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3,78

sur 114 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Pour le lecteur lambda qui n'a pas soutenu de thèse en histoire mais a, en revanche, visité quelques-uns des châteaux de la Loire et a bien écouté ses instituteurs, l'époque De La Renaissance évoque immanquablement les figures de François Ier et de Léonard de Vinci - peut-être aussi celles de Charles Quint et de Martin Luther mais c'est moins sûr -, sans compter les fenêtres à meneaux, les jardins à la française, l'essor de l'imprimerie, le gothique flamboyant, etc., de telle sorte qu'il peut avoir la sensation qu'avant qu'elle n'entre dans le 16ème siècle, notre bonne vieille Europe n'était qu'une terre minée par l'obscurantisme, et qu'en passant du 31 décembre 1499 au 1er janvier 1500, elle a enfin accédé aux lumières de l'humanisme.

Bon, parole d'historienne, ça ne s'est pas tout à fait passé comme ça. Rappelons que le fameux Quattrocento (alias « Renaissance italienne ») correspond au 15ème siècle, que l'imprimerie a été inventée au 15ème siècle, que le Nouveau Monde a été découvert au 15ème siècle et que la peste ne s'est pas volatilisée comme par enchantement au 16ème siècle, sans parler de la guerre et des querelles religieuses, illustrées par la Réforme qui, bien qu'impulsée au 15ème siècle, s'est épanouie au siècle suivant. Ce préambule, vous l'aurez compris, tend simplement à mettre en avant le fait que la Renaissance synthétise les mutations profondes qui ont transformé notre vieux continent pendant plus de deux siècles avec la patience de vagues érodant les falaises. C'est pourquoi, en ouvrant les pages de ce roman historique dont l'action se situe en Allemagne (qui ne s'appelle pas Allemagne, hein, on se comprend ?) à la charnière des 15ème et 16ème siècles, on a la sensation d'être encore plongés jusqu'au cou en plein Moyen-Âge et non pas en pleine Renaissance. En effet, selon les pays, la politique et l'économie ont fait que la transition entre ses deux périodes a été plus ou moins longue et laborieuse. En bref, selon moi, la force du présent roman tient essentiellement dans sa bonne documentation et il ne fait aucun doute qu'il comblera le lecteur désireux de mieux appréhender le panorama historique de cette période.

A travers les destins d'une mère et de sa fille - chacun d'eux étant traité de façon distincte à quelques années d'intervalle -, le lecteur prend pleinement conscience d'une réalité moins flamboyante que celle qu'il aurait imaginée : pillards, pauvreté, épidémies, injustices, inquisition… les maux du peuple sont légions. La médecine, les arts, la spiritualité, la superstition et la précarité de l'existence figurent donc parmi les thèmes largement mis à l'honneur par Jean-Pierre Bours dans son roman auquel je reconnais une belle qualité d'écriture et une érudition certaine, hélas insuffisantes à me le faire classer parmi mes coups de coeur. Même si le récit en lui-même ne souffre ni de longueurs (le rythme est plutôt soutenu), ni du manque d'action (très présente) et encore moins du manque d'émotion (ininterrompue), la narration ne m'a pas touchée en plein coeur, je l'ai trouvée distante et plutôt académique, au final assez impersonnelle, quasi factuelle. Tout au long de ma lecture, j'ai eu la sensation que l'auteur avait hésité entre une chronique (justifiée par cette approche factuelle) et une aventure romanesque (nécessitant davantage de profondeur psychologique) et que, ne pouvant se résoudre à choisir, il avait décidé de faire un « deux en un ». J'avais déjà éprouvé la même sensation à la lecture de « Tuer Napoléon III » de Jean-Baptiste Evette : une solide documentation, une narration travaillée mais un manque de chaleur dans le style qui m'a empêchée de m'impliquer dans le roman, me laissant en marge, simple spectatrice quand j'aurais voulu être actrice.
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Le roman débute en 1500 dans le Saint Empire germanique.
Une femme est pourchassée pour sorcellerie. Elle abandonne en toute hâte son bébé dans une église.

