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3,78

sur 114 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans "Indulgences", Jean-Pierre Bours revisite le mythe de Faust et de Marguerite dans la Saxe du XVIe siècle. Dans cette société rude encore sous le joug des seigneurs et de l'Inquisition, mais qui voit peu à peu émerger la Réforme et la Renaissance, il bâtit deux portraits de femmes en lutte contre l'ordre établi.

Le narrateur n'est autre que Méphistophélès, incarné ici par un homme étrange aux yeux vairons, toujours flanqué d'un chien. Il nous conte le destin d'Eva Mathis, arrêtée et jugée pour sorcellerie en 1500, puis à 15 ans d'intervalle, celui de sa fille Margarete, qui part à la recherche de ses origines. Dans sa quête, elle ne croisera pas moins que le docteur Faust, Martin Luther ou le peintre Lucas Cranach...

A la lecture de ce roman, j'ai été impressionnée par la remarquable documentation de l'auteur sur le plan historique, médical, pictural ou religieux. Pour être tout à fait honnête, j'ai aussi noté un bon nombre d'imperfections, mais je ne voudrais pas que cela vous dissuade de le lire, bien au contraire.

Oui, il y a des anachronismes. Dans le vocabulaire, j'ai par exemple relevé les mots Allemagne ou pantalon... Les héroïnes, Margarete en tête, sont trop modernes pour leur époque, n'hésitant pas à tenir tête à leurs parents ou à l'Église pour affirmer leur indépendance, refusant le mariage et les convenances. Cet esprit frondeur m'a rappelé le roman "La scribe" d'Antonio Garrido.

Il y a des maladresses aussi. Certains dialogues sont peu adaptés aux personnages, tel un valet de ferme à peine dégrossi qui répond à celui qui lui propose de devenir soldat : « J'en serai particulièrement heureux ». Ou bien la vengeance sexuelle qui anime une partie des protagonistes masculins, les réduisant à des bêtes en rut ne rêvant que de viols et d'avilissement.

Et pourtant, malgré tout ce qui aurait dû m'en détourner, ce roman historique m'a offert un excellent divertissement. En cherchant pourquoi, j'ai trouvé à cela deux raisons principales. La première tient à la qualité de l'écriture et au dynamisme du récit, avec une narration sur deux époques différentes qui ménage du suspense et donne envie d'aller plus loin. La seconde vient de l'attrait sombre et mystérieux de l'intrigue, à la lisière du Moyen Âge et De La Renaissance, dans une société en pleine mutation encore pétrie d'anciennes croyances. Une façon de jouer à se faire peur à coups de peste, de lèpre, de guerres, de sorcellerie et de pactes avec le diable... A rapprocher de l'univers de Karen Maitland ou bien de la saga "La Dame sans terre" d'Andrea H. Japp.

Merci à Babelio et aux éditions HC pour cette incursion littéraire sur les pas du Malin.
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Saint empire germanique, 1500. Eva Mathis réussira-t-elle à convaincre la cour et échappera-t-elle aux tortures et au bucher? Arrivera-t-elle à cacher la naissance de sa fille Margarete Gretchen dont nous suivons la vie 16 ans plus tard?

J'ai apprécié la qualité d'écriture de l'historien JP Bours, une certaine retenue dans les scènes de viols et tortures, des informations intéressantes sur cette période où arrive la Renaissance, où se développe l'imprimerie et le schisme de Luther.

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A travers Indulgences, l'auteur nous offre une véritable fresque historique enrichie par de grandes connaissances. Dans une période se situant entre le Moyen Âge et la Renaissance, nous faisons la rencontre de grands noms : Martin Luther, Lucas Cranach, le docteur Faust… L'auteur signe un livre d'une grande profondeur, détaillé et attachant. Ce livre nous instruit tant sur la religion, la politique, la peinture, l'imprimerie, les maladies, la médecine que sur les combats de cette époque. Mais ce roman dont la grande richesse historique nous satisfait en de nombreux points, nous captive par une histoire contée de façon originale et dont la teneur est absolument bouleversante.

Indulgences est en effet une lecture tout à fait originale ! : l'histoire s'adresse à Dieu et est racontée de façon neutre par un des sbires de Satan. L'auteur offre alors aux lecteurs une lecture entre légendes, fictions et réalité. le tout autour de la vie de Eva Mathis et de sa fille.

