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Critique de motspourmots


1 400 000 repas. Voilà ce que les recettes de la vente du premier recueil 13 à table ! paru en novembre 2014 ont permis de financer par l'intermédiaire des Restos du coeur. de quoi encourager tous les acteurs qui ont prêté gracieusement leur concours à cette généreuse initiative (éditeur, auteurs, imprimeurs, diffuseurs...) à remettre le couvert. Nourritures pour le corps et pour l'esprit. Évidemment, on l'achète. Pour soi ou pour offrir ou même les deux. Et on en profite pour découvrir des auteurs, qui ne sont pas exactement les mêmes que l'an dernier. Et pour s'apercevoir que la nouvelle est un exercice difficile qui ne convient pas forcément à tout le monde...

Après le thème inaugural du repas, les auteurs ont été invités à plancher sur un sujet tout aussi porteur : "Frères et soeurs". Jalousies, rancoeurs, secrets de famille, ressemblance, envies... Les déclencheurs ne manquent pas et permettent aux auteurs, chacun dans son univers, de laisser libre cours à leur imagination. A ce jeu, certains sont plus efficaces que d'autres. La palme revient selon moi à Karine Giebel, auteur de polars dont je n'ai absolument rien lu mais dont l'efficacité du texte risque de m'emmener prochainement à l'un de ses romans. Elle s'empare d'un sujet difficile, celui des crimes d'honneur ancrés dans la culture familiale de certains pays et montre comment la fiction peut être parfois plus forte que de longs discours. Sa nouvelle est aussi terrible que nécessaire.

Le reste est beaucoup moins grave, voire plus léger. Parlons d'abord des "trop gentils". Ceux qui, faute d'un vrai point de conflit livrent un texte sans grande aspérité. Françoise Bourdin ne réussit pas vraiment à intéresser avec ses deux frères que tout oppose mais que rien ne sépare, Douglas Kennedy perd son lecteur dans un texte qui semble ne pas savoir où il va (je crois que c'est le plus mauvais, visiblement en manque d'inspiration), François d'Epenoux manque son effet avec cette histoire de fratrie décomposée, Alexandra Lapierre rate un peu son exercice autour du fils unique pas si unique et Agnès Ledig ne convainc pas avec une histoire assez mièvre d'amitié fraternelle.

Par contre, Michel Bussi est fidèle à lui-même, habile à jouer avec la psychologie de ses personnages, même sur quelques pages et à créer une atmosphère qui s'alourdit au fil du récit, pour livrer une vraie nouvelle avec une vraie chute. Maxime Chattam ose tout, c'est horrible et ça marche plutôt bien même si on risque l'indigestion (vous verrez pourquoi et c'était déjà le cas la dernière fois). Stéphane de Groodt a recyclé un de ses textes sur les frères Coen pendant le festival de Cannes... pourquoi pas ? On a bien besoin de les avoir sous les yeux ses textes, pour en saisir tous les jeux de mots. Romain Puertolas m'a bien amusée avec son histoire de Rom accueilli à bras ouverts sur la lune, lui qui est plutôt habitué aux insultes et aux coups de pieds au cul... (mine de rien, on peut dire deux trois choses aussi, avec sa plume). Nadine Monfils s'inspire d'un fait réel que l'on a peine à imaginer. L'amour fraternel peut vous emmener très loin... Enfin, Bernard Werber met en scène deux jumeaux séparés à la naissance et élevés dans des endroits et des milieux différents et qui pourtant, vivent des vies strictement parallèles... Son regard empreint de sciences humaines ne manque pas de se demander ce que la société pourrait faire d'un tel niveau d'empathie.

Allez, on souhaite à ce recueil le même succès qu'au précédent. Qu'il permette d'offrir un maximum de repas. Et accessoirement, qu'il redonne peut-être le goût de lire à ceux qui l'on un peu perdu et permette à certains auteurs de rencontrer un nouveau public.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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