1516
Nous suivons les traces de Gretchen, jeune fille rebelle qui a envie de s'instruire et suivre les pas de la sage-femme du village. Sa conviction se renforce quand elle apprend ses origines.
Les chapitres s'alternent entre ces deux périodes avec de nombreux renseignements historiques.
Tout ceci manque un peu de sentiments et fait place à L Histoire même si ce n'est pas dépourvu d'intérêt et de réalisme comme mes renseignements le confirment.
Au début, j'ai cru plonger dans l'ambiance et puis j'ai cessé de me laisser prendre par le livre.
Dommage, mais cet avis est tout à fait personnel.
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Roman historique se déroulant dans l'Allemagne des débuts de la Réforme, encore un pied dans le moyen âge et à l'aube De La Renaissance, Indulgences retrace les destins hors du commun d'Eva et de sa fille Margarete. Mêlant drame et peinture historique, navigant sans cesse entre mythe et réalité, le récit nous offre un voyage dans une époque aux prises avec l'inquisition, la peste et la guerre.
En nous faisant rencontrer des figures emblématiques de l'époque, l'auteur ancre son histoire dans une lointaine réalité et c'est là un des points forts du roman.
Pour qui, comme moi, les cours d'histoire sont bien loin, cette immersion dans l'Europe de la Réforme permet une petite piqûre de rappel bienvenue et enrichit agréablement le contenu romanesque.
Ainsi donc, on découvre les oeuvres de Cranach ou Dürer qui nous sont largement décrites, on croise le légendaire docteur Faust, on se frotte aux théories de Martin Luther, on assiste à l'essor de l'imprimerie et tout cela est plutôt bien amené.

Là où ça se gâte, à mon humble avis, c'est justement avec le contenu romanesque qui ne nous offre rien de bien original. Des héroïnes quasi parfaites, belles, intelligentes, courageuses. Eva s'exprimant durant son procès comme le ferait un avocat aguerri.. On a beau savoir que malgré ses origines incertaines, elle a reçu culture et savoir, j'ai eu un peu de mal à y croire. On se dit : "tiens, comme par hasard !".

Des situations assez convenues qui ne surprennent pas ou si peu. Des personnages caricaturaux donnant force à un manichéisme assez indigeste. Bref, ça manque de nuances et de subtilités. Ça manque de surprises aussi.
Le dénouement est vite bouclé et là encore sans grande révélations si ce n'est peut-être celle des origines d'Eva.

L'ensemble reste malgré ça plaisant à lire. L'écriture est agréable, imagée et l'action ne connaît pas de temps mort.
L'intervention de Méphistophélès, apporte un petit côté mystérieux et fantastique bienvenu.
On tourne les pages rapidement, avide d'en savoir plus. On remercie l'ami Google de nous donner des précisions sur le contexte historique et on se dit que ben oui, tiens, on relirait bien le Faust de Goethe et on se pencherait bien un peu plus sur le parcours de Martin Luther.

Au final un bon roman d'aventures mêlant amour, trahisons, jeux de pouvoirs et intrigues tout en décrivant une période historique riche en bouleversements.
Un grand merci à Babelio et à HC Editions pour ce bon moment d'évasion.
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J'achève avec Indulgences une lecture bien agréable bien qu'imparfaite. Plusieurs ingrédients de mes goûts personnels littéraires y sont réunis : le mélange d'événements et de personnages historiques bien réels dans un roman de fiction. Histoire, légende et pure invention, le tout saupoudré d'une touche de surnaturelle justement dosée, constituent cet ouvrage. Je suis malheureusement déçue par plusieurs autres points.

En effet, les personnages féminins, et plus particulièrement Eva et Margaret, sont beaucoup trop parfaits. Toutes les femmes du roman sont décrites comme très jolies pourtant la beauté n'est pas universelle… Quant à Margaret, tout lui réussit. Non seulement elle est la femme la plus belle qui existe, mais en plus, elle est intelligente et instruite, dotée d'une grande soif de savoir qui la rend toujours plus cultivée. Si encore ce n'était que cela, mais en prime, elle est douée de ses mains et tout ce qu'elle entreprend, elle le réalise à la perfection. Même ses sentiments et ses émotions ne trahissent jamais une once de colère, ni haine, ni jalousie, ni agacement. Bref, ce personnage n'a strictement aucun défaut. Pour un roman dont la précision historique souhaite rendre une réalité des plus proches, pourquoi faire de ce personnage une héroïne digne des contes de fées ?

De même, les péripéties liées à Margaret se résolvent toujours trop facilement, j'aurais apprécié plus de réalisme, plus de malheurs ; comme si l'auteur aimait tellement son personnage qu'il ne souhaitait que rien ne lui arrivât de bien cruel. Car, même le personnage de Ludwig, censé être le grand méchant de l'histoire, ne me convaincs pas. Tous ces éléments me laissent penser que ce roman est par conséquent plus destiné à un public adolescent et jeune adulte du fait de la psychologie manichéenne peu poussée et des actions guère violentes au final.