L'auteur se focalise selon les ans sur ces personnages. L'an 1500 pour Eva Mathis, année où elle s'est fait arrêtée pour sorcellerie. Une femme magnifique, de caractère, d'une incroyable culture et dotée d'une immense soif d'apprendre. Cette jeune femme est courageuse et persévérante. J'ai beaucoup aimé son courage et son audace. Une personnalité très attachante.
Puis, l'an 1514 où les années passent au fur et à mesure des chapitres. L'auteur se concentre sur la fille d'Eva : Margarete. Sa personnalité et sa beauté est en tout point similaire à sa mère. Un personnage des plus attachants, donc.

Cependant, malgré une lecture très agréable, passionnante, captivante… j'ai eu du mal à faire le lien avec ce que promettait le résumé. Tout le long, j'ai attendu des détails sur des recherches tant du côté de la mère que de la fille pour se retrouver. Je n'ai lu, et ce après une grande majorité du livre, Margarete entreprendre des démarches. Et ce fut long. Je m'attendais à lire les recherches de la mère en même tant que sa fille … petite déception … Cela a eu pour conséquence de grosses longueurs dans ma lecture. J'avais des attentes , en vain.

Indulgences est un livre dont les personnages secondaires ne sont pas mis de côté. Au contraire, l'auteur sait leur donner de l'importance avec un caractère propre qui peut être des plus attachants comme des plus répugnants. A cette époque, en plus de l'Inquisition, nombreux étaient les hommes sans vergogne . Certains passages sont d'une cruauté sans nom. Terribles. Injustes.

Ce livre a su me bouleverser. Malgré les attentes que j'avais et que je n'ai pu satisfaire, Indulgences m'a prise aux tripes. La fin est imprévisible et des plus prenantes. J'aurai aimé que cette fin soit étalée tout au long de l'histoire (référence à mes attentes). Quoi qu'il en soit, je l'ai adoré. Elle m'a passionnée tant par ces personnages que par leur destin. Je ne ressors pas indemne de cette lecture. Elle m'a marquée, chamboulée. Les personnages me manquent déjà.
Lien : http://paroledelea.wordpress..
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Tout d'abord merci à Babelio et aux éditions HC pour m'avoir fait parvenir ce livre.

J'avoue avoir dévoré cette histoire . En suivant le destin de deux femmes en Allemagne au début du 16ème siècle, j'ai trouvé tout ce que j'aime dans un roman historique: la précision dans la description des moeurs et mentalités d'une époque, une trame romancée prenante et l'intervention de quelques personnages historiques ce qui permet de les rendre plus abordables.

La façon de rendre cette période historique est sans concessions, entre les répressions des jacqueries, la place des femmes, l'inquisition, les tortures, les maladies... bref nous sommes loin d'une époque idéalisée et le rendu est du coup particulièrement réaliste.
On se laisse porter par l'histoire de Gretchen et de sa mère même si beaucoup de choses dans leur est "couru d'avance". Sans grande surprise nos deux héroïnes frôleront les situations les plus catastrophiques, elles s'en sortiront aussi à moindre mal.
La fin m'a particulièrement frustrée avec l'apparition du père de Gretchen. Combien de chances y avait-il en 1515 qu'un bébé abandonné retrouve 15 après la trace de sa mère et même son père alors qu'ils n'étaient pas mariés et séparés par un père abusif?

En fait si j'ai apprécié le fond historique réaliste, les personnages m'ont parus décalés dans le contexte, de plus le roman se veut historique mais n'hésite pas à certain moment à faire intervenir Méphistophélès comme un personnage à part entière, ce qui donne une impression étrange. Pas au point de me gâcher l'histoire mais suffisamment pour que je ne sache pas très bien comment amener ma critique.

