de générations en générations selon ses traditions et valeurs ancestrales. le jeune berger, qualifié « d'intello » est considéré comme « l'étranger », car ses racines ne sont pas assez anciennes. S'ensuit une guerre de « sape » organisée par Joseph Anfosso « le chef du village ».
Le berger est naïf face à des chasseurs violents. le langage âpre utilisé par l'auteur, fait ressortir leurs côtés abrupts. On sent le clan et la force du groupe face à un homme presque seul. Les descriptions des paysages, de la montagne, de la vie des habitants sont rudes.
Le récit est rythmé par les Saint Barthélémy annuelles. le découpage est original car au fil des ans, Les tensions dénaturent la fête et montrer les tensions lors d'un moment de joie est très parlant. On voit évoluer les personnages et la désignation d'un « bouc émissaire » à tous les maux du village. Les doutes des chasseurs face à cette hallali affleurent pourtant.
Ce livre est un coup de coeur. On aurait pu l'appeler « chronique d'une mort annoncée » pour reprendre un titre de Garcia Marquez. Les personnages ne nous laissent pas indifférents malgré tout et on comprend les points de vue de chacun bien que l'empathie maximum aille au berger.
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Du temps a passé depuis que j'ai lu ce livre. J'ai oublié le prénom de certains personnages, mais je n'ai pas oublié sa force et ce qu'il a provoqué en moi.

Milieu rural, Segurian, petit bled paumé avec la montagne pour décor.
Guillaume, qui n'est pas un enfant du pays, vient y réaliser son rêve : créer une bergerie. Il est instruit, droit, fiable et courageux. Il retrousse ses manches et ne rechigne pas à la tâche.
Les gens du coin, notamment Joseph Anfosso, gardent un oeil sur cet énergumène travailleur et costaud qui vient glisser, un à un, et bien involontairement, des grains de sable dans leur engrenage. En effet, la vie à Segurian est bien réglée, les rituels immuables, les amitiés solides. Et faudrait voir à ce que ça ne change pas trop....

Au rythme des fêtes successives de la saint Barthelemy, les tensions se font jour et s'amplifient petit à petit jusqu'à ce que la situation entre Guillaume et Joseph ne devienne insupportablement tendue. Des deux côtés, la rage s'immisce et se tapit prête à surgir à la moindre faille.
Joseph n'a pas les mots. Une colère rentrée rugit en lui face à un Guillaume capable de le terrasser uniquement par la langue. Lui n'a comme seules armes que le groupe, l'intimidation et la violence.
Son statut de chef de clan est mis à mal par la force du langage de Guillaume, par sa droiture et le fait qu'on ne peut rien lui reprocher. Rien d'apparent en tous cas, car en Guillaume s'éveillent des sentiments nouveaux, une bête noire et impatiente de sortir les crocs, qu'il parvient tant bien que mal à maîtriser....

Jusqu'à quand ? Jusqu'où ?
Ces questions nous hantent tout au long du récit et évoluent de manière vertigineuse de pages en pages.....

Un livre fort, sur l'incapacité pour certains individus de se rencontrer, sur la difficulté d'accepter l'autre et de se remettre en question. Guillaume renvoie à Joseph ses faiblesses, son manque d'instruction et de droiture. Celui-ci ne le supporte pas et choisit l'escalade des ressentiments plutôt que le risque de s'ouvrir, de changer de repères.

Un livre court, au rythme rapide, mais puissant pour qui aime à explorer les chemins tortueux que parcourt l'âme humaine.
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Après avoir travaillé quelques années en Afrique pour une ONG, Guillaume Levasseur décide de poser ses valises à Ségurian, un petit village (fictif) du sud de la France, entre mer et montagne, où ses parents ont décidé de s'installer pour leur retraite. Un peu idéaliste mais téméraire, il veut bâtir une bergerie et y élever des moutons.
Mais dans ce village de montagne où les traditions régissent la vie quotidienne des habitants depuis des générations, les chasseurs ne voient pas son installation d'un bon oeil, en particulier Joseph Anfosso, maçon de son état qui possède avec son frère l'unique entreprise du village et a donc beaucoup d'influence ici, car pourvoyeur de travail. de plus, la famille Anfosso a toujours vécu là car c'est une des plus anciennes du village.
Même si le berger a acheté sa terre et si la pâture est autorisée sur les terres communales, ils étaient là avant et comptent bien le faire valoir. Là, ils ont toujours chassé le sanglier et ne veulent en rien changer leurs habitudes.
De désaccords en représailles, au fil des années marquées dans le roman par la fête annuelle de la Saint Barthélémy, la tension monte et, ce qui aurait pu s'arranger à l'amiable, devient une véritable obsession, chacun en faisant son affaire personnelle, ce qui ne manque pas d'exacerber l'orgueil des hommes, d'obscurcir leurs pensées, jusqu'à croire que c'est de la survie du village entier qu'il s'agit...

