Après avoir travaillé quelques années en Afrique pour une ONG,
Guillaume Levasseur décide de poser ses valises à Ségurian, un petit village (fictif) du sud de la France, entre mer et montagne, où ses parents ont décidé de s'installer pour leur retraite. Un peu idéaliste mais téméraire, il veut bâtir une bergerie et y élever des moutons.
Mais dans ce village de montagne où les traditions régissent la vie quotidienne des habitants depuis des générations, les chasseurs ne voient pas son installation d'un bon oeil, en particulier Joseph Anfosso, maçon de son état qui possède avec son frère l'unique entreprise du village et a donc beaucoup d'influence ici, car pourvoyeur de travail. de plus, la famille Anfosso a toujours vécu là car c'est une des plus anciennes du village.
Même si le berger a acheté sa terre et si la pâture est autorisée sur les terres communales, ils étaient là avant et comptent bien le faire valoir. Là, ils ont toujours chassé le sanglier et ne veulent en rien changer leurs habitudes.
De désaccords en représailles, au fil des années marquées dans le roman par la fête annuelle de la Saint Barthélémy, la tension monte et, ce qui aurait pu s'arranger à l'amiable, devient une véritable obsession, chacun en faisant son affaire personnelle, ce qui ne manque pas d'exacerber l'orgueil des hommes, d'obscurcir leurs pensées, jusqu'à croire que c'est de la survie du village entier qu'il s'agit...
Ce livre emprunté en médiathèque au hasard, simplement attirée par le titre, est une petite pépite pour qui aime la montagne et les lieux retirés du monde.
Il ne s'agit pas seulement d'une "histoire de moutons, de chiens et de loups", comme la présente avec humour son auteur, mais d'un roman qui nous dévoile le fond des âmes, car il nous parle de la nature humaine. le lecteur est confronté à la bêtise et à la folie des hommes.
C'est l'histoire de deux mondes qui s'affrontent malgré leur ressemblance et des valeurs communes, et cela jusqu'au drame.
Dans ce village refermé sur lui-même, les hommes sont rudes et taiseux. Ils tiennent à l'ordre établi, c'est rassurant. La vie est rythmée par le travail, les fêtes, les naissances, les deuils.
La peur de l'étranger (celui qui n'est pas d'ici et n'était pas là pour connaître l'histoire du village) est bien présente, elle devient hostilité, puis violence. Ceux qui voudraient parler, prévenir ou même s'opposer, ne le font pas, même si le roman nous fait part de leur ressenti.
Le lecteur entre facilement dans l'ambiance particulière de ce village retiré du monde, dans lequel même le maire et les gendarmes n'arrivent pas à calmer les esprits, et à faire respecter la loi.
C'est un roman noir, écrit dans une écriture simple, mais terriblement évocatrice et souvent poétique, en particulier quand l'auteur décrit la beauté des montagnes. Heureusement, l'auteur sait mettre un peu d'humour... entre les lignes.
Les personnages sont remarquablement vivants, et l'auteur prend du plaisir à les mettre en scène, car bien entendu, le lecteur sent venir la tragédie, elle est inéluctable...c'est la fatalité et d'ailleurs le "fou" du village la prédit lui-aussi.
Une belle découverte !
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