Place du Paradis

Automne 2021. Marie est emprisonnée en France, dans le quartier d'isolement. Son premier parloir est avec Hélène Conrad, juge d'instruction au parquet national antiterroriste. Celle qui était mariée à un des bourreaux de l'Etat islamique ne parlera que si elle peut rencontrer Pierre Déjean.

Leurs destins se sont croisés en 2018. Quand la jeune fille a été appréhendée, en Syrie, le photographe accompagnait une patrouille de bataillons kurdes : les YPG. Marie veut l'interroger sur un cliché qu'il a pris ce jour-là.

Place du Paradis est un huis clos entre Marie, partie pour la Syrie, en tant qu'infirmière, plongée au coeur de Da*sh et Pierre, un reporter de guerre, qui essaie de comprendre si la société a trahi ces jeunes. le récit s'articule autour des souvenirs de la jeune femme, au sein de l'organisation terroriste, des réflexions de Pierre, des attentats perpétrés en Europe, les répercussions en Orient et les procès des attentats de 2015. Il est entrecoupé par des documents réels, tels que des extraits glaçants des audiences.

L'écriture est fluide et introspective, aussi, j'ai cru que j'allais lire ce roman en deux jours. Je me trompais. Je devinais que j'allais être remuée par ce texte, mais je ne savais pas que j'allais être aussi bousculée. Par moments, j'avais envie de poursuivre la lecture, mais j'étais forcée de m'arrêter, car elle me faisait mal. Il était essentiel pour moi de la continuer, mais par petits bouts. Les faits sont affreux, les paroles retranscrites des islamistes m'effraient et me révoltent. Place du Paradis fait écho à mes peurs et mes angoisses. Il m'a permis d‘approcher certains mécanismes qui entraînent la radicalisation, mais évidemment, je n'accepte pas la réponse. Je suis désemparée, car j'ai perçu que l'origine de celle-ci prend racine dans des faits anciens ; je n'entrevois pas de méthode efficace pour lutter. Une cellule est détruite, une autre naît. L'état du monde le montre chaque jour.

Ce roman m'a fait souffrir. Pourtant, il est nécessaire. J'ai apprécié que l'humanité de Pierre et sa volonté de comprendre éclairent ce texte à la thématique si sombre. Place du Paradis est un livre percutant, bouleversant, qui m'a meurtrie dans ma chair. Malgré la douleur qu'il provoque, je le recommande vivement.

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Merci aux éditions Recamier pour cette lecture. Depuis quelques années, je suis devenue adepte des romans de Xavier Marie Bonnot, qui aime varier les genres. Du polar au roman historique, il se balade dans des thèmes qui lui plaisent et qui attirent le lecteur. Ce nouveau roman ne fait pas exception. L'auteur nous plonge dans l'histoire contemporaine, avec pour message la nécessité de ne pas juger. 

On fait la connaissance de Marie et de Pierre. Pierre est photographe de guerre, habitué des théâtres de guerre les plus violents de la planète. Un jour de 2017, il est envoyé à Raqqa en Syrie, ville qu'il a connu par la passé, et où il a aimé flâner place du Paradis. Là au milieu de l'horreur, son chemin croisera celui de Marie, jeune française, qui endoctrinée par son compagnon à rejoint Daesh. Ils se retrouvent 6 ans plus tard au parloir d'une prison, car Marie de retour en France, veut bien parler mais qu'à Pierre. le début d'un tête à tête qui engage la réflexion.

Le moins que l'on puisse dire c'est que Xavier-Marie Bonnot ne se lance pas dans un sujet facile, voire même clivant. Car beaucoup d'entre nous ont été prompt à se faire un avis sur les jeunes qui endoctrinés, sont partis pour se battre. Et quand la question se pose de leurs retours, les dents grinçent .

Mais loin de porter un jugement, l'auteur à travers le personnage de Pierre, interroge et cherche à décrypter des mécanismes qui peuvent entraîner des jeunes en quête de sens dans de telles directions. 

Avec son style si fluide, il ne cache rien de la dureté et de la violence subie et exercée. Il délivre ici un roman qui bouscule, qui questionne, qui touche et qui finit par émouvoir dans son dénouement inattendu. Car on arrive à ressentir de l'empathie, là où on n'y croyait plus... 