La lecture est agréable mais le résultat final est assez ambiguë je trouve.
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En résumé
Dans ce roman qui se déroule au début du XVIe siècle dans le Saint Empire romain germanique, Jean-Pierre Bours nous raconte le destin de deux femmes à quinze ans d'intervalle.
1500. Par une nuit sans lune, une femme, Eva Mathis, court à en perdre haleine dans la forêt, un bébé dans les bras. Poursuivie par les gardes du seigneur de Magdeburg, elle a le temps de déposer son nourrisson sur l'autel d'une église avant d'être arrêtée peu après et jugée pour sorcellerie.
Quinze ans plus tard, dans un village aux environs de Coswig et de Wittenberg. Margarete est une jeune fille intelligente et avide de connaissances qui grandit, heureuse, au sein d'une famille de paysans. Curieuse, d'un caractère déjà bien affirmé et indépendant, Margarete manifeste un grand intérêt pour le savoir de Freia, la sage-femme du village. Un jour, après une dispute, l'un de ses frères lui apprend qu'elle est une enfant adoptée. Dès lors, sa vie prend un nouveau tournant ; elle parvient à faire annuler son mariage arrangé avec le lansquenet Ludwig moyennant un accord : Margarete entre au service de Freia pour apprendre le métier de sage-femme, ce qui la délie de l'obligation de se marier, mais elle ne pourra pas se marier tant que Ludwig restera célibataire. le jeune homme, vexé et empli de haine, jure de se venger un jour… Sa quête d'identité porte rapidement ses premiers fruits : elle parvient à recueillir quelques informations sur sa mère ! Mais la peste s'abat brutalement sur le village et emporte une bonne partie de ses habitants, dont ses parents et l'un de ses frères. Margerete en réchappe, sauvé par le mystérieux docteur Faust dont elle tombe amoureuse mais qui disparaît brusquement. L'épidémie terminée, Margarete, sa soeur Ulrika et Freia décident de partir pour Wittenberg où le frère de Freia, imprimeur, recherche des apprentis. Margarete espère y avoir des nouvelles du docteur Faust et retrouver la trace de sa mère. Une nouvelle vie va commencer pour ces trois femmes…


Un double récit, un narrateur inattendu et une atmosphère lourde
Ce roman est construit sur l'alternance, d'un chapitre à l'autre, de deux époques et de deux parcours de vie, celui d'Eva Mathias et celui de Margarete. Deux destins parallèles, éloignés au début du roman et qui se rapprochent inexorablement au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture du roman. Mais, dès le départ, un lien ténu existe entre ces deux femmes : le narrateur, qui n'est autre que Méphistophélès ! Lequel s'offre le luxe de préfacer le roman ! Ce choix est pour le moins original, mais il est tellement inattendu que je n'ai pas saisi immédiatement que le diable était le fil conducteur du roman et qu'il s'y exprimait par le biais de phrases en italiques.
Deux périodes différentes, mais deux écoulements du temps différents également : la partie concernant Eva Mathis, qui nous présente son arrestation puis son procès, se déroule dans un univers clos et sur quelques jours seulement, tandis que la partie consacrée à Margarete s'étend sur plusieurs années et retrace sa vie au quotidien en de multiples lieux et avec de nombreux personnages.
La structure de ce roman – narration sur deux époques et avec une temporalité différente – donne du rythme au récit et permet de ménager avec subtilité le suspense. Ce dynamisme est renforcé par la qualité d'écriture de l'auteur, qui manie aussi bien les dialogues que les descriptions. Il parvient à mixer les descriptions des personnages, des paysages et des situations tout en maintenant le rythme du récit et le suspense.
Car ce qui est important ici, c'est l'intrigue, c'est l'atmosphère… En effet, ce roman est empreint, et cela dès les premières pages, d'une atmosphère très sombre, pesante, mystérieuse et très prenante, comme si une sorte de chape de plomb nous retenait prisonnier, nous coupant de la réalité. On est vraiment absorbé par cette ambiance, comme englué.


