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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La Provence âpre, celle du travail laborieux, des paysans animés par l'amour de leur terre, des jalousies, des rancunes venues du fond du temps, des querelles de bornages.
C'est là que Pascal Dérivat vit, seul au milieu de ses terres cultivées par la famille Alibert, des simples, des taiseux « modelés aux exigences de la terre. »
Lui il herborise, il a « le goût des plantes et des herbes » d'ailleurs il s'est réservé le grenier « le coeur de la maison » là il écrit, dessine, fait sécher arnica ou pariétaire et de là il regarde « filer les saisons ».
Il a été accepté par les gens du pays mais pas par Clodius, son cousin et voisin, un teigneux, un violent, un mauvais pour qui tous les prétextes sont bons pour déclencher une querelle.
C'est l'arrivée de Geneviève qui va mette fin à cette vie calme, Geneviève la cousine de Pascal, son amour d'enfance, celle qui a fait le choix d'une vie de tumulte et qui va faire flamber les hommes et jeter une étincelle sur ce pays où « l'air flambait en colonnes de feu et, du côté de l'aire, entre les meules, montait une odeur de blé et de fournaise »
Lorsque l'on retrouve Clodius assassiné c'est la fin de la tranquillité pour Pascal Dérivat.

Ne vous méprenez pas, il ne s'agit pas d'un polar, Henri Bosco est le peintre d'une Provence oubliée où les hommes font un travail harassant, luttant contre la nature
Son écriture est belle, ses mots sont magnifiques, j'aime sa façon de parler des gens de la terre qui ont eu « du blé et de l'huile, des fils, des filles et des maisons » sa prose mi-ombre mi-soleil à un petit parfum d'autrefois qui me le rend cher.
J'ai trouvé d'occasion un livre regroupant 5 des romans d'Henri Bosco ce qui tombait bien car mes livres de poche tombaient un peu en poussière, j'aurai donc l'occasion de vous reparler de lui

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Henri Bosco vous connaissez ? Moi le nom me parlait très vaguement, il avait un petit parfum de Provence et il m'évoquait des romans comme Pagnol, Giono. Et bien je ne me suis pas trompée. Quelle belle découverte d'écriture, d'ambiance.

L'auteur nous emmène au Mas Théotime où vit Pascal Dérivat, la quarantaine, propriétaire du lieu et des terres environnantes et à la manière d'un conteur  il nous fait vivre, l'espace d'un été, la vie dans ce lieu, avec le travail de la terre, les relations conflictuelles avec son voisin, Claudius, mais aussi son attirance pour deux femmes : Geneviève, sa cousine, qu'un tendre lien unit depuis l'enfance mais jamais concrétisé ou avoué, mais aussi Françoise, fille de ses métayers, avec qui il a une relation partagée entre amour et amitié. Mais un événement va bouleverser l'ambiance champêtre et jeté la suspicion voire l'angoisse chez certains.

Henri Bosco aime sa terre, son dur travail mais aussi les gens qui la travaillent. Il leur rend un magnifique hommage dans ce roman avec certes une histoire assez convenue de rivalités territoriales, d'attirance mais en y incorporant une intrigue qui va révéler des facettes inattendues de certains mais le tout avec subtilité, délicatesse et poésie.

Mais le principal héros de ce roman c'est le Mas lui-même, d'où le titre, que l'auteur rend particulièrement vivant, secret parfois, avec son grenier, ses granges, sa source et ses recoins.

Une écriture ciselée, fluide pour vous décrire une terre, des hommes simples et une vie qu'il aime, faite de cueillette d'herbes, de promenades de champs en prés, de contemplation mais aussi des exigences que réclame la terre car son héros n'est pas homme à se contenter d'engranger, il participe à tous les travaux agricoles par amour mais aussi comme un devoir : c'est une ode d'amour à un monde où l'on parle peu mais où les actes comptent plus que les mots, où la principale richesse est la terre. Les personnages sont présents, vivants, leurs portraits tellement bien retranscrits que l'on a presque l'impression de les connaître, de les avoir déjà rencontrés ou côtoyés.

