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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mon fils de 4 ans m'avait prévenu un jour, avec sérieux et perspicacité :

- le Père Noël avait les chaussures du maitre.

Des années après, Bouffanges enfonce le clou, en dénonçant l'emploi, non pas fictif, mais bien réel, de petits lutins en Laponie, travaillant pour rien dans une usine de jouets en bois, elle-même chauffée au bois et au fioul. 300 tonnes, quand même.
Un charmant homme d'affaire, après audit, décide non pas d'acheter une affaire aussi peu politiquement convenable, mais de faire du vieil homme aviné son associé, en d'autres termes dont la fortune serait virtuelle. Il devrait en outre abandonner « l'oeil de la peluche qui pourrait boucher une trachée, la vis de la petite voiture qui pourrait crever un oeil, et le verre du kaléidoscope qui pourrait couper un doigt ».

Avec toujours l'image surannée « des bonheurs simples d'antan » d'un Père Noël en rouge continuant à distribuer des jouets modernes, eux, l'image de marque s'accompagnant de l'emploi de drones. Finies les cheminées poussiéreuses.

Voilà, le piranhas de la finance, suivant le dicton qui dit que l'on s'enrichit en donnant, s'allie, enfin, achète certains journaux, la BBC, les réseaux sociaux, se sert des Femen qui viennent les seins nus envahir la Laponie, pas trop longtemps à cause du froid, ridiculisant ainsi les féministes voulant être elles mêmes des Mères Noël, et enfin, homme de son temps bien que se servant de symboles moyenâgeux, donne dans l'humanitaire en faisant bien attention au choix des receveurs de ses cadeaux.
Et s'enrichit fabuleusement.

Comme son héros, Bouffanges, en 25 chapitres, utilise le discours d'un as de la finance, allié à un humour acerbe, réjouissant, nous réconciliant presque avec le personnage bouffon du Père Noël.
La conclusion de mon fils, tout de même, était que le maitre s'était déguisé, et que c'était une imposture, cette histoire.

Nicky, comme je veux te remercier d'avoir insisté pour que je lise ce livre, un ami à moi pourrait venir te visiter dans quelques jours.
Tu le reconnaitras, il a une petite clochette sur son bonnet.

