Citations sur Père Noël, Inc. (6)
Gabriel s'en voulait encore de n'avoir pas pu dire un mot. Nombreux étaient ceux qui avaient dû s'attendre à ce qu'il le fìt. Mais il en avait été incapable. Alors les témoignages s'étaient accumulés sans lui, et le puzzle s'était dessiné sous ses yeux. Sa mère, orpheline à vingt-cinq ans, veuve à vingt-huit, n'avait rapidement eu plus que lui au monde. Elle avait tout fait pour qu'il puisse accomplir sa vie, tracer sa voie. Sa réussite, il la devait aux sacrifices concédés par sa mère durant vingt ans. Une vieille dame s'était présentée à l'autel pour préciser: «Un sacrifice, c'est renoncer à ce qu'on aurait préféré faire pour ce qu'on doit faire. Marlène disait toujours : je ne me sacrifie pas, puisque ce que je préfère faire, c'est rendre heureux mon fils.»
Les chênes auraient perdu leurs feuilles, délicates touches verdâtres parsemées de rousseur, les dernières fleurs auraient fané paresseusement, le somptueux tapis multicolore de l'automne se serait dessiné peu à peu sous les efforts de la nature, si celle-ci n'avait été depuis longtemps enfouie avec acharnement sous des mètres cubes de béton, de bitume et de pavés qui n'avaient cure des caprices des saisons.
Qui avait bien pu confier à un dodo la responsabilité de porter le quatrième courrier ? Allez savoir. Les dodos ne sont pas très fiables. Ils ont un petit pois pour cerveau et ne font que rarement l’effort de le solliciter. Pour être tout à fait honnête, ils ne s’occupent jamais d’autre chose que de faire, à chaque instant, ce qui leur passe par les pattes. Par ailleurs, leurs ailes ridicules ne leur permettent pas de voler. Tout au plus peuvent-ils courir, leur bedaine duveteuse bondissant de droite à gauche. Choisir un dodo comme messager d’une lettre si importante pouvait donc sembler inopportun. Mais peut-être l’expéditeur comptait-il moins sur le dodo que sur le simple hasard ?
Il y en a marre, des normes ! Si je devais respecter les normes, je ne pourrais distribuer aucun des jouets que nous fabriquons ici… Et l’œil de la peluche qui pourrait boucher une trachée, et la vis de la petite voiture qui pourrait crever un œil, et le verre du kaléidoscope qui pourrait couper un doigt… On n’en finirait plus !
— C’est ce que me dit mon médecin… Il faudra que j’aille faire des examens, dès que je vous aurai transmis les rênes.
— Des examens… Est-ce qu’il a une idée de ce qui vous arrive, Père Noël ?
— Il parle de tuberculose, rien que de bien courant, en somme…
— Courante, la tuberculose ? Mais plus personne n’a la tuberculose, de nos jours, Père Noël ?! Vous n’êtes pas vacciné ?
— Je n’ai jamais pris le temps… Et puis, vous savez, je ne croise jamais la moindre vache, alors à quoi bon… Au début, encore, j’allais jusqu’en Inde et au Pakistan, ça aurait pu se discuter, mais à présent je ne dépasse guère la Belgique…
— C’est ce que me dit mon médecin… Il faudra que j’aille faire des examens, dès que je vous aurai transmis les rênes.
— Des examens… Est-ce qu’il a une idée de ce qui vous arrive, Père Noël ?
— Il parle de tuberculose, rien que de bien courant, en somme…
— Courante, la tuberculose ? Mais plus personne n’a la tuberculose, de nos jours, Père Noël ?! Vous n’êtes pas vacciné ?
— Je n’ai jamais pris le temps… Et puis, vous savez, je ne croise jamais la moindre vache, alors à quoi bon… Au début, encore, j’allais jusqu’en Inde et au Pakistan, ça aurait pu se discuter, mais à présent je ne dépasse guère la Belgique…