En revanche, l'un des points les mieux travaillés reste la temporalité. Non seulement, le lecteur jongle entre passé et présent mais aussi entre deux laps de temps bien différents qui permettent au roman d'être parfaitement dosé. En effet, le passé se référant à Eva, la mère, se déroule sur un temps bref, de quelques jours, et relate un unique événement, le temps du procès. Ces passages sont assez intenses et haletants. A contrario, le présent mettant en scène Margaret, la fille, s'écoule sur un temps plus long puisqu'on la suit sur une période de cinq ans qui nous présente son enfance jusqu'à l'âge adulte. Cette fois-ci, on a affaire à la vie quotidienne du personnage, avec ses hauts, ses bas, ses rencontres… Cet effet d'alternance est très bien maîtrisé et rend le livre intéressant.

J'ai donc apprécié cette lecture pour laquelle j'aurais simplement aimé plus de réalisme, de profondeur et de maturité, qui en aurait fait une oeuvre vraiment importante.

Merci à la Masse Critique et aux éditions HC.
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Dès les premières phrases de cette fresque historique, l'ambiance est immédiatement campée par un narrateur envoûtant mais terriblement angoissant, et cette appréhension obscure qui pèse ne nous quitte plus. On en sent la chape, on sent les ténèbres sourdre, et rarement le ciel s'éclaircir.

On suit donc avec émotion et angoisse, le destin et les souffrances d'une mère, Eva, et de sa fille, Gretchen, séparées des les premiers jours, qui nous sont narrés en parallèle, mais à 15 ans d'intervalle.
L'introduction d'une alternance de narration entre le récit et les commentaires de Méphistophélès accentue l'intrigue, d'autant plus rythmée que l'histoire se lit, au présent, comme un balancier, un chapitre étant consacré à l'histoire de la mère, le suivant à celle de la fille, et ainsi de suite, dans un aller et retour temporel intéressant.

Autour d'elles gravitent d'autres héroïnes, dont on ne peut qu'admirer, à cette époque funeste, le combat pour les prémices de l'émancipation de la place des femmes ; qu'il s'agisse des principales héroïnes ou bien des Illona, Freya, Ludmila, il est dressé là un portrait de femmes plutôt « modernes » (un peu trop peut être), et pour le moins battantes, en avance sur leur temps, enviées ou acculées à la solitude de par leur choix de liberté et de vie
.
Car il faut avouer que la chance ne sourie vraiment pas souvent à ces femmes, à qui nombres de situations cauchemardesques se présentent. L'auteur fournit une multitude de détails qui permettent de vivre « au mieux » chacun de ces passages, où souvent se mêlent cruauté, perfidie et ignorance, et la plongée dans ce Moyen Age finissant en Allemagne, où peste, lèpre, pillards et soudards ou encore droit de cuissage sont monnaie courante, ne donne qu'une envie, en ressortir très vite.
Même si dans cette période quelques lumières se font vie : l'imprimerie, la fin des indulgences, l'éveil des consciences et de l'Art, notamment la peinture, qui jalonnent bienheureusement la vie de nos héroïnes.

On y croise aussi des hommes, et non des moindres : Martin Luther dont on suit les tourments spirituels, les doutes, le combat avec le Malin, des peintres illustres, dont Lucas Cranach ou Dürer, … l'énigmatique docteur Faust.
Les personnages  « secondaires » ne manquent pas d'attrait, et j'avoue avoir apprécié le travail de l'auteur pour donner une étoffe à tous les personnages, dont chacun au final va apporter sa pierre pour mener l'héroïne Gretchen là où elle devait arriver.

La fin, si elle est un peu prévisible, m'a malgré tout semblé un peu « bâclée ,. L'auteur s'est étendu sur certaines périodes de la vie des deux femmes sur les trois quarts du livre, pour condenser en quelques pages finales le dénouement, nous laissant sur notre faim. On aurait aimé aller plus avant dans la vie des personnages.

Cela reste néanmoins un très bon roman, bien écrit, que l'on lit avec plaisir et rapidement.
Je remercie Babelio et les Éditions HC de m'avoir permis de le découvrir.
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Nul doute que sans Babelio, je serais passé loin de ce livre étonnant des Éditions HC que je remercie de m'avoir fait partager ce coup de coeur. Et ç'aurait été dommage.

