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EAN : 9782707318251
277 pages
Editions de Minuit (01/11/2002)
3.89/5   87 notes
Résumé :
" Ce qui circule entre les chercheurs et les non-spécialistes, ou même entre une science et les spécialistes des autres sciences, ce sont, au mieux, les résultats, mais jamais les opérations.
On n'entre jamais dans les cuisines de la science. " Ce sont ces secrets de métier, ces recettes de fabrication, ces tours de main, que Pierre Bourdieu tente de livrer ici. En regroupant l'ensemble des réponses qu'il a faites, dans des exposés, des interventions orales o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Questions de sociologie regroupe l'ensemble des interventions orales de Bourdieu (lors d'interviews ou de conférences) ce qui rend son propos beaucoup plus accessible car il est "parlé" plus qu'écrit. Il y évoque ses principaux concepts (champ, habitus, capital...) ainsi que sa méthode et les problèmes épistémologiques et philosophiques que pose la science sociale. Cet ouvrage constitue une excellente introduction à son oeuvre.
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L'ENA va être supprimée! Symbole de l'élite dominante. Une bonne occasion de relire Bourdieu. Ce livre fait partie de ma table de chevet et j'aime à m'y replonger de temps en temps. À chaque fois, c'est un bonheur: je me sens beaucoup moins bête après. Bourdieu est un des rares intellectuels qui nous invite à penser par nous-mêmes, au lieu de nous asséner des idées prêtes-à-porter.

Il existe encore beaucoup d'ennemis de Bourdieu, bien qu'il soit mort depuis presque vingt ans (il y a peu, j'ai encore entendu deux éditorialistes, analystes "experts" de plateau-télé, cracher le mot "bourdieuserie" d'un air dépité, sans expliquer davantage leur raisons... ) Eh bien, je crois que c'est la marque des grands penseurs: de déranger. Ceux qui sont en position dominante n'aiment pas la sociologie, car elle met en lumière leur stratégie. Comme il le dit lui-même, demander à la sociologie de servir à quelque chose, c'est toujours lui demander de servir le pouvoir. Alors que sa fonction scientifique est de comprendre le monde social, y compris le pouvoir. Et qu'il n'existe pas de pouvoir qui ne doive une partie - et non la moindre - de son efficacité à la méconnaissance des mécanismes qui le fondent. (Il suffit de penser au pouvoir exercé par les religieux, depuis l'antiquité).

Certains reprochent à Bourdieu son pessimisme. Lié à sa manière d'analyser le déterminisme. C'est mal le lire. Son but était d'analyser la reproduction sociale, c'est tout. Il en va de même pour l'opinion publique: l'opinion publique, explique t'il, n'existe pas. C'est une construction bien pratique pour les politiques, on ne peut rien faire si l'on a l'opinion publique contre soi (ce qu'écrivait aussi Bernays dans Propaganda). Ce qui implique de réduire l'opinion publique a un pourcentage. Une opinion publique unanime n'existe pas, comme le démontrent les exemples cités dans le livre. Les réponses à une question varient selon la manière dont elle est posée, le système de valeurs, l'appartenance à la classe sociale, la fidélité à un parti ou à un 'camp', la compétence dans le domaine posée. Elle est le résultat du combat entre différentes forces politiques.

Que ce soit l'analyse du discours politique, des motivations à faire du sport, de la position des intellectuels ou des modes artistiques, il n'a pas son équivalent. Riche, lucide, loin du simplisme, tout en restant assez humble pour ne pas prétendre détenir une vérité intemporelle.
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Traces écrites d'entretiens et choses dites en conférence, questions de sociologie me semble pouvoir être à la fois une bonne introduction à la pensée de Bourdieu et un prolongement pertinent pour les initiés.

"La jeunesse n'est qu'un mot", "Comment peut on être sportif ?" ou encore "Le racisme de l'intelligence" offrent des entrées originales dans la grande entreprise de deniaisement du dernier grand intellectuel français.

Ces textes sont de jolis petits cadeaux empoisonnés pour ceux qui croient plus qu'ils ne doutent et des armes de premier choix pour les autres.

