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"Chez moi c'est toujours ainsi. Sans cesse, sans nulle raison, quelque image me traverse l'esprit -un visage, un paysage, un temps - traverse et disparaît, parfois elle se fixe soudain, retient l'attention, demande confusément à être développée, précisée, et m'émeut......C'est de là que provient la plupart de mes récits.", nous généralise Ivan Bounine , le premier Prix Nobel de la littérature russe . C'est notamment des vers du poète Ogarev (1813-1877 ), "Et dans les allées sombres, rouge parmi les tilleuls , aubépine florissant...."que s'impose à lui l'image de la voiture couverte de boue d'un vieux militaire qui avance par une journée froide et pluvieuse, sur l'une des grandes routes de la province de Toula....image qui ouvre la nouvelle qui donne son titre à ce recueil.

Au total trente-huit histoires , qui presque toutes , parlent d'amour , amours sans fin heureuse, allant jusqu'à la mort, déclinés sous toutes ses variations. Adultère ( le Caucase), défloraison brutale de mineure (Stiopa), viole (Tania), trahison (Muse), amours sensuelles (Roussia), érotiques (Les cartes de visite...), payants (Mademoiselle Clara/ Le"Madrid") romantiques, one-night stand, éphémères , éternels, idéalisés, mortels(À Paris/Galia Ganskaia )....... racontés dans le magnifique contexte d'une Russie d'antan et d'une nature exubérante,que l'auteur en exil, semble regretter expressément.
Bounine aime les femmes et surtout leurs genous ! Ses héroïnes ont toutes quelque chose de spéciale, fort de caractère ,de personnalité et d'appétit sexuel, elles savent bien gérer les hommes, même si elles sont souvent trop jeunes , de milieu sociale différent ( bonne, cuisinière,serveuse.....).....et finissent par être abondonnées. Elles sont belles ou non, jeunes ou non, mais toutes lumineuses à leur façon. Même si parfois elles se font prendre contre leur gré ( du moins ce que suggère la plume discrète de l'auteur), l'auteur finit par leur rendre leur amour-propre.
Je crois qu'en vieillissant , passé soixante-dix ans, hommes,femmes écrivains,fantasment encore plus sur l'amour charnel ( surtout avec des jeunes) ,pour ne citer que Meshugah de Isaac Bashevis Singer et Les Grand-Méres de Doris Lessing ,comme celle-ci, toutes, dernière oeuvre de fiction qu'ils écrivirent.
"Ce livre est le meilleur que j'aie jamais écrit" déclare Ivan Bounine pour ce recueil publié à 74 ans, en 1944 à NewYork. Mais pour qui n'a jamais lu Bounine, mon humble avis serait de commencer par l'aborder avec son chef-d'oeuvre "La vie d'Arseniev". Bien que la majorité de ces nouvelles soit magnifique, non toutes sont d'égale intérêt, et vers la fin on est un peu saturé d'amour....
Mes préférées sont "Nathalie" et "Mademoiselle Clara" (La Clara ,tout juste échappée d'un tableau de Botero), sublimes !
J'attribue quand même mon cinq étoiles, appréciant énormément, sa prose lyrique et raffinée. Ses grandioses descriptions de paysages et intérieurs russes, les visages d'icône qu'il prête aux jeunes filles de certaines nouvelles.....et son analyse d'une vaste fresque de personnages appartenant à tous les milieux est un pur plaisir de lecture.
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« C'est une chose terrible que la nostalgie de la Patrie qu'on a quittée mais c'est une chose plus terrible encore que la nostalgie de la Patrie qui n'existe plus et n'existera jamais plus pour soi » Alexandre Zinoviev.


Ce recueil « Les allées sombres » se composent de 38 nouvelles allant de deux à une trentaine de pages. L'amour malheureux en est le sujet principal ! Point d'espoir, c'est sombre comme l'indique si bien le titre et toutes les allées empreintes par l'auteur nous racontent l'âme slave avec sa sensibilité exacerbée et cette tendance à l'humeur équivalente « aux montagnes russes ».