Le portrait d'un pays et d'une époque
Ce roman décrit avec beaucoup de réalisme la vie dans le Saint Empire romain germanique au début du XVIe siècle. À la lisière du Moyen Âge et De La Renaissance, le Saint Empire romain germanique est alors un empire éclaté dirigé par un empereur, déchiré par des guerres intestines et menacé par la Réforme de Martin Luther. le vrai pouvoir se trouve entre les mains de nombreux petits potentats locaux se livrant entre eux à des guerres d'influence.
Et là comme ailleurs sévissent les disettes, la peste, la lèpre, les guerres, les mercenaires, les pillages, la prostitution, les viols… C'est aussi le temps du commerce des indulgences (qui donne son titre au roman), de l'obscurantisme religieux, de la terrible Inquisition et de ses sinistres procès. Jean-Pierre Bours s'est appuyé sur une rigoureuse documentation pour nous retranscrire minutieusement le procès en sorcellerie d'Eva ainsi qu'une scène de torture (la question), avec un sens du réalisme tel que nos cheveux se dressent sur la tête ! Ce roman montre bien que n'importe qui pouvait être accusé de sorcellerie, mais force est de constater que cela touchait majoritairement des femmes seules, indépendantes, qui pratiquaient la médecine naturelle et qui, souvent, suscitaient la jalousie. Des personnes différentes, en fait… Et rares étaient celles qui s'en sortaient : une parodie de justice les menait soit aux aveux, donc au bûcher, soit à la torture…
Parallèlement à cette vision assez rude et sombre de l'époque, tout un monde en mutation s'offre également à nos yeux, et ce dans de multiples domaines : imprimerie, religion, médecine, peinture, politique, etc. Là encore, l'auteur s'est appuyé sur une riche documentation pour nous retranscrire toute l'atmosphère de cette période. Ainsi, les passages consacrés à la peste sont particulièrement intéressants (description des symptômes, préparation des remèdes, administration des soins, gestion de la maladie, etc.), juste rappel d'une des pires calamités de l'époque. Et pour mieux illustrer son propos, l'auteur a intégré dans son roman des personnages réels, historiques, tels que Lucas Cranach, Grünenwald, Martin Luther, le docteur Faust, etc. Dommage que ce dernier disparaisse du roman aussi vite qu'il y est apparu.


Une vision parfois caricaturale et des scènes violentes
Si l'auteur parvient à mêler habilement personnages fictifs et réels, il n'en demeure pas moins que l'un des défauts de ce roman est le recours à des personnages fictifs assez stéréotypés : le soldat sadique et violent, la pauvre prostituée soumise à un monstre, le geôlier cruel et pervers, le soldat n'hésitant pas à risquer sa vie pour une femme qu'il ne connaît pas… Quant aux deux héroïnes, Eva et Margarete, elles sont si parfaites – elles sont intelligentes, indépendantes, belles, ont du caractère, etc. – qu'elles en deviennent totalement irréalistes et peinent à nous émouvoir. Aucun défaut ! La dichotomie entre Margarete et sa soeur Ulrika qui sombre dans la prostitution renforce encore cette impression d'invraisemblance. de plus, il me semble peu crédible qu'une jeune fille puisse à cette époque refuser le mariage que ses parents et futurs beaux-parents ont arrangé entre eux.
Le second écueil de ce roman réside dans la description parfois trop poussée de scènes violentes. Si les scènes de torture liées au procès de l'Inquisition présentent un intérêt historique, certains passages consacrés aux rapports intimes, consentis ou non, n'en ont aucun et auraient gagné à davantage de suggestion.


Note de l'auteur
En complément des notes de bas de page, l'auteur a rédigé une postface très intéressante dans laquelle il explique sa démarche, apporte des précisions historiques sur différents points (vie quotidienne, épidémies, Martin Luther, Johann Faust, etc.) et propose une bibliographie notamment sur les procès en sorcellerie.


Ce roman nous offre une fresque passionnante et foisonnante de l'Allemagne du début du XVIe siècle par le biais d'une histoire captivante, bien documentée et accessible !

Merci à HC Éditions !
Lien : http://romans-historiques.bl..
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J'ai recçu ce roman historique dans le cadre d'un Masse Critique. Je ne suis pas un grand adepte des romans historiques car il est toujours difficile de trouver un équilibre entre divertissement et érudition.

Ici je crois que Jean-Pierre Bours a trouvé l'équilibre. On se retrouve plongé au début du XVI° siècle dans une Allemagne déchirée par des conflits politiques et des dissensions religieuses. En commençant le livre j'ai eu peur de me retrouver plongé dans quelque chose que je ne connaissais pas et qui serait indigeste. Mais pas du tout, Jean-Pierre Bours réussit à mêler l'Histoire, les légendes et la fiction d'une façon très intéressante.