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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Une des propriétés importantes d'un champ réside dans le fait qu'il enferme de l'impensable, c'est-à-dire des choses qu'on ne discute même pas. Il y a l'orthodoxie et l'hétérodoxie, mais il y a aussi la doxa, c'est-à-dire tout l'ensemble de ce qui est admis comme allant de soi, et en particulier les systèmes de classement déterminant ce qui est jugé intéressant et sans intérêt, ce dont personne ne pense que ça mérite d'être raconté, parce qu'il n'y a pas de demande.
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En fait, la frontière entre jeunesse et vieillesse est dans toutes les sociétés un enjeu de lutte. Par exemple, j'ai lu il y a quelques années un article sur les rapports entre les jeunes et les notables, à Florence, au XVIème siècle, qui montrait que les vieux proposaient à la jeunesse une idéologie de la virilité, de la virtu, et de la violence, ce qui était une façon de se réserver la sagesse, c'est-à-dire le pouvoir.
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L'artiste est ce professionnel de la transformation de l'implicite en explicite, de l'objectivation, qui transforme le goût en objet, qui réalise le potentiel, c'est-à-dire ce sens pratique du beau qui ne peut se connaitre qu'en se réalisant.
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Il me semble en effet qu'une des causes principales de l'erreur en sociologie réside dans un rapport incontrôlé à l'objet. Ou plus exactement dans l'ignorance de tout ce que la vision de l'objet doit au point de vue, c'est-à-dire à la position occupée dans l'espace social et dans le champ scientifique.
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Je dirai seulement que l'histoire individuelle dans ce qu'elle a de plus singulier, et dans sa dimension sexuelle même, est socialement déterminée. Ce que dit très bien la formule de Carl Schorske : "Freud oublie qu'Oedipe était roi".
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Videos de Pierre Bourdieu (56) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Bourdieu
Enseignement 2016-2017 : de la littérature comme sport de combat Titre : Introduction
Chaire du professeur Antoine Compagnon : Littérature française moderne et contemporaine : histoire, critique, théorie (2005-2020)
Cours du 3 janvier 2017.
Retrouvez les vidéos de ses enseignements : https://www.college-de-france.fr/site/antoine-compagnon
Le cours de cette année répond à celui de 2014 qui portait sur la « guerre littéraire » de 1914-1918, c'est-à-dire sur l'inscription de la réalité de la guerre dans les oeuvres, et sur les différentes postures, souvent paradoxalement pacifiques, que l'expérience de la guerre a prescrites aux écrivains. Il s'agira cette année au contraire d'envisager la production littéraire comme lieu d'une conflictualité sui generis, tantôt sur le mode d'une détermination au combat d'idées, tantôt sur le mode d'une compétition pour la survie au sein de ce que Pierre Bourdieu, dans Les Règles de l'art, a décrit comme le « champ » littéraire. Il s'agit aussi de faire un sort à une figure rencontrée dans le cours de 2016 : celle du crochet de l'écrivain chiffonnier, mise en place par Baudelaire, et qui pouvait toujours se retourner en arme. À partir de Baudelaire et en remontant dans la modernité littéraire, on découvre une généalogie d'images : la plume-épée des Dialogues et entretiens philosophiques De Voltaire, ou la plume de fer par laquelle, bien avant l'apparition de l'objet industriel lui-même, Ronsard décrit son ambition de défense d'une France royale et catholique, dans la Continuation du Discours des misères de ce temps (1563).
La création littéraire se définit régulièrement par comparaison avec les sports de combat, et même plus généralement avec le sport, en tant que le sport a rapport au combat, c'est-à-dire à la compétition. Il y a, chez elle aussi, des championnats, des prix, la possibilité d'un dopage. Tout jeune écrivain, avertit Fontenelle, doit se préparer à entrer en lice ; Maurice Barrès lui-même, qui s'est beaucoup tenu à distance des accidents de la camaraderie littéraire, a l'impression de rejoindre un « match professionnel » au moment de rendre compte de son exploration de l'Égypte. Tous les grands écrivains du XIXe siècle, à peu d'exceptions près, se sont battus en duel, comme si ce moment de duel révélait la valeur agonistique latente de la littérature. La littérature, plutôt ou autant qu'au loisir (otium), n'aurait-elle pas rapport au negotium, au remue-ménage ? La pacification, la consolation comptent parmi ses opérations possibles, mais leur inverse paraît une tendance constitutive de la création et de l'existence littéraire.
L'abbé Irail, dans ses Querelles littéraires (1761), s'intéressait à la figure d'Archiloque, tout à la fois premier poète lyrique et premier poète satirique, qui fait de la poésie avec sa colère et son désir de vengeance. le génie et la querelle sont liés : il n'y a pas eu de siècle de grand talent, observe-t-il, qui ne fût un siècle de grande agitation et de grande jalousie entre les écrivains. Comme dans la théorie économique de Bernard Mandeville, il semble que, dans les arts, les vices privés servent le bien général et que le florissement d'une culture repose sur la querelle permanente de ses représentants.
Notre rapport à la littérature reconnaît implicitement une telle dimension pugilistique, proprement romantique ; c'est la règle du winner takes all. Pierre Bourdieu et Harold Bloom ont été les théoriciens de cette difficulté de survivre en littérature, et de cette dynamique réelle de la littérature, bien différente d'un glissement naturel d'âges, qui fait se heurter d'une part les gloires littéraires acquises, pour qui l'urgence est de durer, d'autre part les aspirants à la gloire, qui savent qu'ils n'acquerront le droit de durer qu'en rejetant leurs prédécesseurs dans le passé.
Sportifs, escrimeurs, prisonniers : ce sont plusieurs figures, au sens de Roland Barthes, de cette agonistique motrice de la vie littéraire entre la Restauration et le Second Empire, qui seront envisagées tout au long du cours.
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