Vous vous installez au mas comme en vacances, dans la chaleur d'un été de moissons, avec les  troupeaux en alpage et la bienveillance d'un couple de métayers, les Alibert, dévoués, travailleurs et discrets. Une vie simple mais pleine de sensations.  Cela sent bon la terre chaude, l'odeur des blés fauchés et les mille parfums de la nature environnante. Il y a la sueur, des rancunes pour des motifs oubliés mais aussi de la solidarité, des regards, des frôlements et tout ce qui fait que l'on passe un bon moment de lecture, un peu à la manière de Giono ou de Pagnol.

Certes la mise en route est lente mais en Provence rien ne se fait dans la précipitation, on vit au rythme des cultures et du temps, on pense lire un récit sur le bonheur de la vie rurale mais l'intrigue prend finalement toute sa place dans la deuxième moitié, révélant les personnalités, caractères (et parfois secrets) de chacun. 

Acheté pour sa reliure à l'ancienne, ce roman a été une belle surprise qui tombait à point pour une lecture dans la chaleur caniculaire de ce mois d'Août. Henri Bosco un nom qui ne me sera plus inconnu, une plume que j'ai apprécié et un univers dans lequel je me replongerai sûrement.


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Quand je lis ces romans écrits par des auteurs nés il y a fort longtemps, qui ne sont pas forcément au Panthéon des grands écrivains, je constate un goût pour les mots, pour le subjonctif, pour les phrases, différent des écrits actuels. Je ne doute pas qu'une telle écriture ne soit pas au format du jour, trop précise, trop de détours, trop de mots ...on y gagne en dentelles ce qu'on perd en efficacité. Il faut avoir le temps de les lire, de goûter et d'apprécier la subtilité de tous ces signes inscrits sur le papier... un peu comme entre un civet de lapin et un hamburger, plus de temps pour le préparer, des parfums subtils, plus rapide pour l'autre ( et je mange les deux) . Bref si on veut un texte avec de l'action et des rebondissements il vaut mieux lire autre chose car grosso modo il ne se passe pas grand chose dans ce coin de Provence.

Le mas Théotime c'est avant tout une histoire de terre, celle qu'on travaille patiemment et durement tout autant que celle qui vit d'elle même, le blé, l'orge et les plantes sauvages ...

Le narrateur, Pascal, est venu s'installer dans ce mas, appartenant de longue date à sa famille et se retrouve en conflit avec son cousin de voisin, un classique de la vie paysanne, la haine, l'envie pour quelques arpents de terre. La belle Geneviève cousine du narrateur va venir chez celui-ci. Une sorte d'amour platonique et contrarié lie ces deux là depuis l'enfance et perdure. Les tergiversations sentimentales du narrateur sont très, trop, présentes, tout à fait désuètes mais charmantes . Elle, elle fuit les effets de ses "passions", c'est une femme qui a des désirs et a souhaité vivre autrement que sa famille n'en avait l'habitude. Elle vient au mas se cacher d'un mari jaloux et fuir un mariage raté. C'est par elle que le cousin va lancer une attaque vengeresse.