Séparations, amour sans espoir, afflictions, incompréhensions, rendez-vous ratés, violence voire viol aussi, Bounine analyse les rapports amoureux avec un oeil plus que défaitiste. Antibolchevique, il s'est exilé à Paris en 1920. Il a écrit ces nouvelles dans les années 1938-1940, période la plus sombre du XXème siècle ou à l'exil vient s'ajouter l'angoisse d'une Europe déchirée, saccagée.


Cette anxiété se ressent fortement dans son écriture mais le lyrisme surpasse l'inquiétude. La plume est toujours aussi envoutante, magique. Bounine a l'art de nous suggérer les majestueux paysages de la Russie, de nous susurrer le bruit du vent dans les feuilles, le chant des oiseaux, la pluie qui résonne sur les vitres. Il nous livre un instantané d'une époque qui ne reviendra plus avec ses codes, sa culture, et son inhumanité aussi comme l'histoire de L'idiote.

Amoureux du corps des femmes, il les observe minutieusement à travers les étoffes de velours, de soie et ses sens sont intensifiés par les interdits qui pèsent sur les relations hommes et femmes de cette époque. C'est un esthète doublé d'un passionné!

J'ai découvert Bounine avec « La Vie d'Arseniev ». La très grande littérature russe est là toute entière dans ce roman. Ce recueil de nouvelles est différent, il m'a fallu pour le savourer, en arrêter de temps la lecture pour passer à un autre ouvrage. La redondance bien que les nouvelles soient toutes différentes, s'est faite sentir et instillait une certaine lassitude. C'est un recueil que je garde auprès de moi afin d'y revenir de temps en temps, lorsque l'absence du souffle de la Russie devient une nécessité et se fait sentir.
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C’est peut-être la mélancolie pour la Russie natale et lointaine qui donne son incomparable saveur à ces quarante nouvelles de longueur et d’intensité variables, écrites par Ivan Bounine entre 1938 et 1944 ( époque sombre, en rapport avec le titre sans doute ), alors qu’il vit en France après avoir fui son pays après la révolution russe de 1917. L’éloignement, la nostalgie contribuent probablement à magnifier ses souvenirs, à nourrir ces textes centrés sur l’amour et la mort.

« L’amour que l’on garde à jamais blotti au coin du coeur »,
qu’il soit heureux, rarement ; tragique, le plus souvent ; Bounine n’a pas pour habitude d’embellir ses récits et d’offrir le tableau d’un bonheur sans nuage et sans histoire.
Ces courts récits du prix nobel de littérature 1933, injustement moins connu selon moi que les grands écrivains du XIXème siècle, sont particulièrement réussis.
J’ai retrouvé ici avec grand plaisir sa magnifique prose, son trait précis, son goût pour la description à la fois concise et extraordinairement évocatrice aussi bien de paysages que de sentiments qui font quasiment vivre dans l’esprit du lecteur des instantanés de la vie en Russie et l’immerge au coeur d’une action rapide et intense en général.

Un court exemple de ses descriptions somptueuses, juste pour le plaisir :
« À la veille des grands jours de fête on lavait, partout dans la maison, les planchers de chêne bien lisses que la chaleur séchait aussitôt, et on les recouvrait de tapis de selle propres avant de remettre parfaitement en place les meubles que l'on avait provisoirement poussés ; on allumait ensuite des veilleuses et des cierges devant les revêtements dorés et argentés des icônes pour alors éteindre toutes les autres lumières. À cette heure en hiver, la nuit déjà fonçait de bleu les carreaux et chacun montait dans sa chambre. Alors, dans la profondeur du silence qui descendait sur la maison, s'élevait le recueillement tranquille et expectatif qui convenait si bien à la sainteté nocturne de ces icônes baignées d'une lueur de tendresse et d'affliction. »