Ce livre emprunté en médiathèque au hasard, simplement attirée par le titre, est une petite pépite pour qui aime la montagne et les lieux retirés du monde.
Il ne s'agit pas seulement d'une "histoire de moutons, de chiens et de loups", comme la présente avec humour son auteur, mais d'un roman qui nous dévoile le fond des âmes, car il nous parle de la nature humaine. le lecteur est confronté à la bêtise et à la folie des hommes.

C'est l'histoire de deux mondes qui s'affrontent malgré leur ressemblance et des valeurs communes, et cela jusqu'au drame.
Dans ce village refermé sur lui-même, les hommes sont rudes et taiseux. Ils tiennent à l'ordre établi, c'est rassurant. La vie est rythmée par le travail, les fêtes, les naissances, les deuils.
La peur de l'étranger (celui qui n'est pas d'ici et n'était pas là pour connaître l'histoire du village) est bien présente, elle devient hostilité, puis violence. Ceux qui voudraient parler, prévenir ou même s'opposer, ne le font pas, même si le roman nous fait part de leur ressenti.
Le lecteur entre facilement dans l'ambiance particulière de ce village retiré du monde, dans lequel même le maire et les gendarmes n'arrivent pas à calmer les esprits, et à faire respecter la loi.

C'est un roman noir, écrit dans une écriture simple, mais terriblement évocatrice et souvent poétique, en particulier quand l'auteur décrit la beauté des montagnes. Heureusement, l'auteur sait mettre un peu d'humour... entre les lignes.
Les personnages sont remarquablement vivants, et l'auteur prend du plaisir à les mettre en scène, car bien entendu, le lecteur sent venir la tragédie, elle est inéluctable...c'est la fatalité et d'ailleurs le "fou" du village la prédit lui-aussi.
Une belle découverte !
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Savourez déjà le titre et puis comme souvent dans mes critiques, laissez-moi mettre en avant la maison d'éditions, ici "Inculte" fondée en 2004 par un collectif d'écrivains, traducteurs et philosophes.
Leur ligne éditoriale est très variée, atypique et intéressante dans l'écriture de ses auteurs.
Jérôme Bonnetto, français exilé depuis longtemps à Prague et c'est important de le savoir parce que son dernier roman ("Le silence des carpes", encore un bon titre) s'y déroule et est savoureux (voir critique bege 2002), alors attachez vos ceintures, vous allez être secoués, transformés et complètement accro à la lecture de son premier roman.
Tragédie en cinq actes, avec un prologue et un épilogue.
Installons-nous dans cette certitude des pierres, dans un village ancré dans les terres , une montagne dans le sud de la France.
Lieu isolé, sauvage, d'une beauté ancestrale et pétrie de traditions.
C'est dans ce contexte que deux personnages hauts en couleurs vont se rencontrer et s'affronter.

Guillaume, berger acharné dans son retour à la nature avec son troupeau de moutons qu'il vénère et qui lui apporte un bonheur et un confort de nouvelle vie.

Joseph, enfant du pays, chasseur de génération en génération, l'homme enraciné dans un territoire figé de certitudes et de racines.

Autour de ces personnages va se greffer une ambiance de village, rugueuse, minérale, animale, tendue d'aprioris, de replis sur soi, de la peur de l'étranger, de l'hostilité face aux changements.
C'est dans ce contexte que l'écriture de J.Bonnetto prend son ampleur, sa profondeur, sa vision de l'étroitesse d'esprit des hommes et le délire de leurs folies.
Roman d'une incroyable poésie, tendu et sauvage.
Ce magnifique roman paraît aujourd'hui en poche donc pas d'excuses pour en profiter.
A lire absolument et sans délai.