Il y a des longueurs, des langueurs, des silences épais, de l'immobilité dans ce roman . La vie paysanne n'est pas faite de nouveautés, de bals et autres occupations citadines. Elle est labeur, habitudes, observation. Tout cela est parfaitement rendu dans ce roman.
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Le seul problème de ce livre, c'est qu'à son époque, il y avait tellement de grands auteurs et de grands textes qu'il n'est pas parvenu à émerger. Même avec un Prix Renaudot, c'est dire...
Ce livre est très bon, que ce soit dans l'expression de la solitude du personnage principal, son attachement viscéral et sensuel à sa terre, à la nature provençale, que ce soit l'énervante relation qui n'advient jamais, reste empêchée, avec sa cousine alors que tout est là. Que ce soit les personnages secondaires qui ajoutent et font un riche contraste avec Pascal. Tout ça est très bon. Très fin. Très juste.
Mais, voilà, quand on a beaucoup lu et le temps passant, ce livre n'émerge pas ou bien trop peu.
Il est pourtant LARGEMENT SUPERIEUR à beaucoup de productions plus récentes.
Un solide petit bout de l'histoire du roman.
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Après un début un peu lent - mise en place de l'environnement et des relations entre les personnages - on prend le rythme du livre et ce rythme nous prend; il s'agit ici aussi bien des hommes, des animaux que de la terre. On est en Provence, au pied des Alpes, dans un pays de taiseux dont l'auteur dit qu'ils sont "pleins de paroles intérieures". Pascal Dérivat est le personnage central: il s'est installé, seul, au mas Théotime dont il a hérité, depuis une dizaine d'années, et il y mène une vie active mais retirée; c'est un homme intelligent et cultivé avec un caractère sauvage. Un couple et ses deux grands enfants, les Alibert, sont ses fermiers; son cousin Clodius, un teigneux, est son voisin; les deux hommes se haïssent. Un jour, Geneviève, la jeune fille qui lui était peut être destinée, annonce sa visite; elle a mené une vie débridée qui ne lui a pas apporté le bonheur; Pascal lui, aspire à la paix, mais cette paix va être troublée par certains évènements dont l'assassinat de Claudius. Roman d'introspection d'un homme sensible, qui nous raconte une belle histoire de vie au rythme des saisons et des travaux des champs et de la terre, un temps perturbée par des sentiments trop forts, ce livre à l'écriture délicate et poétique est un enchantement; on n'oubliera pas cette belle musique et on envie un peu cette vie calme et sereine bien que très laborieuse.
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Si Bosco a pu évoquer pour moi quelques réminiscences d''écolière , c'est bien pour son roman "L'enfant et la rivière" , support incontournable des enseignants de l'époque ! J'ai souvenir de quelque chose de languissant donnant à bayer aux corneilles , malgré ce titre faussement prometteur ! Je me sentais flouée !

Il faudra que je le relise avec mes yeux d'adulte et surtout après cette réconciliation effective à travers la lecture de roman époustouflant qu'est "Le mas Théotime" !
Quelle frustration lorsque je me suis aperçue qu'il fut l'objet d'une LC il ya quelques années sur le forum ! Les échanges furent nombreux ( au vu du nombre de pages ) et j'imagine le plaisir de cette rencontre au sein d'un ....chef d'oeuvre oublié !

Si l'histoire se passe dans le Lubéron et qu'on entend les cigales chanter et que le soleil nous aveugle dès les premiers pages , ce serait une grossière erreur d'en faire un roman de terroir ! D'ailleurs je pourrais transposer cette histoire n'importe où : c'est un roman universel qui parle avant tout des hommes .....

Des hommes reliés à cette terre qui leur caresse ou leur brûle les pieds selon leur attitude .... Dans toutes les sociétés "primitives" , le langage entre les hommes s'établit par rapport à l'appartenance du milieu : et des codes sociaux s'en dégagent imprégnant les hommes au fil des générations et s'inscrivant dans la génétique ....

Et c'est à travers Pascal Dérivat et son histoire que Bosco dépeint avec une finesse descriptive rare , la psychologie de ces gens de la terre façonnés par l'histoire presque "clanique" sur leur tertre !
La conscience collective prime et la notion d'égo n'a guère de place dans ce contexte : face à Mère nature un seul homme ne suffit pas et la cohésion sociale est la seule issue !

Mais Pascal Désirat dès son enfance se démarque au sein de sa grande famille : un galopin déjà tourné vers l'introspection , sauvage et personnel . Adulte il ne saura adopter l'esprit grégaire et continuera farouchement à nourrir sa solitude et sa sensibilité malgré un retour sur les terres .....Néanmoins l'impact génétique est là , puissant et c'est dans ses racines qu'il trouvera la force pour continuer à faire vivre les terres ....
La trame romanesque est certes plaisante , mais au delà de ce fil directeur , ce sont les descriptions de Bosco pour dépeindre une psychologie de profondeur entièrement tournée vers la terre et le ciel , qui rendent ce roman puissant ....Une plume extrêmement légère , aérienne , pour retranscrire un monde rude , tourmenté et violent : c'est de là que tient toute la magie de ce roman !