Pendant la lecture on côtoie Luther qui est entré en guerre contre l'Eglise de Rome qui pense plus aux choses matérielles qu' à la spiritualité; Cranach qui recherche à tout prix la célébrité et assurer l'assise de sa postérité face à son concurrent et rival Albrecht Dürer; le docteur Faust, médecin érudit mais qui semble avoir acquit son savoir d'une manière pas tout à fait catholique (un petit pacte avec le Diable ?). Se retrouver au contact de ces personnages permet à Jean-Pierre Bours de nous montrer sa connaissance de cette période. Cela n'est pas fait d'une manière assommante et je regrette même de ne pas avoir eu sous les yeux les oeuvres citées pour accroitre l'immersion.

Indulgences est une belle réussite (malgré une fin « happy end » tout à fait prévisible) qui permet de se replonger dans une période de l'Histoire plutôt sombre.
Lien : http://lecturesdechiwi.wordp..
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L'histoire se passe dans l'Allemagne de Maximilien Ier, puis de Charles Quint. Une Allemagne encore au moyen Âge quand le reste de l'Europe, de François Ier à Henri VIII, de la France à l'Italie, entrent déjà dans la Renaissance. En 1500, dans un petit village, le lecteur rencontre pour la première fois Eva Mathis. Fuyant dans la nuit, une enfant dans ses bras, elle va finalement être arrêtée pour sorcellerie.
En 1514, nous découvrons Margarete, charmante enfant qui vit dans une famille de paysans, entourée de ses frères et soeurs, et de ses parents aimants. Quel est le lien entre ces deux femmes ? le lecteur va le découvrir peu à peu, dans des chapitres alternant ces deux périodes.

La vie dans le village s'écoule calme et paisible, Margarete est une enfant prête à tout apprendre, à tout connaître, à faire le bien autour d'elle, aidée par la sage-femme du village qui lui apprend les rudiments de son métier. Mais une révélation va changer sa vie. A partir de cet instant, sa quête d'identité va l'entrainer à travers de bien sombres périodes vers la découverte de la vérité. C'est une époque tourmentée que l'auteur nous fait alors découvrir. Celle des procès en sorcellerie, des batailles, des guerres meurtrières dans lesquelles se complaisent quelques mercenaires impitoyables, celle des soldats pillards qui ravagent les villages de paysans déjà bien affaiblis par les impôts versés à leurs maitres, mais également celle des insurrections et des révoltes paysannes, contre des maitres puissants et sans pitié pour leurs vassaux, dans un monde qui souffre d'épidémies de lèpre ou de peste.
Mais c'est aussi l'époque des prémices De La Renaissance et de la Réforme qui commencent à briller sur Wittenberg. Et Margarete va croiser la vie du peintre Lucas Cranach, brillant rival de Dürer, du moine Martin Luther, initiateur de la Réforme. Martin Luther, courageux, infatigable, ardent travailleur, esprit éclairé, est en révolte contre la papauté, qui préfère l'argent facilement gagné, retiré de la vente des indulgences, qui permettent aux plus riches de payer leur place au ciel et leur rédemption, à la véritable puissance de la foi. Et enfin, du mystérieux personnage du docteur Faust, médecin, chercheur, religieux, sa personnalité trouble vient croiser le destin de ceux qui écrivent une page de l'Histoire du moyen Âge.
Et comme un fil conducteur, le personnage ambigu de Méphistophélès, comme une trame irréelle, d'une scène à l'autre, d'un personnage à l'autre, d'un combat à l'autre. Je laisse le lecteur le découvrir.

Mais ce roman est une aventure passionnante, qui m'a plongée dans une époque et un pays que je connaissais peu. J'ai tourné les pages avec bonheur, envie de connaître la suite. C'est bien écrit, la fiction, la réalité historique et la légende s'entremêlent pour en faire un très bon moment de lecture.
Et pour répondre à son auteur, qui en toute fin du livre se demande si ce roman va plaire à ses lecteurs, eh bien oui, ce livre m'a vraiment plu !
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Roman d'un parcours et d'une quête d'identité, Indulgence entraine le lecteur entre légendes et Histoire

Dans l'Allemagne du premier quart du XVIe siècle, la Renaissance tarde à venir, et c'est à travers le regard de Margarete que nous la voyons pointer le bout de son nez.
D'une part encore grandement moyenâgeuse, (par la pratique de la médecine, ou la recherche des sorcières), nous voyons apparaitre la modernité à travers quelques personnages ou professions.
Johann Faust , qui tente une approche plus scientifique de la médecine , ou le métier d'imprimeur qui prend son essor, notamment dans la ville de Luther...

