Vincent observa quelques instants la course des deux enfants qui nageaient côte à côte, soulevant des gerbes d’eau. Depuis le début des vacances, ils n’avaient pas cessé de se lancer des défis, à pied, à vélo ou dans la rivière, et leur rivalité finissait par exaspérer tout le monde.
- Les rancunes, le passé, toutes ces horreurs... ça pèse tellement lourd, au bout du compte.... Regarde-nous ! Parfois je me dis que nous devrions parler aux enfants, que c'est l'histoire de leur famille et qu'ils ont le droit de la connaître, pourtant je ne parviens pas à m'y résoudre. Chaque fois que l'un d'eux pose une question, j'élude. Je crois que j'ai peur...
- Moi aussi. Et en ce qui me concerne, c'est pire, parce que ce n'est pas seulement à propos de leur grand-père qu'ils vont m'interroger ! Un jour ou l'autre, ils voudront savoir avec qui je les ai fabriqués.
Vincent songe que rien ne remplace la famille. C'est ce que répétait Clara, et elle avait raison.
J'aimerais que tu sois un peu patient, un peu tolérant. Tu peux te le permettre car quand on est heureux, tout est facile.