J'avais lu "Le royaume par-delà les montagnes" étant gosse, et quand bien même il n'avait pas eu d'intérêt majeur pour le lecteur de fantasy aguerri, l'histoire m'avait bien plu et ma mère m'avait offert cette préquelle en cadeau d'anniversaire. Je m'étais ensuite rendu compte que l'auteure avait décidé de rajouter un tome intermédiaire entre les deux, bouclant donc une trilogie. Mais est-ce tellement une bonne idée ?
Je suis ressorti des "Fils d'Orbios" avec le même sentiment que le volume précédent : c'était sympa, sans plus. Là c'était du médiéval, là c'est du celtique (seulement deux générations plus tôt, ils changent vite de civilisations dans ce monde !), il y a des guerriers valeureux, des dragons, du vocabulaire un peu trop soutenu par moments compensé par une atmosphère conteur-au-coin-du-feu (si je dois quelque chose à ce bouquin, c'est bien de m'avoir indirectement inspiré l'un de mes personnages les plus fameux), en un mot comme en cent : du bon travail de classe.
Maintenant, si on regarde l'histoire en elle-même, disons que ça reprend les grandes histoires judéo-chrétiennes et les transpose dans un univers de merveilleux "classique". Ça, c'est original, me diriez-vous, d'autant plus qu'on nous donne des interprétations différentes de d'habitude autour de la fameuse tour de Babel. le problème, c'est que
Nathania Boschung, étant elle-même chrétienne, y va la plupart du temps avec de gros, gros sabots, ne changeant presque rien par moments (surtout dans la deuxième partie). Pourtant, l'histoire arrive quand même à prendre son envol avec deux arcs narratifs : celui d'Alaunos, jeune guerrier qui vit une aventure classique, mais parsemée de bonne idées allant d'un autre monde dont on ne connaît que les souterrains à une odyssée courte mais mouvementée sur un fleuve menant son peuple à une terre sûre ; puis la jeunesse du narrateur, voulant retrouver l'Éden perdu, et qui, au fil des épreuves, se rend compte qu'il lui sera à jamais inaccessible (d'où voyage initiatique, d'où réflexions sur l'homme). Il aurait fallu approfondir tout ça.
Ça fait donc un livre pas trop mal, avec quelques pépites et une belle couverture. Mais il va falloir creuser plus loin pour les "Héritiers d'Aedan"...