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Voilà un roman rural noir qui me rappelle un peu l'univers de Franck Bouysse ! Alors certes, il est un peu moins abouti et prenant que ceux de ce maître du genre mais franchement, il a beaucoup de qualités.

L'histoire se passe au sein d'un village de montagne où les traditions, notamment la chasse, sont légion. C'est un endroit où on n'aime pas la nouveauté, la différence. La plupart des esprits ne sont pas trés ouverts...
On est pas loin de la caricature, peut-être tout simplement d'une certaine vérité.

Et c'est là que Guillaume, revenu d'Afrique, décide de s'installer pour établir sa bergerie. Ses parents se sont eux mêmes installés dans ce village quelques années avant lui, reprenant la maison d'une aïeule et se fondant dans le décor.
Sauf que l'installation de Guillaume ne va pas plaire à tout le monde...car ses moutons vont déranger les chasseurs...Et en particulier Joseph qui se prend un peu pour le chef du village.

Je n'en dis pas plus...un roman sur les conséquences démesurées de la bétise humaine, un roman qui interroge et qui interpelle, car il est le reflet d'une criante réalité, malheureusement.

On le savait, mais ce roman le confirme, la paix dans le monde, ce n'est pas pour maintenant.

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Tu avances dans l'ombre de la défaite tous les jours. Un fantôme qui te suit et qui sait déjà que tu n'as rien à faire là. L'étranger au sein de ce village où seules les pierres sont témoins de ce qu'ils se passe. le silence complice, celui qui permet que jamais rien ne change. Brutal. Tradition, chasse et territoire, c'est acté depuis que le bon dieu a créé ce village. Une sorte de communauté menée par une famille, les Anfosso, une famille de chasseurs. le village tourne grâce à eux. Maître de chantier, présent aux offices religieuses, à tous les évènements du village, ils ont de l'influence, ils sont les bienfaiteurs du village. Les Régents au pays du silence.
.
Les choses sont immuables, elles ne doivent pas dévier du droit chemin, pourtant un jeune berger vas s'installer et commencer à bousculer l'ordre établi. S'en suivra une querelle de plusieurs dizaines d'années entre Guillaume et les chasseurs. Mais la pierre a la peau dure. On ne change pas quelque chose qui vaut de l'or, le silence. Les conséquences du changement seraient désastreuses, quand on est sous le joug d'une famille depuis des centaines d'années, que tout tourne autour d'elle, comment accepter le moindre aiguillage de sur une route déjà tracée depuis des millénaires.
.
La certitude des pierres, c'est une constante évolution de la solitude, celle qui ronge et brûle les entrailles, solitude, silence et après ? Quand l'amour d'une famille, d'un travail ne suffit plus qu'est-ce qu'il nous arrache à la vie ? L'orgueil, la fierté, celle du mythe de l'Homme et de son territoire, celle du bon droit, de la loi du Tallion. Ces mythes, prennent naissance dans la pierre rêche, anguleuse, à travers la poussière soulevée des suites d'une tête tranchée, d'un coup de fusil malheureux. L'envol des oiseaux, seuls témoins hissent L'Homme au-dessus de son égal l'homme.
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Jérôme Bonnetto livre ici un western intimiste , où il vaut mieux avancer le fusil à l'épaule, prêt. Au sein du silence profond réside toujours une petite flamme, un éclair de brutalité facile à raviver et à embraser. le feu primaire qui sommeil entre deux silex.
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Un polar pas très original certes mais qui propose une atmosphère lourde de silence et de non-dit , une peur diffuse qui étreint un petit village et qui attise les rumeurs et les rancoeurs. Jérôme Bonnetto fait parfaitement ressentir cette atmosphère particulière et propose un roman que l'on abandonne difficilement même si il n' y a pas grand mystère et que le final est prévisible dès les premières pages .
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J'avais dit à « lireaulit » que je lirai ce livre, il ne faut pas être trop pressé car c'est chose faite en 2023 , (son article date du 11 avril 2020), j'ai enfin pu rayer dans ma liste ce livre auquel elle avait attribué un « énorme » coup de coeur. J'ai aimé aussi , mais un peu moins qu'elle vous pourrez comparer nos deux points de vue.