Un panorama très complet des aléas du sentiment amoureux, du désir charnel intense, le tout teinté d'un érotisme assez rare dans la littérature russe de cette époque : voilà la substance principale des allées sombres que l’auteur considérait comme « le livre le meilleur que j’ai jamais écrit. »
A vous de juger !
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Pour une fois, je vais essayer de me limiter à une présentation courte, mais surtout laisser parler l'auteur.
Pour qui ne connaît pas Ivan Bounine, il suffit de dire qu'en dehors d'être un immense écrivain, c'est un homme d'origine russe ayant fui son pays bolchevisé pour s'exiler en France. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1933 (triste année pour le monde... moins triste pour un dénommé Hitler), qu'il meurt en 1953 ( année moins triste pour le monde... fatale à un dénommé Staline).
Prosateur de génie et poète reconnu, on retrouve ces deux aspects caractéristiques de cet écrivain dans ce recueil de nouvelles (d'abord au nombre de 11... puis quelques années après sa première parution, elles sont 38... et je me suis laissé dire que deux autres textes étaient venus s'ajouter aux 38 que je viens d'évoquer), dont le thème ou les deux thèmes indissociables sont la femme et l'amour. Thèmes déclinés sur toute la gamme.
Le recueil a été écrit sur quelques années, mais sans que cela n'en affecte l'unité, la beauté, la force et l'harmonie.
Ces short stories se déroulent majoritairement en Russie ; quelques-unes, très peu, se situent en France ( à Paris et dans le sud de la France où Bounine a vécu), et une en Orient.
Aucune de ces 38 histoires ne m'a ennuyé, ou pire, laissé indifférent.
J'ai été chaque fois happé d'emblée par l'atmosphère, par les personnages et par la beauté de la langue.
Je reviens un instant sur la langue pour souligner à quel point la description de la nature, celle des personnages et "l'intrigue" sont servies par une plume au talent exceptionnel.
Le titre du recueil - Les années noires - nous rappelle qu'il n'y a pas d'amours heureuses... mais qu'à cela ne tienne, on a beau ne pas s'attendre à une happy end, l'intérêt demeure à chaque histoire.
Une superbe expérience que je vous recommande de tenter !
Extraits :
-La nuit était inhabituellement silencieuse, il était déjà tard. Il avait plu un peu sans doute, et dans l'air encore plus tiède et plus doux, en une délicieuse harmonie avec cette douceur immobile et ce silence, résonnait au loin, venus de différents lieux du village le chant long et prudent des premiers coqs. Une lune ronde brillait en face de la rotonde, au fond du parc comme figée sur place dans une attente curieuse ; elle scintillait au loin dans les arbres et parmi les branches touffues des pommiers, plus près, mêlant sa lumière à leurs ombres. Elle ruisselait en un miroitement clair, alors que l'ombre restait chatoyante et secrète...

-Je l'avais aperçue un matin dans la cour de cet hôtel, de cette vieille demeure hollandaise parmi les forêts de cocotiers au bord de l'océan, où je vivais ces jours-là. Puis je l'y vis tous les matins, étendue dans un fauteuil d'osier, à l'ombre chaude et transparente qui tombait de la maison, à deux pas de la véranda. Un Malais, grand, au visage jaune douloureusement fendu de petits yeux, la servait en pantalons et jaquette de grosse toile blanche, faisant crisser le gravier sous ses pieds nus et, sur un tabouret, à côté de son fauteuil, il déposait un plateau où était une tasse remplie d'un thé doré ; il lui parlait avec respect, les lèvres immobiles, ramassées sur le trou rond de sa bouche, s'inclinait et s'éloignait. Elle agitait avec lenteur un éventail tressé et restait étendue à faire battre, frémissement régulier, le velours noir de ses cils ineffables...À quelle sorte de créatures terrestres pouvait-elle bien appartenir ?
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Avec la fragilité et la vulnérabilité des battements d'ailes de papillon, les nouvelles de se recueil s'envolent des pages pour s'évader vers l'imagination du lecteur qui se surprend à se sentir exilé, à l'instar de l'auteur, et à soupirer après un pays qui n'est pas le sien mais qui n'a pas son pareil pour l'émouvoir.

