On rencontre Elisabeth le jour de son 7ème anniversaire, le jour où elle gagne pour la première fois un concours de Mini-miss à laquelle sa mère, "La Reine Mère" l'a inscrite.
Puis, pendant 5 ans, tous les week-end elles sillonneront les routes des USA pour participer à d'autres concours, mais hélas, malédiction elle ne gagnera plus jamais, elle sera systématiquement deuxième. Cette longue série de défaites génère de la frustration puis du dégout d'elle-même et le mépris des autres.
Son corps ne lui donnant pas les résultats que la Reine Mère escomptait, il devient une machine à déception, un nid à emmerde comme l'auteur l'écrit. Elle se venge donc de l'objet de son désarrois en passant par une phase de boulimie / obésité, puis elle se lance dans le sport intense, son objectif étant de devenir une star du fitness, du culturisme, allant jusqu'à se piquer pour augmenter sa masse musculaire.
Elle sera la muse d'un photographe qui lui propose de photographier sa métamorphose. Un photographe qui deviendra son ami, un des rares qu'elle ait et qui sera là pour l'aider quand elle ira de plus en plus mal …
L'auteur aborde différents sujets de société tels que:
- le drame de ces concours de mini-miss qui sont jugées uniquement sur leur physique, pour lesquels les mères sont prêtes à tout (épilation, séance de bronzage, chirurgie esthétique, et ce dès la plus tendre enfance). La gamine n'a plus le temps de s'amuser, de travailler pour l'école, toute la semaine se focalise uniquement sur l'organisation du week-end.
L'auteur se sert d'anecdotes réelles pour écrire son livre: il se base sur les enfants manipulés par leurs parents, en mal de gloire, qui acceptent de passer pour des monstres à condition d'être célèbres.
- L'argent généré par les gains aux concours, l'argent nécessaire pour y participer: grâce à son père, "le Valet", elle fera du mannequina pour une chaîne de magasin de sport. L'argent servira à payer toutes les dépenses afin de participer aux concours.
- Critique sévère des réseaux sociaux, du ¼ d'heure de célébrité dont parlait
Andy Warhol, qui se révèle maintenant quelques secondes de célébrité. Avec le besoin de toujours en connaître d'autres, d'aller de plus en plus loin pour y arriver… en multipliant les stories sur instagram, etc … Je n'ai pas encore lu le dernier
Delphine de Vigan mais il me semble qu'il traite de ce sujet également. Une mère qui met en scène ses enfants …
L'idée que le corps peut être une oeuvre d'art. Je me rappelle l'excellent livre d'
Eric Emmanuel Schmitt: Quand j'étais une oeuvre d'art.
Mais qu'est-ce que l'art? Qui est l'artiste? le photographe? Elisabeth et son corps? Clin d'oeil à Banksy qui résume les délires de l'art contemporain: l'oeuvre se détruit à l'instant où elle est adjugée. Il montre l'absurdité du monde de l'art …
Alors que dans Bojangles l'auteur relatait une jeunesse joyeuse, tout au moins dans la première partie du livre, ici il parle d'une jeunesse gâchée. Un conte cruel sur la maltraitance psychologique, aussi destructrice que la maltraitance physique