Sur fond d'instabilité politique, d'épidémies de typhus ou de peste, de soudards mercenaires à la solde de quelques seigneurs ambitieux, l'Allemagne se réveille et Margarete en est pour nous le témoin privilégié et attentif, dans un rôle de femme forte qui se bat contre les chemins tracés d'avance.

Le roman cède toutefois à quelques facilités romanesques et romantiques, mais il faut le lire pour ce qu'il est, un roman historique, bien documenté, mais qui reste avant tout un roman.
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Vous aimez les romans qui mêlent réalité et légendes ? Ce roman est pour vous. Dans l'Allemagne du XVI ème siècle vous allez côtoyer des personnages inventés par l'auteur, d'autres à la frontière entre légende et réalité comme Johann Faust et enfin de vrais personnages tel que Martin Luther et le peintre Lucas Cranach.

Deux périodes s'entremêlent dans ce roman. Il commence en l'an 1500 avec la belle et indépendante Eva,une femme en fuite, une femme que l'on dit sorcière et qui cherche à mettre à l'abri sa fille encore bébé. Il se poursuit 15 ans plus tard à travers l'histoire de Marguerite ( vous l'aurez compris et je ne dévoile rien, c'est la fille d'Eva). Les chapitres vont ainsi se succéder. Nous allons suivre le procès d'Eva pour sorcellerie ( et admirer son émancipation) et nous allons avec Marguerite connaître la peste dans cette Allemagne encore très rurale, côtoyer Faust et les premiers balbutiements de la médecine, rencontrer Luther et Cranach à Wittenberg.

Un bon roman où L Histoire se fond parfaitement dans les histoires d'Eva et de Marguerite.
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J'avais quelques doutes avant de me lancer dans ce livre, car je lis peu de romans historiques. Mais ceux-ci se sont très vite envolés et je me suis plongée dans cette histoire passionnante ancrée dans la très sombre Allemagne du début des années 1500. J'y ai découvert une époque fascinante, que je ne connaissais que très peu : les débuts de l'imprimerie, les procès pour sorcellerie, les révoltes contre la corruption de l'Église, les ravages de la peste.

Jean-Pierre Bours, auteur belge (liégeois de surcroît), connaît vraiment bien son sujet. On voit de suite qu'il s'est beaucoup documenté : il insiste sur certains détails et donne parfois des précisions dans de petites notes en bas de page pour que l'on sache ce qui est fiction et ce qui est historique. On rencontre par exemple des personnages comme Luther ou Faust (l'auteur m'a d'ailleurs donné très envie de découvrir Goethe et son mythe du docteur Faust !). Il parsème également son texte de mots allemands, qui renforcent la plongée du lecteur dans ces petits villages de l'époque.

Cela pourrait en refroidir certains, peu coutumiers du genre historique (comme moi), mais sachez que ce roman est vraiment très accessible et prenant. Jean-Pierre Bours parvient à nous intéresser à une multitude de détails historiques et les descriptions ne sont jamais trop envahissantes et quand il y en a, c'est vraiment intéressant (je pense notamment au passage concernant l'atelier d'imprimerie et son utilisation). Et puis, les deux héroïnes sont particulièrement attachantes et on ne peut rester de marbre face à leur destin. On passe sans cesse d'une histoire à l'autre, du procès d'une jeune femme jugée par des personnages abjects à la quête d'identité d'une adolescente, et jamais la monotonie ne s'installe.

Je suis passée par pas mal d'émotions : au comble du désespoir face à des gens bornés et stupides, ravie d'une belle histoire d'amour, irritée par la cruauté de l'un, charmée par la bonté de l'autre, et captivée par tous les détails que j'ai appris. Comme petit bémol, j'ai noté que tous ces personnages étaient finalement peu nuancés et manichéens (la jolie jeune fille irréprochable face au pire barbare qui soit), mais ça ne nuit pas particulièrement à ce roman, que j'ai lu d'une traite.
Lien : https://charabistouilles.wor..
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