Au XVIe siècle naissant, dans ce qui n'est pas encore l'Allemagne mais le Saint Empire Germanique, Jean-Pierre Bours nous conte le destin de deux femmes à 15 ans d'intervalle dans un double récit basé sur une terrible réalité, une saisissante fiction et une once de légende.
1500, Eva Mathis, chargée d'un enfançon et poursuivie par une troupe chassant les sorcières, court à perdre haleine dans la forêt de Saxe, dépose son bébé au pied de l'autel de l'église de Coswig, avant de se faire arrêter au petit matin. 1514, à quelques lieues de là, Margarete, dite Gretchen, grandit au sein d'une famille de paysans, dans une nature hostile traversée par les disettes et les épidémies, les guerres et les pillards, l'illettrisme et l'exploitation par les seigneurs.

Ce double récit, l'auteur nous le propose en alternant chapitres d'une époque et de l'autre, pendant quelques semaines pour l'une et quelques années pour l'autre. Et c'est sur cette dualité qu'il construit tout son roman sur une documentation rigoureuse tant sur les plans historique et religieux, que politique, médical et militaire. Sur ces bases solides vont pouvoir évoluer les personnages fictifs croisant ceux réels, du monde religieux comme Martin Luther, le moine Johann Tetzel ou le pape Léon X ; du monde politique comme Frédéric le Sage, les princes électeurs ou l'empereur Maximilien 1er ; et du monde artistique, tels Lucas Cranach, Albrecht Dürer ou encore le peintre Mathis passé à la postérité sous le nom de Grünenwald.
La dualité dans le récit se retrouve partout, entre la misère du peuple paysan et l'apparente prospérité des commerçants de la ville. Dualité encore entre l'opulence d'un clergé décadent et l'austérité voire l'ascétisme du moine Luther qui reproche au précédent son commerce au prix fort des indulgences contre l'espoir d'une rédemption. Dualité toujours entre les femmes que la connaissance émancipe et ces tribunaux ecclésiastiques dont le seul credo est de condamner les précédentes comme sorcières entretenant l'obscurantisme qui préfigure la grande Inquisition. Et la liste pourrait encore s'allonger entre les personnages eux-mêmes, ceux portant la lumière et les autres leur part d'ombre.
L'auteur a ce talent particulier qui mélange descriptions des personnages, des paysages et de situations étonnamment précises (voire chirurgicales !) et vigueur du récit proche du suspense. La beauté des tableaux de la Renaissance le dispute à l'âpreté des combats, et l'insouciance de la jeunesse va vite disparaître devant l'horreur de la maladie, des viols et de la torture. La dualité vous dis-je !
Mais il ne faut pas oublier cette part de légende qui court tout au long du livre avec le fameux docteur Faust et le sinistre Méphistophélès qui s'offre le luxe de préfacer l'ouvrage avant d'en révéler le contenu…
C'est sans doute cette part de légende qui donne le ressort de l'écriture d'Indulgences. J'oserai mettre un bémol dans ce qui pourrait passer pour un dithyrambe. En effet si la torture ne pouvait pas se contenter d'être juste évoquée, certains passages concernant les rapports intimes qu'ils soient consentis ou non auraient gagné à moins de réalisme et à plus de suggestion. Et si le roman débute de telle façon que le lecteur est tout de suite emporté dans le tourbillon de l'histoire, le milieu du livre souffre un peu de longueurs, même s'il s'achève sur un final insolite et qui ne manque pas de surprises.
En conclusion, les quelques 400 pages se lisent avec beaucoup d'intérêt et si le souhait de Jean-Pierre Bours dans son message au lecteur était de savoir si le livre allait nous plaire, on peut le rassurer car c'est réussi.
J'aurais aimé attribuer 3,5 étoiles sur cinq, mais comme Babelio ne nous propose que cinq possibilités je décerne 3 étoiles avec un « gros plus » !
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Placer un roman historique sous le patronage du Diable, il fallait oser. Jean-Pierre Bours s'en sort plutôt bien, lui qui donne au Malin le soin de nous narrer cet étrange récit où Histoire et fiction s'entremêlent. Rigoureusement construit, son roman alterne chapitres consacrés au procès d'Eva, la mère, et chapitres centrés sur les aventures de Gretchen, la fille, à quinze ans d'écart, deux femmes fortes, belles, fières, insoumises, que les hommes et la société tentent d'assujettir.