Si Giono nous emporte avec une puissance sensuelle étonnante et exulte dans ses descriptions , Bosco nous entraine avec plus de douceur au sein d'une même nature ....
Si Giono réveille en nous l'animalité primitive , Bosco témoigne d'une volonté de canaliser les forces obscures en lui et autour de lui par l'esprit ....

J'ai été quasiment foudroyée par l'intensité cette oeuvre à multiples dimensions : un commentaire réducteur que celui-ci , j'en suis consciente , beaucoup de choses très pertinentes ayant été écrites sur le fil de la LC , je souhaitais juste insister sur quelques aspects qui m'ont touchée plus personnellement !
Le mas Théotime ? Un des plus beaux romans de ma vie de lectrice , à lire et à relire !
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"Car le vieil Alibert croit à la sainteté des bornes agricoles. Un champ ne devient tel, pour sa raison, que s'il a des limites bien établies. (…) Il a horreur des empiétements, même s'ils tournent à son avantage; et il n'est point, pour lui, de culture possible si l'on ne sait au juste où doit s'arrêter le labour et le jet de semailles. Une poignée de grains jetée à l'étourdie, et qui tombe chez le voisin est une impiété grave, et si le voisin, par mégarde, vous gratifie de sa semence, le vieil Alibert en arrache les épis dès qu'ils poussent en herbe, car il prétend les reconnaître parmi les siens." (68)

1945… à lire ce roman on se dit que c'était vraiment une autre époque. Il est le reflet d'une vie paysanne et d'une perception de la femme qui se sont fondus dans l'évolution de la société. On croise toujours des Alibert et des Claudius dans ma campagne, mais ils font figure d'îlots dans un monde qui a changé de perspectives et dont l'angle de vue s'est élargi.

Pascal fait figure d'original et tient en quelque sorte le rôle de l'artiste. Sa vie intérieure intense, sa relation profonde à l'esprit des lieux et son maniérisme sentimental donnent son charme à un récit écrit à l'ancienne, avec soin. La menace qui plane dans les collines rappelle Jean Giono mais sous une tout autre perspective. Point de chamanisme ici, mais la recherche d'une vie "morale" par la domestication des terres et des eaux sous peine d'être "livré aux mystères des forces impulsives" et de vivre "continuellement dans un état d'ivresse sourde ou de demi-démence". La sauvagerie guette si on ne trace pas correctement son sillon…

"C'était la peur qui soulevait en moi une colère contenue, et d'autant plus vive, dont l'amertume coulait déjà dans mon sang si prompt à s'assombrir. Je le sentais qui s'échauffait rapidement et de là provenait ma bizarre inquiétude, comme si, du plus profond de moi-même, une forme encore bien vague se fût détachée, qui me donnait le sentiment d'une intrusion. Quelqu'un semblait s'être glissé dans les parties basses et peu connues de mon âme, et, à travers l'obscurité qui y régnait encore, il cherchait en tâtonnant à arriver jusqu'à moi, déjà troublé par son approche silencieuse." (303)

Les effets de la malveillance, l'obsession, la dépossession de soi sont des points forts du paysage tracé par Henri Bosco. La silhouette du berger aux grands pas suivi docilement par ses trois brebis faméliques a pris valeur symbolique dans mon imagination.


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Il faut le lire quand il fait chaud, dehors, à l'ombre..
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Il s'agit d'histoires de famille évoquées au fil de quelques saisons avec leurs travaux des champs dans un mas et sa métairie annexe. Pascal vit simplement, un peu sauvage peut-être aux yeux du voisinage, aimant herboriser sur les pentes avoisinantes et rêver. Mais il y a cette amitié-attirance pour sa cousine Geneviève animée d'une fièvre et d'une passion qui sont mal vues chez les femmes de cette époque (début 1900 ?).
C'est un roman où l'on se laisse porter au fil des pages avec aussi une mini enquête sur la mort d'un propriétaire voisin.

Lien : http://toutzazimuth.eklablog..
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