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Ils m'ont fait entrer dans une pièce sombre et humide. Ils n'avaient pas forcément un air à fêter le réveillon de la Saint-Sylvestre. J'ai senti qu'il faudrait jouer serré avec eux. Un seul de mes geôliers est resté pour l'interrogatoire.
- Alors c'est vous le fameux Berni ? Celui qui amuse la galerie le mercredi sur Babelio ?
- Oui Monsieur.
- Appelez-moi capitaine, je vous prie. Que faisiez-vous dans la nuit du 1er au 25 décembre ?
- J'étais en Laponie, monsieur le divisionnaire.
- Où en Laponie ?
- Précisément avec Joulupukki.
- C'est qui celui-là ?
- C'est l'autre nom du père Noël, en finnois, monsieur le substitut.
- Jouez pas au plus fin avec moi.
- Oui, mon père.
- Et que faisiez-vous avec Joulupukki ?
- Je jouais du ukulélé.
Je sentais qu'il allait perdre son calme si cet interrogatoire continuait. Il fallait que je sorte de ce mauvais pas... L'homme s'est levé et a commencé à tourner autour de moi d'un air menaçant.
- Vous savez au moins pourquoi vous êtes ici ?
- Non, mon brave. J'aimerais connaître le chef d'accusation.
L'homme est revenu vers son bureau et a appuyé sur la petite touche d'un interphone : « Faites entrer le chef d'accusation. »
Le chef d'accusation est entré et a lu le réquisitoire d'une voix monocorde. « Berni_29, lecteur de son état, présent dans le groupuscule Babelio depuis 4 ans où il dévoierait les élèves d'une classe de CE2 tous les mercredis matin. En outre, il écrit des critiques subversives.
- Et primesautières aussi, si je puis me permettre, monsieur le caporal-chef.
- N'interrompez pas l'accusation je vous prie, répliqua mon interlocuteur principal, les charges contre vous sont déjà suffisamment graves. Veuillez poursuivre, chef d'accusation...
- Vous êtes accusé d'avoir lu d'une traite le récit qui s'intitule Père Noël, Inc. d'un certain Bouffanges sans respecter l'Avent.
- Avant ? Mais avant quoi ?
- le calendrier de l'Avent. Il y a 25 chapitres et chaque chapitre doit se lire l'un après l'autre, un par jour jusqu'à Noël... Ne pas respecter cette règle contrevient à la loi.
Puis il s'est tourné vers le chef d'accusation.
- Merci chef d'accusation, vous pouvez disposer.
Il y eut un silence glaçant. C'était donc ça leur leitmotiv. Ils n'avaient donc pas grand-chose de solide contre moi. Et moi, au contraire j'avais toutes les bonnes raisons du monde d'espérer m'échapper de ce mauvais pas.
- D'ailleurs, vous n'êtes pas le seul. Deux autres personnes, une certaine Sylvie et un certain Arimbo, sont appelés à comparaître pour les mêmes chefs d'inculpation. On essaiera d'examiner s'il n'y a pas de complicité entre vous trois. Mais pour l'heure, qu'avez-vous à dire pour votre défense ?
Alors j'ai parlé tranquillement, je m'en suis tenu aux faits, strictement aux seuls faits.
Si je n'avais pas eu le temps de lire chapitre par chapitre dans la nuit du 1er au 25 décembre, c'est que j'étais occupé à aider le père Noël, ou du moins à éviter un drame.
- Un drame, mais quel drame ?
- Une tentative d'OPA contre le père Noël. Et pour éviter cette OPA, un grand magnat de la finance, un certain Gabriel Whitaker, un vrai requin en affaires, ne trouve rien de mieux que de proposer au père Noël de s'associer dans une entreprise où tous les coups sont permis. Je me suis fait passer pour un auditeur de l'entreprise concurrente, je me suis rendu en Laponie. Et là j'ai découvert l'envers du décor, la noirceur des coulisses de Noël : un père Noël qui avait la tuberculose, des rennes dont la moitié avait la maladie de la vache folle, des usines polluantes, des jouets qui ne respectaient pas les normes de sécurité, mais surtout, surtout, des lutins âgés à peine de treize ans, exploités dans des conditions ne respectant pas les conventions de l'Organisation Internationale du Travail.
Mes rêves d'enfant se sont alors brisés. Où était la magie de Noël quand tous les coups étaient permis, entre campagnes de publicités racoleuses et mensongères et chausse-trappes entre concurrents sans foi ni loi... ? Où était l'enfant dans tout cela, ses désirs, ses étonnements, son besoin d'émerveillement
Alors j'ai décidé de prendre les rênes de cette histoire.
- Les rennes ? Mais pour quoi faire ? N'étaient-ils pas déjà malades ?
- Je voulais faire renaître la magie de Noël, même si au fond de moi je n'y croyais plus depuis des lustres.
Je dois vous avouer que je n'ai pas attendu ce conte lucide et grinçant de Bouffanges pour m'en convaincre... Je n'ai pas attendu de me rendre chez Joulupukki et voir l'envers du décor pour me faire une opinion...
Mais voilà ! Je viens de prendre une claque, je viens de rire jaune dans cette manière qu'a Bouffanges de dénoncer sur un ton truculent et merveilleusement impertinent les miroirs aux alouettes, les faux-semblants, les aberrations de notre société, la folie mercantile de notre monde, où chaque Noël qui vient apporte encore plus son lot de peine, efface encore un peu plus à chaque fois la capacité des enfants à rejoindre l'étonnement et l'imaginaire...
L'homme s'est alors levé, s'est approché de moi. Je n'avais plus envie de me défendre, je n'avais plus la force de me battre... Il m'a fait me lever, je n'avais plus peur... Il m'a amené vers la fenêtre, l'unique fenêtre étroite de la pièce où la lumière d'un pâle soleil d'hiver venait se déverser...
Alors il s'est mis à chanter en posant son bras sur mon épaule :
♫ Prendre un enfant par la main
Pour l'emmener vers demain ♬
♫ Pour lui donner la confiance en son pas
Prendre un enfant pour un roi ♩ ♩ ♩
Le chef d'accusation est alors entré précipitamment dans la pièce pour annoncer : « capitaine ! ô mon capitaine ! les deux détenus prénommés Sylvie et Arimbo se sont évadés. »
Mon interlocuteur a fait comme s'il n'entendait rien. Alors il a continué de chanter d'une voix émue en me serrant fort contre lui comme pour me protéger :
♫ Prendre un enfant dans ses bras
Et pour la première fois ♬
♫ Sécher ses larmes en étouffant de joie
Prendre un enfant dans ses bras ♩ ♩ ♩
Nous avons alors vu un traîneau traverser le ciel, tiré par quatre magnifiques rennes et depuis ce traîneau Sylvie et Arimbo nous ont salués d'un geste amical et empli de chaleur.
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Tous les ans c'est la même histoire : le 25 décembre c'est noël ! Si si je vous assure. Et tous les ans je radote et je rommione (du verbe rommioner en picard : synonyme de bougonner) en disant que cette fête c'est surtout du commercial et que ça me saoule, et qu'on va encore se farcir des repas interminables, et que les gens qui n'ont pas grand-chose vont encore plus se serrer la ceinture, et que les mioches dans ces familles là aussi sages soient-ils n'auront pas le cadeau de leurs rêves, et qu'ils vont vite comprendre que le père noël c'est l'arnaque, et que les gens seuls sont encore plus seuls, et que je vais devoir quand même participer à cette mascarade sous peine de passer pour une mère indigne doublée d'un grinche… enfin vous voyez le tableau je suis pénible quoi.