D'entrée de jeu, ce narrateur un peu particulier nous entraîne au coeur d'une période trouble, un moment charnière de l'Histoire, qui n'est plus tout à fait le Moyen-Âge mais pas encore la Renaissance. Et il faut l'avouer, l'intrigue est plutôt bien bâtie, et chaque chapitre relance l'intérêt du lecteur, même si les personnages, et en particulier les deux héroïnes, ne sont pas des plus attachants. En effet, ces deux femmes sont un peu trop parfaites pour être crédibles : intelligentes, cultivées, pures, autonomes, féministes, généreuses, d'une beauté telle que, bien malgré elles, tous les hommes tombent irrésistiblement sous leur charme... Aucun défaut, si ce n'est une pointe d'orgueil de temps en temps. Difficile, dans ces conditions, de s'identifier à ces deux "saintes" dont la vertu n'est jamais bafouée, même dans les instants les plus critiques.

Quant aux personnages, certains sont franchement caricaturaux (le soudard qui ne pense qu'au combat, à la boisson et au viol, la jeune courtisane au grand coeur qui sombre malgré elle dans la prostitution, le geôlier brutal et pervers...), d'autres, et en particulier les personnages "historiques" sont mieux lotis, mais trop brièvement évoqués, comme Luther ou Cranach : ils sont d'ailleurs davantage évoqués pour montrer que l'auteur s'est documenté avant d'écrire, que pour faire réellement avancer l'intrigue.

Le style est fluide, soigné sans être emprunté, mais parfois émaillé d'anachronismes surprenants, comme l'expression "laisser tomber" (au sens moderne du terme), un peu saugrenue dans la bouche d'une jeune fille vivant au XVIe siècle. de plus, certains dialogues sonnent faux, et l'on a parfois davantage l'impression d'assister à un cours d'Histoire sur la Réforme ou l'art au début De La Renaissance que de lire un roman. Soulignons enfin le fait que la narration a tendance à s'éparpiller autour d'intrigues secondaires qui ne sont finalement pas développées.

En somme, un roman intéressant, fort documenté, mais un peu scolaire et manichéen, si bien qu'on a du mal, finalement, à vraiment se laisser prendre par l'histoire, d'autant que le dénouement, qui relie enfin l'intrigue au célèbre mythe popularisé par Goethe, nous laisse sur notre faim.


Ouvrage reçu dans le cadre de l'opération "Masse Critique", menée par Babelio et HC Editions.

Retrouvez cette critique plus détaillée en cliquant sur le lien ci-dessous !
Lien : http://ars-legendi.over-blog..
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Quand Pierre de Babelio m'a proposé de postuler pour recevoir Indulgences, j'ai exulté de joie, car si j'aime le Moyen-Âge, je ne connais pratiquement rien de la fin de cette époque en Allemagne (à part à travers le jeu Age of Empires !! *tousse tousse*^^). Bien sûr, j'avais de vagues connaissances sur l'invention de l'imprimerie ou des personnages comme Marthin Luther, Charles Quint, Dürer... mais rien de bien consistant. En outre, la quatrième de couverture titillait grandement ma curiosité !

Pour en revenir au livre, l'auteur y alterne les chapitres où Eva tente de sauver sa vie pendant les quelques jours que durent son procès pour sorcellerie et ceux où Margarete, 15 ans plus tard, entreprend des recherches sur l'identité de sa véritable mère. L'originalité réside dans l'identité du narrateur qui n'est autre que Méphistophélès (Mephisto pour les intimes) qui n'a de cesse de suborner les différents protagonistes tout en infléchissant leur destin (dommage d'ailleurs que le diable ne nous fasse pas plus souvent part de ses réflexions car ses interventions font parti des passages les plus réussis du roman!).
Ce procédé narratif a le mérite de soutenir l'intérêt du lecteur éveillé tout en donnant du rythme à l'histoire.
Celle-ci s'inscrit dans la période charnière de la fin du Moyen-Âge et du début De La Renaissance, qui est une période pleine de contradictions et de violences, un monde en mutation où les femmes sont persécutées sur un simple soupçon de sorcellerie, où la peste peut décimer des familles, voire des villages entiers. C'est le temps du commerce des indulgences (d'où le titre) et de l'essor de l'imprimerie qui démocratise le savoir. C'est également celui des jacqueries, de l'aspiration à un monde moins corrompu, de l'obscurantisme et du fanatisme religieux, de l'élan intellectuel qui donne naissance à l'humanisme...

