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Critique de kristov1


Une mystification littéraire contemporaine ou BHL frappé de botulisme

Grâce à l'inénarrable (et qui irait se risquer à le narrer ? ) « philosophe » capilaire Bernard-Henri Levy dit BHL, Jean-Baptiste Botul est enfin sorti de l'ombre. Cet anonymat (maintenant très relatif) qui frappa longtemps Botul s'explique logiquement : Jean-Baptiste Botul, à l'instar de penseurs de l'antiquité, était un philosophe de tradition orale, par ailleurs qui oserait se revendiquer du botulisme ?

Biographie de Jean-Baptiste Botul

Essayons, malgré la rareté des documents consultables de retracer la biographie de Botul.
Jean-Baptiste Botul est né le 15 août 1896 à Lairière dans l'Aude. Son département d'origine ne l'a d'ailleurs pas oublié puisque l'auteur de ces lignes eut l'infime honneur d'assister à l'inauguration d'une rue Botul dans le petit village audois de Sougraine le 15 août 2003.

Si l'on en croit le botulien Jacques Gaillard, Jean-Baptiste Botul agé de 8 ans soudoya la soubrette de la famille (à l'aide de biscuits Lefèvre-Utile, plus communément appelés « Petits Lu ») afin de consulter la bibliothèque érotique parentale comprenant un recueil intitulé « par devant et par Lairière », l'introduction à la vie dévote de St François de Sales, les exercices spirituels d'Ignace de Loyola et la première édition hors commerce de « j'élève mon caniche » de Laurence Pernoud. Cet attrait pour le libertinage et le beau sexe sera dès lors une constante de la vie de Botul. On lui prête un grand nombre de liaisons amoureuses parmi lesquelles : Marthe Richard (qui sera sa fiancée), Marie Bonaparte, Simone de Beauvoir (liaison de quelques minutes selon les propres termes de Botul) ou encore Lou-Andréas salomé.

Il fit également la connaissance (mais à des fins moins érotiques) de Zapata, Pancho Villa, Henri Désiré Landru (en 1916), Stefan Zweig, André Malraux (en 1938), Jean Cocteau, Jean Giraudoux et François le Lionnais.

En 1917, en quête de la légendaire Atlantide, et semble-t-il en mission secrète au profit du ministère de l'intérieur français, Botul séjourne un peu plus d'un an sur l'ile de Clipperton. Il s'efforce successivement de faire vivre une Académie platonicienne, un jardin épicurien puis une communauté kantienne sans succès aucun. Il rejoint alors le Mexique où il rencontre Zapata et Poncho Villa. Participa-t-il à la révolution mexicaine ? Hélas, on ignore quasiment tout des éventuelles activités politiques de Botul.

Avant guerre, Botul est garçon de café « à la coupole » puis « aux deux magots ». Sartre le suit alors littéralement à la trace et recueille cette phrase de Jean-Baptiste : « L'existence précède l'essence mais de peu. » Sartre n'hésite pas à s'approprier la formule (légèrement tronquée) alors même, il est vrai, que Botul n'hésite pas à s'approprier « le castor ».

En 1937, après avoir vécu aux crochets de la comtesse Emilienne de Queylard, Botul exerce la profession de chauffeur de taxi et connait bibliquement une de ses clientes mineures (cf « Nietzsche et le démon de midi »). A ce sujet, il convient de noter qu'une confession pédophile autant qu'anonyme publiée dans le journal « L'aurore » intitulée « J'abuse » est parfois attribuée à Jean-Baptiste Botul.

Il compte parmi les libérateurs de l'Alsace en 1945, bien que sa participation à la résistance demeure sujette à caution. Devenu conférencier, il gagne en 1946 le Paraguay avec une centaine de familles allemandes fuyant l'avance soviétique; il fonde la ville de Nueva Königsberg qui fut le théâtre de ses célèbres conférences à l'intention des néo-kantiens.
A 51 ans, prématurément usé par une activité sexuelle et intellectuelle intense, il s'en revient s'éteindre au sein de son village natal le 15 août 1947.

La philosophie botulienne : le botulisme

Il est bien difficile d'étudier la pensée d'un philosophe de tradition orale donc n'ayant laissé aucun écrit. Fort heureusement existent les botuliens qui ont transcrit les propos de Botul ou écrit des ouvrages à son sujet. Je vous propose donc de résumer brièvement les livres se proposant de propager le botulisme (tous publiés aux éditions « Mille et une nuits »).

