Quand un homme a vraiment aimé une femme, pour lui l'histoire n'est jamais finie.
Pascale avait beau être intelligente, ouverte, elle risquait de rejeter ses arguments en bloc. Et malgré ou à cause de tout l’amour qu’il lui vouait, il refusait d’avance d’être traité comme un monstre.
L’était-il ? Oh, Dieu, non ! Il avait fait ce qu’il prenait pour le bien, même s’il s’en était mordu les doigts par la suite. À trente ans, il ne savait rien de la vie. Fils de notable, il avait mis ses pas dans ceux de son père, de son grand-père, sans se poser de questions. Marié dès la fin de ses études, établi à Peyrolles dans la demeure familiale, son avenir semblait tracé. Exerçant la médecine avec rigueur, papa d’un beau petit garçon, il était le respectable docteur Henry Fontanel…
Seulement, il y avait Camille. Le grain de sable de son existence. Cette jeune fille, dont il était tombé amoureux à l’adolescence, allait de nouveau croiser sa route. Ce jour-là, il avait sombré dans le tumulte d’une véritable passion. Enfer et paradis, il ne regrettait rien.
J'ai lu ce roman de Françoise Bourdin il y a quelques années et c'est un livre qui m'a marqué car je me rappelle très bien de l'histoire. On ne s'attend pas à cette fin, l'écrivain arrive vraiment à nous surprendre.
En famille, il y a des sujets tabous, des choses auxquelles on ne fait jamais allusion, et au bout d'un certain temps il devient tout à fait impossible de les évoquer, encore moins de s'expliquer. (p 366)
A mon âge, les souvenirs ont quelque chose d'encombrant, tu le constateras quand tu seras vieux. ( p 362)
Devant elle,à une trentaine de mètres,la maison blanche lui apparut enfin.
Pascale s'attendait à la trouver moins imposante que dans son souvenr,mais non,elle était identique,exactement semblable à l'image précise qu'en avait conservée sa memoire.Large,solide,élègante,presque orgueilleuse avec ses colonnes accouplées autour des fenêtres,son perron surélevé et sa terrasse fermée par une balustrade en poire....Sa maison.L'endroit où elle avait été si insouciante et si heureuse qu'il était pour toujours assossié à l'idée du bonheur.
Cette espèce d'héritage moral de nos ancêtres, avec leurs émotions, leur vécu, et aussi les deuils qu'ils n'ont pas pu achever et qu'on reprend à son compte. ( p 283)
Étrange de découvrir que ces deux hommes pouvaient la séduire tour à tour. Était-ce dû à une trop longue période d’abstinence ou à l’état de fragilité dans lequel la plongeait le mystère de Julia ? Se réfugier contre Sam était si naturel, si évident, si rassurant… et vraiment très sensuel. Le considérer comme un ami revenait peut-être à se mentir à elle-même. Pourquoi avait-elle fait la sourde oreille le soir où il lui avait affirmé : « Quand un homme a vraiment aimé une femme, pour lui l’histoire n’est jamais finie » ?
La perspective du dîner chez Laurent lui donnait soudain envie d’être belle et elle prit le temps de se faire un shampooing puis un brushing. Une fois ses cheveux brillants comme de la soie, elle se maquilla légèrement, mit deux gouttes d’extrait de parfum sur sa nuque et s’habilla. La jupe et le spencer rouges soulignaient parfaitement sa silhouette longiligne. Elle opta pour des escarpins noirs, assortis au manteau de cachemire à col officier que son père lui avait offert l’année précédente.
« Oublié. » Un mot odieux, qui renvoyait Camille au néant. Les siens l’avaient oubliée, elle-même avait oublié à son tour sa petite Julia Nhàn quelque part. Seul Henry Fontanel l’avait sortie du cercle infernal de l’indifférence.