A l'époque (1938 - 1946) où Ivan Bounine, exilé à Paris, écrit ces trente-huit nouvelles, chacune très brève et imagée, la société russe connaît une période politique sombre. le récipiendaire du Nobel de littérature 1933 exprime par sa prose puissamment poétique toute la nostalgie que lui inspire la Russie de son souvenir, comme s'il craignait qu'elle ne s'effaçât de sa mémoire pour toujours, pour le cas où il ne parviendrait pas à la rejoindre un jour, cette Russie qui se tient au bout de l'allée sombre de son avenir.

A travers ce recueil, il est beaucoup question de la Russie traditionnelle mais aussi de la Russie vivante, humaine, en mouvement, composée d'hommes et de femmes - surtout de femmes - qui mêlent leurs passions en un ballet infini de séduction, d'amour, de désir, de trahison et d'illusion.

Ivan Bounine témoigne par son imagination et sa plume magistrale de son attachement à la femme et à l'amour qu'elle suscite... jusqu'à la folie.


Challenge Nobel
Challenge ATOUT PRIX
Challenge 1914-1968 2017
Challenge Petit Bac 2016 - 2017
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Les allées sombres c'est un recueil de nouvelles sur un monde disparu , la Russie tsariste , orthodoxe .
On ressent une nostalgie poignante à la lecture de ces pages , que sont devenus les grands propriétaires terriens , les jolies femmes oisives mais aussi tout ce monde des serviteurs , ils ont été balayés brusquement .
L'auteur nous fait voyager de la Russie à la France , de Moscou , de petites villes de campagne , de Paris à Nice où de très nombreux russes blancs ont émigré , essayant de recréer comme le font tous les exilés , un peu de leur pays perdu à jamais , comme la nouvelle qui se passe dans un restaurant russe de la rue de Passy .
Mais nous voyageons aussi d'une époque à l'autre , certaines nouvelles se déroulent bien avant la révolution russe .
On sait que l'auteur évoque un passé qui ne reviendra plus et on ressent sa tristesse infinie en lisant son texte .
L'écriture est très belle , soignée , très visuelle.
Le premier amour , les premiers émois sont des thèmes récurrents , ça se passe rarement bien , les hommes riches ont un pouvoir absolu sur les jeunes filles de famille modeste , les pères sur leurs fils .
Il y a aussi la nature , le climat avec ses écarts de température terribles , l'été il y a une grande affluence à la campagne , les gens viennent se détendre , s'invitent à d'interminables déjeuners , viennent goûter aux joies de l'été , l'hiver , tout est figé , les tempêtes de neige empêchent toute vie sociale .
Et puis arrive cette funeste année 1918 où tout un monde disparaît à jamais . Et l'auteur exilé en France gardera toute sa vie une blessure inguérissable, le mal du pays .
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Avec « Les allées sombres » Bounine a reçu le prix Nobel de littérature, notons que Gorki était en concurrence avec lui. Bounine considéra « les Allées sombres » comme la plus achevée de ses oeuvres.
Dans ces 38 nouvelles publié en 1946, Bounine conjugue le verbe aimer avec une extrême sensibilité et beaucoup de sensualité. Il est un narrateur exceptionnel, ses descriptions sont érotiques, à fleur de peau, fines et détaillées ce sont de véritables sculptures en clair obscur. Bounine décrit à merveille ces petits riens qui appellent le désir.
Ses titres sont autant de prénoms féminins qui virevoltent sous sa plume : Roussia, Nadéja, Séraphine, Antigone, Zoé et Valérie, Nathalie et auprès d'elles nous découvrons l'amour sous tous ses visages : coup de foudre, regards et instants d'amour, amour charnel, amour éphémère, amour volé, et surtout désir violent, fulgurant, jusqu'au viol…
Les héros de Bounine sont émus par les femmes fragiles, mais le désir et la possession dominent… après… le partage ne semble pas les intéresser, car l'histoire se termine souvent par une fuite. Bounine fait preuve de lyrisme et de tristesse dans ces descriptions de la nature et sa nostalgie du temps qui passe : « Pendant des milliers d'années, ces journées continueront à resplendir et moi je ne serai plus.»
J'ai découvert Bounine dans ces nouvelles et j'ai beaucoup aimé
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38 nouvelles, cela peut paraître beaucoup pour un recueil. D'autant que leur composition s'est faite sur une période très ramassée, pendant la seconde guerre lors de l'exil français de l'écrivain monarchiste ayant du fuir sa terre, et que les thèmes en sont souvent similaires: la grande Russie tsariste d'avant la révolution, les femmes, leur coeur que l'on convoite et leur corps que l'on prend, la douleur de l'exil, la belle vie perdue...
Et pourtant jamais la lassitude ne s'installe à la lecture, tant la plume de Bounine provoque un envoûtement immédiat et l'immersion totale dans ces histoires nées de ses visions, où femmes et hommes sont avant tout charnels et la nature peinte avec une puissance d'évocation qui éveille tous les sens du lecteur.
J'ai adoré la plume de cet auteur nobelisé que je découvre, et il me tarde maintenant de le découvrir dans un récit long, lui que l'on compare aux plus grands auteurs russes. A très vite, Ivan!

