J'avais découvert
Olivier Bourdeaut avec "
Florida". Ce roman m'a donné envie de continuer à le lire. Et, décidément, ce Monsieur Bourdeaut me fait un bien fou (c'est le cas de le dire avec ce roman).
Avec "
En attendant Bojangles", non seulement la magnifique et mythique voix de
Nina Simone nous accompagne (la chanson "Mr Bojangles", quasiment un personnage à part entière de ce livre), mais en plus,
Olivier Bourdeaut nous offre des passages très drôles et des dialogues truculents.
C'est le récit d'une famille hors du commun : un père mythomane à ses heures et qui prend parfois le rôle de conteur, une mère extravertie et leur fils, le narrateur principal. Il y a aussi le quatrième membre de la famille, une demoiselle de Numidie baptisée Mademoiselle Superfétatoire.
Ce petit garçon est éduqué par des parents extravagants de manière totalement anti conformiste. On lui dit de mentir pour raconter ses journées afin que la vie soit plus belle. On le retire de l'école, trop étriquée à leur goût. Il passe donc sa vie aux côtés de ses parents. Et quelle vie !
La maîtresse convoque cet enfant à qui elle reproche sa délation des bêtises de ses camarades de classe :
"un jour c'est moi qu'elle a convoqué. Elle a commencé par se demander à voix haute ce que j'aurais fait en 39. Alors, je lui ai répondu en regardant mes chaussures que la question ne se posait pas, que je chaussais du 33 et que si j'avais fait du 39, j'aurais été probablement dans la classe du dessus ou même dans l'école des grands. La maîtresse se posait des questions de vendeuse de chaussures quand elle était contrariée et je m'étais dit que ce n'était plus seulement la tempête dans ses cheveux, mais aussi dans sa tête."
Les parents de cet enfant, excentriques, hors normes, "cinglés" pour la maitresse, ont des échanges absurdement comiques (le père choisit un prénom différent, voire plusieurs, pour son épouse chaque jour) :
"on pouvait partir en Espagne sans attendre tout le monde, et parfois ça nous prenait comme une envie de faire pipi, en quand même un peu plus long à préparer. le matin, Papa disait:
- Henriette, faisons les valises, ce soir je veux prendre l'apéritif sur le lac!
Alors on jetait des milliards de choses dans les valises, ça volait dans tous les sens. Papa hurlait:
- Pauline, où sont mes espadrilles?
Et Maman répondait:
- À la poubelle, Georges! C'est encore là qu'elles vous vont le mieux!
Et Maman lui lançait:
- Georges, n'oubliez pas votre bêtise, on en a toujours besoin!
Et mon père répondait:
- Ne vous en faites pas, Hortense, j'ai toujours un double sur moi! "
Mais cette famille heureuse voit leur bonheur voler en éclats à mesure que la mère commence à dérailler progressivement mais sûrement. La folie douce des débuts se mue en maladie mentale.
Une folle et passionnée histoire d'amour. Un récit désopilant, abracadabrant, émouvant, bouleversant, "avec des mensonges à l'endroit, à l'envers, parce que la vie c'est souvent comme ça."
Un très bon moment de lecture qui aborde un sujet grave, mais toujours teinté d'humour.
Une grande bouffée d'air frais.