« La vie sexuelle d'Emmanuel Kant »

Il s'agit de la transcription d'un cycle de cinq conférences prononcées par Botul lors de son séjour au Paraguay. Il étudie la philosophie kantienne à la lumière de la chasteté complète du philosophe allemand. La thèse botulienne est la suivante : « les philosophes ont inventé un moyen extraordinaire de se reproduire : ils ne pénétrent pas, ils se retirent. Ce retrait porte un nom : la mélancolie. »

« Landru précurseur du féminisme »

Il s'agit du recueil des échanges épistolaires entre Landru et Botul. Ce dernier considère que « le monstre de Gambay » en brisant l'image du « prince charmant » que recherchaient ses conquêtes feminines, en les éclairant sur leur condition d'asservissment, éveillaient en elles les ferments du féminisme. Thèse révolutionnaire s'il en est !

« Nietzsche et le démon de midi »

Le 5 janvier 1937, à Neuilly, Jean-Baptiste Botul prend dans son taxi une jeune cliente mineure qui lui ordonne : « Cours Désir ». La nuit qu'ils passent ensemble dans Paris vaut à Botul de comparaître devant le tribunal professionnel des taxis. Botul construit sa plaidoirie en se comparant à Nietzsche en proie au démon de midi. Il en résulte que le « surhomme » n'est rien face à la « surfemme ».

« La Métaphysique du Mou »

Il s'agit sans conteste de l'oeuvre majeure de Botul, on touche là, enfin, à l'essence du botulisme qui peut être résumé dans ce passage éclairant : « D'une certaine manière, il entre dans les présupposés que le mou est un état corrompu du dur. Lequel est préférable – allez savoir pourquoi. L'ambition mécaniste spécule sur une perfection fonctionnelle du dur. Principe mâle ? Quoi qu'il en soit, tout objet dur semble posséder plus d'Être qu'une chose molle. Il se prête mieux au concept. Dans les morales antiques, mou et corrompu sont quasi synonymes. La vertu est rigide, le vice est mou. le mou, cependant, autorise une appréhension plus subtile de la substance. Et il y a certainement autant d'Être dans un flanc aux oeufs que dans un os de poulet.» (pages 23 et 24.)

A la lecture de ces lignes magnifiques, on comprend sans peine que BHL, bouleversé sans aucun doute, soit frappé de botulisme.

Botul, dans cette oeuvre audacieuse, a la prémonition de la valise à roulettes ce qui l'amène à imaginer le concept de « mouité » (qui vaut bien celui de « bravitude », on en conviendra). de là s'enchaînent des analyses fulgurantes sur les seins des femmes, exceptés ceux des statues ou les fromages.

L'Association des amis de Jean-Baptiste Botul

En 1995, le NoDuBo, ou Noyau dur botulien, est constitué par les fondateurs de l'Association des amis de Jean-Baptiste Botul, parmi lesquels le journaliste Frédéric Pagès et le latiniste Jacques Gaillard. L'Association organise chaque année, le jour du bac philo, le « Banquet du bac philo » sur France-Culture, joute oratoire à partir des sujets du bac. Elle publie les oeuvres de Botul et « les cahiers de l'enclume », contribue à la propagation du botulisme.

L'association des amis de Jean-Baptiste Botul n'est pas épargnée par les polémiques internes. La plus essentielle concerne la célèbre (mythique ?) armoire de Lairière. La-dite armoire, retrouvée dans une ferme abandonnée du village natal de Botul, contiendrait quarante-cinq kilogrammmes de documents ayant appartenu au philosophe. Une tendance botulienne autoproclamée « radicale » nie l'authenticité des documents tandis qu'une autre tendance dite « négationniste » n'hésite pas à mettre en doute l'existence même de l'armoire. Il nous tarde de connaître l'opinion de BHL concernant cette controverse.

On l'aura compris (sauf BHL !) le NoDuBo n'est autre que l'inventeur de Jean-Baptiste Botul, philosophe imaginaire.

Ceci étant, qu'un soit disant philosophe se soit laissé prendre à cette mystification littéraire n'est pas sans poser question. Comment lire, sans rire, cet extrait de l'ouvrage de BHL « de la guerre en philosophie » ? « Ou bien encore Kant, le prétendu sage de Königsberg, le philosophe sans vie et sans corps par excellence, dont Jean¬-Baptiste Botul a montré, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans sa série de conférences aux néo-kantiens du Para¬guay que leur héros était un faux abstrait, un pur esprit de pure apparence(…) »

In fine, La vraie question est posée par le botulien Hervé le Tellier : « Botul existe. Est-ce que BHL existe ; en tant que philosophe ? »

NDLR : il est vrai que pour écrire cet article, j'ai pillé sans vergogne les archives des botuliens, qu'à cela ne tienne, j'ai un bon avocat !


Christophe Bitaud

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