Bref, comme vous le remarquez, les thématiques abondent !
Or, si l'histoire est enlevée et fort bien documentée, et le rythme soutenu, le livre a également les défauts de ses qualités. J'ai eu l'impression que l'auteur voulait à tout prix y caser la somme de ses recherches (et dieu sait que se siècle fut foisonnant !), parfois au détriment de l'intrigue qui s'éparpille un peu ou de certains dialogues qui ressemblent davantage à un cours magistral sonnant de ce fait un peu faux. de plus, bien que la plupart des personnages soient attachants, ils restent trop manichéens ou stéréotypés pour nous émouvoir vraiment, entre l'héroïne parfaite qui inspire à son corps défendant du désir à chaque homme qu'elle rencontre et sa soeur forcément moins talentueuse ne pouvant rivaliser que dans le domaine de la dépravation, la prostituée au coeur noble soumise à un monstre, le fiancé éconduit qui échafaude durant des années une vengeance aussi machiavélique que sordide, le soldat n'hésitant pas à risquer sa tête pour une femme qu'il ne connaît pas mais dont la beauté l'a ému.... etc etc...

Bref, j'aurais préféré que l'auteur n'aborde pas autant de thèmes pour mieux en approfondir quelques-uns ; car du coup, on a l'impression que Jean-Pierre Bours ne fait que survoler certains épisodes, rendant leur dénouement ou la situation des personnages peu crédibles ou prévisibles (je pense notamment à la jeunesse ou à la délivrance de Gretchen, la recherche de ses origines, la démarche de Mathias, au docteur Faust tellement absent qu'il semble sacrifié à l'histoire...), d'autant que certaines de leurs actions semblent parfois incompréhensibles...
Par contre, j'ai adoré les scènes du procès mettant en valeur la pugnacité et l'esprit d'à-propos d'Eva qui en dévoile la sinistre mascarade. J'ai adoré l'épisode de la peste, la description de sa propagation et des différents traitements dont disposaient alors les médecins et les guérisseuses.

Pour conclure, une histoire captivante et très bien documentée mais qui souffre à mes yeux d'une surabondance de thèmes. le développement de certains épisodes était à mes yeux dispensable, ce qui aurait permis à l'auteur de se focaliser sur certaines intrigues qui apparaissent du coup assez inapprofondies et cousues de fil blanc. Malgré ces réserves, la lecture fut très agréable et instructive, et je remercie Babelio et les éditions HC pour cette découverte !
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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Voici un roman sur fond historique qui se déroule dans les premières années du 16ème siècle à Wittenberg, dans le Saint-Empire germanique. Là, c'est encore le Moyen Age, les procès de sorcellerie sont légions, la cruauté et le cynisme sont au paroxysme et font de cette période l'une des plus inhumaines de notre histoire.
L'auteur s'est bien documenté et fait intervenir quelques personnages historiques dans des situations réelles. On y rencontre ainsi Luther, le peintre Cranach, le Docteur Faust et quelques autres. Les personnages imaginés par l'auteur sont très attachants mais semblent parfois anachroniques, comme l'héroïne principale Gretchen, trop féministe avant l'heure.
le roman nous est présenté en alternant deux périodes. En 1500, une jeune femme accusée de sorcellerie fuit avec son bébé, qu'elle dépose dans une église avant de se faire arrêter. On suivra son procès, ou plutôt la parodie de procès, qui aurait dû la conduire au bûcher. On retrouve ce bébé devenu une charmante demoiselle, à partir de 1515, dans la riche demeure de ses parents adoptifs. La première période surtout contient de nombreuses scènes de viols, de tortures, de sexe. Je ne crois pas qu'il s'agit là d'une complaisance de l'auteur, qui n' a fait que traduire la triste réalité de l'époque. Il décrit d'ailleurs rarement jusqu'au bout ces scènes violentes.
On lit tout cela avec intérêt, le rythme est soutenu, on a envie de connaître la suite, même si le style de l'auteur semble parfois impersonnel, en recul par rapport à l'histoire qu'il raconte.
Seule la fin m' a déçu: les rencontres improbables se multiplient: le roman devient romance.
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J'ai lu ce livre sans ennui , parfois avec intérêt mais je l'ai refermé sans regret car je n'ai pas vraiment été emporté par l'histoire qui part parfois dans toutes les directions . Les personnages réels rencontrent les personnages fictifs dans l'Allemagne de 1500 et 1516 : religion , médecine , peinture , guerres.. beaucoup de thèmes sont abordés .. il en résulte une impression un peu " fouillis" . le contexte m'a rappelé " La catin " d' Iny Lorentz et " Malefica " d'Hervé Gagnon , 2 livres que j'ai préférés à celui-là car les rebondissements y étaient plus nombreux . En résumé : bien mais sans plus !
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