« Tous les volets mi-clos, dans la maison, il faisait assez frais. À peine si parfois on entendait le frémissement d'une mouche enivrée par un rai de lumière qui filtrait d'une fente. »
Pascal Dérivat, le narrateur, habite le mas familial Théotime, jouxté de terres fertiles et cultivées avec soin depuis de nombreuses générations. Se définissant comme un homme dont le coeur est aride et l'âme ombrageuse, il veille donc aux travaux quotidiens saisonniers (semailles et moisson, vigne et vendanges, verger et récolte, élevage ovin, ruches, etc.), loin de tout commerce humain autre que celui de ses métayers, la famille Alibert (père, mère, fils et fille). Seul, son voisin, le cousin Clodius, aussi sauvage que lui, arrive à le déstabiliser par ses petits gestes malveillants destinés à le décourager de cultiver son domaine. L'arrivée inopinée de sa cousine Geneviève qu'il a connue enfant, achève d'ébranler son confort et sa solitude, le temps d'un été fort chargé.
Je suis entrée dans ce roman doucement, bercée par l'écriture unique d'un auteur que je ne connaissais pas. Prix Renaudot 1945,
le mas Théotime, c'est surtout une atmosphère, celui d'un monde rural sorti du passé, déployé dans des pages où rien ne se passe, hormis les phénomènes naturels et leurs conséquences sur l'humeur et les actions des personnages.
En ce sens, j'ai préféré la dernière partie en forme de journal du narrateur, plus dynamique et parlante que le reste du récit, statique et répétitif. Cela m'est apparu, à la fin, une interminable prise de tête d'un homme que je ne suis pas parvenue à apprécier ni à comprendre.