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Les allées sombres
38 nouvelles écrites fin des années 30 lors de son exil en France après l'arrivée du bolchevisme en Russie. Bounine a longtemps vécu sur la Côte d'Azur, à Grasse notamment.
Premier prix Nobel russe il écrira que ce recueil est ce qu'il a fait de mieux.
Quand Son Excellence descend de la lourde voiture pour entrer dans l'auberge il est surpris d'entendre la femme d'allure gitane qui dit »Nicholas Alexéevitch », il l'a regardé et se souvient…
Il passe par l'auberge où vivent Stiopa et son père pour se réfugier de la pluie. le père n'est pas là il en profite promet le mariage elle a 15 ans, il repart au matin, loin…
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Il rentre à l'improviste et réalise ce sui s'est passé entre elle et le visiteur…
Il rencontre une »cocotte », sale histoire…

Des nouvelles généralement très courtes, très évocatrices dont les thèmes principaux sont les femmes et l'amour. C'est tout simplement magnifique j'aurai pu en lire deux fois plus!
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Tristesse et mélancolie, certitude poignante du temps qui s'écoule et ne revient pas, voilà ce que m'a inspiré la lecture de ces nouvelles. Certes, ce sont des thèmes chers au coeur de la littérature russe mais il leur arrive normalement d'être tempérés par un sens de l'auto-dérision propre essentiellement aux Juifs, aux Slaves et ... (vous allez dire que j'exagère mais je suis sincère) aux Celtes. Chez Bounine, cela n'existe pas ou alors, cela demeure tellement à l'arrière-plan que ça passe inaperçu.

On sent bien des influences tchékhoviennes mais Bounine, lui, a connu la Révolution d'Octobre et l'exil. Son évocation de la Russie perdue se bâtit donc sur un fait : plus jamais rien ne sera pareil. Et nous savons qu'il a raison.

Plus je lisais, et plus je voyais en ces pages que je tournais des sortes de feuilles mortes, trahissant l'automne, puis la fin d'un monde. La nostalgie, ici, avait vraiment un goût doux-amer qui m'est demeuré longtemps en mémoire après avoir achevé ma lecture.

Bounine tenait "Les Allées Sombres" pour son meilleur ouvrage et peut-être n'avait-il pas tort. Tout est dépouillé, aucun détail n'est superflu, les caractères sont suffisamment esquissés sans perdre pour autant une certaine part de mystère, les intrigues ressemblent souvent à des murmures qui, là encore, rappellent les fantômes des disparus.

Bref, un grand livre. Mais, paradoxalement, on ne prend conscience de sa grandeur qu'après l'avoir lu et digéré. C'est assez rare : il faut le souligner.

(Du coup, je suis tentée par "Le Village", du même auteur.) ;o)
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Ivan Bounine (1870-1953) fut le premier russe à obtenir le prix Nobel de littérature en :

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