Citations sur Méditations pascaliennes : éléments pour une philosophie .. (17)
"On observe ainsi qu'à des positions contradictoires, propres à exercer sur leurs occupants des 'doubles contraintes' structurales, correspondent souvent des habitus déchirés, livrés à la contradiction et à la division contre soi-même, génératrice de souffrances" (p. 230)
"Les injonctions sociales les plus sérieuses s'adressent non à l'intellect mais au corps, traité comme un pense-bête. L'essentiel de l'apprentissage de la masculinité et de la féminité tend à inscrire la différence entre les sexes dans les corps (à travers le vêtement notamment), sous la forme de manières de marcher, de parler, de se tenir, de porter le regard, de s'asseoir, etc." (p. 204)
"Nous apprenons par corps. L'ordre social s'inscrit dans les corps à travers cette confrontation permanente, plus ou moins dramatique, mais qui fait toujours une grande place à l'affectivité et, plus précisément, aux transactions affectives avec l'environnement social. (…) Il faut se garder de sous-estimer la pression ou l'oppression, continues et souvent inaperçues, de l'ordre ordinaire des choses (…)" (page.204)
"déterminé (misère), l'homme peut connaître ses déterminations (grandeur) et travailler à les surmonter" (p. 190)
(un objectif pour Pierre Bourdieu)
la construction d'un rationalisme élargi et réaliste du raisonnable et de la prudence, capable de défendre les raisons spécifiques de la raison pratique, sans tomber dans l'exaltation de la pratique et de la tradition que certain populisme irrationaliste et réactionnaire a opposée au rationalisme.
L'avènement de la raison est inséparable de l'autonomisation progressive de microcosmes sociaux fondés sur le privilège, où se sont peu à peu inventés des modes de pensée et d'action théoriquement universels mais pratiquement monopolisés par quelques-uns.....On comprend mieux, en tout cas, la mystique réactionnaire de la nation, dans ce qu'elle a de plus antipathique pour la conviction universaliste, et le pathos irrationaliste qui va souvent de pair, si l'on sait y voir une riposte distordue à l'agression ambiguë que représente l'impérialisme de l'universel (riposte dont l'homologue pourrait être aujourd'hui certain intégrisme islamiste).
Il y a des conditions historiques de l'émergence de la raison. Et toute représentation, à prétention scientifique ou non, qui repose sur l'oubli ou l'occultation délibérée de ces conditions tend à légitimer le plus injustifiable des monopoles, c'est à dire le monopole de l'universel.
J'avais en effet établi empiriquement que, en-deçà d'un certain niveau de sécurité économique, assuré par la stabilité de l'emploi et la possession d'un minimum de revenus réguliers, propres à assurer un minimum de prise sur le présent, les agents économiques ne peuvent concevoir ni accomplir la plupart des conduites qui supposent un effort pour prendre prise sur l'avenir, comme la gestion raisonnée des ressources dans le temps, l'épargne, le recours mesuré au crédit ou le contrôle de la fécondité.
Il n'y a pas de contradiction, en dépit des apparences, à lutter à la fois contre l'hypocrisie mystificatrice de l'universalisme abstrait et pour l'accès universel aux conditions d'accès universel, objectif primordial de tout véritable humanisme que la prédication universaliste et la (fausse) subversion nihiliste ont en commun d'oublier...la critique de la critique formellement universaliste s'impose.
de la prétention à l' " opinion personnelle ".... je voudrais simplement indiquer que l'universalisme intellectualiste par lequel le penseur universel crédite tous les humains de l'accès à l'universel, s'enracine très profondément, en ce cas, dans la foi, suprêmement élitiste, dans l'opinion personnelle, qui ne peut coexister avec la croyance dans l'universalité de l'accès au "jugement éclairé " qu'au prix d'un immense refoulement des conditions d'accès à cette opinion distinctive et distinguée.