C'est un roman qui raconte un drame en milieu rural montagnard. La famille Anfosso se sent propriétaire non seulement de chez eux, ce qui est normal après tout, mais aussi de la montagne environnante qui est leur terrain de chasse au sens propre, mais aussi des consciences de tous les villageois car il ne fait pas bon s'opposer aux Anfosso, surtout quand ils lâchent leurs chiens ou qu'ils sont armés de leurs fusils toujours chargés.

Guillaume, un beau jeune homme, fils de gens qui sont venus à la retraite dans ce village, décide d'y construire une bergerie.

Des moutons sur leur montagne ! les Anfosso, en particulier Joseph, ne peuvent le supporter. le roman se situe donc dans cette guerre et cette rancune si tenace et si amer qu'elle monte à la tête de tous les Anfosso . Tout le village le sent et sait que ça va mal se finir mais quand ce genre de conflit arrive dans un village fermé sur ses certitudes rien ne peut arrêter le torrent de la haine.

L'écriture cerne au plus près ce qu'il se passe dans ce genre de situation et nous entrons dans les réflexions les plus intimes de tous les protagonistes et en toile de fond le village qui est plus ou moins d'accord.

Je comprends bien le plaisir des mots et aussi celui que procure une tragédie annoncée au dénouement inéluctable, mais si j'ai un bémol à ce genre de lecture c'est justement que ce côté tragique ne raconte pas assez la diversité du monde. Les parents du beau et jeune berger habitent aussi ce village et ils y semblent heureux, pourquoi n'ont-ils pas réussi à briser ce cercle infernal ?

La jeune femme de Guillaume parle avec le médecin du village et on sait à quel point l'influence du médecin peut peser sur les consciences.
En réalité mon bémol vient de là , je ne crois pas à l'isolement de Guillaume, en revanche je n'ai aucune illusion sur le » bonheur » de vivre à la campagne.

Cela reste un bon moment de lecture et une très belle écriture.
Lien : http://luocine.fr/?p=16217
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On sait dès le début comment ça va finir. le village de Ségurian est un village de chasseurs. Quand le néo-rural Guillaume Levasseur établit une bergerie sur le territoire traditionnel des battues, ça contrarie Joseph Alfonso. le chef des chasseurs, ses collègues et même son jeune fils, vont essayer de faire partir le berger. La Certitude des pierres décrit l'escalade d'une violence, le tempo des vengeances et des malentendus qui s'enchaînent jusqu'au drame final. La grande réussite de l'auteur réside dans ses tons de gris, la manière dont les gentils (le berger et sa famille) et les méchants (Alfonso et son clan) sont décrits sans caricature. le berger voit ses moutons se faire égorger et personne ne réagit. le chasseur cherche à écarter les mâchoires de son propre piège viriliste, mais ni le maire, ni le curé, ni ses amis ne l'aideront. « Quelque chose se mettait en place en deçà des lois d'Etat, un retour à l'étalon-or, au troc, à la loi biblique qui l'attirait hors de son bon droit. Il se sentait à égalité tour à coup dans cet ordre qui s'imposait à lui, sans texte, sans police, sans juge, mais pas sans une certaine logique, il devait bien le reconnaître. » Guillaume Levasseur aura beau prendre femme et devenir père, Alfonso aura beau sentir qu'il n'est pas si fort qu'il veut le laisser croire, tout est déjà joué.

Il est assez rare de lire un roman aussi fin sur les différences de culture dans un village français. Car c'est le village entier qui est responsable, qui, à chaque Saint-Barthélémy le 24 août voit monter le drame sans s'y opposer. Bonnetto dresse autant le tableau des déterminismes de chacun que de la lâcheté de tous.
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Lien : https://lesmonstres.org/2020..
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Une intrigue peu originale : le conflit entre le berger qui s'installe et les chasseurs qui défendent leur territoire. Mais l'histoire est bien amenée. Chaque chapitre est rythmé par la fête annuelle du village à la Saint Barthélémy (présage de massacre?). La rancoeur, la haine s'installent et finissent par ronger l'âme du berger et du chef des chasseurs. Lequel va craquer ? L'auteur décrit les personnages et les situations par des expressions imagées et manie l'ironie qui amène le sourire aux lèvres malgré le drame latent.
Lien : https://marie-livres.wixsite..
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