Sans oublier les clichés sur l'esprit de noël dont tout le monde nous rabat les oreilles avant de passer en courant devant le SDF du coin de la rue sans même un regard pour aller acheter le dernier iPhone pour l'offrir à bidule ou…. Ok ok j'arrête vous avez saisi l'idée.

Tout ça pour dire que vous pensez bien que l'histoire du rachat du Père Noël par un requin du monde des affaires ça m'a tout de suite fait de l'oeil. Et je n'ai pas été déçu ! Dans un récit au vitriol sous forme de calendrier de l'Avent, BOUFFANGES nous offre l'histoire grinçante de la récupération de la magie de noël par le monde du commerce. Autant vous dire que ça fait mal à l'ambiance bisounours et chocolats à la guimauve.

Mais si l'appât du gain, la mondialisation et la société de consommation se propagent à la vitesse d'une MST dans une maison close, l'esprit de noël n'a pas dit son dernier mot. Et s'il restait quelques irréductibles rêveurs encore prêts à jeter le profit par-dessus bord et à faire briller l'esprit de noël ?
Mais rappelez-vous, nous sommes chez BOUFFANGES donc pas de mièvrerie mais un conte de noël moderne qui malgré tout ne saurait se passer de la traditionnelle morale de l'histoire.

Oh Oh Oh allez, pour cette année c'est terminé.

Je ne résiste pas à l'envie de vous faire partager une petite chanson qui m'a trotté dans la tête pour finir :
« Père Noël t'es le seul amis des enfants
Qui ait toujours au moins trois grammes dans le sang
Père Noël tu reviens pour tous les marmots
Même si t'es vraiment pas un cadeau »
(Oldelaf et Monsieur D.)

Ben quoi ? Chacun ses chants de noël !
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Une critique dans l'air du temps…de Noël, mais ce n'est pas prémédité je vous l'assure.
Avent de l'écrire, je n'ai pu tenir 25 jours pour en lire les 25 chapitres, ce n'était pas possible pour un livre aussi savoureux. Car cela a été un vrai plaisir de me plonger une septième fois dans une histoire de Bouffanges, un récit malicieux, tendre et féroce à la fois, qui raconte que retrouver son âme d'enfant est toujours possible, même quand on est un affreux capitaliste.

Cette fable de la reprise, par un patron d'un multinationale, d'une entreprise un peu spéciale, celle du Père Noël, dénonce, mine de rien, tous les vices du monde capitaliste, appât du gain, campagnes de publicité mensongères, chausse-trappes pour les concurrents, etc…
Mais que tout n'est pas perdu, que l'on peut presque retrouver la bonté quand meurt votre maman bien-aimée, mais tout en gardant quand même le sens des affaires.