Encore une preuve si quelqu'un en avait encore besoin du talent de Xavier-Marie Bonnot. 
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Pierre, photographe de guerre rencontre en 2017, en Syrie, Marie une jeune française qui a choisi l'État Islamique. Cinq ans plus tard, Marie revenue en France et emprisonnée demande à le voir.
Xavier-Marie Bonnot bâtit un roman fort, dur, dans lequel beaucoup de jeunes gens qui se cherchent trouvent leur voie dans des combats qui se déroulent pourtant loin de chez eux. L'on pourrait penser à des conversions menées sans trop de réflexion, à des impulsivités. Marie apparaît beaucoup plus complexe que ce cela.
L'une des forces de ce roman est de ne pas tomber dans le manichéisme, il nous aide à réfléchir à ces situations ; pourquoi des gens s'enrôlent dans cette guerre de religion ? Comment faire lorsqu'ils reviennent en France ? "Une porte de prison va s'ouvrir, une jeune femme attend un photographe. La haïr est facile ; la comprendre, c'est se mettre devant un miroir, y voir les échecs d'une époque, la dérive d'un siècle." (p.98)
Le romancier parle de notre époque, d'un monde qui va mal, de jeunes gens qui se cherchent, qui cherchent un but, un sens. Pierre, qui n'est plus tout jeune se pose aussi beaucoup de questions sur ce qu'il a vu et photographié, sur la transmission : "Le besoin d'écriture tarabuste Pierre, les mots l'obligent, l'oppressent et le prennent à l'âme. […] Mais aucun mot ne vient, pas de sujet, de verbe ni de complément. de l'imprononçable, de l'affreux, de l'impuissant du texte."
C'est un récit dur, qui cite des témoignages réels, qui, très profond, permet d'entrer dans les pensées personnages, de nourrir des sentiments contradictoires et une tendresse assez forte pour eux. Superbement écrit, dense, lent, c'est un roman qui laisse des traces

"Il y a toujours un avant dans la guerre, un précédent dans la généalogie d'une tragédie."

"Tu ne laisse aucun héritage, tu n'as pas eu d'enfant. Papa disait que nous n'avons pas la moindre idée de ce que signifie l'autorité. Elle a été perdue et cette disparition signifie la perte des assises d'une société."

2 destins se croisent à Raqqa, 2 générations que tout oppose.
Pierre, photographe grand reporter, qui gagne sa vie, à son insu, grâce aux malheurs des autres.
Marie, jeune française, qui a choisi de rejoindre l'état islamique.

Sur fond de djihad et terrorisme, on se remémore les attentats parisiens de 2015, Nice en 2016. Un gros travail de documentation fourni par l'auteur, nous éclaire avec des extraits du procès Abdelsam, avec également des témoignages de famille de victimes du Bataclan.
L'auteur traite de différents sujets tels que l'éducation, la transmission du passé familial, de la religion, pour essayer de comprendre cette femme qui se retrouve en Syrie, en guerre.
Certains de ces "combattants" ont des convictions, mais pas tous; alors pourquoi ?

L'histoire est poignante, dure et aussi emphatique. Les sentiments ont une place prépondérante. Une fin inattendue qui remue.
Un très bon roman.

Xavier Marie-Bonnot nous fait suivre les parcours de Pierre, photographe de guerre, et Marie, jeune femme ayant rejoint l'État Islamique. Nous découvrons leurs histoires personnelles, leurs réflexions, et leur relation qui naîtra en Syrie en 2017, et qui se poursuivra en 2022 au parloir de la prison où Marie est incarcérée pour terrorisme à son retour en France.

Si nous avons bien affaire à une fiction, celle –ci est entrecoupée par des témoignages des accusés du procès des attentats en 2021, ou par des articles de presse datant de 2015.

Le tout donne un roman bouleversant, dur, qui essaye de comprendre comment des jeunes peuvent s'engager dans le terrorisme, mais qui questionne aussi la part de responsabilité de la société et le poids de son histoire dans ce phénomène.

La 4e de couverture est on ne peut plus explicite sur le résumé de cette histoire.
Quand Pierre, photographe, se trouve en Syrie pour un reportage sur des français enrôlés dans la protection du peuple Kurde, il a fait un cliché qu'il ne pensait pas aussi important, pas plus qu'un autre qui serait à la une des magazines.
Et il y a Marie, qui s'est fait arrêter sous l'oeil de Pierre. Elle qui pleurait son fils Adam, qu'elle n'a pas revu sous la poussière des explosions..
Et ensuite, le procès du Bataclan avec Abdeslam, les attentats de Nice.. des images d'horreur qui nous reviennent à l'esprit..
Marie a été ramenée en France, en prison.. et elle donnera des informations à la seule condition qu'elle puisse parler à Pierre, par rapport à ses fameuses photos auxquelles elle tient..

C'est un livre dur, mais j'ai aimé sa construction, sa profondeur. On n'en ressort pas indemne.