J'ai retrouvé avec plaisir ce ton si particulier de l'auteur, sa fantaisie, son ironie, son humour, sa critique des vices de notre monde.
Un conte de Noël drôle et profond.
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Depuis quelques mois, mes babeliotes amis étaient atteints les uns après les autres d'une maladie bien étrange : la Bouffangite aiguë. J'avais échappé jusqu'alors à la contagion. Et en ce début de semaine, une des dernières irréductibles, HordeDuContrevent, non encore infectée précédemment, a rendu les armes, avec Triumvirat. Dans la soirée, mes symptômes sont apparus également : je suis à mon tour contaminée… Mais attention, pour ma plus grande joie !

Je pensais que le virus m'amènerait d'abord à Rodden Eiland, ce qui n'a pas été le cas. Mais, comme je vois que beaucoup des autres patients rechutent, ce n'est sans doute que partie remise. A la veille du début décembre, il m'a entraîné dans le monde des affaires londonien, à Annecy et en Laponie, avec la lecture de Père Noël, Inc.

Le concept est tentant, car il est présenté comme un conte de Noël capitaliste, en 25 chapitres, à découvrir tout au long de la période de l'Avent. J'avoue tout de suite ma faute, une fois débuté, je l'ai dévoré jusqu'au bout. La patience n'a jamais été ma plus grande qualité. Néanmoins, l'avantage ici, c'est que contrairement à un calendrier de l'Avent qui serait rempli de chocolats, cette surconsommation ne déclenche pas d'indigestion, mais plutôt une addiction.

Gabriel Whitaker, célibataire, sans ami, n'ayant de liens affectifs qu'avec sa mère, a construit un empire et décide de racheter l'entreprise du Père Noël, véritable manne financière. Ce récit drôle, qui montre toutes les dérives du monde l'entreprise et du système des profits à tout prix, tient en haleine pour savoir si des valeurs plus humanistes vont pouvoir être réaffirmées.

Une belle entrée en matière pour retrouver la magie de Noël en cette période, tout en étant loin des romances et des histoires sans fond… Merci Monsieur Bouffanges !

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Tout ce qui fait le talent de Bouffanges se retrouve dans ce texte : construction impeccable, dialogue au cordeau, écriture incise pleine de trouvailles drolatiques, des personnages croqués juste comme il faut pour servir l'intrigue, et puis cette façon si particulière de faire entendre les choses sans les dire, tout un art de l'ellipse et du sous-entendu.
Un conte qui n'en est pas un, sinon je n'aurais pas accroché parce qu'il faut bien l'avouer, s'il est une fête que je déteste par dessus tout et que je redoute de voir arriver chaque année, c'est bien Noël.
Mais celui-ci jette un éclairage sans concession sur les aberrations – la folie – de notre monde, mais n'oublie pas qu'il faut, envers et contre tout, continuer à croire à la part d'humanité que chacun porte en lui.
En fait, c'est peut-être ça, « la magie de Noël »…
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Je ne m'attendais évidemment pas à un roman feuilleton dans le genre de ceux qu'on nous propose en ce moment l'après-midi à la télévision, avec chocolat chaud, cookies et marshmallows.
Père Noël. Inc, est une fable bigrement bien fichue, un calendrier de l'avent en 25 chapitres bien ficelés, qui (s)'aborde les travers les plus vicieux et les plus honteux du capitalisme. Non content de gagner des milliards, Gabriel ( qui n'a rien d'un ange ) « s'associe » au Père Noël pour utiliser son image dans le but de détruire son concurrent allemand Santa. Un conte très actuel, vous l'aurez compris: ne se rassure-t-on pas de savoir notre voisin les deux pieds dans la merde, quand soi-même, on ne se porte pas très bien.
Néanmoins, comme dans La revanche de Kakapo, nouvelle absolument délicieuse qui m'avait permis de découvrir Bouffanges, l'auteur ne nous sert pas la folie mercantile et ses aberrations sur un plateau. C'est avec une parfaite maitrise de l'art de l'ellipse, une écriture au cordeau, mêlant le précieux au cru à la manière d'un Desproges qu'il nous suggère les choses sans vraiment nous les dire. Ce calendrier peut conventionnel et plein de surprises est accompagné de dialogues bien épicés, saupoudrés de plusieurs effets drolatiques, l'humour noir s'y cache à chaque page et l'on sourit jaune. Curieusement, les personnages sont tous attachants, jusqu'au plus cynique d'entre eux.
Et pour que la magie de Noël finisse par opérer, l'auteur nous a concocté une fin assez loin de celle que j'aurais imaginée.
Un livre à déguster, comme un fruit de saison.
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